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mardi 13 avril 2004 Le conflit israélo-palestinien et la liberté académique aux Etats-Unis
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Sans tambour ni trompette, le Congrès des États-Unis a voté en décembre une résolution qui menace la liberté académique en imposant des règles sur ce que peuvent et ne peuvent pas enseigner les professeurs. La résolution 3077 s’attaque aux Études internationales, ces facultés qui s’intéressent à la culture et à la politique de régions spécifiques. Bien qu’elle soit d’une portée générale, c’est un secret de polichinelle que le International Studies and Higher Education Act) (HR 3077) vise d’abord et avant tout les Études moyen-orientales. La nouvelle réglementation crée un Comité aviseur, qui fera des recommandations au Ministre de l’Éducation, lequel aura le dernier mot sur le contenu des cours et pourra licencier les professeurs qui afficheraient leur désaccord avec la politique étrangère des États-Unis. L’adoption de cette mesure est une véritable victoire pour les conservateurs les plus rétrogrades des États-Unis et représente le couronnement d’années d’efforts pour museler ceux qui enseignent un point de vue différent du leur sur le conflit israélo-arabe. Selon Martin Kramer, un des plus virulents porte-parole des néo-conservateurs, « actuellement, un partisan de la politique étrangère des États-Unis au Moyen-Orient, qu’il soit libéral ou conservateur, peut difficilement poursuivre une carrière universitaire » (1). Tandis que Stanley Kurtz, un faucon du National Review Online, écrit : « Les héritiers de Karl Marx, de Michel Foucault et d’Edward Said ont pris le contrôle de sections entières des universités » (2). Afin de forcer le Congrès à agir contre ces « héritiers » anti-Américains, une campagne de propagande et de chasse aux sorcières était lancée en décembre 2002. La campagne est orchestrée par l’organisme Campus Watch, dont le mandat est de contribuer à « l’amélioration des Études moyen-orientales aux États-Unis » (3). À la direction de Campus Watch, on retrouve Martin Kramer et Daniel Pipes. Néo-conservateur pur et dur, ce dernier a été nommé en juin 2003 par George W. Bush sur le Conseil de direction de l’lnstitut des États-Unis pour la paix, un think tank financé par le Congrès dédié à la résolution des conflits internationaux. Pour Pipes, la solution au conflit israélo-palestinien est simple : les forces militaires israéliennes doivent imposer un « changement d’attitude » aux Palestiniens et saper leur volonté de combattre jusqu’à ce qu’ils se soumettent. « Comment ce changement d’attitude peut-il être atteint ? Par une victoire israélienne et une défaite palestinienne » (4). Bref, la paix par la victoire du plus puissant sur le plus faible... Daniel Pipes, en plus d’être un humaniste convaincu, possède un talent indéniable pour les formules choc. Dans un article publié dans le New York Post quelques jours après la visite ratée de Netanyahu à l’Université Concordia en septembre 2002, il avait qualifié la manifestation étudiante « d’équivalent nord-américain des attentats suicides ». Selon Peter Hoekstra, le sénateur républicain du Michigan à l’origine du projet de résolution adapté en décembre, « les Études internationales reçoivent des fonds spéciaux du gouvernement fédéral des États-Unis puisqu’elles rendent un service spécial au pays : elles contribuent à la sécurité nationale en accroissant les connaissances sur d’autres parties du monde et forment les recrues potentielles des services gouvernementaux ». Après les universités inféodées aux services de renseignements et les professeurs transformés en cheer leaders de la politique pro-israélienne des États-Unis, à quand la chasse aux Arabes sur les campus ? Notes 1. www.martinkramer.org Ce texte a été publié dans À Bâbord, revue sociale et politique, janvier/février 2004, no 3, p. 31. Merci à l’auteur et À Bâbord de l’autorisation de reproduire sur Sisyphe. Mis en ligne sur Sisyphe, le 26 mars 2004 À Bâbord, le site : http://www.ababord.org |