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lundi 15 novembre 2004

Nicole, c’est moi... de et avec Pol Pelletier
Spectacle d’adieux

par Hélène Pedneault, écrivaine et metteure en scène






Écrits d'Élaine Audet



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À l’Espace GO, du 10 au 20 novembre
Pour réservation : 845-4890

Espace GO ajoute exceptionnellement un spectacle à sa programmation 2004-2005, pour 9 représentations seulement. Et pas n’importe quel spectacle : Nicole, c’est moi, de et avec Pol Pelletier, auteure, acteure et metteure en scène, co-fondatrice du Théâtre Expérimental des Femmes, la compagnie-mère d’Espace GO.

Après cinq ans d’absence, après ses trois spectacles solo Joie, Océan et Or, qu’elle appelle la Trilogie des histoires, qui ont fait d’elle une acteure culte dans toute la francophonie, Pol Pelletier revient sur scène dans Nicole, c’est moi pour nous raconter les dernières histoires qu’elle a ramassées au cours de sa quête. À chaque spectacle, elle nous ramène ce qu’elle a trouvé, puis elle repart immédiatement chercher autre chose. Sa quête est sa vie, et sa vie, c’est le théâtre.

« Je suis une dinosaure. Je pense que je pratique une forme très archaïque de théâtre. Je suis vraiment une conteuse. Et une conteuse, c’est une porte sur l’univers. En fait, je fais du théâtre comme au temps des Grecs », dit-elle. Elle descend dans l’arène, elle parle, elle communique, elle bouleverse, elle fait rire, elle secoue, elle fait pleurer. Quand Pol Pelletier est sur une scène, la terre tremble. Sorcière inquiétante, elle possède encore les secrets de cet échange énergétique subtil entre les acteures et les spectateurs, redonnant ainsi au théâtre toute sa noblesse d’art populaire. « Il y a chez Pol Pelletier quelque chose de la reine antique qui vient nous conter les splendeurs et les ruines de la guerre contre Troie ». (Gilles Costaz, France)

Dans son spectacle Nicole, c’est moi, qu’elle annonce comme son dernier, elle refait l’histoire du monde à partir de notre ancêtre, l’homo erectus, qui a vécu il y a 70,000 ans ; elle passe par la basilique et les restants de pyramides aztèques de Mexico la polluée, jusqu’au volcan Popocatépetl ; elle revient au Québec, où tout le monde s’acharne à rire ; elle scrute la « série du millénaire » à la télévision de Radio-Canada où, sur 1000 ans, on n’a trouvé que deux femmes importantes sur trente personnalités incontournables, et encore, Simone de Beauvoir elle-même a failli ne pas y figurer ; elle cherche des femmes, elle les retrace, elle appelle ses aînées, ses ancêtres, elle ressuscite l’abbesse Hildegarde von Bingen, enfouie au XIIème siècle, Camille Claudel, la folle, qui détruisait ses œuvres, Françoise Loranger, auteure de théâtre, qui a chamboulé les règles du théâtre au Québec ; et elle finit en prenant dans ses bras les 14 victimes de Polytechnique, assassinées il y a 15 ans cette année, une tragédie qu’on a très vite enfouie au fin fond de notre inconscient collectif, de peur de découvrir ce qu’elle signifiait.

Diogène du monde moderne, Pol Pelletier se promène avec sa lanterne et allume toutes les lumières qu’on a éteintes pour éviter de voir. En ce sens, elle fait du théâtre politique. Alors qu’elle semble transgresser constamment les frontières du théâtre, elle est toujours en plein cœur du théâtre. Elle dit : « Je sais aujourd’hui que je ne peux rien accumuler, rien laisser sous le tapis ou dans l’ombre, parce que tôt ou tard, je deviens lourde et aveugle et je ne vois plus le soleil ».

Pol Pelletier est non seulement une grande femme de théâtre, elle est éminemment utile et nécessaire. Et la définition qu’elle donne elle-même de ce qu’est un ou une acteure lui convient parfaitement : « Pour moi, les acteures sont des gens qui sont au service d’une communauté. Un acteure, un vrai, tu le reconnais quand tu le vois. Tu te dis : cet être-là a quelque chose de fondamental à me dire sur moi, sur ma collectivité. Il porte la mémoire de son peuple. C’est rare. C’est un grand projet de vie ». Avec ce nouveau spectacle, Nicole, c’est moi, qu’elle a présenté trois fois en cours de travail en 1999 sous le titre Cérémonie d’adieu, Pol Pelletier est plus que jamais au service de sa communauté.

Tous les qualificatifs imaginables lui ont été donnés, comme autant de médailles et de cicatrices : sublime, méchante féministe, chamane, intense, dérangeante, phénomène, sorcière, pasionaria, brebis galeuse, incandescente, pas reposante, enchanteresse sans pareille, profonde, actrice hors du commun, impudique, mouton noir du théâtre québécois, prêtresse, bête de scène, géniale, monstre sacré, gourou, actrice surdouée, prodigieuse, trésor national. Mais quand on y pense, il n’y a qu’un seul mot qui puisse contenir tous ces qualificatifs et définir toute entière Pol Pelletier : VIVANTE. Une vivante qui est bien résolue à avoir beaucoup de plaisir...

Pol Pelletier crée son nouveau spectacle à l’Espace GO. C’est le plus beau cadeau que notre théâtre pouvait recevoir pour ses 25 ans, ce théâtre qu’elle a co-fondé avec Louise Laprade et Nicole-Ajna Lecavalier, en février 1979, sous le nom de Théâtre expérimental des femmes. Le souffle fondateur est encore bien vivant.

Et si le titre vous intrigue, il vous faudra venir voir le spectacle pour savoir ce qu’il signifie...

 À l’Espace GO, du 10 au 20 novembre
 Pour réservation : 845-4890

QUELQUES EXTRAITS DES TEXTES SUR POL PELLETIER

« Tragédienne d’une grande beauté et d’une stature qui prêtait à la vie même une grandeur qu’elle avait rarement, Léa était la déesse de ce printemps encore gelé et peu de mornes étangs savaient résister à ses piaffantes colères. On la voyait partout, aussi statuesque que dramatique, active à son théâtre qui aurait pu porter son nom « Le Théâtre Viscéral »... (Marie-Claire Blais, Les nuits de l’underground, roman )

« Pol la magnifique…Elle nous refile une boule de chaleur au ventre pour éviter que nous prenions froid en rentrant à la maison. Quand cela vous est-il arrivé la dernière fois ?... Celle qui fut longtemps, indûment et injustement perçue comme une féministe sectaire... Elle fut plutôt et sans relâche, ce qui n’est pas de tout repos, libre-penseuse et féministe discordante, amoureuse du changement, empêcheuse de jouer en rond, passionnée par la recherche et le travail bien fait, nécessaire... Pol Pelletier est une sorte de diamant brut de sa profession... C’est une immense actrice, comme on le répète souvent. On n’a encore rien dit quand on a dit ça ». (Ariane Émond, Le Devoir)

« Lorsqu’on la voit évoluer sur une scène dépouillée, presque sans accessoire... on comprend combien l’art théâtral est fondé sur la présence de l’acteur à laquelle aucun artifice ne pourra jamais se substituer ».( Marie-Christine Lesage, Cahiers de théâtre Jeu)

« Pour Pol Pelletier, le théâtre est une offrande, selon le mot d’Ariane Mnouchkine... Pas de repos ou de prudence possible. Il lui faut aller au bout de sa vérité chaque soir... On est comme poignardé par tant de cris intérieurs et par cette beauté d’être humain ». (Gilles Costaz, France)

« Pol Pelletier est notre plus grande femme de théâtre. Il y a eu La Duse, il y a eu Sarah Bernhardt, il y a maintenant Pol Pelletier, et elle est ici, dans nos murs... Elle propose un théâtre qui exige tout de la comédienne. Rien de moins qu’un exploit, une prouesse à chaque représentation ». (Raymond Bernatchez, La Presse)

« La femme philosophale… »(Geneviève Saint-Germain, Elle Québec)

« Il aurait fallu, s’il n’existait déjà, inventer pour elle le mot "intensité". »
(Hervé Guay, Le Devoir)

« ...une des plus magnifiques actrices que je connaisse... Pol Pelletier est unique dans la colonie théâtrale québécoise. On dirait une prêtresse, on dirait aussi une louve. C’est en tout cas une bête de scène... Souvent j’ai écrit mon regret de voir cette actrice de premier plan demeurer dans l’ombre de ses essais, refuser de jouer les grands rôles du répertoire. Eh bien voilà qu’elle vient de nous donner toutes les tragédies, elle y est tout à tout grecque, gitane, élizabéthaine, italienne, québécoise et souveraine. Elle est puissante et incontournable ». (Robert Lévesque, Le Devoir)

« Alchimiste du verbe... La Denise Pelletier de la marge... Tout le monde dit : "Vous savez, Pol est folle". Peut-être. Mais une douce folie. Un délire serein. La démence contenue d’une enfant blessée qui croit encore au bonheur... Le théâtre comme leçon d’humanité... La forme de son cœur est celle de la scène. Un espace précieux à la fois ouvert et bien gardé. Pol Pelletier expose la beauté des choses vivantes. Ces choses qu’on perçoit si bien dans la solitude des théâtres ».(Luc Boulanger, <bVoir)

« Joyau sans égal et mauvaise conscience du théâtre québécois, l’incomparable Pol Pelletier poursuit sa quête. »(Marie Labrecque, <bVoir)

« L’orpailleuse de feu... »(Jean Saint-Hilaire, Le Soleil)

« Incandescente matière en fusion... »(Solange Lévesque, Le Devoir)

« Un génie du jeu, qu’elle nous livre en scène avec une lumière peu commune. »
(Lynda Burgoyne, Cahiers de théâtre Jeu)

« Pol Pelletier est belle et dure ; elle est à la fois brise et orage, poème et épître, petite musique et symphonie, elle a la beauté de ses exigences. »
(Hélène Beauchamp, « Ces femmes qui ont bâti Montréal »)

« Une femme de cœur, de tête et d’art... »(Sophie Pouliot, Le Devoir)

« Une présence scénique incandescente… En pleine ère glaciaire, cette alchimiste du théâtre chauffe les salles afin de transformer -rien de moins- notre matière en or. Et elle y parvient souvent… » (Marie-Christine Lesage, Nuits blanches)

« On la dit intransigeante, elle l’est. Exigeante. Rigoureuse. Bouleversante et passionnée… Cette femme a choisi l’absolu et rien d’autre ». (Monique Roy, Madame au foyer)

« Elle réinvente le théâtre populaire. Toute au bonheur de jouer, elle brûle les planches, se met en péril à chaque instant. Sa joie, son rire, nous gagnent... C’est un hymne à la vie que nous offre Pol Pelletier ». (France)

« Dire d’elle qu’elle a un tempérament de feu, c’est inévitablement rester en deçà de la réalité... C’est un véritable ouragan de vie... Un phénomène qui dépasse, et de loin, les frontières du théâtre ». (Jean-Pierre Han, La Croix, France).

Transmis par Hélène Pedneault

Mis en ligne sur Sisyphe, le 13 novembre 2004



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