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vendredi 7 octobre 2005

Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

par Micheline Carrier et Élaine Audet






Écrits d'Élaine Audet



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Ce texte fait suite à l’article intitulé « Sexe, argent et intégrisme postmoderne ».

Les grandes flouées de la mythologie postmoderne de la libération sexuelle sont encore les femmes et, de plus en plus, les adolescent-es et les enfants. Le discours qui impose l’hypersexualisation et la culture prostitutionnelle semble étouffer le sens critique. Il est en train de museler le mouvement féministe qui se montre parfois bien timide devant des formes d’oppression qu’on s’attendrait pourtant à le voir combattre vigoureusement et sur la place publique.

Au cours des dix dernières années, le mouvement féministe québécois, du moins une partie, s’est peut-être trompé en se montrant réceptif au discours de quelques intellectuel-les et du groupe montréalais Stella, qui disent se préoccuper de l’ensemble des personnes prostituées alors qu’ils semblent défendre les intérêts d’une minorité d’entre elles, et qu’ils ne luttent pas contre la prostitution mais plutôt pour la faire reconnaître comme un métier.

Quand on a pour mission déclarée de défendre les droits fondamentaux et l’autonomie des femmes, comment peut-on ne pas voir dans la prostitution, y compris la prostitution locale qui constitue la porte d’entrée de la traite des femmes et des enfants (1), un système d’oppression et de marchandisation des êtres humains ? Comment peut-on s’abstenir de mettre en cause les rapports de sexe à la base de ce système et comment peut-on manifester de la complaisance à l’égard de ses propagandistes ? Comment en arrive-t-on à considérer qu’être prostitué-e (on est prostitué-e par quelqu’un, par des proxénètes ou des prostitueurs) puisse devenir un travail accepté par l’ensemble de la société ?

Excepté le Regroupement des CALACS (Centres d’action et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) et la CLES (Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle), qui considèrent la prostitution comme une forme de violence (2) et d’exploitation (3), et qui souhaitent son abolition à long terme, les groupes féministes qui se sont prononcés sur le sujet dans le passé se bornent à réclamer la décriminalisation des personnes prostituées, plus de protection et de services pour ces dernières, ce que nous souhaitons également (4), certains groupes demandant en outre la légalisation de la prostitution et du proxénétisme.

Défendre les droits des femmes prostituées, ce n’est pas seulement réclamer en leur nom le droit de se protéger du sida et autres MTS, du harcèlement policier et de l’agression des prostitueurs. C’est aussi et surtout réclamer le droit et le pouvoir de ne pas être prostituées, et de quitter la prostitution, ce que souhaitent la majorité d’entre elles. Il ne suffit pas de « décriminaliser les pratiques des prostituées et des travailleuses du sexe », il faut combattre le système qui conduit des femmes et des adolescentes à la prostitution ainsi qu’aux autres industries du sexe, et il faut les aider à en sortir. Il serait donc préférable de faire des pressions auprès des gouvernements afin qu’ils prennent des mesures pour prévenir l’entrée dans la prostitution à l’âge moyen de 14 ans (au Canada).

Discrétion et abstention

Les grandes organisations féministes du Québec sont enclines à discuter en vase clos des sujets qui ne font pas consensus. Elles ont parfois tendance à aborder les questions de l’hypersexualisation, de la pornographie et de la prostitution des mineur-es comme si ces formes d’exploitation n’étaient pas liées aux formes d’exploitation correspondantes chez les adultes ou que ces dernières étaient plus légitimes que les premières. Ces organisations se font relativement discrètes, depuis trois ans, sur ces questions qui engagent l’avenir, non seulement des femmes, mais de toute la société.

Au printemps 2005, à Montréal, les grandes organisations féministes québécoises - FFQ et AFÉAS notamment - étaient absentes des audiences publiques du sous-comité fédéral sur l’examen des lois sur le racolage qui a étudié la possibilité de décriminaliser totalement la prostitution (5). Leur abstention était-elle un appui tacite à ces groupes, dont certains figurent parmi leurs membres, ou voulaient-elles éviter de les heurter en présentant des positions discordantes ? Certaines se sentent-elles intimidées par le discours culpabilisant de Stella et de groupes semblables qui font croire que lutter contre la prostitution c’est combattre les personnes prostituées ? Ont-elles présenté leurs positions à huis clos devant les membres du sous-comité, comme l’ont fait des groupes réclamant la décriminalisation et la reconnaissance de la prostitution comme métier ? Ou craignent-elles tout simplement de se retrouver au centre d’un débat public qui les obligerait à clarifier leur position ? Les organisations féministes québécoises sont-elles favorables à la décriminalisation du proxénétisme et des clients prostitueurs réclamée par des groupes comme Stella ? Sinon, pourquoi ne les entendons-nous pas dénoncer le proxénétisme et les clients prostitueurs, ainsi que les gouvernements qui ferment les yeux sur la mise en marché des êtres humains et de leur sexualité ?

La lutte contre la marchandisation des personnes, en l’occurrence contre la pornographie, la prostitution, le tourisme sexuel et la traite des êtres humains - des facettes d’une même industrie qui se nourrissent mutuellement - est pourtant devenue un enjeu majeur et inéluctable pour les droits des femmes et pour l’humanité. L’industrie du sexe représente désormais une clé maîtresse de la mondialisation inhumaine dont, par ailleurs, le mouvement féministe dénonce quasi-unanimement les effets dévastateurs. En tant que féministes, pouvons-nous faire l’économie d’une lutte déclarée et convaincante contre cette industrie broyeuse de femmes et d’enfants ?

Les gouvernements entendent surtout les groupes qui se prétendent porte-parole autorisés de toutes les femmes prostituées et dont le discours laisse croire que la majorité de celles-ci s’accommoderaient de leur sort si on leur donnait de meilleures conditions de "travail". Les dirigeant-es politiques profitent du silence relatif de la majorité pour justifier le statu quo. La légitimité que certains médias et les gouvernements accordent aux groupes qui font la promotion de la prostitution, autant que celle des droits des personnes prostituées, impose-t-elle la discrétion ou le silence à d’autres ? Il est toujours difficile de s’engager à contre-courant. La controverse en effraie plusieurs et la dissidence dans les rangs féministes, comme ailleurs, provoque un réflexe de repli, parfois même des représailles.

Dissidence et représailles

Pour avoir dénoncé en mai dernier l’attribution, par le programme de lutte contre le sida de l’Agence de santé publique du Canada, d’une subvention de 270 000$ à un forum d’une durée de 4 jours réunissant des femmes prostituées (6), Sisyphe s’est fait reprocher d’avoir critiqué « un groupe de femmes qui défend des femmes » et accuser de « provocation ». On a supprimé sur une liste féministe la réponse que nous avions faite à ce groupe qui nous mettait en cause de façon malveillante. Cette suppression constituait, en soi, une prise de position de la part des administratrices de cette liste (7).

Comme plusieurs le savent, Sisyphe a publié trois livres récemment, dont Prostitution, perspectives féministes, d’Élaine Audet, une synthèse critique de différentes positions féministes dans le monde sur le sujet. Les deux autres livres portent respectivement sur la sexualisation précoce des filles et sur la menace de l’application de la charia dans le droit de la famille au Canada. Naturellement, nous cherchons à diffuser nos livres dans différents réseaux, la vente directe laissant une marge de profit presque inexistante autrement, étant donné le coût modique de ces livres.

Par l’intermédiaire d’une membre de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Sisyphe a demandé à cet organisme de s’installer, pour une journée, à une table à proximité de la salle où se tiendra son assemblée générale du 16 au 18 septembre à Québec, afin d’y proposer ses livres aux membres de l’organisation. Comme nous le faisons généralement dans des circonstances semblables, nous avons offert un pourcentage sur les ventes à la FFQ. Ce pourcentage aurait pu aussi se traduire par un rabais direct accordé aux membres de la FFQ qui se procureraient les livres à cette occasion. Le comité exécutif de la FFQ a répondu que « ce ne sera pas possible à cause de la position de Sisyphe sur un sujet aussi délicat que la prostitution ».

Il est vrai que les auteur-es qui publient sur Sisyphe sont tout aussi résolument engagé-es contre la pornographie, la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains que le sont Cybersolidaires et Stella pour la reconnaissance de la prostitution comme un métier légitime. Sisyphe n’est pas membre de la FFQ, qui n’a par ailleurs aucune obligation d’encourager la diffusion des écrits féministes que nous éditons. Mais, en invoquant la position de Sisyphe sur la prostitution pour refuser notre proposition, les porte-parole de la FFQ condamnent-elles notre engagement et jugent-elles que nous publions de la littérature féministe indigne de rejoindre ses membres ? Ce serait certes son droit de le penser. Nous nous interrogeons tout de même sur les limites à liberté de pensée et d’expression que la Fédération des femmes du Québec (FFQ) impose à ses membres et, par le fait même, à une partie importante du mouvement féministe.

Sans prétendre que le site Sisyphe soit indispensable, il nous semble qu’il joue un rôle critique utile en diffusant des analyses et de l’information sur différents sujets, en particulier sur la violence contre les femmes et la marchandisation des êtres humains. À ce titre, il nous semble qu’un peu d’encouragement à des éditions que les deux signataires de ce texte ont créées, sans aucune aide financière, ne représentait pas une attente extravagante en dépit de positions divergentes sur la question de la prostitution, une question que nous ne trouvons pas, quant à nous, plus "délicate" que d’autres, par exemple, que celle de l’avortement à une autre époque. La FFQ va-t-elle prendre l’habitude de mettre sous le boisseau les sujets qu’elle juge trop "délicats" et dangereux pour son unité et pour celle du mouvement féministe, et rejeter les féministes qui ne partagent pas ses points de vue ?

Peut-être les membres de la FFQ qui ont pris cette décision avaient-elles autre chose en tête en mettant en cause la position de Sisyphe sur la prostitution. Par exemple, nos critiques de mai dernier concernant des subventions que le groupe Stella, membre de la FFQ, a reçues du programme de lutte contre le sida pour un forum international qui n’avait pas grand-chose à voir avec cette lutte ? Ou bien nous reproche-t-on d’autres critiques, formulées il y a trois ans, au sujet d’un curieux parti-pris dans le déroulement des débats sur la prostitution au sein de la FFQ ? (8) Si c’est le cas, la FFQ estime-t-elle que le sens critique et les divergences de vues n’ont pas leur place chez les féministes ou, à tout le moins, qu’il ne convient pas de les exprimer publiquement ?

La FFQ a le droit de soutenir et de rejeter les idées féministes qu’elle veut. Mais, en tant qu’organisation dont sont membres plus de 150 groupes et des centaines d’individues de tous horizons et de diverses tendances (incidemment, toutes les membres de la FFQ sont-elles d’accord pour exclure ainsi Sisyphe à cause de sa position sur la prostitution ?), n’a-t-elle pas aussi le devoir de favoriser la pluralité des opinions féministes sur la prostitution comme sur d’autres sujets ? Ce qu’elle ne fait pas, en agissant comme si le débat sur la prostitution était clos et qu’il ne fallait pas mettre en péril, en s’exposant à des opinions divergentes, le "consensus" annoncé en 2002, à l’issue d’une assemblée générale où, selon une membre active de l’organisation, « les dés étaient pipés d’avance » (9).

Dans une lettre qu’elle adressait aux membres du conseil d’administration de la FFQ, en octobre 2002, Yolande Geadah écrivait : « Tout d’abord, je ne comprends pas très bien la raison qui pousse la FFQ à vouloir nier publiquement les divergences de vues au sujet de la prostitution ou, du moins, à minimiser l’importance du courant féministe qui refuse de faire comme si la prostitution était un métier comme un autre […]. Je ne crois pas qu’il soit sain de gommer cette différence fondamentale qui divise, ici comme ailleurs, tous les mouvements féministes. » (10)

L’auteure, qui a participé activement aux débats au sein de la FFQ, y déplorait le « biais évident » en faveur des représentantes du groupe pro-prostitution et de ses sympathisantes, ainsi que les conséquences logiques de ce « biais » : « les seules recommandations soumises à la réflexion des membres de la FFQ abondaient dans le sens des solutions préconisées par le courant favorable à la reconnaissance du travail du sexe ». Elle faisait cette recommandation : « Je crois aussi que la FFQ a le devoir de soutenir à l’avenir plus activement le courant qui refuse de légitimer la prostitution afin de compenser pour les failles du processus mené jusqu’ici… ». Il semble que Yolande Geadah n’ait pas été entendue. La Fédération des femmes du Québec a choisi de soutenir un courant qui défend les intérêts de l’industrie du sexe (11).

Si l’ensemble des groupes membres de la FFQ, relativement représentatifs du mouvement des femmes au Québec, partagent effectivement cette attitude, le mouvement féministe québécois se dirige vers une impasse. Comment convaincre bien longtemps qu’on défend le droit des femmes à l’égalité, à l’intégrité et à l’autonomie et ne pas dénoncer en même temps, et sans équivoque, l’un des systèmes qui y fait le plus obstacle et qui détruit des millions de femmes et d’enfants, partout dans le monde, c’est-à-dire le système proxénète et prostitutionnel ?

Qui ne dit mot consent. Le silence se fait trop souvent complice de situations ou d’agissements discutables, et les pouvoirs politiques s’en réclament ensuite pour imposer n’importe quoi à la société, comme pourrait bientôt tenter de le faire le sous-comité sur le racolage avec son rapport. Ce n’est pas une mesquinerie de plus qui convaincra Sisyphe de renoncer à son engagement contre la marchandisation des êtres humains ou qui l’empêchera de diffuser ses livres (12). Dans les circonstances, nous ne voyons aucun motif valable de nous taire.

 Lire l’article qui précède celui-ci : « Sexe, argent et intégrisme postmoderne ».

Notes

1. La légalisation de la prostitution et ses effets sur la traite des femmes et des enfants, par Richard Poulin
2.
« La prostitution est une forme de violence », le Regroupement des CALACS, 10 septembre 2002.
3. « Pour un monde libéré de la prostitution », la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle.
4. « Une trentaine de personnalités demandent la décriminalisation des personnes prostituées, mais non de la prostitution »
5. « Un sous-comité du Parlement canadien pourrait proposer la décriminalisation de la prostitution », par Sisyphe
6. 270 000$ au groupe Stella pour une rencontre de 4 jours sur le "travail du sexe", par Micheline Carrier
7. « Le difficile chemin de l’intégrité - L’importance de ne pas censurer le débat sur la prostitution », par Micheline Carrier et Élaine Audet
8. « À l’AGA de la Fédération des femmes du Québec - Prostitution : Un consensus à l’arraché », par Élaine Audet et Micheline Carrier
9.
« Des failles dans le processus de réflexion amorcé au sein de la FFQ », par Yolande Geadah.
10. Ibid.
11. Quand on réclame la décriminalisation de la prostitution et du proxénétisme et la reconnaissance légale de la prostitution comme travail, on défend les intérêts de l’industrie du sexe.
12. Pour savoir quelles librairies vendent les livres de Sisyphe ou comment les commander aux éditions, aller à cette page.

Lire également

« La prostitution, droits des femmes ou droit aux femmes ? » par Élaine Audet

Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 septembre 2005.



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Micheline Carrier et Élaine Audet



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    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    On aura tout vu la FFQ qui défend les travailleuses du sexe ! Qu’elle défende la violence faite aux prostituées (par les clients, par les proxénètes, par des policiers), les abus, les injustices OK, mais qu’elle défende la prostitution comme un travail ! On aura tout vu ! Tous les chercheurs disent que prostituer c’est vouloir dominer. Donc on va laisser dominer mais en améliorant les conditions de domination, c’est cela ? On va tenter de rendre la domination moins pire, c’est cela ? On va décriminaliser le client, le "pauvre", au fond il ne sait pas ce qu’il fait... On va laisser ancrer la mentalité chez toutes les femmes, chez toutes les filles, chez tous les hommes jeunes et vieux, que la prostitution est acceptable, vivable et qu’il n’a aucune répercussion sur la représentation de la femme dans la société. SVP Mesdames à la FFQ soyez sérieuses. Et comme certaines le disent arrêtez de vouloir plaire à tout le monde. Prenez position pour ou contre la prostitution. Si vous êtes contre, vous ne pouvez pas vouloir améliorer les conditions d’un supposé "travail" qui ne devrait pas être. Vous rendez-vous compte du dommage psychologique et autre sur toutes les femmes ?

    C’est rendu la nouvelle mode de passer à côté des vraies questions : on donne des seringues aux personnes qui se droguent pour empêcher des maladies comme le sida, l’hépatite ou des MST mais on ne leur propose pas de moyens pour arrêter la drogue, pour les sortir de là, pour comprendre les causes profondes de leurs difficultés. La même chose ici pour la prostitution, la FFQ s’est-elle arrêtée aux causes profondes de la prostitution ? Ça a ben l’air que non.

    > Éléments de mise au point au sujet de la "position de la FFQ"
    31 octobre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Je vous écris en mon nom personnel, mais sachez que je suis militante active de la FFQ depuis de nombreuses années, alors je connais bien l’organisme et l’évolution de ces débats au sein de la FFQ au fil des dernières années.

    Sachez que la FFQ n’a jamais pris position en faveur de la prostitution et n’a jamais dit qu’elle voit la prostitution comme un "travail comme un autre". Jusqu’à ce que ses membres en décident autrement, la FFQ représente - à l’instar de ses membres - les deux grandes tendances dans ce débat, et non pas l’une au détriment de l’autre, comme le veulent les fausses rumeurs. La FFQ parle toujours de "la prostitution / le travail du sexe" et continuera à agir ainsi jusqu’à ce que ses membres tranchent pour agir autrement. *Si* elles décident de le faire, ce qui n’est pas certain. Pour plusieurs membres de la FFQ (dont moi), cette dualité reflète la complexité, la richesse et la vie d’une fédération plurielle, qui regroupe toutes sortes de membres partageant diverses opinions sur cette question et d’autres, et elles sont à l’aise avec le statu quo, c’est-à-dire pas de position tranchée. D’autres souhaitent que la FFQ prenne position, ce qui est compréhensible.

    Votre question concernant les supposées "limites à la liberté de pensée et d’expression" qui seraient "imposées" par la FFQ me désespère, tant c’est complètement faux. C’est plutôt au sein de la FFQ que la diversité des perspectives est accueillie et encouragée, contrairement à d’autres organismes ! Je parle en connaissance de cause et je pense que celles qui en disent autre chose ne connaissent pas réellement la FFQ.

    Cela fait quelques années que je constate une méfiance de Sisyphe à l’égard de la FFQ, et je me pose des questions à ce sujet. J’invite donc les lectrices de Sisyphe à prendre avec un grain de sel toute affirmation sur le site au sujet de la FFQ.

    • Une mise au point incomplète
      31 octobre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      Votre commentaire aurait plus de poids s’il était signé.

      Je ne crois pas que le refus de prendre position sur une forme d’exploitation des femmes aussi flagrante que la prostitution soit un acte d’ouverture d’esprit ou "une richesse" pour un organisme qui défend les droits des femmes et lutte contre toutes les formes de violence.

      Sisyphe n’est pas "méfiant" à l’égard de la FFQ. Nous constatons tout simplement que la Fédération des femmes du Québec n’a pas le courage d’aller au bout de ses engagements envers les femmes en dénonçant la prostitution comme une forme d’abus et de violence organisée. Le Conseil du statut de la femme n’a pas fait mieux : dans une étude qu’il publiait en 2001, il soulignait que 92% des femmes dans la prostitution voudraient en sortir si on les y aidait, mais le CSF se gardait bien de prendre position. De quoi donc a peur le mouvement féministe, depuis quelques années, en cherchant à plaire à tout le monde et son père à la fois ? On ne peut rester assises éternellement entre deux chaises dans le but de montrer notre "ouverture" ou notre aptitude au consensus ou de rallier le plus de membres possible. Il y a des consensus qui ressemblent à des démissions.

      Avec toutes les données qui existent sur les conséquences pour les femmes, les enfants, la société entière, du statu quo ou de la légalisation de la prostitution dans les pays où la prostitution est reconnue "travail comme un autre", avec les données sur l’emprise des proxénètes et du crime organisé sur les "industries du sexe", comment comprendre que des organisations importantes comme la vôtre se campent dans une sorte de neutralité bienveillante face à des gens qui veulent banaliser la prostitution ? Un sous-comité du Parlement canadien pourrait bientôt recommander la légalisation de la mise en marché de la sexualité des femmes (proxénétisme), la création de bordels et tout ce qui s’ensuit. Il invoquera un soi-disant consensus, se réclamant peut-être du silence ou de la neutralité de grandes organisations comme la vôtre qui refusent de "trancher" et font ainsi le jeu des industries du sexe.

      Si la FFQ n’a pas limité volontairement la liberté d’expression et de pensée dans ses débats sur la prostitution, elle ne me semble pas beaucoup l’avoir encouragée. Je vous invite à lire une autre membre de la FFQ qui, elle, a participé activement aux débats sur le sujet au sein de votre organisation. « Des failles dans le processus de réflexion amorcé au sein de la FFQ ». La FFQ a-t-elle été à l’écoute de son point de vue autant que de celui du groupe pro-prostitution Stella ? Cette membre de la FFQ a aussi écrit un livre important sur la prostitution et sur la traite à des fins de prostitution. Les membres de votre organisation l’ont-elles lu ?

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      • La FFQ veut tout et son contraire pour ne pas déplaire !
        31 octobre 2005 , par
          [retour au début des forums]
        > Une mise au point incomplète

        Les propos de la militante - anonyme - de la FFQ, datés du 31 octobre 2005 et intitulé "Éléments de mise au point au sujet de la "position de la FFQ"" est l’exemple parfait d’un groupe qui décide de ne pas prendre position. Comment ne pas prendre position pour ne pas déplaire. Ou comment essayer de plaire à tout le monde. Ou comment ne pas prendre position et faire croire qu’on prend position.

        Madame dit que "cette dualité reflète la complexité, la richesse et la vie d’une fédération plurielle..." Ben voyons donc cette dualité reflète l’influence - néfaste - d’une minorité et la difficulté des membres de prendre réellement position pour le bien de toutes les femmes et de toute une société. La FFQ va dénoncer la pauvreté, la violence dont sont victimes les femmes et sont incapables de voir que la prostitution fait partie intégrante de cette violence qu’elle dénonce ? Ce qu’il ne faut pas entendre !!!

        Je commence à avoir de sérieux doutes sur la capacité des membres de ce groupe à défendre l’exploitation et la violence faite aux femmes. Si on dénonce la violence il faut aller jusqu’au bout pas dénoncer des moitiés de violence !!!

        [Répondre à ce message]

        • Il faut décider : ou les femmes sont pour ou elles sont contre !
          2 novembre 2005 , par
            [retour au début des forums]
          La FFQ veut tout et son contraire pour ne pas déplaire !

          Ben oui, me semble ! D’un côté la FFQ va envoyer le message à nos filles - et nos jeunes hommes - que se prostituer c’est un métier noble, payant, contribuant à leur dignité, sans effets collatéraux, sans effets secondaires, sans risques dangereux, sans qu’ils risquent même d’atteindre à leur vie... Et de l’autre elle va dénoncer la prostitution ayant comme facteur essentiel la violence, la maladie -chocs post-traumatiques pire que les anciens combattants -, la pauvreté, la solitude, etc... Me semble oui que ces deux visions peuvent cohabiter !!! Certaines femmes se laissent mener par le bout du nez pas le groupe Stella - qui représente très peu de femmes en passant -. Vont-elles assumer toutes les conséquences de leurs indécisions ??? J’ai hâte de voir cela mais ce que j’apprends ici me fout par terre.

          Et le fait qu’une seule personne se disant membre de la FFQ réplique, garde l’anonymat est révélateur de la peur de certaines femmes de s’affirmer.

          [Répondre à ce message]

    Les femmes du Québec sont pour la prostitution ?
    15 octobre 2005 , par   [retour au début des forums]
    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    Je ne savais pas que les femmes du Québec - surtout celles qui militent et defendent les droits des femmes - étaient pour la prostitution ? J’en suis toute retournée !!! Quelle soumission !

    • Attention, s.v.p.
      16 octobre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      Attention s’il-vous-plaît de ne pas généraliser.

      Ce ne sont pas TOUTES LES FEMMES du Québec, ni même la majorité, qui partagent cette tendance à justifier la prostitution. Pour l’information de celles et de ceux qui ne connaissent pas cette organisation féministe du Québec, la Fédération des femmes ne représente PAS TOUTES LES FEMMES QUÉBÉCOISES.

      L’article ne dit pas non plus que la Fédération est pour la prostitution sans nuance. Il dit seulement que l’organisme a refusé la présence de Sisyphe à l’entrée de la salle où se tenait son assemblée générale « à cause de la position de Sisyphe sur la prostitution » et se demande à quelle enseigne loge la FFQ à ce chapître.

      Je sais que le silence de l’organisme sur tout cela favorise diverses hypothèses, mais je tenais à apporter cette précision : la FFQ n’a pas dit qu’elle approuvait la prostitution et le proxénétisme. Et il est douteux que tous ses groupes membres soient favorables à la décriminalisation de la prostitution et du proxénétisme. Si jamais elle prend un jour cette position, on aura le loisir de la commenter, mais pour l’instant, elle n’a pas dit ça. Le dépôt du rapport du sous-comité sur le racolage devrait donner lieu à un débat éventuel au Parlement canadien et au sein de la population : on verra alors quelles sont les diverses positions, car je suppose qu’on ne gardera pas le silence ad vitam æternam.

      [Répondre à ce message]

    Le silence des femmes ! Cherchez l’erreur !
    15 octobre 2005 , par   [retour au début des forums]
    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    Un mois que cet article a été publié et aucune réaction de la FFQ ou de groupes de femmes ? Cherchez l’erreur ?

    Le silence est-il devenu un acte de foi pour certains groupes ou plutôt pour certains sujets jugés "délicats" ? Il semblerait.

    La dénonciation de l’exploitation des femmes, des enfants et des personnes vulnérables, quelle soit sexuelle ou autre -mais surtout si elle est sexuelle- est-elle devenue tabou ? Extrêmement décevant ce silence qui fait dire à toute la société que les femmes ont abdiqué, comme elles ne croient plus qu’elles peuvent enrayer l’exploitation - surtout sexuelle - elles ont "néo-libéralisée" leur analyse : mieux vaut donner l’illusion qu’on se bat pour des conditions acceptables d’un "supposé travail du sexe" plutôt que de voir les causes profondes de cette exploitation sexuelle : la pauvreté, la violence sexuelle d’environ 92% des personnes prostituées, le "lobby" des dominants pour maintenir les femmes (les enfants et des jeunes hommes) dans un assujetissement sexuel, une "offre sexuelle" au profit d’un désir, "d’une demande économique" tout à fait masculine.

    L’égalité entre les femmes et les hommes c’est aussi l’égalité des chances à une non-exploitation.

    Décevant, ce silence ! Il est vrai que cet article n’a pas été publié dans les grands médias !

    Motif différent
    6 octobre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Qu’est-ce que vous racontez ? J’assistais à l’Assemblée générale de la FFQ et il n’a pas été question de votre position sur la prostitution. La présidente a plutôt dit qu’il s’agissait d’un oubli de votre demande par l’équipe de travail.

    • Les faits
      6 octobre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      Alors, il faut croire que la présidente n’a pas tout dit. Nous n’avons pas l’habitude d’inventer des choses ici. C’est bien le motif de refus qui nous a été donné par l’intermédiaire d’une membre de l’organisme dont nous n’avons aucune raison de douter : "ce ne sera pas possible à cause de votre position sur le délicat sujet de la prostitution".

      Nous avons proposé à la FFQ de s’exprimer dans un commentaire sur ce site et elle a choisi de ne pas le faire.

      [Répondre à ce message]

    • > Motif différent
      6 octobre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      J’ai suivi le débat déclenché par la censure des livres de Sisyphe par la FFQ et je ne comprends pas pourquoi Mme Asselin, la présidente, ne clarifie pas cette histoire sur Sisyphe en mettant fin à toutes les spéculations. J’ai tendance quant à moi à faire confiance à Sisyphe dont je suis une lectrice assidue et qui n’a pas peur de se mouiller, qu’il s’agisse de la prostitution, du CSF, du pape ou de tout autre sujet. Pour moi, c’est cela informer, ce qui n’a rien à voir avec plaire à tout le monde.

      [Répondre à ce message]

    Le malheureux silence des femmes et des groupes de femmes de la FFQ
    30 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]
    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    La plupart des médias nous ont rabâché les oreilles (et les yeux avec images très claires) cette semaine d’une certaine recherche d’une sociologue qui affirment que les danseuses nues ne sont pas des victimes. Surtout économiquement parlant : elles apprenent le b-a ba du marketing pour satisfaire le client et le fidéliser !

    La recherche en question semble axée sur le langage "marchand", administratif, gestionnaire et la vision néo-libérale d’un supposé métier. La chercheure a eu accès à ces bars de danseuses pendant un an. Pensez-vous que, supposant une conclusion autre que celle de la chercheure, qu’elle aurait eu accès à ces bars et aux danseuses et surtout qu’elle aurait eu le culot de dévoiler des piètres conclusions tenant compte du fait qu’un seul bar de danseuses parmi les quelques 290 au Québec n’est pas détenu par le crime organisé au Québec ? Et qu’est-ce que 2 bars de danseuses sur les 290 à travers le Québec ? Comment a-t-elle sélectionné ces bars ?

    Même François Paradis à TVA a consacré son émission du midi à l’occupation très lucrative de danseuse nue. En fait, il serait pratiquement plus juste de dire qu’il a fait la promotion des industries du sexe : on a pu, en sa compagnie visiter un bar de danseuses, visiter les "isoloirs", autre mot pour "cage" ouverte pour les bourreaux des culs (versus les bourreaux des coeurs), connaître une danseuse qui trippe sur son occupation. On a aussi visité le seul bar - situé à Québec - qui ne soit pas détenu par le crime organisé, un bar VIP (vous savez les VERY IMPORTANT PERSON possiblement à 100% masculin qui circulent à Québec)et sa gestionnaire qui loue élogieusement cette occupation, -et Nelson qui s’occupe bien des filles dit-elle !). Il nous a montré le petit banc de velours bleu pâle, numéro 13, sur lequel s’"exécute" les filles pour les Very very important person ! Pourquoi ces hommes se cachent-ils dans des isoloirs ou des salons qui rehaussent leur statut de -voyeur - privilégié ???

    L’émission de M. Paradis avait un gros défaut -voilà pourquoi je dis qu’il faisait la promotion des industries du sexe - aucune voix pour s’élever contre. Toutes les invitées ont "moussé" cette occupation. Je me suis demandé si de toute façon, il se trouvait quelqu’un-e pour faire contrepoids et parler de tout l’ensemble des réalités des industries du sexe. M. Paradis se serait tourné vers la FFQ, que selon ce que je comprends de leur position, aurait-elle aussi moussé ces industries. Malheureux constat.

    Personne n’a dit : ce n’est pas parce que c’est une étude universitaire qu’elle fait foi de tout blâme. On l’a vu avec Pierre Mailloux et ses propos racistes appuyés sur des études universitaires controversées. L’endossement économique des danseuses nues font-elles pour autant d’elles des privilégiées de l’économie ? Si elles ne sont pas des victimes économiques comme aime à le répéter presque tous les médias maintenant gagnés à la cause des industries du sexe - comme l’est la FFQ - l’erreur ne serait-elle pas ailleurs ? Comment ces femmes endossent-elles psychologiquement et éthiquement cette occupation ? L’avilissement sexuel n’est-il pas flagrant ? D’autant plus que ce sont majoritairement le cul des femmes qu’on présente ! L’avilissement sexuel n’est-il pas flagrant, les hommes étant les bénéficiaires privilégiés de ces étalages féminins. Combien de femmes-clientes Madame la chercheure a-t-elle recensé pendant son étude ? Que peut-elle nous apprendre des hommes majoritairement clients, outre qu’il ne serait pas faux d’affirmer qu’ils sont les principaux pourvoyeurs du crime organisé ? Les bars de danseuses seraient-ils devenus les nouvelles tavernes d’antan mais encore plus dégradantes et abaissantes pour les femmes. La Madame se demande-t-elle également comment se fait-il qu’il n’existe qu’un seul bar de danseurs nus au Québec, au profit davantage encore des hommes que des femmes ? Le moins qu’on puisse dire c’est que Monsieur Paradis salivait devant l’étude "scientifique" et "universitaire" (imaginez ! on parle de cela à l’Université, c’est pas rien !!!)

    La chercheure a -volontairement (?) qui commandait cette étude, quels sont ses liens avec les groupes qui désirent décriminaliser totalement la prostitution ? - oublié le côté humaniste des occupations du sexe : qu’en pensent les familles des danseuses ? Père, mère, frère, soeur, mari, enfants. J’ai entendu un mari à l’émission de Paradis dire qu’il n’était pas d’accord avec le métier de sa femme mais que l’argent facilement gagné était une motivation très grande. Difficile ensuite de trouver une job dans la moyenne quand tes revenus sont supérieurs aux revenus du premier ministre. Argent rapidement dépensé disait-il. La chercheur a également oublié l’impact de ces occupations sur toutes les femmes et sur les enfants futurs travailleur-euse-s.

    Monsieur Paradis a invité une dame propriétaire d’une école de danse érotique -il n’en existe probablement qu’une au Québec et il l’a invité - à son émission : perspectives garantes de l’avenir de nos enfants ? Pourquoi pas des cours de danse érotique à nos filles et à nos garçons ? Ça doit faire fureur dans un CV !

    Cette chercheure est peut-être sociologue mais elle a "découpé" une partie de la société pour donner raison à sa recherche. Qui lui a commandé cela ?

    Ce genre de recherches qui vont faire avaler aux femmes surtout de gré ou de force les supposés métiers du sexe et les émissions de promotion des industries ne sont qu’un début. Des gens ont intérêts à le faire. Qui va s’élever contre ?

    • Les animaux sont plus humains dans leur sexualité !
      30 septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]
      > Le malheureux silence des femmes et des groupes de femmes de la FFQ

      Finalement les animaux sont plus civilisés que les humains dans leur "sexualité". Qui a déjà vu une grenouille danser sur un tas de nénuphars pour exciter un crapeau ?

      Mais il est vrai qu’ici on parle de domination et non de sexualité. Ici le sexe est génital et narcissique. On n’a jamais vu non plus de singes vendre le corps des singes féminins tout en essayant de faire passer cela pour un choix personnel des singes féminins !

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    • > Le malheureux silence des femmes et des groupes de femmes de la FFQ
      24 mai 2006 , par
        [retour au début des forums]

      en 2006 j ai eté dans environ 8 bars de danseuses a québec. par curiosité seulement. le premier bar fut celui de nelson apres avoir entendu la danseuse que mr paradis disait que c etait quasiment une femme d affaire. ce qui m a le plus surpris c est de voir les filles aller s offrir, c est pareil comme sur la rue... les autres bar que j ai visité soit disant les mieux tenu...tous de la prostitution. vs avez juste a aller sur le site du forum de danseuses nues. un ami marie et pere de 3 enfants ma raconté que chez le fameux nelson le folichon, il paie une fille pour allé dans le salon vip la fille dansait en avant de lui
      elle s est penché et il lui a lécher la vulve. et s est supposé que le folichon c est de la classe. le pire que j ai vue de mes yeux c est au ladymariane. le gars se couche sur le dos sur la scene pendant que la danseuse danse. elle est completement nue et elle se met a genoux et descent ses parties génitale dans le visage du gars couché sur la scene. ensuite elle lui passe les seins partout. les femmes devrait aller prendre une consommation dans ces club pour voir ou on en est rendu. croyez moi si je n etait pas allé jamais je ne me serait imaginé ce qui se passe vraiment. il ni a pas un client qui vont vous raconté ca croyez moi. je trouve que les femmes sont tellement innocente, les hommes qui mettes les pieds dans ces endroit ce n est pas juste pour prendre une biere, c est du sexe qu il veullent et il en ont... comme on le dit si bien la dinde a la maison et la poule au bar...

      [Répondre à ce message]

    Revenez sur terre !
    25 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]
    Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    C’est ma conjointe qui m’a parlé de votre site et du débat sur la prostitution. Je veux que vous sachiez qu’en tant que père de famille de 50 ans jamais je n’aurais voulu que ma fille choisisse le « métier » de prostituée ! La prostitution pour moi est la pire forme d’exploitation qui puisse exister. Imaginer ma fille qui vend son corps à je ne sais combien d’hommes par jour serait pour moi une des plus grandes peines que je pourrais vivre. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour la « sortir » de ce milieu et faire en sorte qu’elle regagne sa dignité. Qu’une fédération de femmes appuie la prostitution est, à mon sens, absolument incroyable. C’est le monde à l’envers ! Dans une société où les milieux politique et économique sont encore majoritairement occupés par les hommes, je suis d’accord avec la lutte des femmes. L’égalité c’est très important et j’y crois. Je ne crois pas cependant que ce soit en présentant à nos filles la prostitution comme une « carrière d’avenir » que cette égalité sera atteinte. De grâce, revenez sur terre.

    La vraie question
    23 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Au-delà de tout ce qui s’est dit dans les commentaires, moi, ce qui m’intéresse c’est de savoir ce que pense la fédération des femmes de la prostitution. J’essaie de comprendre ce qui se passe entre la fédération et Sisyphe, quel est le problème au juste ? Y a quelqu’un qui a parlé d’être logique, essayons donc de l’être.

    Si Sisyphe dénonce la prostitution comme un système d’exploitation qui enrichit une industrie et des femmes qui y participent,

    si la fédération blâme Sisyphe d’avoir cette position ou cette idée,

    est-ce parce que la fédération ne voit pas dans la prostitution un domaine d’exploitation ?

    En supposant que ce soit le cas, que la fédération des femmes ne voit pas dans la prostitution de l’exploitation qu’il faut combattre, alors qu’est-ce qu’elle y voit ?

    Tout de même il s’agit d’une grosse organisation et la société a besoin de savoir quelle est son orientation.

    En tout respect pour cette association qui a plusieurs années je pense.

    • > La vraie question, il faudrait la poser à la FFQ
      24 septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]
      Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

      Je pense que vous avez raison, il s’agit d’une grosse organisation qui joue un rôle important dans la société et on a besoin de savoir quelle est son orientation.

      Il y a quelques années, selon ce que j’ai lu, la FFQ a pris des décisions controversées qui ont fait dire à quelques personnes qu’il y avait eu du "tordage de bras". Madame Geadah a critiqué ces décisions ici : http://sisyphe.org/article.php3?id_article=165. On a voulu faire accepter la prostitution comme étant un métier en misant sur "l’ouverture d’esprit" des femmes, écartant du coup toutes les conséquences (psychologiques, morales, économiques, politiques, physiques) pour toutes les prostituées, pour toutes les femmes, pour les enfants même mais également pour toute une société.

      La FFQ a décidé, semble-t-il, de défendre les droits de -quelques- prostituées qui désirent la décriminalisation totale de la prostitution et ce, bien que 92 et même 95 % selon certain-e-s chercheur-e-s, désireraient qu’on mette autant d’énergie à les faire sortir de cette situation - intenable par moment. Autrement dit la FFQ aurait appuyé une très petite minorité au détriment d’une majorité de femmes - surtout- qui voudraient qu’on travaille à leur trouver un logement stable, qu’on leur donne une formation, qu’on les soigne physiquement et psychologiquement – la plupart souffre du syndrome post-traumatique, tout comme les femmes battues, les survivantes de viol et les anciens combattants - donc qu’on leur donne les ressources nécessaires pour sortir de la prostitution. Comment, en effet, peut-on soigner les personnes de ce syndrome si on pense les remettre dans le "circuit" par la suite ? Cela est plutôt paradoxal, non ? Malheureusement, personne ne les représente, celles-là.

      De gré ou de force on fait avaler la prostitution comme étant un métier. C’est la grosse mode partout. Ce genre de débat demande qu’on englobe toutes les analyses et surtout toutes les répercussions pour toute une société. À partir du moment où on appui la prostitution comme étant un métier, n’occulte-t-on pas et n’y a-t-il pas danger qu’on diminue les efforts pour améliorer les conditions de vie des personnes impliquées et surtout de tenter d’enrayer les causes primaires d’un tel désordre social.

      Mais je fais confiance aux femmes pour rétablir l’équilibre.

      [Répondre à ce message]

    Discorde
    22 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Il me semble que les féministes ne devraient pas se montrer divisées, ça fait le jeu de leurs adversaires qui en profitent.

    • > Discorde ou libre expression ?
      22 septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      Je me demande comment elles pourraient exprimer leurs opinions tout en se taisant. Comment faire connaître son point de vue sans l’exprimer ? Un peu de logique. Allez-vous demander aux candidats à la chefferie du PQ de ne pas exposer leurs opinions quand celles-ci divergent parce que ça nuirait au parti de ne pas montrer l’unité et que les libéraux pourraient en profiter ? Même si ce n’est pas directement mon affaire, j’aime mieux que tous les points de vue s’expriment très librement et chacun se fera sa propre petite idée.

      [Répondre à ce message]

    > encore moi
    21 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Mon message non publié. Aucune réponse. Pathétique. Quel courage ! On publie uniquement ceux (et surtout celles) qui pensent comme nous... Votre équation femmes = enfants dans la prostitution est votre plus grande contradiction et vous le savez. Vous ne voulez même pas aborder la question. Comportement que je qualifierais de quelque peu... enfantin > ;-)

    D’un autre côté...
    18 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Même si j’approuve pas des attitudes comme ça, je peux tout de même comprendre la Fédération des femmes. C’est pas courant dans le mouvement des femmes qu’on admette la critique et Sisyphe n’a pas l’habitude de ménager qui que ce soit. Je crois, mais détromper moi si nécessaire, que la Fédération n’a pas aimé que vous critiquiez Stella et elle-même dans le passé. On peut critiquer mais pas publiquement...

    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles
    17 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Nous sommes certainement plusieurs à être surprises d’un tel agissement de la FFQ. Je crois cependant que la meilleure façon de les faire changer d’avis quant à la nécessité du pluralisme dans un débat, est de leur démontrer que plusieurs hommes et femmes (prostitués, féministes et autres) ne souhaitent pas que la prostitution et tous les problèmes qui s’ensuivent soient cautionnés et encouragés par la société et ses institutions. Alors, continuons de le clamer haut et fort...

    • > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles
      17 septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      Continuons de le clamer haut et fort... C’était probablement l’intention des auteurs du texte, bien que je veuille pas parler pour elles qui ont simplement informé de la situation, et c’est tout à leur honneur, car un tel rejet ne doit pas être très plaisant à annoncer. En plus, il y a une référence à la fin de l’article indiquant qu’elles n’en sont pas à leurs premiers efforts pour démontrer qu’il y a plusieurs hommes et femmes, pas nécessairement des féministes, qui refusent la prostitution soit encouragée et cautionnée. (http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1368). Il faudrait peut-être que d’autres groupes s’en mêlent au lieu de laisser croire que tout le monde est d’accord avec la FFQ. Sans vouloir minimiser l’importance de Sisyphe, j’ai l’impression que ceux et celles qui y luttent contre la prostitution et toute l’industrie du sexe en fin de compte mènent un combat titanesque compte tenu des forces auxquelles ils s’attaquent. C’est d’autant plus surprenant qu’un regroupement de groupes de femmes comme la fédération prennent le parti de la prostitution au lieu du parti de ceux qui défendent les droits des femmes, comprenant les droits des prostituées qui veulent sortir de la prostitution. Il y aurait des choses à éclaircir de ce côté peut-être par l’organisation elle-même.

      [Répondre à ce message]

    • C’est bien cela qui est en cause
      17 septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      C’est bien parce qu’il a "clamé haut et fort" son désaccord avec le cautionnement de la prostitution par la société que Sisyphe semble avoir heurté la Fédération des femmes. Cette dernière sait très bien que l’ensemble de la société ne partage pas le point de vue de Stella et qu’elle ne favorise pas la libre expression sur ce sujet. On n’a qu’à lire le texte de Mme Geadah mis en référence. C’est édifiant. À se demander qui contrôle cette organisation.

      [Répondre à ce message]

    Abasourdie
    17 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Je suis abasourdie par ce que j’apprends de la Fédération des femmes de Québec dans cet article. Ici, nous avons une admiration sans borne pour le féminisme québécois que nous pensions plus ouvert que le nôtre et plus tolérant, mais évidemment on n’en connaît pas tous les aspects. Je me demande si le comportement de cet organisme ne se cache pas sous le prétexte de votre position sur la prostitution pour exprimer autre chose, car enfin, il n’y a pas que Sisyphe à avoir une telle position, il n’y pas d’unanimité sur ce sujet à nulle part et tout le monde le sait, pourquoi alors ces représailles envers Sisyphe qui a une telle audience ici qu’on le croit parfois un site européen. Si ce n’est pas indiscret quel est l’ordre de fréquentation de votre site ?

    La FFQ a le devoir de soutenir le courant qui refuse de légitimer la prostitution.
    16 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]
    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    À l’époque, j’avais été choquée -et je le suis toujours - de la décision de la FFQ de reconnaître la prostitution comme un travail. Comme femmes on venait de reculer pas mal loin. Maintenant je comprends qu’on a manipulé le processus de décision et qu’un petit nombre parle très fort pour faire taire une majorité qui ont bien l’air de penser autrement c’est-à-dire que la prostitution est une forme d’oppression, est une forme d’abus de pouvoir des femmes, de soumission des femmes à un rôle bien précis, bien ciblé. Et maintenant des jeunes filles et aussi malheureusement de jeunes garçons.

    Une toute petite phrase de Madame Geada dans votre texte semble plus optimiste : « Je crois aussi que la FFQ a le devoir de soutenir à l’avenir plus activement le courant qui refuse de légitimer la prostitution afin de compenser pour les failles du processus mené jusqu’ici… » Il semble que Yolande Geadah n’ait pas été entendue. La Fédération des femmes du Québec a choisi de soutenir un courant qui défend les intérêts de l’industrie du sexe (11). Et bien j’espère que cette fois Madame Geada sera entendue et que la FFQ, les groupes de femmes et les femmes n’iront pas jusqu’à appuyer les proxénètes, les clients, les criminels qui contrôlent tout ça, c’est bien connu.

    La FFQ n’a pas compris qu’en appuyant la prostitution comme travail elle se barrait le chemin pour dénoncer l’oppression que subissent les prostituées. Manque de jugement total. On permet à une partie de la société - majoritairement masculine d’acheter une autre partie - majoritairement des femmes - juste pour se satisfaire. Incroyable. Intolérable, les femmes ont accepté ça au lieu de pousser pour tenter de les sortir de là. Je le répète c’en est choquant.

    La FFQ va-t-elle à l’avenir donner son appui aux femmes qui refusent de légaliser la prostitution, majoritaire, ou elle va continuer comme le dit Madame Geada de "copuler" avec les industries du sexe ???? J’ai hâte de voir cela. Les femmes vont-elles parler au moins ou une bonne partie vont continuer à se taire qui est comme vous dites très dommageable : qui ne dit mot consent. J’espère que les femmes vont ouvrir les yeux sur l’avenir qui attend toutes les femmes si on continue comme cela.

    J’avais bien aimé aussi vos articles qui parlent des "désastres" que vivent les femmes dans les pays où on a légalisé la prostitution. Ces faits ne sont-ils pas assez révélateurs aux femmes des associations qui prennent des décisions pour toutes les femmes du Québec. J’ai bien peur que les femmes soient en train de "tuer" les leurs. C’est drastique comme expression mais je n’en vois pas d’autres.

    Merci pour votre site.

    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles
    16 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Bonjour,

    Il me semble que le conditionnement patriarcal est une "déformation" du sexuel : dans la conception patriarcale , le sexuel précèderait le relationnel chez l’humain. Freud a bien décrit cette "déformation" (même s’il ne l’a pas perçue comme "déformation" mais comme fonctionnement "naturel" de notre psyché !).

    Le relationnel prime sur le sexuel : quand nous rencontrons quelqu’un, notre instinct de survie nous amène à considérer immédiatement si ce quelqu’un n’est pas dangereux pour nous. Une fois le cap de la recontre passé, nous apprenons à connaître l’autre, toujours pour la même raison : le connaître bien pour pouvoir nous défendre au cas où. Puis lorsque nous connaissons suffisamment la personne,donc sommes sufisamment confiants en nous-mêmes visà vis d’elle, avons assouvis nos besoins fondamentaux : manger, boire etc., peut-être serons-nous alors aptes à entrer en communication sexuelle car enfin disponibles corporellement et mentalement.

    Les travaux de Freud peuvent alors servir à considérer ce qu’il nous est nécéssaire d’observer pour nous désaliéner de ce conditionnement sexuel pariarcal qui aujourd’hui nous emmène dans une hypersexualisation nous mettant en danger tous.

    Bien à vous.

    Toutes les causes ne sont pas bonnes à défendre !
    15 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]
    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    La majorité des femmes semblent être de nature à comprendre les autres, à vouloir les aider, à améliorer le sort des personnes démunies ou brimées socialement, financièrement ou autres, qui ont des problèmes mais toutes les causes ne sont pas bonnes à défendre. Est-ce que les femmes vont appuyer quelques personnes pour faire basculer toutes les autres dans un modèle de vie inacceptable. C’est bizarre de voir que les femmes appuient des propositions pour senser améliorer le sort des prostituées alors qu’en fait elles ne se rendent pas compte qu’elles viennent de signer la reddition de toutes les femmes et même des enfants. On dirait que les femmes à la fédération se sont faites passer "un sapin", excusez-moi l’expression. Dommage.

    Les groupes de femmes sont-elles en train de renier la dignité, la liberté et le respect des droits des femmes
    15 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]
    > Prostitution, féminisme, dissidence et représailles

    J’ai trouvé cet article extrêmement décourageant pour les femmes, moi qui croyait que les groupes de femmes nous défendaient, nous protégeaient. Oui, la prostitution est un sujet très délicat mais si je comprends bien, la peur d’agir des groupes de femmes va nous obliger à devenir des "esclaves" du sexe ?

    Les femmes se sont battues pour avoir le droit de voter, pour devenir autonomes financièrement, on s’est battu pour avoir plus de choix de carrière, pour que nos enfants portent notre nom, pour ne pas être obligée de suivre notre mari s’il décidait de changer de pays, pour ne pas être obligée de se marier, pour partager les biens de la famille également, pour pouvoir vivre une sexualité sans avoir peur de devenir enceinte, pour avoir donc le droit au plaisir sans peurs, on s’est battu pour décider de notre sort, de notre avenir sans s’en faire imposer, pour pouvoir investir les différents paliers de pouvoir autrement dit pour prendre le contrôle de nos vie et de notre avenir, et là les groupes de femmes ne défendent pas notre droit à ne pas être prostituées par des hommes ! Je me demande si je dois en rire ou en pleurer !!!

    Tout le monde a le droit à un travail équitable mais la prostitution n’est pas un travail équitable, c’est assujettir -la plupart du temps de façon violente - une partie de la population à la demande des hommes. Les groupes de femmes ont-elles perdu toute capacité d’analyse ? Tous les acquis des femmes se sont basés sur des analyses précises de la situation des femmes dans une société donnée. Et maintenant pour plaire à l’industrie du sexe et surtout aux hommes, on va nous obliger à nous soumettre ??? On va offrir à nos enfants -bien que ce soit déjà fait !- l’option d’être un-e esclave sexuel-le ?

    Si vraiment les femmes laissent faire cela, elles seront responsables de la condition de ces personnes qu’on mène à l’échafaud -tant qu’à moi-, car lorsqu’elles veulent réellement se mobiliser, les femmes sont capables de le faire pour des causes justes et valables pour toute la société.

    • Des femmes de la FFQ ont voté pour une analyse néo-libérale de la prostitution.
      20 septembre 2005 , par
        [retour au début des forums]
      Les groupes de femmes sont-elles en train de renier la dignité, la liberté et le respect des droits des femmes

      Je suis d’accord avec vous Sylvie, Diane et Danielle, des femmes de la FFQ se sont laissées avoir par la tournure des questions et elles ont fait comme si des analyses n’existaient pas déjà qui démontraient que la prostitution relevait de la soumission - et l’oppression - des femmes, la suprématie du patriarcat, et elles ont privilégié l’analyse néo-libérale de la prostitution : les hommes ont tous les droits, même d’acheter les enfants, les femmes et des hommes pour leur "besoins". Elles ont fait comme si tout cela n’était pas relié, mais ça l’est. IMPARDONNABLE. Tant que l’argent circule, on ne veut rien savoir du bien-être des personnes qui donnent les services, ce qui compte c’est que ces personnes -vulnérables- les donnent les services.

      Des femmes ne se posent plus de questions sur l’éthique, la morale, la justification, la beauté d’une relation sexuelle. Le marchandage monétaire, économique est en haut de la pyramide de toutes les valeurs. Le féminisme québécois est victime d’une épidémie "économique" ravageuse.

      Quand la FFQ osera-t-elle faire amende honorable et revenir aux valeurs fondamentales d’une société vraiment sociales et démocrates ??? Et le fera-t-elle ?

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