Des échanges importants portent, aujourd’hui, sur un phénomène surprenant au
sein d’un groupe donné de femmes contemporaines. Ces échanges concernent
certaines jeunes femmes qui se rallient à la pornographie, à la
prostitution et à l’objectification sexuelle des femmes. Rejetant les luttes
féministes de la génération précédente, ces jeunes femmes cherchent à
promouvoir ce qu’on appelle un agenda « postféministe ». Le présent article
se veut une contribution à cet échange, dans un effort pour comprendre et
pour commenter cette manifestation d’un nouveau genre de prétendue
libération des femmes. Commentons d’abord la question de savoir si nous sommes réellement dans une ère postféministe.
À quel point avons-nous progressé ?
Les années 1960 et le début des années 1970 ont été marqués par d’importants
événements qui ont transformé la vie des femmes aux États-Unis. La pilule
anticonceptionnelle a obtenu, en 1960, l’aval de la Food and Drug Administration. En 1963, le Congrès américain a adopté la Loi sur l’égalité salariale. La Loi sur les droits civiques de 1964 a banni la discrimination pour des motifs raciaux, sexuels ou religieux. Puis, en 1973, l’arrêt Roe v. Wade a libéralisé l’avortement. C’était une époque d’émerveillement et de possibilités sans fin. Une société différente semblait possible. Bon nombre de groupes, qui avaient connu l’oppression, en sont venus à espérer beaucoup de l’avenir. Les femmes étaient certainement très nombreuses à miser sur un renouveau.
Nous voici aujourd’hui en 2006 : les femmes ont réalisé beaucoup d’avancées
réelles. Mais l’excitation et l’espoir extraordinaires de ces premières années se sont quelque peu dissipés face au mouvement de ressac, à des pertes de terrain et aux entraves enrayant les progrès espérés. Le 25 juin 2006, une coalition de groupes de femmes et d’organisations de défense des droits humains a soumis au Comité des droits de l’homme de l’ONU un rapport de grande envergure sur le statut des droits des femmes aux États-Unis. Ce rapport documente l’échec des É.-U. à promouvoir les droits des femmes à l’égalité, conformément à un traité ratifié par ce pays en 1992.
Cet échec se vérifie par le système de justice pénale, les lois concernant l’immigration, le caractère inadéquat des lois contre la violence et les lois sur le salaire minimum. Le rapport documente également les désavantages que vivent des millions de travailleuses, en raison de l’application inadéquate des lois du travail contre la discrimination, et de l’absence d’assurance-emploi et d’assurance-santé. En mai dernier, la National Organisation for Women (N.O.W.) a déterminé que le marché américain du travail était l’un des moins favorables aux femmes de tous les pays industrialisés. La Fondation de N.O.W. a également rappelé que les dirigeants politiques
procèdent actuellement à des restrictions budgétaires et au démantèlement
des programmes adoptés au cours 40 dernières années pour promouvoir l’égalité des femmes.
Par ailleurs, la violence des hommes à l’égard des femmes demeure une réalité sociale omniprésente. On évalue qu’une femme sur trois dans le monde est battue, violée ou autrement violentée au cours de sa vie. Près de 25% des femmes aux États-Unis témoignent avoir été violées et/ou agressées physiquement au moins une fois par un conjoint ou un ex-conjoint, un partenaire cohabitant ou une fréquentation. En 2001, 20% des crimes violents contre les femmes étaient le fait d’un partenaire intime. Selon Amnesty International, quatre femmes meurent quotidiennement aux États-Unis du fait de la violence domestique. Et plus de 700 femmes y sont violées ou agressées sexuellement chaque jour (Family Violence Prevention Fund).
L’objectification des femmes demeure également une constante, rendue sans cesse plus cynique et plus sophistiquée par les nouvelles technologies. La cyberpornographie et les jeux et clips vidéo violents et misogynes viennent
aujourd’hui s’ajouter aux images, déjà méprisantes, des femmes omniprésentes
au cinéma, dans les magazines et à la télévision.
C’est dire que si certaines femmes disposent d’une palette croissante de choix, il est clair que les femmes, en tant que groupe, ne sont pas encore parvenues là où nous devons et nous souhaitons être. Il nous reste énormément de travail à faire avant que les États-Uniennes, en tant que groupe, vivent dans une société juste, équitable et sécuritaire.
La culture porno
À ce contexte troublant se superpose le phénomène intriguant d’une culture
censément postféministe qu’embrassent des quantités apparemment importantes
de jeunes femmes. Celles-ci semblent rejeter les luttes de la génération précédente face à l’impact adverse de la pornographie, de l’industrie du sexe et de l’objectification sexuelle du corps des femmes. Les premières féministes ont souligné que ces influences pesaient lourdement dans une culture qui déshumanisait les femmes, les mettait en danger et refusait de prendre au sérieux leur humanité et leurs talents. Mais on dirait qu’aujourd’hui, beaucoup de jeunes femmes considèrent que ce qu’on appelle le "programme féministe" a été entièrement réalisé et que l’ultime frontière réside dans un type de liberté sexuelle qui leur permet d’explorer les secteurs précis qui étaient, autrefois, jugés fondamentalement contraires à l’égalité des femmes.
Dans son livre Female Chauvinist Pigs : Women and the Rise of Raunch Culture (Free Press, NY 2005), Ariel Levy explore ce phénomène. « Soudainement, écrit-elle, nos implants mammaires et le sigle de Playboy devenaient les symboles de notre libération. Comment la culture avait-elle pu changer de façon aussi drastique en aussi peu de temps ? » Levy interviewe des hommes et des femmes liés aux représentations médiatiques de cette transition culturelle. Elle fait des entrevues avec des stripteaseuses, des vedettes de films porno et des aspirantes à ce statut, l’équipe de tournage de l’émission Girls Gone Wild, des athlètes olympiques qui posent nues pour le magazine Playboy, la productrice de l’émission G-string Divas et beaucoup d’autres personnes.
« Cette nouvelle culture porno ne marque pas la mort du féminisme, me disent-elles, mais la preuve que le projet féministe est déjà réalisé. Nous avons gagné le droit de regarder Playboy ; nous avons été habilitées à nous payer une épilation bikini brésilienne. Les femmes avaient tellement progressé, m’a-t-on appris, que nous n’avions plus à nous inquiéter de l’objectification ou de la misogynie. Au contraire, c’était maintenant le temps, pour nous, de nous joindre au grand party adolescent de la culture populaire où les hommes s’amusaient depuis longtemps. Si les « machos » étaient des hommes qui voyaient les femmes comme autant de morceaux de viande, nous allions les battre sur leur terrain en devenant des « machas » capables de transformer les autres femmes et nous-mêmes en objets sexuels. »
Dans ses conversations avec des femmes qui visionnent et lisent cette pornographie, Levy tente de comprendre ce que les femmes y gagnent. On lui
parle surtout d’empowerment, de plaisir et de l’importance d’être « cool ». On lui parle aussi beaucoup de l’importance d’être acceptée par les gars. Pourquoi jeter le Playboy de son copain dans une poubelle libératrice quand on pourrait s’éclater à la « Playboy Mansion » ? Pourquoi se préoccuper de notions comme le dégoût ou la dégradation quand on pourrait soi-même offrir ou recevoir une danse-contact ? Pourquoi tenter de combattre quand on peut joindre leurs rangs ?
Donc, où en sont les choses ?
Dans un pays où près de 25% des États-Uniennes signalent des agressions sexuelles ou physiques, de quelle nature est le pouvoir auquel prétendent certaines en faisant le choix de devenir danseuses ou prostituées ? Dans un pays où plus de 700 femmes sont violées ou agressées sexuellement chaque jour, à quel pouvoir prétendent les femmes qui s’habillent comme des actrices porno et les étudiantes qui baisent en groupe pour des vidéastes amateurs ? Et qu’est-ce que ces femmes ont à dire du niveau incroyable de violence qui caractérise la presque totalité de cette pornographie ?
On ne peut nier que certaines femmes expriment un sentiment de libération en
exerçant de nouveaux choix sexuels après des siècles de répression. Longtemps contraintes par des codes d’habillement restrictifs et moralisateurs, nous pouvons maintenant choisir de porter ce que nous voulons, très peu de vêtements ou aucun. Nous pouvons prendre des décisions sur l’usage à faire de notre propre sexualité. Nous pouvons prendre l’initiative d’approches sexuelles. Nous pouvons nous faire augmenter les seins, réduire l’estomac, teindre les cheveux, refaçonner le visage, nous doter du corps sexuel que nous désirons ou que nous croyons que quelqu’un d’autre peut désirer. C’est perçu comme une avancée dans la mesure où la sexualité a longtemps été un domaine où les hommes étaient entraînés à se percevoir comme naturellement dominants et à traiter les femmes comme naturellement passives (Robert W. Jenson, A Cruel Edge). Donc, le pouvoir d’établir une forme ou l’autre de domination sexuelle sur une telle expérience a son importance.
Une perspective psychologique
Toutefois, en termes psychologiques, cette tendance postféministe à objectifier notre propre corps présente certains aspects d’un phénomène connu sous le nom d’identification à l’agresseur. C’est un mécanisme de défense auquel nous avons recours lorsque nous nous sentons dépassées par une menace incontournable. (1) « Dans l’espoir de survivre, nous ressentons et "devenons" exactement ce que l’agresseur attend de nous - dans notre comportement, nos perceptions, nos émotions et nos pensées. » (J. Frankel). En ce sens, on peut dire que le « pouvoir » auquel prétendent certaines nouvelles ou postféministes semble être celui de choisir son camp dans l’affrontement. Mais ce pouvoir n’est pas celui de définir le vrai sens de l’affrontement. C’est un pouvoir d’adaptation, qui souhaite atteindre une certaine part de contrôle dans une culture qui demeure dominée par les hommes.
Je vous soumets que la lutte réelle qui demeure devant nous est celle de mettre fin à la domination des hommes blancs dans notre société pour évoluer vers une société basée sur l’équité et la justice. Ce serait une société où les hommes et les femmes de toutes les races auraient les pleins pouvoirs politiques et économiques.
Ce serait une société où les femmes de toutes les races bénéficieraient de la liberté sexuelle, de la liberté de procréation et de la liberté d’échapper à une peur constante de l’agression physique et sexuelle.
Les outils du maître
La poète Audre Lorde a écrit : « Les outils du maître ne démantèleront jamais la maison du maître. Affirmer sa liberté sexuelle en devenant une vedette porno, une prostituée ou une pin-up de Playboy équivaut exactement à tenter d’utiliser les outils du maître pour démanteler une société fondée sur la domination masculine. » À mon avis, de tels efforts protègent le statu quo : une société où les femmes ne sont toujours pas reconnues pour leur pleine valeur, une société où des femmes de partout au monde sont kidnappées, trafiquées et amenées aux États-Unis en esclavage sexuel pour satisfaire le désir masculin, une société où un très grand nombre de femmes ne sont toujours pas en sécurité dans leurs propres domiciles.
C’est également une société où les lois demeurent rédigées par des hommes blancs, et la plupart des entreprises, gérées par des hommes blancs. Reconnaître ce fait n’est pas nier le nombre croissant de femmes qui sont avocates, médecins, propriétaires d’entreprise, politiciennes, enseignantes, membres du clergé et cadres. Mais la proportion des femmes siégeant au Congrès donne l’heure juste : les femmes sont encore bien loin d’y être à parts égales. Et il n’y a qu’une seule juge à la Cour suprême du pays. Non, nous ne possédons pas encore un pouvoir proportionnel à notre nombre. Des hommes prospères continuent à mener une guerre ciblant les femmes et les enfants pauvres. Des hommes continuent à décider si, quand et comment les femmes ont accès à des soins de santé génésiques, combien de temps les femmes peuvent être soignées à l’hôpital après une mastectomie, qui a droit à des services de garde subventionnés, qu’est-ce qui constitue du harcèlement sexuel, qu’est-ce qui compte comme un viol, combien de temps peut durer un congé de maternité et le niveau du salaire minimum.
Parlons de choix
Les femmes qui se rallient à la culture porno posent un ensemble limité de choix dans un univers limité. Bien sûr que l’on se sent bien, que l’on ressent du pouvoir à poser un choix ou un autre. Mais certains choix sont étroitement circonscrits par les limites d’une situation donnée. Les femmes qui choisissent de s’intégrer à la culture porno semblent comprendre clairement que notre culture est définie par un désir masculin qui dégrade les femmes et les traite avec mépris. Ce conditionnement culturel encourage les hommes à traiter les femmes comme des objets, des objets fragmentés, des réceptacles et des outils de plaisir. Le choix qui en résulte est soit de s’opposer à ce conditionnement masculin et à ses résultats, soit de se rallier aux hommes en s’identifiant à leurs désirs, en devenant d’enthousiastes meneuses de claque dans cette dynamique. Ce choix n’est pas celui de femmes choisissant l’amour, le respect, la tendresse, la dignité et le sentiment d’être réellement valorisées pour ce qu’on est. La posture de ralliement à une force qu’on se sent incapable de défaire apparaît comme une réaction défaitiste. La liberté liée à la capacité de choix de chaque personne est importante, mais nous devons également poser la question : qu’est-ce qui est une liberté significative dans une culture marquée par un racisme et un sexisme omniprésents ? Qu’est-ce que la liberté dans une culture définie par une économie capitaliste effrénée qui fait des expériences les plus personnelles et privées des produits de consommation à but lucratif ? (« Pornography is a left issue », Gail Dines and Robert Jensen). En outre, ces genres de choix ne signifient pas un véritable accès au pouvoir, puisque le pouvoir tient à la capacité d’imposer aux autres ses propres choix et de contrôler des ressources vitales.
Le problème du privilège
Néanmoins, comme on l’a dit, certaines jeunes femmes se disent aujourd’hui gratifiées et comblées par leur décision de faire ce qu’on appelle une carrière dans l’industrie du sexe. Elles disent gagner beaucoup d’argent, se sentir en contrôle de leur vie et des hommes qu’elles desservent, et apprécier le sentiment de pouvoir que leur donne leur carrière. Nous comprenons donc qu’un groupe donné de femmes trouvent de tels choix libérateurs. Nous n’avons pas à intervenir dans leur vie.
Mais il est important de noter que l’occasion de choisir librement une carrière de stripteaseuse, de prostituée, de dominatrice ou de vedette porno découle d’un certain niveau de privilège. Les femmes aux prises avec la traite ou le détournement, celles qui sont pauvres, ont faim, sont sans logis, sans statut, illettrées ou incapables de gagner un salaire décent n’ont pas les mêmes privilèges. Et elles constituent l’immense majorité des femmes impliquées, contre leur gré et sans le moindre plaisir, dans l’industrie du sexe. (2) Il s’agit de femmes qui souffrent et sont exploitées jour après jour. Je crois que c’est en fonction de cette majorité de femmes que nous devons militer et définir des stratégies. Ce sont ces femmes qui méritent notre attention politique.
Nous ne pouvons nous en remettre aux expériences d’un groupe limité de femmes qui disent trouver leur avantage dans la prostitution pour définir nos politiques organisationnelles ou gouvernementales. Cela équivaudrait à occulter la réalité plus générale des femmes à l’échelle internationale. Nous devons adopter des positions de principe qui confrontent l’exploitation sexuelle des femmes et des filles où qu’elle se produise.
Trahir les femmes opprimées
Mais ce que la culture porno a peut-être de plus troublant est sa tendance à banaliser la souffrance et l’exploitation des femmes partout dans le monde. En propageant une attitude qui en fait une partie de plaisir, elle trahit les femmes qui sont forcées d’offrir des danses-contact, qui sont prostituées contre leur volonté, qui sont forcées au tournage de films pornographiques, qui sont poussées dans ce qu’on appelle le « travail du sexe » par la faim, la maladie ou les ravages de la guerre. En popularisant une culture de « y’a rien là, c’est cool », cette culture jette le doute sur les cris des femmes exploitées. Après tout, si certaines femmes libérées ont autant de plaisir, à quoi bon prévenir l’exploitation sexuelle des femmes ? La promotion de la culture porno par quelques personnes se fait sur le dos de millions de femmes opprimées. Voilà pourquoi nous ne pouvons jamais permettre à ce groupe « privilégié » de détourner les échanges sur la libération des femmes. Elles ont entièrement le droit de prendre leurs propres décisions et de faire leurs propres choix, mais leur rhétorique fait fi des réalités qui gouvernent la vie de la plupart des femmes.
La lutte féministe qui reste à mener
Nous pouvons respecter les droits de nos soeurs qui choisissent d’entrer dans
l’arène sexuelle en se pliant aux valeurs masculines. Nous savons à quel point le choix inverse peut entraîner des formes très concrètes d’épuisement, d’isolement et de découragement. Mais en même temps, il nous faut éviter de confondre ce prétendu choix avec l’histoire de la lutte féministe. Cette lutte féministe vise à mettre fin à l’exploitation des femmes aux plans politique, économique, culturel et social. Elle vise à créer un monde où les femmes n’ont pas à choisir de s’identifier à la misogynie pour se sentir acceptées. Elle vise à créer un contexte où les femmes peuvent s’identifier à leur propre sexualité, à leur véritable corps, à leurs véritables besoins.
Elle est là, la frontière ultime.
Nous devons continuer la lutte menant à des chances vraiment égales, plutôt qu’à une situation définie par le droit des hommes à abuser du pouvoir et du contrôle. Il nous faut continuer à lutter pour une société où la violence faite au corps des femmes n’est ni érotisée, ni commercialisée. Tant que ces objectifs ne sont pas atteints, nous ne pouvons prétendre avoir réalisé le programme féministe. Quant à la liberté de nous mettre en marché comme objets du désir masculin, c’est une victoire qui apparaît bien mince.
Notes
1. Note de Sisyphe : il s’agit du syndrome de Stockholm.
2. Des millions de femmes sont victimisées partout dans le monde chaque année par des trafiquants, des proxénètes et des clients. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables à l’industrie de la traite. Certaines sont enlevées ; d’autres sont trompées par des offres d’emplois légitimes dans d’autres pays ; d’autres encore sont vendues par leurs parents dépossédés ou sont elles-mêmes poussées par la pauvreté dans les mains de trafiquants qui exploitent leur désespoir. Force, tromperie, contrainte ou dénuement complet - quelle que soit la façon dont elles sont amenées à l’industrie multimilliardaire de l’exploitation sexuelle, ces femmes et ces filles subissent des violations inimaginables de leurs droits en devenant de simples produits de consommation dans la traite d’êtres humains par les entremetteurs qui les exploitent (Equality Now).
Gail Golden, août 2006
© Tous droits réservés à Gail K. Golden : Site.
– Mille mercis à Phyllis B. Frank, Sheila Hamanaka et Lynn Sheinkin pour leurs suggestions et commentaires très utiles au moment de la rédaction de cet essai.
Version française : Martin Dufresne
Original english version.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 janvier 2007.