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dimanche 3 février 2008

Vancouver 2010 - Quand Jeux olympiques rime avec exploitation des femmes

par Milaine Alarie et Geneviève Lafleur, pour la CLAP






Écrits d'Élaine Audet



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Certains groupes ont proposé de suspendre les lois relatives à la prostitution à Vancouver et de créer des bordels de type coopératifs pour la période des Jeux olympiques de 2010. Cette annonce nous scandalise et nous effraie quant au futur qui s’annonce pour les femmes et fillettes, particulièrement au Canada.

Les bordels comme stratégie de protection des personnes prostituées : une illusion

Des groupes militants en faveur de la décriminalisation de la prostitution ont proposé la mise en place de bordels coop dans le but de protéger les femmes prostituées de la violence des clients. Cet argument ne tient pas la route : ce n’est pas le lieu qui pousse l’homme à être violent, mais bien sa vision misogyne des femmes. D’anciennes prostituées du groupe EX-PALSS ont témoigné dans le même ordre d’idées : « Ce ne sont pas des lieux que nous nous souvenons, mais plutôt des hommes qui nous ont toujours traitées comme si nous n’étions pas tout à fait des êtres humains » (1). Peu importe le lieu, la prostitution reste un acte de violence envers les femmes et la création des bordels ne sera en rien utile.

Augmentation de la traite et du crime organisé

Le Canada aurait tout intérêt à tirer une leçon des pays ayant légalisé la prostitution au cours des dernières années avant de songer à suspendre les lois. Par exemple, la ville d’Amsterdam a amorcé la fermeture du tiers des bordels du célèbre quartier chaud. Le maire d’Amsterdam, Job Cohen, a affirmé que, contrairement aux attentes, la création des bordels n’a pas réussi à apporter la protection dont les personnes prostituées avaient besoin, sans compter que le crime organisé s’est infiltré en masse dans la ville, augmentant ainsi le commerce des stupéfiants et la traite des êtres humains. Dans cette ville, 80% des personnes prostituées sont d’origine étrangère et 70% d’entre elles sont dépourvues de papiers, ce qui laisse croire qu’elles ont été victimes de la traite.

Mme Susan Davis, porte-parole du projet de création de bordels, affirme que des milliers d’hommes à la recherche de sensations charnelles envahiront les rues de Vancouver pour les Jeux olympiques et que la ville doit s’assurer de pouvoir combler la demande. Curieusement, personne de cette organisation ne s’interroge quant à la provenance de ces nouvelles « travailleuses ». Il est clair que pour subvenir à la demande, les proxénètes se chargeront de trouver de nouvelles recrues et ce, à n’importe quel prix, augmentant ainsi la traite à des fins d’esclavage sexuel.

La culpabilité de l’État

« Le Canada, qui s’est démarqué longtemps par ses pratiques avant-gardistes en matière de droits humains et d’égalité, doit refuser de prendre une route qui aggraverait la situation des groupes sociaux minorisés de notre société. Tout d’abord, s’il acceptait de suspendre les lois en matière de prostitution pour une durée limitée, le gouvernement canadien remettrait en question la validité de ces lois. Par ce geste, le Canada avouerait que lorsque des intérêts économiques sont en jeu, les droits humains ne méritent plus d’être protégés. Si le Canada suspendait ses lois en matière de prostitution à l’occasion des Jeux olympiques, comment pourrait-il justifier ensuite de remettre en vigueur ces mêmes lois ? Pourquoi l’exploitation sexuelle des femmes serait-elle légitime dans certaines circonstances et condamnables dans d’autres ? »

Le cas Pickton démontre aussi le désintéressement du gouvernement Canadien en ce qui concerne le sort des personnes prostituées. Maclean’s rappelait que près de 100 millions de dollars auront été investis dans le procès de ce meurtrier. Ce procès peut sembler servir de mesure dissuasive s’adressant aux hommes violents, mais il s’agit plutôt d’une stratégie de revalorisation des politiques de l’État en matière de lutte contre la violence envers les femmes. En effet, si le Canada voulait réellement lutter contre la violence envers les femmes, particulièrement celle envers les personnes prostituées, il aurait investi une partie de cette somme dans la mise en place de services d’aide aux victimes du système prostitutionnel, tels des centres d’hébergement pour les femmes désirant quitter la prostitution ou étant victimes de la traite, des services de support psychologique, des soins de santé approprié, etc..

Il est grand temps que les actions du Canada correspondent à son statut de chef de file en matière d’égalité entre les sexes et qu’il mette en place des mesures efficaces luttant contre toute forme de violence envers les femmes. S’opposer au projet de décriminalisation de la prostitution à Vancouver, mais aussi mettre en place des services offerts aux personnes prostituées constituerait, pour le Canada, un pas en avant en ce qui a trait à l’égalité des sexes.

Note

1. “Un groupe d’ex-prostituées s’opposent à un bordel légal à Vancouver“, Sisyphe, le 13 décembre 2007.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 31 janvier 2008.

 Pour écrire au ministre de la Justice : Nicholson.R@parl.gc.ca
 Pour écrire au Premier Ministre : Harper.S@parl.gc.ca



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Milaine Alarie et Geneviève Lafleur, pour la CLAP

Membres de la Collective des luttes pour l’abolition de la prostitution (CLAP), Milaine Alarie est bachelière en Études des femmes et Geneviève Lafleur est travailleuse sociale.

Contact
Milaine Alarie
819-923-2323
Courriel : clap_ottawa@yahoo.ca



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