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dimanche 30 mars 2008 Les politiciens responsables de l’environnement misogyne et malsain que les filles doivent affronter
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« On entend tout le temps des paroles comme ‘Qu’essé tu fais, pétasse ?’ et ‘Hey, salope’ » - Tanya, 9e année
Toronto (Ontario) - 2 février 2008 : « La violence envers les filles et les jeunes femmes est un problème majeur » dans les écoles de Toronto, selon un rapport sur la sécurité dans les écoles récemment publié par le School Community Safety Advisory Panel. Ce rapport statue que « les cas de violence liée au sexe, incluant les agressions et le harcèlement sexuels, surviennent à un rythme alarmant » et il en conclut qu’il faudrait immédiatement porter une attention à la gravité du problème. Selon ce que The Toronto Star rapportait la semaine dernière, le langage abusif couramment utilisé envers les filles provient essentiellement de la culture populaire. Des filles de cinq écoles secondaires de l’extrême est de Toronto déclaraient, lors d’entretiens, faire face à un torrent de commentaires misogynes de même qu’à des agressions sexuelles survenant « n’importe quand dans les couloirs ». Tanya, 14 ans, a affirmé : « On entend tout le temps des paroles comme ‘Qu’essétu fais, pétasse ?’ et ‘Hey, salope’ ». Tous les jours, les étudiantes entendent des insultes telles que garce, salope ou pute dirigées contre d’autres filles, de même que des gars crier quelle partie de leur anatomie ils veulent se faire sucer. Jhanelly Porter, 18 ans, pense qu’il est « trop tard pour notre génération » pour apprendre aux gars à respecter les filles et pour les filles de se respecter elles-mêmes et entre elles, « surtout en ce qui concerne le message subliminal des paroles dégradantes liées au sexe » des musiques rap et hip hop. « Ce milieu malsain n’est pas surprenant », déclare Valerie Smith, une militante qui lutte contre la violence présente dans les médias depuis dix-sept ans. « Le rap misogyne a commencé il y a plus de 25 ans et, en raison de sa popularité auprès des jeunes, d’autres sphères de l’industrie du divertissement ont emprunté et utilisé le même vocabulaire. De leur côté, les politiciens se sont bouché les oreilles et n’ont pas levé le petit doigt pendant quelque 25 ans. Il en résulte que la misogynie se propage librement à travers le pays, contaminant tout sur son passage, incluant la vie des filles qui sont forcées de vivre avec les conséquences de la politique du ‘rien entendu’ et de l’inaction ». Pour les personnes qui ne veulent pas blâmer la culture populaire, voici une citation du récent livre Misogyny & the Emcee : Sex, Race & Hip Hop, de Ewuare Osayande, militant politique américain : « La musique rap de même que les compositeurs et producteurs de rap sont responsables des conséquences qu’a leur message sur la façon de penser de la jeunesse impressionnable. Quand un gars de seize ou dix-sept ans entend un rappeur qu’il admire lui conseiller de ‘frapper cette garce’, pourquoi pensons-nous qu’il ne pourrait pas envisager de le faire ? Quel autre modèle aussi convaincant pourrait l’empêcher de frapper une femme, quand la majorité des médias américains ne font que soutenir ses instincts destructeurs ? Qui sommes-nous en train de tromper ? Nul autre que nous-mêmes, si nous pensons pouvoir ignorer les conséquences de la musique rap (ou du viol) sur la façon de penser et le comportement de nos jeunes. » Au Canada, nous n’avons que très peu de moyens pour freiner les propos misogynes, puisque les filles et les femmes ne sont pas protégées par le Code criminel contre la propagande haineuse (en contravention à la Charte des droits, devrait-on souligner). De plus, en Ontario, il n’existe aucun recours, dans les lois protégeant les droits de la personne, contre le matériel haineux, selon la décision de la Commission ontarienne des droits de la personne, en 2006, qui a décidé de ne rien faire face à la diffusion de musique rap à caractère haineux par un géant de la musique, HMV Canada Inc. Bernie Farber, PDG du Congrès juif canadien et expert en crimes haineux désigné par le tribunal, compare les lois canadiennes contre la propagande haineuse à un « mur de protection » pour les groupes plus vulnérables. Les politiciens ont délibérément refusé d’accorder aux femmes et aux filles ce mur de protection, et ce n’est pas par inadvertance. En 2003, lorsque la loi sur la propagande haineuse du Code criminel a été modifiée afin d’inclure les gais et lesbiennes parmi les groupes protégés (projet de loi C-250), les politiciens ont refusé d’y admettre les femmes et les filles ! La semaine dernière, le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, a affirmé : « L’encouragement de la haine et de la violence n’a pas sa place au sein de la société canadienne et constitue une infraction au Code criminel. » Madame Smith dit à ce propos : « La mémoire de Monsieur Day est soit courte soit très sélective. Au cours des deux dernières années, son gouvernement a fait obstacle délibérément aux tentatives des parlementaires libéraux de permettre l’inclusion des femmes et des filles parmi les groupes protégés par le même article auquel il renvoie. De plus, tant et aussi longtemps que cette protection n’existera pas, les filles de notre pays en subiront les conséquences. » – Pour de plus amples renseignements Document d’information : Vous trouverez ci-dessous des citations en provenance de plusieurs sources de médias décrivant la misogynie envahissante du rap et du hip hop. Pour obtenir plus de renseignements sur la plainte liée aux droits de la personne concernant HMV Canada Inc. et le refus des politiciens d’octroyer la protection contre la propagande haineuse aux femmes et aux filles, consultez les sections Hate Propaganda et Music à l’adresse www.thefreeradical.ca. À propos de The Free Radical P.O. BOX 90598, Markham Eglinton Post Office Traduction pour Sisyphe : MDC, MDClangues@gmail.com - Tél. : 514-826-3323 Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 mars 2008 |