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samedi 2 avril 2016 Quand un spécialiste justifie la pédophilie Adaptation française de Martin Dufresne, Hélène Palma et Léo-Thiers Vidal
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En 1992, un article paru dans The National Law Journal décrivait Rihard Gardner « comme l’un des plus éminents - certains disent dangereux - ténors de la thèse réactionnaire selon laquelle on assisterait à une épidémie de femmes vindicatives qui accusent faussement les pères d’agressions sexuelles contre des enfants afin d’obtenir gain de cause dans des différends de droit de garde » (Sherman, 1993, p.1).
Si les théories de Gardner à propos d’une hystérie collective en matière d’agressions sexuelles ont largement été critiquées, ses opinions concernant les véritables agressions sexuelles sur mineur-es et ses recommandations en matière de traitement des familles touchées par l’inceste ont fait l’objet de très peu d’attention. Le présent article soumet à un examen approfondi les conceptions de Gardner en matière de pédophilie et son approche thérapeutique de l’intervention auprès des familles où un enfant a subi des agressions sexuelles de la part d’un parent. Les antécédents professionnels de Gardner Gardner a une pratique de pédopsychiatre et de psychanalyste pour adultes. Il est professeur de pédopsychiatrie clinique au College of Physicians and Surgeons de la Columbia University. Il a rédigé plus de 250 livres et articles comprenant des conseils adressés aux professionnels de la santé mentale et du droit, aux adultes qui divorcent et à leurs enfants (Sherman, 1993, p. 45). La maison d’édition privée de Gardner, "Creative Therapeutics", publie ses nombreux livres, cassettes et vidéos. Gardner a également son propre agent ainsi qu’un site Internet (1) où sont annoncées ses publications. On y apprend qu’il a été reconnu témoin expert dans quelque 300 instances, tant correctionnelles que civiles, intentées dans plus de 24 États américains. Gardner témoigne presque exclusivement pour la défense dans les procès pour agression sexuelle sur enfants. La théorie de Gardner concernant la sexualité atypique Gardner (1992, pp. 18-32) a élaboré sa propre théorie sur les bénéfices, du point de vue de l’évolution, des pratiques sexuelles déviantes, qualifiées de paraphilies. Selon lui, plusieurs comportements sexuels humains particuliers, dont la pédophilie, le sadisme (sexuel), la nécrophilie (la sexualité avec des cadavres), la zoophilie (la sexualité avec des animaux), la coprophilie (la sexualité impliquant la défécation), la klismaphilie (la sexualité impliquant des lavements) et l’urophilie (la sexualité impliquant l’urine), peuvent être considérés comme utiles à la survie de l’espèce. Il ne serait donc « pas justifié de les exclure de la liste des ’formes prétendûment naturelles du comportement sexuel humain’ ». À son avis, de telles paraphilies pourraient servir les buts de la Nature par leur capacité à augmenter le niveau général d’excitation sexuelle dans la société et donc la probabilité que les gens aient des rapports sexuels, contribuant ainsi à la survie de l’espèce (Gardner, 1992, p. 20). Dans le cadre de sa théorie, Gardner (1992, pp. 24-5) prête à la pédophilie des fins liées à la procréation. Même si une grossesse est encore impossible, il prétend que l’enfant attiré-e dans des rencontres sexuelles dès l’enfance est susceptible de devenir hautement sexualisé-e et de rechercher activement des
COMPLÉMENT D’INFORMATION Décès de Richard Gardner Sur le site de "The Independant" Richard Gardner est l’auteur du prétendu "syndrome d’aliénation parentale", une fiction déculpabilisante qui ferait, si on y accordait foi, de tout enfant qui témoigne d’une agression subie par le père une victime de sa mère... Il a été jusqu’à écrire que, selon lui, les femmes qui divulguaient l’agression de l’enfant par le père exprimaient en fait leurs "propres" inclinations sexuelles à l’égard de la victime !... Ses thèses sont reprises au Québec et en Europe par Hubert van Ghyseghem, un "témoin expert" montréalais spécialisé dans l’approche "Monsieur ne peut pas être pédophile ; mon test scientifique le démontre..." Malheureusement, faute de plus d’exigence de la part des médias, le lobby des agresseurs sexistes continue à tenter d’imposer le "SAP" comme légitime sur toutes les tribunes, malgré son rejet par l’ensemble des instances de contrôle d’une pratique qui ne fait déjà pas de cadeaux aux femmes. Pour en savoir plus : Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 novembre 2003 – L’original du présent article (« Dr. Richard Gardner : A Review of His Theories and Opinions – Tous droits réservés à l’auteure et aux traducteurs et traductrice. |