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vendredi 20 novembre 2009

Protéger les enfants des conséquences négatives de la consommation médiatique
Commémoration du 20e anniversaire de la Convention internationale des Droits de l’enfant

par Jacques Brodeur, consultant en éducation et en prévention de la violence






Écrits d'Élaine Audet



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Commémoration du 20e anniversaire de
la Convention internationale des Droits de l’enfant

Mardi, le 16 novembre 2009 - Le 20 novembre 2009, le monde entier célébrera le 20e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies (CIDE). Après 20 années d’existence, force est de constater que les droits des enfants ne sont pas encore tous respectés, y compris chez nous, au Québec. Nous voulons attirer l’attention du public et des gouvernements sur l’article 17 (e) de la Convention qui fait obligation aux États signataires d’adopter des mesures pour protéger les enfants contre les matériels audio-visuels qui nuisent à leur bien-être. Pour les scientifiques qui se sont penchés sur la question, les conséquences négatives de la consommation médiatique sur la santé des enfants et des ados augmentent en nombre et en gravité.

Protéger les enfants de la publicité ne suffit pas

Interdire la pub aux moins de 13 ans est une initiative exemplaire, mais elle ne suffit pas. L’appétit des annonceurs ne cesse de croître et les budgets publicitaires annuels ciblant les enfants sont passés de 100 millions $ en 1983 à 17 milliards $ en 2007. C’est pour augmenter leur part de cette manne que les diffuseurs rivalisent afin d’accroître leurs auditoires et de pouvoir les vendre plus cher aux annonceurs. D’où l’importance de protéger les jeunes de l’influence des émissions sur leur santé. Ce que la Convention des Droits de l’enfant attend des États signataires, c’est qu’ils aident les parents à encadrer la consommation médiatique des jeunes en connaissance de cause.

Emprise médiatique croissante

Pour se faire une idée de la puissance de l’emprise médiatique sur les jeunes, la Fondation Kaiser a évalué la place des médias dans leur vie : 58% mangent devant l’écran, 42% ont la télé allumée du matin au soir, 53% ont la télé dans la chambre, 49% n’ont pas de règle concernant le contenu et la durée de la consommation, 81% ne bénéficient d’aucune supervision parentale. La consommation médiatique accapare, tous écrans confondus, plus de 40 heures par semaine de la vie des jeunes. Quels dommages cette consommation entraîne-t-elle ?

1) Troubles de l’alimentation

Le premier impact de la consommation médiatique qui inquiète les parents est la sédentarité. Diverses études ont relié le temps passé devant l’écran à la propagation de la pandémie d’obésité qui affecte un pourcentage croissant de jeunes, ici et ailleurs dans le monde. La publicité fait désirer aux enfants des aliments qui aggravent la problématique du surplus de poids.

Les mannequins utilisés par l’industrie de la mode affectent eux aussi l’image corporelle des jeunes, leur estime de soi et contribuent à l’anorexie nerveuse et à la boulimie.

La place de l’alimentation et de l’activité physique dans les téléromans produit un impact négatif selon le Groupe de recherche Médias et santé de l’UQAM. 

2) Troubles du comportement et criminalité

En 2003, deux chercheurs de Laval constataient une augmentation de 432% du nombre d’actes violents diffusées par les réseaux privés de télé depuis 1995.

Au cours de la présente décennie, les ventes de jeux vidéo de meurtres (First Person Shooter, FPS) ont connu une hausse fulgurante. De 2007 à 2008 seulement, les ventes sont passées de 12,5 à 18,8 milliards $US. Malgré leur classification 18 ans et plus, 40% de ces jeux sont utilisés par des enfants.

En 2006, le Canada atteignait son niveau de criminalité le plus bas en 25 ans tandis que la criminalité violente des ados battait des records : deux fois plus que les adultes et deux fois plus que 20 ans auparavant (Statistique Canada et Ministère de la sécurité publique du Québec).

Unanimité

En 2001, Michael Rich, Directeur du Centre Médias et Santé de l’Hôpital pour enfants de Boston, déclarait au nom de l’Académie des pédiatres des États-Unis que « plus de 3500 études ont reconnu le lien entre les spectacles violents et les comportements violents », réduisant ainsi en poussière le mythe entretenu par les défenseurs de l’industrie à l’effet que les chercheurs ne « s’entendent pas ».

3) Autres dommages

D’autres facettes de la consommation médiatique empêchent les jeunes d’adopter de saines habitudes de vie.

  • Selon la Société canadienne de pédiatrie, la consommation médiatique contribue au déficit d’attention-hyperactivité, aux comportements agressifs et violents, au tabagisme, à l’alcoolisme, à la mauvaise alimentation, à l’obésité, à la faible estime de soi, aux comportements sexuels à risque.
  • Des chercheurs de Yale ont fouillé 1800 études réalisées au cours des 30 dernières années. Les conclusions confirment l’impact sur l’alcoolisme, le tabagisme, la dépendance aux drogues, l’hyperactivité et les faibles résultats académiques.
  • L’impact sur la sexualisation précoce et l’hypersexualisation des fillettes ne fait pas de doutes, selon Lilia Goldfarb, du YWCA de Montréal, qui témoigne dans le film de Sophie Bissonnette, Sexy Inc, produit par l’ONF.
  • Selon le professeur Richard Poulin, de l’Université d’Ottawa, la pornographie est devenue le principal moyen d’éducation sexuelle des jeunes.
  • Les publicités sexistes nuisent au respect et à la dignité des personnes selon la Coalition nationale contre les publicités sexistes, (CNCPS).
  • Selon la chercheuse Francine Descarries, les rapports homme-femme propagés par la publicité influencent négativement les 12-18 ans, au moment de leur vie où ils construisent leur identité.
  • Selon le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), « les jeunes dont les acteurs préférés fument courent 16 fois plus de risques d’adopter une attitude favorable envers la cigarette ».
  • Quant aux héros proposés aux garçons, ils influencent leur conception de la virilité et leur construction de la masculinité ; l’influence a été constatée dans la majorité des 20 fusillades survenues en milieu scolaire au cours des dernières années, selon Yanick Dulong, de l’Université Carleton, à Ottawa.

    4) Améliorer la protection des jeunes

    Devant les études confirmant ces dommages, il est clair que notre loi de la protection du consommateur ne peut suffire à protéger les enfants et les ados de la surconsommation médiatique, y compris les écrans d’ordinateur, les consoles de jeu, les appareils photos et Youtube, la musique misogyne, etc. Pour répondre aux exigences de l’article 17 (e) de la Convention, nos gouvernements ont l’obligation de renseigner les parents, c’est un minimum en même temps qu’un enjeu de civilisation.

    La meilleure façon de protéger les jeunes des matériels nuisibles consiste à les ÉDUQUER à la CONSOMMATION MÉDIATIQUE ÉCLAIRÉE. Plusieurs ministères pourraient être mis à contribution pour fournir aux parents et aux enseignants les outils pour intervenir adéquatement, sans interférence de l’industrie. La convergence des efforts permettrait de réaliser des économies sur la réparation des dommages causés à la santé des jeunes.

    Oeuvrer de concert

    Les études réalisées par des scientifiques du monde entier permettraient de former les intervenants et de protéger nos jeunes conformément à l’alinéa (E) de l’article 17 de la Convention internationale. La complaisance face aux abus commis sur les enfants a trop duré. Le 20e anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’enfant nous donne l’occasion d’inviter les parents, les décideurs politiques et les pouvoirs médiatiques à prendre des mesures positives pour « protéger les enfants contre les matériels qui nuisent à leur bien-être ».

     Le texte intégral de la Convention internationale des Droits de l’enfant, adopté en 1989.

    Source : Jacques Brodeur, 493, rue Ste-Julie, Trois-Rivières, 819-379-2132.

  • Courriel : jbrodeur@edupax.org.
  • Site de EDUPAX.

    Jacques Brodeur a enseigné durant 30 ans et réside en Mauricie. Il est membre de l’association des retraités de l’enseignement du Québec, AREQ, du secteur Cap-de-la-Madeleine. Il est bénévole pour l’organisme à but non lucratif Edupax et conseiller en matière de prévention de la violence et développement de saines habitudes de vie auprès de plusieurs écoles et commissions scolaires. Il est membre du Conseil d’administration de la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques du Québec (FÉÉPEQ).

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 16 novembre 2009

    Lire aussi : Malorie Beauchemin, « La misère pour un milliard d’enfants », La Presse, Montréal, le 20 novembre 2009.



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  • Jacques Brodeur, consultant en éducation et en prévention de la violence
    EDUPAX

    Jacques Brodeur a enseigné durant 30 ans et œuvre comme consultant, conférencier et formateur dans les domaines de l’éducation à la paix, l’éducation aux médias, la prévention de la violence et la promotion de saines habitudes de vie.



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