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vendredi 5 février 2010 La religion et les femmes Traduction de Marie Savoie
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Les religions doivent leur popularité et leur pouvoir entre autres aux balises éthiques qu’elles offrent. Pourquoi alors tant de religions contribuent-elles à perpétuer un phénomène que la plupart des gens jugent profondément immoral : l’oppression des femmes ? Bien sûr, les chefs de guerre du Congo ne citent pas les Écritures pour justifier leurs innombrables viols - même si le dernier chef de guerre que j’ai rencontré là-bas se prétendait pasteur et arborait un macaron portant la mention « Rebelles au service du Christ ». L’assassinat par le feu de jeunes mariées en Inde ne fait pourtant pas partie des rites hindous. Et aucun verset du Coran n’ordonne à des Afghans sans scrupules d’asperger d’acide le visage des fillettes qui osent aller à l’école. Pourtant, des crimes de ce genre – et une foule d’autres injustices plus banales comme le fait de gifler sa conjointe ou de payer moins les femmes pour un travail équivalent – découlent d’un contexte social où les femmes sont souvent des citoyennes de seconde zone. Un contexte que les religions ont contribué à façonner et qu’elles ne se sont guère efforcées de changer. M. Carter, qui considère la religion comme une des « principales causes des atteintes aux droits des femmes », fait partie du groupe The Elders (Les Aînés), un cénacle d’anciens dirigeants réunis par Nelson Mandela. The Elders (2) se penchent sur le rôle de la religion dans l’oppression des femmes et ont émis une déclaration commune exhortant les chefs religieux à « corriger toutes les pratiques discriminatoires de leur culte et de leurs traditions ». The Elders sont loin d’être des mécréants ou des agitateurs. Ils comptent dans leurs rangs l’archevêque Desmond Tutu et commencent leurs réunions par une prière silencieuse. « The Elders n’attaquent pas la religion en tant que telle, explique Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de la personne. Toutefois, nous reconnaissons tous que ce qui sous-tend les injustices faites aux femmes, c’est la façon dont certains manipulent les religions dans le but d’asservir les femmes. » Le Nouveau Testament cite saint Paul, qui édicte que les femmes « doivent garder le silence » (I Timothée 2). Selon le Deutéronome, si une femme ne saigne pas lors de sa nuit de noces, « ses concitoyens la lapideront jusqu’à ce que mort s’ensuive ». Les hommes juifs orthodoxes récitent une prière remerciant Dieu de ne pas les avoir faits femmes. Quant au Coran, il stipule que l’héritage d’une femme doit valoir la moitié de l’héritage d’un homme, et que le témoignage d’une femme ne compte que pour la moitié du témoignage d’un homme. Rappelons, en toute justice, que Paul n’a pas rédigé lui-même les passages ordonnant aux femmes de se taire et que l’islam était à ses débuts une religion progressiste pour les femmes - interdisant l’infanticide féminin et limitant la polygamie – mais il a cessé d’évoluer. Cependant, loin de préconiser la justice, les chefs religieux ont sanctifié les structures sociales établies. En Afrique, les autorités religieuses pourraient grandement améliorer le sort des femmes en prenant parti pour les veuves spoliées par des traditions d’héritage injustes, pour les victimes de viol ou pour les écolières en butte aux avances de leurs professeurs. Bien au contraire, en Ouganda, les chrétiens conservateurs ont usé de leur influence pour alimenter un mouvement aberrant en faveur de l’exécution des homosexuels. Paradoxalement, ce sont des religions conservatrices dirigées par des pasteurs de l’Église évangélique, surtout pentecôtistes, qui ont le plus travaillé pour favoriser l’émancipation des femmes en Afrique. Les adeptes de l’Église de la Pentecôte encouragent les femmes à assumer des rôles de direction ; pour beaucoup de femmes, c’est la première fois qu’on leur confie des fonctions d’autorité et qu’on respecte leurs opinions. Dans les régions rurales du continent noir, les pentecôtistes sont en voie de devenir un important moteur de l’émancipation des femmes. Il y a là une lueur d’espoir qui rappelle que, si la religion contribue au problème, elle peut aussi contribuer à la solution. Le Dalaï Lama a pris position à cet égard et se qualifie désormais de féministe. L’esclavage est un autre excellent précédent. Toutes les religions abrahamiques acceptaient l’esclavage. Mahomet avait des esclaves et saint Paul semble avoir accepté l’esclavage. Et pourtant, ce sont des Quakers et des évangélistes comme William Wilberforce qui ont été les pionniers du mouvement abolitionniste. En définitive, ce sont des croyants qui se sont battus pour abolir une oppression jusque-là sanctionnée par des religions. Traduction pour Sisyphe : Marie Savoie Notes 1. "Speech by Jimmy Carter to the Parliament of the World’s Religions", Melbourne, Australia, Dec. 3, 2009. Mis en ligne sur Sisyphe, le 31 janvier 2010 |