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samedi 2 octobre 2010

La décision de la Cour supérieure de l’Ontario abandonne aux "pimps" les femmes autochtones et les femmes de couleur
Déclaration conjointe des organisations Aboriginal Women’s Action Network, Asian Women Coalition Ending Prostitution et South Asian Women Against Male Violence






Écrits d'Élaine Audet



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Communiqué conjoint, le 29 septembre 2010

Déclaration conjointe des organisations Aboriginal Women’s Action Network, Asian Women Coalition Ending Prostitution et South Asian Women Against Male Violence

La décision de la Cour suprême de l’Ontario d’invalider les lois canadiennes sur la prostitution est une étape dangereuse de plus dans l’enracinement de la pratique de la prostitution au Canada. La prostitution aggrave le racisme et multiplie les effets dévastateurs du sexisme sur les femmes autochtones et les femmes de couleur.

Cette décision abandonne les femmes autochtones et les femmes de couleur à l"achat et la vente par les souteneurs, les proxénètes et les trafiquants d’êtres humains, dont le statut comme "hommes d’affaires" légitimes se voit encore promu par l’arrêt horriblement déficient de la juge Susan Himel.

Les femmes autochtones, asiatiques et sud-asiatiques appellent les gouvernements fédéral et provinciaux à adopter le modèle nordique comme étape progressiste et égalitaire visant à combler le vide législatif créé par cette décision judiciaire.

 Information :

AWAN, Smiley Cherry
AWCEP, Jay Suzanne
SAWAMV :
LeeAnn


Aboriginal Women’s Action Network (Réseau d’action des femmes autochtones - AWAN), le 29 septembre 2010

« Annuler les lois sur la prostitution – Annuler nos voix »

La décision de la juge Susan Himel d’abroger les lois sur la prostitution est un nouvel exemple de la méconnaissance des conséquences de la colonisation sur la vie des femmes et des enfants autochtones : le racisme, le sexisme, la pauvreté et la violence.

La violence prend aussi la forme d’une victimisation de la part de l’appareil judiciaire. Les lois canadiennes n’ont pas toujours fonctionné pour les femmes autochtones et ont été douloureusement lentes à répondre à nos besoins pour la vie, la liberté et la dignité.

Malheureusement, les lois canadiennes sont celles avec lesquelles les femmes autochtones ont dû composer. Mais la décision de la juge Himel enlève le peu de protection que possédaient les femmes face aux prostitueurs (« Johns »), aux proxénètes et aux propriétaires de bordels. En lieu et place de cela, cette décision accorde à ces mêmes hommes le droit de maltraiter les femmes et de tirer bénéfice de leur situation d’inégalité. La décision prise hier d’abroger les lois sur la prostitution élimine des lois qui auraient pu être révisées et promues en vue de la protection des femmes par la dépénalisation de la vente du sexe et la criminalisation de son achat.

Nous avons été outrées de voir la souffrance de nos sœurs du quartier Downtown Eastside de Vancouver être appropriée et exploitée comme stratégie par les lobbyistes pro-décriminalisation totale aux fins de leur programme de promotion de l’« industrie du sexe ». En tant que femmes autochtones, cela nous brise le cœur de voir les conditions "horribles et choquantes" auxquelles beaucoup de nos sœurs autochtones font face quotidiennement. Nous sommes également découragées de voir qu’une fois de plus, notre vécu passé et actuel et notre savoir, notre dignité et notre sécurité ont été ignorés au profit des intérêts d’hommes prédateurs. Il est évident que nous voulons plus de sécurité pour les femmes ; mais travaillons à leur assurer des conditions de vie et de travail qui soient sécuritaires.

Les conditions de vie et le statut des femmes autochtones doivent être élevés au même niveau que celles de leurs homologues canadiennes, celles de personnes qui ne subissent pas le fardeau des couches supplémentaires de discrimination sexiste et raciste de la Loi sur les Indiens. Cette loi limite notre liberté de vivre et de prospérer et nous prive des choix réels que nous pourrions avoir. La plupart des femmes prostituées veulent échapper à cette condition (près de 90% selon diverses études) et ne veulent pas de cette expérience pour leurs filles. La prostitution est intrinsèquement non sécuritaire et, au lieu d’aller vers la normalisation du viol payé, nous devrions travailler à l’abolir complètement.

Nous voulons la sécurité, pas « plus de sécurité ». Nous voulons l’élimination des méfaits, pas leur simple réduction.

Ces choses sont possibles, et le modèle nordique de loi sur la prostitution sert comme exemple de pas dans la bonne direction. En décriminalisant la vente de sexe et en criminalisation son achat, ce modèle valorise et respecte les femmes. En tant que femmes autochtones, nous voyons l’introduction du modèle nordique comme une étape vers la restauration de nos espaces légitimes et traditionnels de respect.

 Smiley Cherry,
AWAN


Asian Women Coalition Ending prostitution (Coalition des femmes asiatiques abolissant la prostitution)

Décision de la Cour supérieure de l’Ontario

Il sera maintenant plus difficile aux femmes asiatiques sujettes à la traite aux fins de prostitution d’obtenir la protection de la loi.

Les descentes de police dans les bordels illégaux du Sud-ouest de la Colombie-Britannique ont révélé que plus de 90% des femmes prostituées de ces bordels étaient asiatiques. La décision de la Cour supérieure de l’Ontario d’invalider des lois qui criminalisent leurs activités de prostitution offre aux trafiquants, aux proxénètes et aux prostitueurs une légitimité accrue, tout en enlevant à la police un moyen d’utiliser la loi pour enrayer la traite des personnes aux fins de prostitution.

Les pays asiatiques sont reconnus par l’ONU, la GRC et le département d’État américain comme des pays d’origine dans la traite internationale des personnes vers la prostitution. Ils identifient aussi le Canada comme une destination et un pays de transit. On estime que 600 à 800 personnes sont ainsi amenées au Canada chaque année, et que de 1500 à 2000 personnes y transitent aux fins de cette traite. Une fois au Canada, les femmes asiatiques font l’objet d’une traite intérieure en étant amenées dans le réseau des bordels et des salons de massage du pays.

La traite domestique est un facteur systématique dans la prostitution des femmes autochtones, qui sont plus visibles dans la prostitution de rue. La violence, le racisme et l’exploitation sont des expériences systémiques pour les femmes autochtones et asiatiques, qu’elles soient achetées et vendues à l’intérieur ou dans la rue.

La Coalition des femmes asiatiques abolissant la prostitution tient tête à la promotion de la prostitution et à son imposition aux femmes asiatiques, tant chez elles au Canada que dans nos pays d’origine, partout en Asie.

Il est tout à fait possible de mettre fin à la pratique de la prostitution. Une première étape progressiste serait d’adopter immédiatement le modèle nordique, qui criminalise les proxénètes, les souteneurs et les prostitueurs, tout en reconnaissant et en traitant à l’aide de ressources suffisantes les inégalités systémiques qui poussent les femmes vers la prostitution, afin que les femmes ne soient pas sujettes à des arrestations ou des accusations pénales.

Le Canada peut créer un avenir meilleur pour les femmes que celui qu’entraînerait une normalisation de la prostitution.

 Pour plus d’information : Jay Suzanne


Déclaration de South Asian Women Against Male Violence (Femmes sud-asiatiques contre la violence masculine)

Les femmes sud-asiatiques prennent position contre l’achat et la vente des femmes brunes appauvries

Nous, Femmes sud-asiatiques contre la violence masculine (SAWMV), sommes en colère et profondément préoccupées par la décision de la Cour supérieure de l’Ontario de décriminaliser la prostitution. La juge Susan Himel a abrogé les trois dispositions du Code criminel qui avaient été contestées - la communication aux fins de prostitution, le proxénétisme et l’exploitation d’une maison de débauche.

SAWAMV est solidaire des groupes Asian Women Coalition Ending Prostitution et Aboriginal Women’s Action Network, car nous considérons la prostitution comme non seulement une pratique du sexisme, mais également une pratique du racisme. Nous sommes solidaires d’autres femmes marginalisées pour rejeter la légitimation du droit des hommes à acheter nos corps, ou ceux de nos sœurs.

À l’échelle internationale, ce sont des femmes brunes et appauvries dont les corps sont achetés et vendus. Cette décision n’est pas ce que nous ou nos sœurs voulons.

Nous exigeons des solutions économiques alternatives pour les femmes en prostitution, des services de désintoxication et des services de sortie. Nous voulons que le gouvernement commence à réfléchir au modèle nordique qui décriminalise les femmes en prostitution et criminalise l’acheteur et les vendeurs de prostituées : les proxénètes, les trafiquants et les prostitueurs.

Lee-Ann Lalli, membre de SAWAMV : « La juge de la Cour supérieure de l’Ontario a légitimé l’exploitation des femmes dans la prostitution. Le caractère genré de la prostitution, c’est que les acheteurs sont des hommes et les vendeurs, des femmes. L’inégalité entre les sexes n’est pas éliminée dans la décriminalisation de la prostitution parce que les femmes n’auront toujours pas la liberté et le contrôle sur leur corps. La prostitution promeut et renforce les stéréotypes sur les femmes de couleur comme une marchandise « exotique » à acheter. Les femmes vont vers la prostitution faute de ressources et de possibilités disponibles pour elles. La décriminalisation de la prostitution conduira plutôt à la marginalisation et à l’exploitation des femmes de couleur, des femmes autochtones et des femmes pauvres. »

Farrida Hussain (SAWAMV) ajoute : « En tant que femme, je trouve difficile de croire qu’une autre femme choisirait d’être une prostituée. Cette "profession" expose les femmes au risque de violences physiques et affectives. Il est de la responsabilité des gouvernements et de la nôtre, en tant que membres de la société civile, de faire tout en notre pouvoir pour protéger les femmes contre ces risques. Je crains que cette nouvelle décision ait pour effet de contrecarrer l’analyse des inégalités sociales qui conduisent les femmes à être prostituées. Elle prétend à tort que les femmes sont en sécurité dans un bordel et que la prostitution est un moyen viable de gagner leur vie. Il s’agit dans les faits d’un recul dans les avancées relatives faites par les militantes et militants des droits humains contre la traite et la prostitution. »

 Personne-contact : Lee-Anne Lalli

Traduction : Martin Dufresne

Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 septembre 2010



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