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mardi 12 octobre 2010

Un triste jugement qui va à l’encontre de l’égalité entre les hommes et les femmes

par Michèle Léveillé pour le CALAS de l’Outaouais






Écrits d'Élaine Audet



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Le jugement rendu par la juge Himel en faveur de la contestation constitutionnelle qui vise à décriminaliser les activités entourant la prostitution nous a grandement peinées. C’est un triste jugement qui va à l’encontre de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Nous ne comprenons pas que, tout en admettant que la prostitution est dangereuse parce que les clients le sont, la juge donne cependant à ces derniers encore plus d’accès aux femmes qui se prostituent. Ce jugement sert l’industrie du sexe et une poignée de femmes qui peuvent se permettre de travailler avec caméras, agent de sécurité etc. mais laisse de côté la grande majorité des femmes qui sont plus vulnérables, c’est-à dire les femmes autochtones, les femmes racisées et les femmes vivant dans la pauvreté. En outre, aucune étude n’a encore démontré que la prostitution est réellement plus sécuritaire à l’intérieur. Nous sommes certes pour la sécurité des femmes et c’est pourquoi nous sommes contre la violence faite aux femmes. Par conséquent, nous voulons travailler à l’abolition de la prostitution puisqu’il s’agit d’exploitation sexuelle et de violation des droits humains fondamentaux.

En reconnaissant la prostitution comme un « métier » basé sur un choix individuel, on perd de vue le contexte social dans lequel elle s’inscrit. D’ailleurs, qu’en est-il de ce choix ? Peut-on vraiment parler de choix quand on sait que « la moyenne d’âge de ceux et celles qui débutent dans la prostitution est de 13 ou 14 ans » (Geadah, Y., 2001, p.137). On sait aussi que « la majorité des personnes prostituées (jusqu’à 80%) ont été victimes de sévices physiques et sexuels dans leur enfance » (Farley, 2000 dans Geada, Y., 2001, p.137). La prostitution s’inscrit dans un continuum de violences sexuelles souvent vécues depuis l’enfance. Non, ce n’est ni un métier, ni un travail comme un autre.

Il serait temps que le gouvernement mette fin aux contradictions dans les lois qui entourent la prostitution. Il en a présentement l’occasion. Certains modèles législatifs sont à éviter comme ceux que semble vouloir préconiser le jugement dont il est ici question. Plutôt que d’adopter des lois laxistes qui ne feront qu’augmenter la prostitution et le trafic des femmes sans toutefois diminuer la violence qu’elles subissent, le gouvernement devrait se tourner vers le modèle scandinave. Quand on sait que la majorité des femmes qui se prostituent le font par manque de choix et que 92 à 95% aimerait se sortir de la prostitution (Poulin, R., 2006), on est en droit d’exiger de notre gouvernement la mise en place de structures concrètes pour permettre à ces femmes d’en finir avec cette violence. Les personnes aux prises avec la prostitution ne devraient surtout pas être criminalisées. Nous préconisons par contre, une criminalisation des proxénètes et des clients.

Une dernière chose. N’allez pas croire que notre position relève de valeurs moralisatrices. À moins que vous ne pensiez que vouloir mettre fin à l’exploitation sexuelle et à la marchandisation du corps des femmes, que vouloir que cesse cette violence imposée aux plus vulnérables d’entre nous et vouloir que l’égalité existe réellement entre les hommes et les femmes est moralisateur. Si c’est le cas, hé bien soit !

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1 octobre 2010



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Michèle Léveillé pour le CALAS de l’Outaouais



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