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mardi 13 août 2013 L’ONU minimise les mutilations sexuelles féminines et maintient le tabou du rôle des religions
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Références à l’appui, l’auteure démontre que l’ONU minimise l’importance des mutilations génitales féminines dans le monde et tend à ne les attribuer qu’à quelques pays d’Afrique. Avec la collaboration de Guillaume Aguettant.
La communication de l’ONU sur les mutilations sexuelles féminines est trompeuse. Elle sous-estime le nombre de fillettes excisées, feint d’ignorer la réalité de pays exciseurs telle l’Indonésie, et maintient le strict tabou du rôle des religions. S’il tombait, la réalité apparaîtrait crûment : sans l’intervention active des leaders musulmans auprès des 300 millions de fidèles concernés, le fléau ne disparaîtra pas. Enquête et appel à la mobilisation ! L’Unicef communique chaque année l’état de la situation des mutilations génitales féminines (MGF). Elle estime que quelque 130 millions de femmes les ont subies dans le monde et que trois millions de fillettes passent chaque année par le couteau de l’exciseuse ou par l’une ou l’autre forme de mutilation. Des chiffres bien au-dessous de la réalité (1). L’agence onusienne nous annonce aussi que ces mutilations sont partout en diminution. Faux également : dans certains pays, le fléau augmente. L’Unicef nous affirme encore que dans 25 ans, les mutilations auront disparu. Une douce rêverie. L’hypothèse implicite de ces statistiques, c’est que les pays exciseurs sont connus et répertoriés. Or, seule l’Afrique (et le Yémen) entrent dans cette comptabilité. Parce qu’on n’excise qu’en Afrique ? Non, parce que pour collecter des données représentatives et les intégrer, l’Unicef doit obtenir le feu vert des gouvernements. Que se passe-t-il au Moyen Orient et en Asie du Sud-Est ? Du premier on ne sait pas grand-chose et la seconde contredit les constats de l’Unicef. En Indonésie et en Malaisie, les mutilations génitales féminines (MGF) sont fréquentes, et en hausse. Et elles participent à la médicalisation croissante de ces pratiques dénoncée par l’OMS. L’estimation de l’Unicef augmente de 50% ! Les non-dits de l’ONU risquent de conduire une nouvelle fois à des révisions douloureuses. Au milieu des années 2000 déjà, elle a dû avaler une couleuvre de taille : une enquête globale de ses services arrive à la conclusion que les fillettes excisées chaque année en Afrique ne sont pas deux millions, comme elle l’indiquait jusqu’alors, mais trois ! 50% de plus, une nouvelle très discrètement signalée. La fin du fléau avait été prévue pour 2010 (2). Ce n’est pas tout. Un an après sa nouvelle estimation, une ONG austro-allemande, Wadi, annonce que les excisions sont largement pratiquées au Kurdistan irakien où quelque 70% des femmes subissent des mutilations. D’autres ethnies du pays sont concernées. Six ans plus tard, l’Irak ne figure toujours pas dans les statistiques : « La question est actuellement examinée par le gouvernement irakien », explique Cody Donahue, spécialiste de la protection des enfants au siège de l’Unicef à New York. On sait que de nombreux autres pays excisent, mais on n’en connaît pas l’ampleur. C’est le cas des pays suivants : Iran, Emirats Arabes Unis, Oman, Tadjikistan, Maldives, Malaisie, Thaïlande, Inde, Pakistan et, affirme un collaborateur de Wadi dans un bulletin spécial de l’ONU 2013, « d’une manière très organisée et systématique en Indonésie » (4). Selon deux membres de la même ONG, « le fait que des rapports médicaux directs ne soient disponibles ni pour l’Arabie Saoudite, ni pour un quelconque autre pays de cette région ne signifie pas que les MGF y sont absentes, mais seulement que ces sociétés ne sont pas assez libres pour permettre l’étude de tels problèmes… » (5). Alors, trois millions, vraiment ? Cody Donahue reconnaît diplomatiquement : « Nous sommes d’accord que ce chiffre est probablement sous-estimé, mais nous ne pouvons le corriger sans l’information requise. » Une nouvelle enquête - et estimation - devrait paraître prochainement. L’Indonésie mutile couramment et de plus en plus Il y a les pays muets et les pays où le débat sur les mutilations fait rage, sans qu’il atteigne les oreilles de l’Unicef. C’est le cas de la Malaisie et de l’Indonésie. Ce dernier représente le plus grand pays musulman avec 240 millions d’habitants. Non seulement les MGF y sont largement répandues, mais elles sont en hausse, car de puissants mouvements religieux la promeuvent. En 2003, une enquête du Conseil sur la population est publiée, « Circoncision féminine en Indonésie » (le terme circoncision est largement utilisé afin de faire croire à une équivalence avec la circoncision masculine) (6). Elle a été conduite auprès de huit des grandes ethnies du pays, d’est en ouest de l’archipel, et la quasi totalité des 1700 femmes concernées ont subi des mutilations. Quelque 28% de ces femmes ont vécu des pratiques « symboliques », qui seraient exemptes de séquelles. Le malheureux clitoris peut en effet être gratté, frotté, piqué, étiré, brûlé, percé… Symboliques ou non, ces procédures sont clairement classées dans la catégorie « mutilations » par l’OMS. Plus grave, comme dans bien d’autres nations exciseuses, « une médicalisation croissante des mutilations a commencé dans diverses parties du pays ». L’« opération » est généralement pratiquée par des sages-femmes et intégrée dans le forfait des prestations de l’accouchement avec les vaccinations et le perçage des oreilles. Or, « des preuves de cette étude indiquent que les sages-femmes ont tendance à pratiquer des formes plus invasives (…) comme des incisions et excisions ». Une vaste enquête de l’université Yarsi de Java publiée en 2009 confirme l’essentiel de ces constats, de même qu’un rapport d’Amnesty International en 2010. Les mutilations officiellement autorisées En juin 2005, Azrul Azwar, Directeur général des affaires de santé du pays, confirme que la « circoncision féminine » est largement pratiquée dans son pays. Cette même année, les autorités préparent un décret interdisant au personnel médical de la mettre en œuvre (7). En 2006, le décret paraît. Le Conseil des oulémas, la plus haute autorité islamique et la plus représentative, réplique par une fatwa qui autorise la pratique, tout en la déclarant non-obligatoire. En 2010, c’est l’organisation musulmane considérée comme modérée, Nadhlatul Ulama, qui approuve les mutilations tout en demandant de « ne pas couper trop ». Elle compte 40 millions de membres. Son aile féminine proteste et réclame la suppression des mutilations. En 2010, le gouvernement se plie aux desiderata des religieux. Un règlement est publié qui autorise les professionnels de la santé à pratiquer les MGF tout en demandant de ne pas couper. Prétexte : l’interdiction pousse les parents à s’adresser à des guérisseuses. L’année suivante, plus de 170 ONG locales et internationales s’indignent de cette autorisation et de la publication de documents officiels qui expliquent au personnel la manière de mutiler les filles. Le 31 mai 2012, France2diffuse un reportage d’Envoyé spécial intitulé « Islam. Excision en Indonésie : le poids d’une tradition ». L’équipe est allée à Bandung où chaque année lors de l’anniversaire de la mort de Mahomet, plusieurs centaines de petites filles sont excisées sur le pupitre de leur école. L’intérêt financier pousse hôpitaux et maternités à encourager la pratique, même dans des régions où elle était rare. Les nombreux opposant-es ne font pas le poids contre les religieux dont l’influence est immense dans la population… et donc auprès des politicien-nes. Un problème qui monte en flèche Le 18 novembre 2012, la journaliste Abigail Haworth se décide à publier un article sur cette cérémonie de Bandung (8). Elle avait assisté en 2006 à une excision collective, mais des activistes anti-mutilations l’avaient convaincue de se taire pour ne pas entraver leur action. La journaliste constate : « Loin de diminuer, le problème des MGF en Indonésie est monté en flèche. » En janvier de cette année, Amin Ma’ruf, président du Conseil des oulémas indonésiens, insiste : les MGF sont « une pratique recommandable avec un fondement moral » qui entre dans le cadre des « droits de l’homme ». Elles se pratiquent « en sectionnant la partie qui recouvre le clitoris ». La perspective d’une interdiction par les autorités est farouchement combattue par les religieux (9). Vu cette situation, comment l’Unicef peut-elle ne pas mentionner l’Indonésie comme un champ inquiétant de présence et de prolifération du fléau ? « Il n’y a pas actuellement de données nationales représentatives », répond Cody Donahue. Et de toute manière, confirme-t-il, « les enquêtes sont le résultat de négociations entre le gouvernement et les agences qui les mettent en œuvre. » On peut donc lire les lignes suivantes dans le communiqué de l’Unicef de février 2013 : « Des cas (de MGF) ont été documentés au Moyen Orient, en Inde, en Colombie et en Indonésie… » Des cas… La Malaisie aussi La Malaisie (30 millions d’habitants, 18 de musulmans) n’est pas citée dans ce communiqué. Or, sa situation est très comparable à celle de l’Indonésie, et la bataille entre religieux conservateurs et anti-MGF bat son plein. La pratique est largement répandue et sa prévalence est en augmentation. Des treize pays qui excisent plus de 70% de leur population féminine, sept sont presque uniquement musulmans, l’Égypte, le Mali, la Somalie, le Soudan du Nord, Djibouti, la Gambie et la Mauritanie. Ils représentent plus de 140 millions de citoyen-nes. Les sept autres grand exciseurs sont pluri-religieux : l’Éthiopie (100 millions d’habitants) comprend une majorité orthodoxe et protestante, mais les régions musulmanes (34%) excisent davantage. Autres pays à forte prévalence : l’Érythrée, la Guinée (moitié musulmane, moitié animiste), la Sierra Leone (60% musulmane, 30% animiste), le Burkina Faso (60% de musulmans) et la Guinée Bissau. Tous les pays exciseurs comprennent des communautés musulmanes. Cette prédominance est confirmée par la composition de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) : parmi les 35 pays qui excisent, 32 font partie de ce puissant et unique lobby religieux de l’ONU (Irak, Indonésie et Malaisie inclus). Chrétiens et animistes, qui ne peuvent invoquer un précepte religieux, ont souvent des idées si fantaisistes sur les conséquences d’une non-excision que l’éducation et l’information font leur œuvre. Dans les ethnies et pays musulmans, en revanche, les mutilations peuvent être défendues par la théologie (10). Le Coran n’en dit mot, mais trois hadiths (leur authenticité est controversée) indiquent que Mahomet approuvait l’excision. D’innombrables imams et oulémas s’y réfèrent. Mais quand bien même Mahomet les autoriseraient, les musulmans peuvent-ils se sentir légitimés à poursuivre ces violences ? Il n’est pas imaginable en tout cas que les mutilations diminuent sérieusement et surtout rapidement sans la mobilisation de ces responsables religieux. Elle serait d’autant plus efficace que les mères souffrent de cette torture infligée à leurs filles et que beaucoup d’hommes seraient prêts à l’abandonner. Jusqu’ici, on n’a entendu que quelques déclarations générales soutenant les résolutions anti-mutilations dans des conférences internationales. Mais jamais la moindre action d’envergure n’a été entreprise par les leaders et leurs institutions (université Al-Azhar, Conseil des Oulémas, OCI, Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture, etc.) Il serait temps de faire un maximum de pressions sur l’establishment islamique afin qu’il se décide à agir contre ces atrocités. Il serait temps aussi que l’ONU et ses filiales parlent vrai et reconnaissent que la réalité est bien plus grave qu’elles ne l’affirment. Mireille Vallette (avec la collaboration de Guillaume Aguettant) Notes 1. De nombreuses agences de l’ONU participent à la lutte contre les excisions. Nous ne citerons que l’Unicef, pour plus de lisibilité et parce que c’est elle qui conduit l’exercice annuel de communication le 6 février, jour de proclamation des « Mutilations sexuelles, tolérance zéro ». – Publication originale sur le site Observateurs.ch Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 juin 2013 |