La FFQ (Fédération des femmes du Québec) a tenu, du 14 au 17 novembre 2013, les États généraux du féminisme. Travail colossal de préparation, de logistique et de rédaction. L’objectif : définir les orientations du féminisme québécois pour les 20 prochaines années. Très peu de femmes hors réseau FFQ ont participé à ces journées pourtant ouvertes à toutes. Des ateliers permettaient de discuter sur une centaine de propositions qui devaient fournir des pistes d’avenir pour le mouvement féministe.
Quand les participantes ont demandé de reconnaître le leadership des femmes marginalisées, certaines ont même avancé de reconnaître les différences touchant la situation des femmes provenant de milieux urbains et ruraux et de tenir compte de ces différences. Il y a aussi, une différence entre un féminisme intellectuel, comme celui de la FFQ, et un féminisme terrain, comme celui de l’Afeas. Cependant, cet aspect n’a pas été traité lors des plénières.
Par contre, l’intersectionnalité a occupé un grand espace, sous différents mots et dans presque tous les ateliers. Le point le plus important semble celui de l’orientation sexuelle. Il a, en effet, été proposé de lutter contre la lesbophobie et l’hétérosexisme qui oppriment de nombreuses femmes au Québec. Il a même été adopté d’explorer les théories, idées et pratiques des mouvements de lesbiennes, de queers et de trans ou bisexués.
C’est bien évident que cela ne fait pas partie du féminisme qui lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Il s’agit ici de créer des distinctions inutiles entre les femmes elles-mêmes. Or, une femme ne se définit pas que par sa sexualité. L’Afeas n’approuve pas ce genre de discours.
Quand une participante a voulu aborder la prostitution, qui est véritablement un rapport d’inégalité entre un homme et une femmes, le ton a monté. Certaines ont même demandé de ne pas voter ce point maintenant, qu’il fallait encore y réfléchir. Finalement et heureusement, une proposition a été adoptée pour que des ressources soient offertes aux femmes qui veulent se sortir de la prostitution.
Un thème, a été totalement banni des discussions, c’est celui de la Charte des valeurs québécoises. Pas un mot, pourtant il s’agit là d’un sujet d’actualité et d’avenir. Le Québec des 20 prochaines années accueillera encore des personnes immigrantes. Pourquoi ne pas avoir pris le temps d’aborder ce sujet ? De quoi ou de qui avons-nous peur ? Quelles seront les grandes orientations qui sortiront de tout cela ?
L’Aféas verra, lors de la parution du rapport officiel du Forum, si nous pourrons arrimer nos actions avec celles de la FFQ. Nous sommes 10 000 Québécoises de tous les milieux et de toutes les régions du Québec, un réseau de femmes influentes qui initient des réflexions sur les débats de société, qui prennent la parole et qui agissent concrètement dans leur milieu.
Céline Duval, présidente provinciale de l’Afeas
– Site de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (Aféas).
– Lire aussi le communiqué de l’Aféas : Réactions de l’Aféas aux États généraux sur le féminisme : "Solidaires des femmes, oui... mais"
Extrait : « Nous voulons bien, comme le souligne le communiqué émis après le Forum, prendre les moyens pour “contrer les systèmes de valeurs et les pratiques qui produisent l’exclusion et la marginalisation des femmes immigrantes, autochtones et racisées, notamment au niveau du marché de l’emploi”, mais certainement pas au prix de faire reculer les acquis des Québécoises et des Québécois en terme d’égalité. Des systèmes de valeurs, il en existe plusieurs dans le monde. Lesquels produisent l’exclusion et la marginalisation ? On peut en discuter longtemps... nous n’arriverons pas facilement aux mêmes conclusions. »
Mis en ligne sur Sisyphe, le 19 novembre 2013
Suggestions de Sisyphe :
– « FFQ et ÉG du féminisme - L’esprit partisan est-il à l’origine d’attaques virulentes contre des féministes ? », par Pierrette Bouchard, Ph.D, politologue
– États généraux et FFQ - Un féminisme accusateur source de dissension,
par Johanne St-Amour
– Laïcité, femmes et religion - Réponse à Micheline Dumont,
par Julie Latour, avocate, ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal
– « Ignorer et défendre la domination masculine : le piège de l’intersectionnalité », par Virginia Pele
– « Les micro-identités et le "libre choix" érigé en système menacent les luttes féministes », par Christine Le Doaré