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dimanche 21 février 2016 La légitime dénonciation du racisme ne consiste pas à fermer les yeux sur les faits
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Position du Réseau féministe "Ruptures" concernant les agressions sexuelles et les viols qui se sont passés à Cologne et dans d’autres villes d’Allemagne pendant la nuit de la Saint-Sylvestre.
Dans la nuit du 31 décembre 2015, à Cologne et dans d’autres villes d’Allemagne, des centaines de femmes ont été victimes d’insultes et d’agressions sexuelles de masse de la part d’hommes d’origine immigrée. Plus de 500 plaintes ont été déposées après cette nuit d’horreur. Notre indignation est d’autant plus grande que l’ampleur des faits n’a été révélée que tardivement. C’est ce même silence - mais cette fois-là beaucoup plus long - qui avait suivi des violences similaires en 2014 et en 2015, lors d’un grand festival de musique à Stockholm (Suède). Les policiers ayant étouffé l’affaire, c’est seulement le 11 janvier 2016 que les faits ont été portés à la connaissance du public ! De plus, en ce qui concerne Cologne, les agressions, selon la police, ont été concertées et organisées. Par qui ? Comment ? N’y a-t-il pas lieu d’établir des liens avec ce qui s’était passé, place Tahrir au Caire, lors des manifestations de 2013 ? Plus de deux cents femmes avaient été victimes de viols et d’agressions sexuelles. Or, à cette époque, la journaliste égyptienne Hania Moheeb, après enquête auprès des victimes, avait acquis la certitude qu’il s’agissait « de crimes organisés » à vocation plus politico-religieuse que sexuelle. Étant donné le contexte international, aucune piste n’est à négliger et, en ce qui concerne l’Allemagne, nous demandons que toute la lumière soit faite sur ces agressions. La légitime dénonciation du racisme ne consiste pas à fermer plus ou moins les yeux sur la réalité des faits : en l’occurrence, ce sont bien des femmes qui sont les victimes. Toute minimisation de ces violences est non seulement une mise en question des droits humains des femmes, mais elle contribue aussi à fertiliser le terreau de l’extrême-droite toujours prête à manifester sa xénophobie. Nous demandons donc que justice soit faite et que soient prises des mesures afin que de telles monstruosités ne se reproduisent plus jamais. Au-delà de ce qui s’est passé dans différentes villes d’Europe, une question se pose : les femmes peuvent-elles réellement exercer leur droit de circuler librement dans l’espace public, partout dans le monde, sans être insultées, tripotées, harcelées, violées, tuées ? Certes la situation présente des différences selon les pays, mais force est de le constater : le fléau est universel. Deuxième question : quelles réponses apportent les instances gouvernementales, les villes, les municipalités ? Elles vont de l’indifférence en passant par la culpabilisation des femmes, la minimisation des faits jusqu’à l’organisation de certains aménagements. Ainsi, Mme Henriette Reker, maire de Cologne, a exhorté les femmes à « s’adapter à ce genre de situation » et leur a conseillé de se tenir à une distance de la longueur d’un bras de toute personne, de ne jamais sortir seules… Faudrait-il aussi que nous nous transformions en momies munies de pointes acérées ? À Mexico, la situation est si intenable que des rames de métro sont réservées aux femmes aux heures de pointe. Des mesures identiques ont été prises dans d’autres villes comme à Rio (Brésil) et c’est un agent de sécurité, matraque à la main, qui est chargé d’en assurer le bon fonctionnement ! Bref, sous couvert de protection on confine, on parque des passagères… et, ailleurs, les agresseurs courent toujours. Or, « la violence masculine, on ne veut pas l’aménager, on veut l’éradiquer », disait un slogan féministe toujours d’actualité. Les agressions sexuelles et sexistes dans l’espace public sont une mise en question, un déni de la liberté et de l’autonomie des femmes. L’éradication des violences masculines doit donc s’inscrire dans une politique globale, volontariste et efficace d’égalité entre les sexes. Réseau féministe "Ruptures" : Contact courriel - Site. Paris, le 17 janvier 2016. Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 février 2016 |
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