Ce texte fait partie d’un document publié sur le site du groupe Révolution féministe que nous vous invitons à consulter*. Lorsque Révolution féministe nous a proposé de publier une partie de ce document, nous avons choisi le passage sur la situation au Maroc afin d’illustrer la résistance des citoyennes et des citoyens de pays musulmans sujets aux harcèlement des islamistes. Une résistance qui contraste avec la mollesse et la complaisance d’une partie de l’Occident. Au Maroc, on interdit le « burkini », en France et au Québec, on le tolère au nom des droits individuels, occultant l’enjeu de l’égalité des femmes.
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La « modernisation » de l’islamisme à laquelle nous assistons est évidemment sans apport de modernité, d’émancipation, de progrès social et encore moins une « liberté » ou un « choix » pour les femmes ; cela met en évidence son dynamisme et son ingéniosité en terme de propagande salafiste à destination du grand public aidé des moyens financiers dont elle dispose à loisir avec la complicité des pétromonarchies. Le « burkini » est un voilement du corps des femmes qui contribue à les effacer davantage de l’espace public et à sous-tendre l’idée qu’elles ne seraient que des objets sexuels « impurs » méritant une nouvelle injonction vestimentaire pour répondre au mieux aux exigences patriarcales de « décence » ou de « pudeur » qui ne s’applique pas aux hommes. Ce « burkini » sert la domination masculine sous couvert de « religion » alors que le voilement n’est pas une prescription coranique – ne soyez pas dupes.
Dans les années 60
Il est évident que la cohabitation ne pourra pas se réaliser pacifiquement et provoquera des heurts. Le tapage médiatique autour du « burkini » est quelque part une victoire pour les wahhabites, qui financent volontiers le marché de l’habillement « islamique » à coups de pétrodollars afin d’asseoir un peu plus leur idéologie haineuse envers les femmes (et les enfants), les cultures occidentales ou toutes personnes qui ne pensent pas comme eux. Ainsi, petit à petit l’islamisme gagne du terrain. Le « burkini » est un enjeu politique important pour les islamistes.
En guise d’exemple, un hôtel de la ville d’El Jadida près de Casablanca (1), qui dispose d’une piscine, signale l’interdiction du « burkini » par le biais de panneaux réservés à cet effet. La presse locale s’est emparée du sujet et les gros titres ont incité d’autres établissements marocains à suivre le mouvement. Par la suite, les responsables de piscines privées à Marrakech (2) informent, dès 2014, leur clientèle que le « burkini » n’est pas autorisé dans leurs établissements, en placardant des affiches.
L’inscription le « burkini n’est pas le bienvenu dans les piscines privées » a le mérite d’être claire. Une étudiante marocaine de 25 ans (3) nommée Intissar, témoigne et dénonce « « la schizophrénie » de ces baigneuses atypiques qui se disent libres alors qu’elles dissimulent leur corps. ».
Ainsi, à Agadir (4), l’offensive patriarcale a choisi la période du mois de Ramadan pour procéder à une « guerre anti-bikini » sur les plages marocaines en arborant une banderole sommant les personnes de ne pas porter de bikini, ce qui est absurde : si vous ne pouvez pas porter de bikini à la plage alors dans quel endroit faudrait-il le porter ? Les pancartes salafistes émanant paradoxalement d’une Association de surfeurs avaient pour slogan « Respect Ramadan. No bikinis » (5) et ont été confisquées par les forces de l’ordre.
Le Ministre du Tourisme marocain, Lahcen Haddad, avait à l’époque exprimé son indignation et sa vive réprobation à l’égard de ces surfeurs islamistes : « Personne n’a le droit de faire la loi à la place des pouvoirs publics ». Il déclaré aussi : « Ceux qui ne veulent pas voir de bikinis, n’ont qu’à éviter les plages marocaines. Jusqu’à nouvel ordre, nous ne sommes ni en Afghanistan, ni en Arabie Saoudite (...) Nous n’admettrons jamais ces comportements inacceptables de personnes qui s’érigent en justiciers de la morale et de la vertu ».
Les islamistes sont réellement créatifs en matière de harcèlement : ainsi, une marocaine a incité les internautes à photographier les femmes en maillot de bain et à les publier dans les réseaux sociaux (6) « afin de prévenir le vice et dénoncer la débauche des femmes marocaines » ; elle prévoit également de créer un site internet avec un accès public aux photos. Cette femme se nomme Aïcha Amal et elle a déjà mis en ligne de nombreuses photos de femmes marocaines en bikini sur les plages marocaines de Harhoura, Mehdia et Kénitra (7), entre autres afin de dire « Non au vice dans un pays islamiste marocain ».
Un vacancier, Mohammed Bougdim, publie son témoignage sur LeSiteInfo.com où il relate les faits d’une « scène horrible » et choquante sur la plage de Salé (8) à laquelle il a assisté, impuissant (« en compagnie de ma petite fille. Je voulais lui montrer la plage de mon enfance »). Une dizaine de jeunes ont violemment encerclé et agressé une femme au motif que sa tenue aurait été jugée beaucoup trop « provocante ». Une agression similaire a eu lieu à Inzegane (9) où les autorités ont jugé la tenue de deux femmes « provocante ». Elles ont été conduites au poste de police avec le risque d’écoper d’une peine de prison pour avoir porté une robe, dans un pays chaud rappelons-le (« ce n’est pas juste l’histoire de ces deux femmes, c’est une menace générale pour les libertés individuelles »).
Dernièrement, la plage des « Sablettes » à Mohammedia (10) a été le lieu choisi par des intégristes pour perpétrer une – attaque au sabre (11) – oui vous avez bien lu !, une attaque à l’arme blanche et en groupe bien entendu – une meute d’une vingtaine d’homme, c’est bien plus lâche et galvanisant comme méthode pour imposer sa vision rétrograde du monde. Les VICTIMES sont comme par hasard uniquement des FEMMES (« une vingtaine de jeunes ont débarqué, armés de sabres, sur la plage des Sablettes, faisant trois blessées, toutes des femmes, parmi les estivants »).
Le Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles, universaliste, féministe et laïc
Cependant, une mobilisation citoyenne et féministe s’organise au Maroc avec Ibtissame Betty Lachgar (12), co-fondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles (M.A.L.I.) (13) qui fait partie de ces rares personnes qui incarnent courageusement l’espoir et la résistance face à l’obscurantisme et la barbarie générée par l’islamisation des esprits. M.A.L.I. est un mouvement hautement avant-gardiste, féministe universaliste et laïc, favorable à la reconnaissance des Droits humains, à la liberté de conscience, à la laïcité, à l’accès de l’avortement, à l’égalité femmes/hommes, à la dépénalisation de l’homosexualité/bisexualité, aux Droits LGBT, à l’abolition de la peine de mort, à la liberté d’expression. Elle fait entendre sa voix au Maroc et par-delà les frontières avec une bonne couverture dans les médias.
Pour la petite histoire, les salafistes algériens ont eu la brillante idée d’attribuer au bikini l’entière responsabilité d’un tremblement de terre (14) : ce qui vous permet de juger le niveau de stupidité et de dangerosité de ces fanatiques.
En Égypte, les islamistes de la confrérie des « Frères Musulmans » ont établi une fatwa qui affirme que les femmes qui se baignent dans la mer commettent l’adultère (15) et doivent du coup être condamnées à la lapidation : l’argument des « Frères Musulmans » (16) est que « l’eau touche les parties intimes des femmes ». Aussi grotesque que cela puisse paraître, il est important que ces oppressions religieuses ne soient pas prises à la légère.
Le Maroc est un cas d’école et nous montre qu’il n’est PAS possible de cohabiter pacifiquement avec les salafistes car plus ils prennent de la place dans l’espace public d’une manière ou d’une autre, plus ils deviennent VIOLENTS. Ainsi, les islamistes testent la capacité de l’État à réagir, et si la réponse n’est pas assez ferme ils prennent confiance en eux et enclenchent une dynamique d’escalade de la violence. La seule solution est une TOLERANCE ZÉRO contre toutes les atteintes à la liberté de conscience et toutes les tentatives de prise de pouvoir émanant des islamistes qui ont désormais un parti politique au Maroc.
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Le parti islamiste est au pouvoir au Maroc et l’Islam est la religion d’État qui régit le code pénal et le code de la famille sur la base du Coran (lois liberticides, archaïques et patriarcales). Dernièrement, une inquiétante victoire électorale islamiste au Maroc confirme la présence de la menace salafiste : « Le Parti justice et développement (islamiste) du premier ministre, Abdelilah Benkirane, a remporté un bon score aux élections locales qui se sont tenues vendredi 4 septembre au Maroc. Le parti, qui affrontait là son premier test électoral depuis sa victoire aux législatives de 2011, arrive en tête dans les conseils régionaux (25,6 % des sièges) » (Le Monde) (17).
En Occident, les pouvoirs publics sont tentés d’opter pour le « laissez-faire » face à cet accommodement politico-religieux et sous-estiment par la même occasion le danger auquel nos concitoyen-ne-s sont exposé-es s’ils choisissent d’ouvrir la boîte de pandore islamiste.
1.1 – Islamisation galopante
1.2 – Maroc : interdiction du « burkini » et offensives islamistes
1.3 – Et maintenant… une « Journée « burkini » » en France
1.4 – Comparaison avec l’interdiction du port de la soutane
2 – Corps des femmes (et des filles) : un champ de bataille idéologique et politique
2.1 – Ne nous voilons pas la face
2.2 – Un nouvel étendard de l’islamisme
2.3 – Quelques rares et/ou discrètes réactions politiques
2.4 – Le « Djihad juridique »
2.5 – Le nouveau concept de l’« islamophobie » : la botte secrète des islamistes
2.6 – Encore une hiérarchisation des luttes au détriment des femmes et des enfants…
3 – Marché islamique : le « burkini » australien en tête de gondole
3.1 – De la charia « made in Australia »
3.2 – Le vice caché du « burkini » : un outil de propagande islamiste
3.3 – Un « business plan » 100 % hallal
Conclusion