| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






jeudi 11 octobre 2018

Le débat sur la laïcité au Québec, sérieux et nécessaire
Entretien de Mathieu Belisle avec Yolande Geadah






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Une ex-musulmane canadienne dénonce la complicité de la gauche avec les islamistes
Laïcité : contestation de la loi 21
Ginella Massa : il n’y a pas de gloire à imposer ses choix doctrinaux
Priorités, objectifs et projets de Pour les droits des femmes du Québec
Décès de Diane Guilbault (1955-2020)
L’Appel de Liège : une entrevue avec Djemila Benhabib
Allocution de Me Julie Latour
Projet de loi 21 sur la laïcité - Un statut universitaire n’est pas garant d’honnêteté intellectuelle
Nadia El-Mabrouk et le frère Untel : même combat
Les arguments du désespoir : ou comment tordre le cou au féminisme !
Laïcité : Protéger les minorités ou le rigorisme religieux ? Version intégrale
Jamais sans mon voile ! Ou le refus d’être "soumise à Legault"
Religion ou misogynie : que défend Québec solidaire ?
Est-il permis de critiquer l’activisme transgenre ?
"Libre choix" de se prostituer ou de porter le niqab : 
un même combat !
Pour représenter la diversité, faut-il une femme en hijab ?
Neutralité religieuse et visage découvert
Ne sabordez pas notre laïcité ! Lettre ouverte aux députés-es de l’Assemblée nationale
Le religieux favorise-t-il le vivre-ensemble ?
Lettre ouverte aux féministes québécoises qui s’opposent à l’interdiction du niqab
Loi 62 – Voile intégral et confusion des enjeux
Libres d’être inégales ? Le problème n’est pas le voile comme "vêtement", mais ce qu’il représente
Les féministes et les mouvements politico-religieux
Racisme systémique : sortir de l’idéologie victimaire
Consultation sur le racisme systémique. Faire partie d’un "nous" rassembleur
Islamophobie et Islamisme : entre déni et alarmisme
Attentat à Québec - Face au drame, la mise en accusation d’un peuple
Attentat au Centre culturel islamique de Québec - Donner un sens à cet événement tragique
Reportage sur le niqab à Radio-Canada. Absence de sens critique ou propagande ?
La religion à l’école n’est pas un remède à la radicalisation
Projet de loi 62 - Une proposition qui ne permet pas de protéger le droit des femmes à l’égalité
Maroc - Interdiction du burkini et offensives islamistes
Burkini, voile : face aux polémiques et aux impasses, il faut relire Simone de Beauvoir
Le burkini est-il le dernier attentat islamiste en France ?
Soirée de solidarité avec Djemila Benhabib, le 12 septembre à Montréal
De l’emploi du terme "islamophobie"
Rimbaud et le burkini
Athlètes voilées aux JO : un petit pas en avant… ou un grand en arrière ?
Soutien à Djemila Benhabib - La liberté d’expression mise à l’épreuve par l’islam politique
Dénuder une Copte, c’est halal !
Lutte à la radicalisation - De la liberté religieuse à l’extrémisme, il n’y a parfois qu’un pas
La liberté d’expression au Québec, un joyau toujours menacé
Les vœux "pieux" des concepteurs du cours Éducation et Culture religieuse (ÉCR)
Sortir du manichéisme. Des roses et du chocolat
Le ministère de l’Immigration refuse d’entendre l’AQNAL à la commission parlementaire sur le projet de loi 77
L’obscurantisme ou les Lumières : le Québec doit choisir
Quel que soit le rôle de l’impérialisme, le groupe armé État islamique est responsable de ses actes
Vous n’avez pas le monopole de la dignité !
L’ennemi, c’est l’islam politique, pas les musulmans
Motion sur l’islamophobie - L’errance de nos élus
Lettre ouverte à Françoise David : "Vous faites des amalgames inacceptables"
Christine Delphy, la supercherie
"One Law for All" demande au gouvernement britannique une enquête sur les tribunaux islamiques
Les beaux malaises face à l’intégrisme
NOUS sommes en train de nous faire massacrer par VOTRE ennemi secondaire !
L’islamisme radical : l’Ailleurs est ici
Après le massacre à Charlie Hebdo, soutenons ceux qui se battent contre la droite religieuse
Plainte à l’ombudsman de Radio-Canada au sujet de l’émission "Enquête" du 27 novembre 2014
Lettre au premier ministre - M. Couillard, un Québec laïque, ça presse !
La laïcité n’est pas derrière mais devant nous et sa défense est plus que nécessaire
La "communauté musulmane" n’existe pas
Soutenons Louise Mailloux ! Protégeons la liberté d’expression
Radio-Canada RDI manipule l’information en faveur de l’islamisme : un exemple
Je croirai les dirigeants islamistes quand...
Des messagères de l’intégrisme islamique
La FIQ prend position en faveur de la Charte de la laïcité québécoise
FFQ et ÉG du féminisme - L’esprit partisan est-il à l’origine d’attaques virulentes contre des féministes ?
Pour une reconnaissance de la laïcité au Québec - Lancement et causerie chez Olivieri
Comment la laïcité peut changer notre monde
Protection de la laïcité : prière de légiférer !
Prédicateurs islamistes à Montréal - Comment pourrais-je me taire ?
Une intégration réussie, c’est l’adhésion à un socle commun enrichi de diversités culturelles
Laïcité et jugement au Saguenay - Pourquoi pas une prière pour Bernard ?
La prière à Saguenay : quelques mensonges du maire Jean Tremblay
Ni Allah, ni Maître. Entrevue avec la réalisatrice Nadia El Fani
Exposition "Et voilà ! Le voile musulman dévoilé !"
Cessons de nommer "islamophobie" et "blasphème" toute critique de l’islam
Gouvernement Harper - Le Bureau des évangéliques
Le nikab, ce cachot pour femmes
Laïcité et diversité - Les angles morts des paradigmes de lecture de la diversité
Les enjeux du refus de la mixité : le contrôle social des femmes
Le niqab au Tribunal : primauté du droit ou de la religion ?
Canada - Le niqab au Tribunal - Une répétition de l’affaire Personne ?
Plaidoyer en faveur des droits universels - L’universalisme menace-t-il la diversité culturelle ?
Pour une perspective laïque et féministe du monde
La laïcité est un outil essentiel qui permet aux femmes de continuer d’avancer
L’innocence de l’Occident ou la liberté d’expression menacée
La laïcité est un facteur d’intégration et d’émancipation
La sexualité dans l’islam : une arme politique
La Coalition Laïcité Québec demande aux candidat-es de se prononcer sur la laïcité
Les participantes aux États généraux sur le féminisme demandent d’agir contre les intégrismes religieux
La oumma couve dans le ventre des femmes
Non à la souveraineté multiculturaliste de Québec solidaire
Le niqab devant les tribunaux - Les raisonnements douteux du Fonds d’action et d’éducation juridiques pour les femmes
Polygamie - La liberté de religion comporte des limites
Charia au Québec - Des propos qui méritent d’être dénoncés
Djemila Benhabib – Une pensée articulée et un ardent plaidoyer contre l’islamisme politique
Paris - L’extrême-droite catholique manifeste contre la christianophobie et les islamistes sont à ses côtés
« Vers l’obscurantisme » islamiste ? La députée Fatima Houda-Pepin s’inquiète pour la Tunisie et, surtout, pour la Libye
Procès de la famille Shafia - La jeune fille de 13 ans était derrière le volant, selon la preuve policière
Une propagandiste de l’islamisme bientôt collaboratrice de Radio-Canada
La laïcité, facteur d’intégration dans la société québécoise
La nécessaire laïcisation de l’éducation au Québec
Affirmer la laïcité, un pas de plus vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes
Le Mouvement laïque québécois et les symboles religieux autres que chrétiens
La laïcité sans compromis quant aux droits des femmes
La police de Toronto banalise les menaces de mort d’une intégriste islamiste contre Tarek Fatah
Lettre pour la pluralité des voix en matière d’islam et POUR la liberté de conscience !
Motion contre le kirpan - Le Québec et le multiculturalisme
Beaucoup de musulmans tentent de masquer des vérités laides : "Oui, l’islam permet au mari de battre sa femme"
Religion dans les garderies au Québec - Le commerce des petites âmes
Les enjeux de la laïcité selon la revue Spirale. Un dossier à consanguinité élevée !
Déclaration du Manifeste des libertés à propos des récents attentats contre des citoyens de confession chrétienne d’Irak et d’Égypte
Les musulmans du Québec
Prix Droits et Libertés - La Commission des droits de la personne erre plus que jamais
Guy Rocher - La laïcité tout court
La laïcité a-t-elle tué l’athéisme ?
"Une femme en colère", de Wassyla Tamzali
Une femme devenue prêtre
Le respect des convictions, fondement de la neutralité de l’État et de la laïcité
S’opposer à Hassan Al-Banna et aux Frères musulmans ne constitue pas du racisme
Vatican - Silences déplorables, condamnations impitoyables
Les adieux au cardinal Ouellet - Le « sacré » peut-il tout excuser ?
L’Afeas prend position pour une Charte de la laïcité, un système de santé public et des soins palliatifs accessibles
Jugement Dugré - Le cours Éthique et culture religieuse devant la Cour supérieure
Phyllis Lambert et Serge Joyal défendent les Frères Musulmans au détriment de la liberté
Jugement sur le cours Éthique et de culture religieuse - Au royaume de la confusion
La protection juridique de la laïcité : essentielle au maintien de la cohésion sociale
Cours Éthique et culture religieuse - L’éthique, la culture et le juge
Cours d’éthique et de culture religieuse - La Cour supérieure du Québec exempte le collège privé Loyola
L’intégrisme religieux menace-t-il nos droits ?
Colloque Égalité et Laïcité, quelles perspectives ?
Voile intégral en France : un projet de loi d’interdiction totale présenté en mai
Tariq Ramadan et un radicalisme qui ne dit pas son nom
Tariq le terrible
Église catholique - Le mur du silence
Laïcité - Un manifeste tendancieux
Pour un Québec laïque et pluraliste
Laïcité au Québec - Protéger les valeurs fondamentales propres à l’Occident démocratique
Accommodements pour motifs religieux - Où loge l’intolérance ?
Lettre à Télé-Québec au sujet du documentaire "Mes sœurs mulsulmanes"
Québec - Un féminisme de plus en plus gangrené par le relativisme
L’égalité d’abord, la liberté religieuse ensuite
Le manifeste des pluralistes : un manifeste raciste et antiféministe
La France et la burqa - Une audace à saluer
Manifeste pour le respect du principe de l’égalité entre les hommes et les femmes
Écoles privées - Le retour tranquille de la religion
Féministes en mal de laïcité
Interdiction du voile intégral au Canada - Lettre ouverte à Michael Ignatieff, chef du Parti libéral
Quand religion et égalité des femmes font les manchettes
Tolérance ou laïcité
Laïcité au Québec - Le pluralisme comme incantation
Port des signes religieux dans la fonction publique - En réponse au Manifeste pour un Québec pluraliste : Pour une laïcité active et positive
Laïcité – Le pari risqué de Québec solidaire et de la Fédération des femmes du Québec
Demander une charte de la laïcité, c’est faire appel à la conscience individuelle et collective
La laïcité et le voile... Osons dire les vraies choses
La laïcité est une exigence démocratique
Laïcité et droits des femmes : trois questions à Chahla Chafiq
Appel à soutenir le Bureau Laïque International
La présidente de Regards de femmes, Michèle Vianès, a reçu les insignes de la Légion d’Honneur. Son allocution
Projet de loi 16 - La conquête de l’égalité, un vrai rocher de Sisyphe
Projet de loi 16 - La CSN réclame toujours une charte de la laïcité
Projet de loi 16 - Pour la FTQ, ce projet de loi doit être retiré
Le SFPQ demande au gouvernement de surseoir au projet de loi 16 et d’adopter une charte de la laïcité
 Seule une charte de la laïcité permettra de poser les balises des accommodements raisonnables
Les accommodements religieux et le projet de loi 16
Interview avec Djemila Benhabib
Livre : "Ma Vie à contre-Coran", une femme témoigne sur les islamistes
Les femmes se souviennent du rôle répressif de l’Église au Québec
L’angle politique du débat sur la laïcité
Le féminisme vu par Mgr Louis-Adolphe Paquet en 1919
Laïcité et égalité : quel projet pour le Québec ?
Québec - Signes religieux dans les services publics : "La FFQ ne me représente pas"
Vingt ans de combat contre le voile : 1989-2009
Islamisme radical : soutenir une "victime" favorable à l’obscurantisme fanatique ?
La légitimité du féminisme laïque
L’après-discours d’Obama - Les femmes, boucs émissaires
France - Le Collectif pour la promotion de la laïcité veut faire annuler le décret imposé par Nicolas Sarkozy en faveur du Vatican
Nous avions jadis les mêmes ennemis : le patriarcat et les lois divines
Femmes sous lois musulmanes (WLUML) demande la révocation de la Résolution de l’ONU sur "la diffamation des religions"
"Aucune religion ne prône l’égalité entre les hommes et les femmes" - Talisma Nasreen
Une Église machiste et autoritaire
Lettre au président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec
Dieu existe et il est partout
"Ma vie à contre-coran", de Djemila Benhabib
Quand on préfère les cierges aux lumières...
Défendre les droits des femmes face au fondamentalisme religieux : une exigence démocratique
S’indigner au lieu de se résigner devant le fondamentalisme islamiste
Des religions pour quel dialogue ?
Quand la religion freine l’intégration des femmes
Les valeurs communes du Québec : pour les personnes immigrantes seulement ?
Le rapport Bouchard-Taylor est insensible à l’égalité des sexes
L’autodiscrimination, "jackpot" pour les intégristes
Démocratie et égalité des sexes : fine analyse et synthèse remarquable
Création du réseau À HAUTE VOIX pour interpeller les élus
Pourquoi nous ne souhaitons pas la bienvenue au pape
Fanny Truchelut doit être relaxée
Laïcité et résistances démocratiques
L’idée de Dieu est un "produit des faiblesses humaines", la Bible, "plutôt enfantine" (Albert Einstein)
Le corps des femmes, lieu commun
Y aurait-il des femmes plus aptes à la liberté que d’autres ? Réponse à Françoise David
Rapport Bouchard-Taylor - Un rendez-vous manqué pour les femmes
Laïcité et accommodements raisonnables au Québec
Rapport Bouchard-Taylor - L’art "scientifique" de noyer le poisson
Des féministes dans la fosse aux lionnes de la Commission Bouchard-Taylor
L’égalité entre les femmes et les hommes mise entre parenthèses
Un féminisme non interventionniste face à l’extrémisme religieux
La mort d’Aqsa Parvez, attribuée à son père, est le résultat d’un choc culturel
Les lois officielles et les lois du ciel
Accommodements raisonnables. Droit à la différence et non différence des droits
Accommodements et cultures - La laïcité pour éviter la fragmentation de la société
Religions, femmes et fondamentalismes
"Accommodements raisonnables" - Affirmer nos valeurs fondamentales pour mieux vivre la pluralité
Maintenir notre engagement envers toutes les Aqsa Parvez
Les extrémismes religieux et les droits des femmes
ONU - Vers un délit de "diffamation des religions"
Les accommodements religieux - Conflit de droits ou conflit de lois ?
Du voile et du viol
Laïcité : l’école et les enfants d’abord !
Le marketing du voile islamique
Éloge de la lâcheté - Lettre du Conseil du statut de la femme à "La Presse"
Yolande Geadah reçoit le Prix Condorcet 2007 du Mouvement laïque québécois
Conflit de droits : dilemme pour les juges ou simple mécanique juridique ?
Est-ce de l’islamophobie de critiquer l’intégrisme islamiste ?
Les accommodements raisonnables : quoi, comment, jusqu’où ?
La justice à l’épreuve de la diversité culturelle
Projet de loi 195 sur l’identité québécoise, présenté par Pauline Marois à l’Assemblée nationale du Québec
Lapidation de Ghofrane en France
La laïcité est l’affaire des femmes - Appel contre les résolutions de l’ONU sur la "diffamation des religions"
Synthèse des réflexions sur la question des accommodements raisonnables et les différences
Pourquoi l’ajout du droit à l’égalité entre les femmes et les hommes à la Charte québécoise énerve-t-il tant ?
L’affaire Truchelut - "Tu n’es pas maître dans ta maison quand nous y sommes."
Tolérer l’intolérable au nom de la diversité culturelle est une forme de colonialisme
Ayaan Hirsi Ali : l’errance d’une femme qui a osé parler
50 ans de droits des femmes en Europe : Où sommes-nous arrivées ?
Une comparaison réductrice de Christine Delphy
Les "différences culturelles" peuvent-elles excuser le sexisme ?
Le vote à visage découvert
C’est quoi être accommodant et raisonnable ?
La laïcité est l’affaire des femmes - Appel contre les résolutions de l’ONU sur la "diffamation des religions"
"Accommodements raisonnables" - Affirmer nos valeurs fondamentales pour mieux vivre la pluralité
Commission Bouchard-Taylor - Consultation publique sur les pratiques d’accommodement : citoyens et citoyennes pourront choisir entre plusieurs modes de participation
Accommodements pour obligations religieuses - Pour qui ? Pourquoi ?
Pratiques d’accommodements - La Commission Bouchard-Taylor consultera les citoyens et les citoyennes en septembre prochain
Les droits des femmes devant les fondamentalismes religieux
ONU - Vers un délit de "diffamation des religions"
Démocratie et obligations religieuses - L’impasse ?
Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles - Cherchez l’erreur
L’anecdote ou le fait de société
Les accommodants
Renforcer le caractère laïc de nos démocraties
Les limites de la tolérance et de l’accommodement







Source : Entretien avec Yolande Geadah, chercheure indépendante, paru dans la revue L’INCONVÉNIENT, printemps 2018, no.72. On peut acheter une copie de ce numéro qui traite de laïcité sur le site : http://linconvenient.wordpress.com/

Mathieu Bélisle : Yolande Geadah, en tant que chercheure indépendante, vous vous intéressez aux enjeux sociaux liés aux droits des femmes et à l’égalité des sexes. Vous avez également beaucoup réfléchi à la question de la laïcité et des accommodements de nature religieuse, dans plusieurs articles et ouvrages, notamment Accommodements raisonnables. Droit à la différence et non différence des droits (VLB, 2007). Diriez-vous que nous assistons actuellement au Québec à une querelle de la laïcité ?

Yolande Geadah : Je n’aime pas le terme de « querelle ». Le débat sur la laïcité est sérieux et nécessaire. Bien qu’il y ait consensus au Québec sur le principe de la séparation de l’Église et de l’État, la mise en œuvre de la laïcité suscite bien des discussions, qui mettent en jeu des positions philosophiques divergentes mais également respectables. Il n’existe pas de modèle unique de mise en application du principe de laïcité. On peut penser au modèle français, qui est bien connu, ainsi qu’au modèle américain, tout à fait différent, modèles que l’on pourrait résumer ainsi : en France, il s’agit de protéger la société contre l’emprise du religieux, alors qu’aux États-Unis, il s’agit de protéger le religieux de l’ingérence de l’État.

MB : Où se situe le Canada par rapport aux modèles que vous évoquez ? Plutôt du côté américain ?

YG : Le Canada n’a jamais officialisé le principe de laïcité qui n’est inscrit dans aucun document officiel (la Constitution canadienne précise d’ailleurs que le Canada est « fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit »). Comme ailleurs en Occident, il y a eu sécularisation graduelle de la société, qui s’est traduite par l’affaiblissement progressif du référent religieux dans la culture, les mœurs et les représentations, au profit d’un référent laïque. Mais aucun texte n’a consacré le principe de laïcité, ce qui m’apparaît une lacune importante, d’autant plus que nous sommes face à la montée des intégrismes religieux qui contestent de plus en plus les règles laïques. C’est d’ailleurs pour répondre à cette lacune que le projet de charte des valeurs a été proposé en 2013 par le Parti québécois. Mais son insistance sur des valeurs québécoises, perçues comme étant ethnocentriques, a rendu le débat si acrimonieux que le projet de charte a été rejeté. Il n’empêche : le problème demeure entier et toujours actuel parce que le pluralisme grandissant de notre société, combiné à la montée des intégrismes religieux, place la religion à l’avant-plan du débat politique. C’est pourquoi il est urgent de réaffirmer le principe de laïcité, qui permet à toutes les croyances de coexister et de vivre en harmonie et qui empêche un groupe particulier d’imposer aux autres ses valeurs.

MB : Avez-vous l’impression que la société québécoise, si elle n’a pas encore atteint l’équilibre souhaité, se dirige dans la bonne direction ?

YG : Les autorités sont très timides et réticentes à agir pour protéger le principe de laïcité. Elles se contentent de faire le minimum, par exemple avec la loi sur la neutralité religieuse de l’État (la loi 62), dont l’article 10 n’interdit pas le port de signes religieux par les employés de l’État, mais exige de donner et de recevoir les services publics à visage découvert. Or même ce minimum ne passe pas.

MB : Pourquoi ?

YG : Le débat est devenu très épineux et problématique parce que, d’une part, tous les partis ont tenté d’instrumentaliser ce débat à des fins partisanes et, d’autre part, parce que toute position visant à restreindre l’expression du religieux dans l’espace public est interprétée comme relevant du racisme ou de l’intolérance à l’égard des minorités. Ces accusations étouffent la discussion rationnelle sur des questions pourtant légitimes, à savoir, quelle place donner au religieux dans l’espace public commun ? Comment répondre à la multiplication de revendications religieuses ? Faut-il les accommoder ? Et si oui, sur quelles bases ? Les défenseurs des droits individuels croient nécessaire d’accommoder ces demandes pour favoriser l’intégration des minorités et respecter leur liberté religieuse. Mais il faut bien voir que les demandes qui soulèvent des controverses émanent surtout des courants intégristes – toutes les religions ont leur intégrisme, faut-il préciser – qui cherchent à imposer aux fidèles les interprétations les plus rigides de la foi. Si bien que les accommodements accordés à de telles demandes renforcent ces courants intégristes qui représentent en fait l’extrême droite religieuse. Vous me demandiez plus tôt si nous allions dans la bonne direction : eh bien, je pense que non.

MB : Vous évoquez les arguments des penseurs libéraux, pour qui le rôle primordial de l’État consiste à assurer le respect des libertés fondamentales, parmi lesquelles se trouve la liberté de conscience. Selon ces penseurs, on ne peut contraindre quelqu’un à adopter telle croyance ou à renoncer à telle autre, à moins bien sûr que sa croyance entre en contradiction avec les droits fondamentaux d’autres individus. Un tel point de vue n’est-il pas légitime ?

YG : Bien entendu, on ne peut s’opposer à la vertu. Mais il faut d’abord distinguer croyances et pratiques. Je constate que les pratiques issues des intégrismes sont traitées sous l’angle de la liberté religieuse, alors que ces courants instrumentalisent la religion à des fins politiques. L’approche libérale évacue la dimension sociale et politique sous-jacente à ces revendications qui visent à favoriser l’emprise du pouvoir religieux sur les membres de leurs communautés. Cette approche libérale semble incapable de reconnaître qu’il existe des rapports de pouvoir au sein de chaque communauté, opposant ceux (très minoritaires) qui mettent de l’avant des revendications identitaires, davantage culturelles que religieuses, destinées à souder leurs membres autour de pratiques distinctes, et tous ceux et surtout celles (majoritaires) qui refusent l’enfermement identitaire dans des traditions étouffantes. Je pense entre autres aux demandes de séparation des sexes dans des lieux publics, à la réclamation d’un lieu de prière sur le lieu de travail et au sein des institutions publiques, ou encore au refus de recevoir un service public d’une personne du sexe opposé. Ces demandes ne favorisent pas le vivre-ensemble mais le vivre-séparé, selon un modèle communautariste qui encourage l’auto-exclusion et l’enfermement dans des enclaves ethniques ou religieuses.

MB : Mais ne faut-il pas faire preuve d’une certaine tolérance à l’égard d’individus qui souhaitent cultiver entre eux une différence religieuse ?

YG : Bien sûr, toutes les communautés doivent pouvoir disposer d’un lieu de culte. Il s’agit d’un droit fondamental. Mais la question est différente quand il s’agit de l’octroi d’espaces pour la prière dans des lieux publics, (à l’école ou sur les lieux de travail), ou de la pratique de la prière au sein d’une institution publique, qui doit en principe représenter et servir l’ensemble des citoyens de toutes confessions. On se souvient de la controverse entourant la récitation de la prière avant les séances du conseil municipal au Saguenay (pratique également répandue dans d’autres municipalités). Au bout d’une longue bataille juridique, la Cour suprême a tranché la question en soutenant qu’il fallait cesser cette pratique, car elle contrevient à l’obligation de neutralité religieuse requise des municipalités. L’expérience nous montre que l’expression religieuse dans des lieux publics est souvent source de conflits et qu’elle ouvre la porte aux pressions morales et à l’ostracisme à l’endroit des personnes non croyantes ou non pratiquantes, ce qui porte atteinte à leur liberté de conscience.

MB : Diriez-vous la même chose à propos du crucifix à l’Assemblée nationale ?

YG : Absolument. Ce symbole religieux n’a pas sa place dans un lieu où les élus doivent défendre le bien commun et gérer les intérêts de l’ensemble des citoyens et citoyennes, indépendamment de leurs croyances.

MB : Dans l’essai que vous avez consacré aux accommodements raisonnables, vous estimez qu’une conception de la laïcité qui accorde la primauté au respect des droits individuels permet « l’inclusion restreinte à court terme, mais […] ignore les objectifs d’intégration des communautés à long terme »(1). Que voulez-vous dire ?

YG : Il faut considérer l’intégration des minorités dans sa globalité. L’intégration se fait bien sûr grâce à l’emploi, qui est une dimension essentielle mais non suffisante. Elle doit également se réaliser sur les plans social, culturel et politique. Or les accommodements religieux, censés éviter la discrimination à l’égard des minorités, contribuent à ériger des barrières entre citoyens de confessions différentes, plutôt qu’à favoriser l’interaction et la mixité entre eux afin de renforcer le tissu social. L’approche juridique actuelle qui soutient les porteurs de revendications religieuses s’inspire du multiculturalisme qui favorise une reconnaissance « légale » des individus et de leurs différences. Or cette approche renforce le désir de certains de vivre en communautés pour se préserver de l’influence des autres, et maintenir les mêmes croyances et comportements que dans leur pays d’origine. À long terme, les accommodements religieux ne favorisent pas l’intégration des minorités mais plutôt leur repli identitaire.

MB : Il est cependant très délicat de critiquer publiquement de tels comportements.

YG : Nous sommes en effet dans un climat social et politique difficile. Les propos critiques en cette matière sont souvent taxés de racistes, je l’ai déjà souligné, ce qui est tout à fait contreproductif.

MB : Que pensez-vous de la notion d’islamophobie, qui fait actuellement l’objet d’un vif débat ? Renvoie-t-elle à un phénomène réel ?

YG : C’est un terme piégé. Piégé et galvaudé, car l’islamophobie est devenue un terme fourre-tout. Ce terme désigne à la fois la peur et la haine de l’islam, qui peuvent se traduire par l’hostilité et la discrimination à l’endroit des musulmans, mais également toute critique légitime de l’islam ou de l’idéologie islamiste. Évidemment, il faut reconnaître l’existence d’un contexte propice à la peur de l’islam. Personne n’est indifférent aux violences qui secouent le monde musulman et aux attentats terroristes commis au nom de l’islam. Alors oui, ce contexte génère une peur de l’islam. Mais les attitudes d’hostilité et la discrimination à l’égard des musulmans, c’est autre chose. Je préfère dans ce cas parler de « racisme antimusulman », qu’il faut bien sûr combattre. Quant au recours abusif aux accusations d’islamophobie, elles visent à faire taire toute critique de l’islam radical et de l’idéologie islamiste, ce qui rend difficile toute discussion et toute politique visant à combattre cette idéologie. Ce terme est devenu une arme aux mains des intégristes qui n’hésitent pas à recourir au « djihad juridique », c’est-à-dire à poursuivre en justice ceux et celles qui osent les critiquer trop sévèrement. Ces poursuites se multiplient grâce au soutien financier de réseaux liés aux pétromonarchies. Il faut savoir qu’au sein même des sociétés musulmanes, des forces actives critiquent ouvertement les dérives de l’islamisme, ce que peu de personnes osent faire ici, par crainte d’être stigmatisées comme islamophobes ou xénophobes.

MB : Dans une récente lettre parue dans Le Devoir (2), vous citez Ali Rizvi, l’auteur d’un essai remarqué au Canada anglais (The Atheist Muslim, St. Martin’s Press, 2016), qui résume par une formule particulièrement bien choisie l’incompréhension dont souffrent l’islam et les musulmans : « la gauche se trompe au sujet de l’islam et la droite au sujet des musulmans ». Autrement dit, la gauche assimile l’intégrisme à une forme légitime de la pratique religieuse (alors qu’il est une pure instrumentalisation politique ; c’est ce qui amène cette gauche à considérer le port du niqab comme une simple préférence religieuse), ce qui fait qu’elle tend à accepter les deux, alors que la droite, quant à elle, ne fait pas la distinction entre les musulmans et les intégristes, rejetant les premiers par peur des seconds. En somme, tout le monde se trompe ! Comment sortir de cette confusion ?

YG : Il faut tout d’abord clairement distinguer l’islam, en tant que spiritualité et ensemble de croyances, de l’islamisme ou de l’intégrisme islamique, qui réfère à une idéologie politique. Ensuite, il faut cesser de considérer les musulmans comme une communauté homogène. Les musulmans proviennent de pays et de cultures très variés et ont des allégeances politiques diverses. Autrement dit, ils ne pensent pas tous de la même manière et ne défendent pas les mêmes valeurs, loin s’en faut. Ce qu’on ne semble pas encore comprendre, c’est que l’intégrisme religieux, qui pose déjà de sérieux problèmes dans les sociétés musulmanes d’Afrique et d’Asie, ne peut pas se contenter de simples accommodements. Ce qu’il vise, c’est à imposer par divers moyens sa lecture extrêmement rigide des textes religieux et à inciter les fidèles à se soumettre uniquement aux lois divines, au mépris des lois et règlements laïques. Il nourrit le fanatisme et le sectarisme religieux qui mènent à la radicalisation en opposition aux valeurs et aux principes séculiers, y compris au sein des sociétés musulmanes. L’intégrisme islamique vise donc le rejet de l’intégration dans une société laïque, démocratique et égalitaire. Ce n’est donc pas un hasard si les sociétés occidentales sont marquées par des tensions accrues avec les minorités musulmanes, traversées par ces courants.

MB : Mais nous savons bien que les intégristes représentent une faction minoritaire au sein de la population de confession musulmane, une faction très visible et active. Pourquoi n’entendons-nous pas davantage la voix des musulmans modérés ?

YG : C’est un problème complexe, qui a plusieurs ramifications. Je constate d’abord que plusieurs musulmans et musulmanes ne veulent tout simplement pas être identifiés en tant que musulmans et réfutent même la notion de communauté musulmane. Ils veulent être considérés comme des citoyens, rien de plus, sans égard à leurs croyances ou leurs pratiques religieuses. Je remarque aussi que les médias québécois et canadiens tendent à privilégier certaines représentations du musulman, à faire une sorte de casting. Il y a vingt ans, au Québec, la plupart des femmes musulmanes ne portaient pas le voile. Mais déjà à cette époque, quand les médias voulaient donner la parole à une musulmane, ils la voulaient voilée, tendance qui n’a fait que se renforcer depuis. Et quand ils cherchent à donner la parole à un musulman, ils choisissent un imam ultra-conservateur ou intégriste qui prétend parler au nom des musulmans. Les médias font donc des choix qui ne sont pas sans conséquences. Ils contribuent à rendre plus visible et à légitimer le discours intégriste, au détriment des courants plus ouverts et laïques de l’islam. Le paradoxe, c’est que la majorité des musulmans vivant ici ont fui leur pays d’origine à cause des conflits liés à la montée de l’intégrisme religieux et de l’oppression politique et sociale.

MB : N’y a-t-il pas aussi des raisons économiques ?

YG : Oui, bien sûr. Mais depuis quelques années, je crois que le motif principal d’immigration en provenance des pays musulmans est lié aux conflits sociaux et politiques découlant de l’intégrisme. Dans les sociétés d’accueil, les musulmans « modérés » (quoique je n’aime pas trop ce terme) ne veulent aucunement s’associer aux revendications issues des interprétations rigides de leur foi. Quand j’ai publié mon livre sur les accommodements raisonnables il y a dix ans, un grand nombre de concitoyens musulmans me confiaient n’avoir aucun besoin de ces fameux accommodements qui défrayaient la manchette – c’était l’époque de la Commission Bouchard-Taylor. Ces modérés estimaient que ces demandes émanaient d’une minorité intégriste et causaient du tort à tous les musulmans. D’ailleurs, lors des audiences de la Commission, certains employeurs avouaient leur réticence à embaucher des travailleurs musulmans, par crainte de faire face à une multiplication de demandes et peut-être même à d’éventuelles poursuites judiciaires coûteuses. C’est là une conséquence malheureuse de la judiciarisation.

MB : Les tribunaux jouent un rôle très important en cette matière.

YG : Oui. La Cour suprême a donné une définition extrêmement large de la liberté religieuse. Elle reconnaît comme valable toute croyance sincère et individuelle ainsi que sa mise en application concrète dans des pratiques sociales, quelle que soit son rapport au dogme ! Autrement dit, pour autant que vous fassiez preuve de sincérité, on reconnaît votre droit de vous soustraire à des règles communes jugées incompatibles avec vos croyances. C’est pour cette raison qu’il est devenu très difficile de s’opposer au port du niqab qui cache le visage. Ce voile intégral a beau être absent du Coran, il a beau être contesté par des autorités religieuses musulmanes (notamment par l’Université Al-Azhar du Caire, considérée comme la plus grande autorité de l’islam sunnite), il a beau être combattu par plusieurs pays musulmans qui y voient l’un des signes inquiétants de la progression du wahhabisme (longtemps considéré comme une hérésie de l’islam), il est revendiqué et autorisé au Canada au nom de la liberté religieuse, malgré de vives protestations de plusieurs femmes musulmanes d’ici.

MB : À quelles protestations pensez-vous ?

YG : Récemment, une cinquantaine de femmes musulmanes québécoises ont publié une lettre ouverte s’adressant aux féministes qui s’opposent à l’interdiction du niqab (voir l’édition de La Presse +, section « Débats », 8 novembre 2017). Ces féministes musulmanes clament que le niqab n’est pas un symbole religieux mais un symbole politique de l’intégrisme, et que la complaisance face à ce symbole menace la liberté et la dignité des femmes musulmanes elles-mêmes. Ce genre d’intervention publique est essentiel, parce qu’on ne peut évidemment pas tout régler avec des lois. Il faut miser davantage sur l’éducation et surtout cesser d’étouffer le débat et les voix critiques de l’idéologie islamiste, sous de fausses accusations de racisme et de xénophobie.

MB : Avec un cours comme Éthique et culture religieuse, par exemple ?

YG : Pas dans sa forme actuelle. Ce cours mobilise plusieurs symboles tirés de l’islam radical pour décrire la religion musulmane. Nadia El-Mabrouk, dans un ouvrage collectif récent(3), a proposé une analyse critique extrêmement intéressante de ce cours, dans lequel elle a relevé nombre de stéréotypes utilisés pour illustrer les musulmans, en particulier les femmes. Par exemple, dans des manuels destinés aux enfants du niveau primaire, toutes les musulmanes sont représentées portant le voile et parfois même le niqab, comme si la chose était parfaitement normale et conforme au dogme. Bien sûr, les auteurs de tels manuels sont remplis de bonnes intentions. Pour eux, il s’agit d’éduquer les enfants à la diversité, de les habituer à une variété de manifestations et de symboles. Mais l’effet pervers de ce genre de représentation, c’est qu’il banalise et légitime des pratiques patriarcales, qui relèvent moins de la religion que des coutumes. La banalisation de ces pratiques et leur reconnaissance par les autorités politiques finissent par avoir un effet sur les croyants modérés et sur ceux et celles qui ne pratiquent pas. Une mère musulmane me racontait que ses enfants rentrés de l’école lui avaient dit : « Maman, tu n’es pas une bonne musulmane parce que tu ne portes pas le voile ». Comment ne pas éprouver un malaise ?

MB : Tout ce débat sur la laïcité et les demandes d’accommodements est important, c’est l’évidence. Mais je vous avoue qu’il me donne parfois l’impression d’agir comme un écran de fumée. Car pendant qu’on discute de niqab et de kirpan, d’horaire de piscine séparé et de nourriture halal ou cachère, on néglige une réalité fondamentale : le haut taux de chômage chez les immigrants. Une étude récente a montré que sur dix-sept villes nord-américaines, Montréal se classe bonne dernière en cette matière, un retard que toutes les enquêtes sur la population active confirment. Or nous savons tous qu’un immigrant qui travaille, et plus encore : un immigrant qui travaille avec des membres de la société d’accueil, a toutes les chances de s’intégrer culturellement, socialement et politiquement, ne serait-ce qu’en vertu des liens qu’il nouera avec ses collègues. Qu’est-ce qui explique la difficulté du Québec dans l’intégration économique de ses nouveaux arrivants ?

YG : C’est vrai, qu’il y a beaucoup à faire de ce côté. Il faut sans doute s’interroger sur les critères de sélection des nouveaux arrivants. Beaucoup d’importance est accordée aux diplômes, alors que les principaux besoins en matière d’emploi se trouvent dans des secteurs techniques qui n’exigent pas de formation universitaire. On recrute des immigrants très éduqués, mais pas nécessairement aptes à occuper les emplois disponibles. Par ailleurs, les dernières statistiques indiquaient une baisse du taux de chômage, y compris chez les minorités.

MB : Certaines expériences ont aussi montré que le même curriculum vitae pouvait être accepté ou rejeté selon le nom et l’origine du candidat. Le curriculum vitae attribué à un Mohamed (c’est un exemple) était rejeté alors que le même document attribué à un Stéphane était retenu par l’employeur.

YG : Oui et c’est scandaleux ! Une des solutions proposées et facile d’application serait de cacher les noms des candidats au moment de la sélection, de manière à ce que le processus soit parfaitement objectif.

MB : En terminant, je ne peux m’empêcher de revenir sur les événements de la dernière année, notamment sur l’attentat de Québec dont nous venons de commémorer le triste anniversaire. Cet attentat a-t-il changé la donne ?

YG : C’est un attentat horrible, une tragédie révoltante, qu’il ne faut pas oublier. Mais il faut encore là éviter d’y voir la manifestation d’une islamophobie généralisée, terme que je n’aime pas, comme je l’ai déjà dit. Mieux vaut se préoccuper du racisme et des préjugés qui existent et doivent être combattus au moyen de l’éducation et par une véritable politique d’intégration.

Source : Entretien avec Yolande Geadah, chercheure indépendante, paru dans la revue L’INCONVÉNIENT, printemps 2018, no.72. On peut acheter une copie de ce numéro qui traite de laïcité sur le site : http://linconvenient.wordpress.com/

Mis en ligne sur Sisyphe, le 11 octobre 2018



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.
Documents liés


modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.


    Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

© SISYPHE 2002-2018
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin