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mercredi 10 avril 2019

Micheline Carrier (1944-2019) : une voix courageuse et engagée nous a quittés

par Julie Latour, avocate, bâtonnière du Barreau de Montréal (2006-2007)






Écrits d'Élaine Audet



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Aux premières lueurs de l’été, une infatigable fer de lance de la cause des femmes s’en est allée. Pendant plus de 50 ans, Micheline Carrier a porté, diffusé et défendu la parole des femmes et leur quête d’égalité, ici comme à l’étranger, contre vents et marées.

Tour à tour journaliste, écrivaine et éditrice, elle fut la porte-étendard du féminisme universaliste–. Par son action, elle a fait avancer la condition et les droits humains des femmes avec une persévérance et une détermination dans l’adversité qui forcent l’admiration.

Précurseure dans l’âme, elle s’est intéressée à des sujets, comme la laïcité, bien avant qu’ils ne soient à la mode.

Avec des moyens financiers modestes, mais une ambition intellectuelle à la hauteur de la noblesse du combat, elle a fait de « Sisyphe.org » un lieu de diffusion reconnu, au Québec tout autant qu’au plan international, rejoignant par sa pertinence et sa qualité à la fois le grand public et le milieu académique.

Le nom même du site, Sisyphe, est évocateur de sa pensée ; par le mythe, il rappelle la quête universelle des femmes, son caractère inlassable, toujours à recommencer et son humanisme camusien. Pour elle, toutes les femmes étaient ses sœurs, dans toutes leurs réalités et classes sociales, au Québec comme ailleurs, dans les grandes villes comme en région.

À l’heure où le droit à l’avortement se crispe et où l’intersectionnalité rogne les droits des femmes pour des motifs culturels ou religieux, l’action de Micheline Carrier, qui a toujours pris en compte le volet politique de la cause féministe, revêt sa pleine actualité.

Au moment où les institutions chargées de porter la voix universelle des femmes du Québec, comme le Conseil du statut de la femme et la Fédération des femmes du Québec, ont soit été asphyxiées financièrement ou détournées par d’autres intérêts, la vigilance de tous les instants de Micheline Carrier doit nous inspirer.

Albert Camus oppose à l’absurdité du monde la révolte féconde. Emportée à l’aube de ses 75 ans, Micheline Carrier était demeurée une jeune fille révoltée dans l’âme, dans tout ce que ceci a de plus noble. Avec ses beaux yeux bleus résolus, elle était ancrée dans la vie et dans la volonté de rendre le monde meilleur, sans mièvrerie ni compromission. Améliorer le sort des femmes, leur liberté et leur plein épanouissement était pour elle œuvrer au bien commun.

Simone de Beauvoir, dans une conférence prononcée au Japon en 1966 disait : « Donner sa mesure, c’est toujours un peu dépasser sa mesure ; c’est aller plus loin : oser, chercher, inventer ; c’est à ce moment-là qu’une valeur s’affirme, qu’une valeur se découvre, se réalise. »

C’est ce que Micheline Carrier a pleinement incarné. Il nous appartient de poursuivre son engagement.

Mise en ligne sur Sisyphe, le 23 juin 2019



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Julie Latour, avocate, bâtonnière du Barreau de Montréal (2006-2007)

Sisyphe a le plaisir d’accueillir Julie Latour comme collaboratrice occasionnelle. Avocate bien connue, ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal et engagée de longue date pour la justice et la cause des femmes, Julie Latour a récemment été nommée membre du Conseil du statut de la femme. C’est à titre personnel qu’elle signe cette chronique à l’enseigne de la liberté de pensée et de la réflexion critique. Elle s’intéressera aux questions d’actualité, à la politique et à la justice, dans l’optique particulière des droits des femmes, mais aussi à la littérature, à l’histoire et autres sujets.


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