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jeudi 2 avril 2020

Les assauts des activistes trans contre les droits des femmes

par Marie Savoie, collaboratrice de Sisyphe






Écrits d'Élaine Audet



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En juin 2017, le gouvernement canadien a adopté la loi C-16 pour ajouter "l’expression ou l’identité de genre" aux motifs de discrimination interdits par la Charte canadienne des droits de la personne. Il voulait ainsi protéger les personnes transgenres contre la violence, la discrimination et l’injustice. Il va de soi que l’ensemble des féministes sont d’accord avec cet objectif fort louable et souhaitent que les personnes qui s’identifient comme transgenres puissent vivre en toute sécurité.

Cette loi a cependant eu des effets graves sur les droits des femmes, effets que les membres du Parlement canadien n’avaient peut-être pas anticipés, malgré les mises en garde de féministes (1). Ainsi, elle accorde à toute personne qui déclare "se sentir femme" l’accès à tous les lieux réservés aux femmes, comme les refuges pour les victimes de violence, les vestiaires sportifs, les prisons et les toilettes publiques. Désormais, il suffit qu’un homme à l’anatomie intacte déclare être une "femme trans" pour qu’il soit officiellement reconnu comme femme (2).

Droits des femmes dans le sport

La loi C-16 au Canada et les lois similaires adoptées dans d’autres pays permettent à des personnes qui sont physiquement des hommes de participer à des compétitions sportives féminines.

Et ils ne s’en sont pas privés.

Convertis en "femmes trans" sur la foi d’une simple autodéclaration, certains athlètes masculins qui n’avaient jamais remporté de compétitions chez les hommes se sont inscrits aux épreuves féminines dans leur discipline. Sans surprise, ils ont raflé des podiums et des médailles destinés aux femmes. Leurs victoires sont d’amères injustices pour leurs concurrentes, qui de surcroît doivent se taire sous peine d’être traitées de transphobes. L’absurdité de la situation saute aux yeux quand on voit les photos d’athlètes trans ayant remporté des épreuves féminines. Plusieurs sportives connues ont dénoncé cette concurrence qu’elles jugent déloyale. Martina Navratilova, championne mondiale de tennis, a déclaré dans le London Times : "Les règles sur les athlètes trans récompensent les tricheuses et punissent les innocentes".

L’admission de "femmes trans" dans les épreuves féminines a donné lieu à des situations caricaturales, comme dans le cas de l’équipe nationale féminine de soccer d’Iran, dont huit des onze membres sont en fait des hommes "en attente d’opérations pour changer de sexe". Rappelons que l’Iran interdit aux femmes d’entrer dans un stade pour voir des hommes jouer.

Le parcours de l’haltérophile Laurel (né Gavin) Hubbard est particulièrement éloquent. Après avoir participé sans succès à plusieurs compétitions en tant qu’homme, Gavin s’est proclamé femme et a remporté le championnat féminin d’haltérophilie de la Nouvelle-Zélande. Cela devrait lui permettre de participer aux épreuves féminines d’haltérophilie aux Jeux Olympiques de Tokyo en juin 2020. Selon les spécialistes du sport, la participation d’athlètes transgenres aura une influence certaine sur l’issue des compétitions. Une véritable gifle pour les sportives de haut niveau qui prendront part au mêmes épreuves.

Droit à la non-mixité des maisons d’hébergement pour femmes

Plusieurs femmes qui se réfugient dans des centres d’hébergement pour victimes de violence physique ou sexuelle ont besoin de se sentir en sécurité dans un endroit où elles sont entre femmes. Cela semble aller de soi, mais des activistes transgenres ont réussi dans bien des cas à leur enlever ce droit.

Fondé en 1973, le Vancouver Rape Relief and Woman’s Shelter (VRRWS) est le plus ancien refuge pour les victimes d’agression sexuelle au Canada. En 1995, Karen Nixon, un homme s’identifiant comme femme transsexuelle mais n’ayant subi aucune modification anatomique a voulu devenir bénévole auprès des femmes hébergées. Les administratrices du refuge ont refusé, expliquant que la présence d’un homme risquait de déclencher chez ces femmes traumatisées un sentiment de panique. Apparemment insensible à cet argument, le lobby transgenre a fait pression sur le conseil municipal de Vancouver qui, cédant à ses exigences, a retiré au refuge la subvention qu’il lui octroyait depuis des décennies.

Droit à la non-mixité des prisons pour femmes

S’il est un endroit ou les femmes sont vulnérables, c’est en prison. Privées de leur liberté de mouvement, elles sont à la merci des règles édictées par les autorités carcérales.

Plusieurs pays, dont le Canada, permettent aux personnes condamnées de purger leur peine dans un établissement qui correspond à leur "identité choisie". Ainsi, des hommes condamnés pour des crimes violents se sont déclarés "femmes trans" pour être placés dans des prisons pour femmes, et les autorités carcérales ont acquiescé à leurs demandes.

Cette politique a donné lieu à des agressions sur des détenues forcées de cohabiter avec ces prisonniers. Le cas de Karen White a soulevé un tollé au Royaume-Uni. En tant qu’homme, White avait déjà une longue feuille de route pour pédophilie, voies de faits graves et viols multiples. Incarcéré dans une prison pour femmes après s’être déclaré "femme trans", White a violé deux détenues. (3)

Au Canada, une femme autochtone qui a été harcelée par un homme s’identifiant comme femme trans pendant son incarcération, accuse le Service correctionnel d’avoir manqué à son obligation de la protéger. Elle a intenté une poursuite pour discrimination fondée sur le sexe et l’indigénéité. Étant fortement surreprésentées dans les établissements correctionnels, les détenues amérindiennes sont particulièrement vulnérables. Selon une ex-détenue qui défend les droits des femmes incarcérées, placer des hommes dans des prisons pour femmes est pour elles un "châtiment cruel et injustifié". "Les femmes sont sacrifiées sur l’autel de la rectitude politique. On est en train de nous enlever tout ce que nous avions réussi à gagner"(4).

Droit à la dissidence : Crois ou meurs

Bien que relativement récente, l’idéologie transgenre s’est pratiquement imposée dans la sphère publique, si bien qu’aujourd’hui il est périlleux de la remettre en question. Elle s’exprime par des affirmations péremptoires comme "les femmes trans sont des femmes", répétées comme des mantras . Dans certains milieux dits de gauche, toute critique de la notion de transidentité est interdite, sous peine de représailles. Les femmes courageuses qui osent la contester sont injuriées, bannies des réseaux sociaux, ostracisées, licenciées et menacées de violence.

Des scientifiques ont été limogé-es pour avoir dénoncé l’administration de bloqueurs de puberté à des enfants. Des universitaires ont perdu leur poste pour avoir déclaré qu’il est impossible de changer de sexe. Des journalistes ont fait les frais du même dogmatisme.

La chercheure britannique Maya Forstater a perdu son emploi après avoir écrit sur Twitter "les hommes ne peuvent devenir des femmes. Le sexe est une réalité biologique et est immuable". Kate Rowling, la célèbre créatrice de Harry Potter, a dénoncé ce congédiement arbitraire, ce qui lui a valu d’être traitée de transphobe. La situation est devenue si insensée que le simple fait d’affirmer qu’une femme est un être humain adulte de sexe féminin est assimilé à des propos haineux par certains zélateurs de la théorie du genre.

Faire taire les femmes

C’est cependant aux féministes radicales qui contestent leurs prétentions que les militant-es trans réservent leurs plus virulentes attaques.

Au Canada, en Australie, aux États-Unis et en Angleterre, elles ont organisé des colloques pour discuter des effets de la notion de transidentité sur les droits des femmes. Chaque fois, des activistes transgenres ont tenté de les en empêcher. À Vancouver et à Toronto, le lobby trans a fait pression sur la bibliothèque municipale, pour qu’elle refuse de louer une salle à Meghan Murphy, une intellectuelle féministe critique de cette idéologie. En Nouvelle-Zélande, des hôtels qui avaient loué des salles pour des colloques féministes se sont désistés à cause des menaces de fanatiques transgenres. Pour éviter le grabuge et la violence, les organisatrices de colloques féministes ne dévoilent qu’à la dernière minute le lieu de l’événement.

Par suite des protestations du lobby trans, des conférencières à des congrès savants ont été "désinvitées" parce que critiques de la notion d’identité transgenre. Des activistes trans ont littéralement fait des pieds et des mains pour empêcher la tenue de forums sur le sujet, chahutant, bousculant les panelistes et bloquant l’accès aux personnes venues y assister. À Seattle, dans l’État de Washington, la police a dû escorter les conférencières à travers une foule déchaînée pour leur permettre d’accéder aux lieux.

À Londres, une meute d’activistes transgenres a frappé et projeté au sol une femme qui voulait prendre la parole au célèbre Speakers’ Corner de Hyde Park. Ces méthodes ne sont pas sans rappeler celles utilisées contre les suffragettes, il y a plus de cent ans : cris, grabuge, menaces et coups.

Et bien sûr, les insultes.

Tout comme on traitait les suffragettes de bas-bleu, de viragos ou d’hystériques, on a créé un terme réducteur et péjoratif pour disqualifier les féministes qui refusent d’adhérer à l’idéologie du genre : TERF, l’acronyme de Trans Exclusionary Radical Feminist. (féministe radicale qui refuse de considérer les femmes trans comme des femmes).

Ce n’est pas un hasard si les slogans scandés par les militant-es trans pendant leurs manifestations et repris dans les médias sociaux appellent à la violence contre les femmes qui osent leur résister. Des internautes arborent fièrement des tee-shirts proclamant "Kill Terfs" sur les médias sociaux. Des manifestant-es brandissent des imitations de guillotines destinées aux TERFS lors de rassemblements de femmes critiques du genre. À Vancouver, on a cloué un rat mort sur la porte d’un refuge pour les victimes de viol, avec la mention : "Mort aux TERF !" (Die Terfs !).

De tels agissements, malheureusement fréquents, en disent long sur l’attitude violente de ces activistes et la profonde misogynie qui les habite. Face aux assauts du lobby transgenre contre les acquis du féminisme, face à cette usurpation de notre identité de femmes, la résistance est de rigueur. Il ne faut abdiquer ni notre esprit critique, ni nos droits.

Notes

1. Voir l’excellente déclaration de Mehan Murphy devant le comité de la chambre des communes ici
2. Plusieurs "femmes trans" conservent leurs organes génitaux mâles. Il ne s’agit pas de "transsexués", comme on désignait autrefois les personnes ayant subi une opération de changement de sexe.
3. Lire ici
4. Lire
ici

Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 mars 2020



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Marie Savoie, collaboratrice de Sisyphe


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