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octobre 2003

Les femmes et l’institution littéraire

par Élaine Audet






Écrits d'Élaine Audet



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Mon but n’est pas de faire ici une critique exhaustive de la critique et de l’édition au Québec. D’autres s’en sont chargés avec compétence avant moi. Je me contenterai de mettre en perspective ma propre expérience et certains documents rassemblés en vue d’un travail sur l’exclusion des femmes - et plus particulièrement des féministes - par les maisons d’éditions, les critiques et les jurys pour l’attribution de subventions, de bourses et de prix.

Dans un texte photocopié pour ses élèves à l’UQAM, intitulé Les splendeurs et les misères de la critique littéraire au féminin, Lori Saint-Martin remarque à juste titre que " la féminité suffit à elle seule à disqualifier l’immense majorité des femmes ; les rares exceptions sont décrétées esprits universels, hommes honorifiques ". Lorsque les critiques encensent une auteure, c’est la plupart du temps qu’ils en sont arrivés à la conclusion qu’elle " écrit comme un homme ".

Préjugés sexistes des critiques

Si la critique reconnaît une spécificité à l’écriture des femmes, c’est pour la qualifier d’inférieure et non pour y saluer l’expression d’une culture originale née à l’ombre de l’oppression et de l’exclusion commune à toutes les femmes, à divers degrés, dans ce monde d’hommes où ce sont toujours eux qui définissent les critères d’excellence en fonction de leurs propres intérêts et privilèges. Aujourd’hui encore, il y a des femmes qui prennent des pseudonymes masculins afin d’échapper aux préjugés sexistes de ceux qui exercent le droit de vie ou de mort sur une œuvre.

On a qu’à feuilleter les anthologies de poésie pour constater à quel point les femmes y sont sous-représentées. Le pourcentage des livres de femmes publiés, recensés, retenus dans les anthologies, les manuels scolaires et enseignés dans les universités serait d’environ 6%. Dans un numéro spécial de dossiers et documents du journal Le Monde paru en mai 1994 et intitulé penser la philosophie, penser les sciences, penser les religions, sur vingt-six signatures, on ne retrouve qu’une seule femme, à la toute fin, spécialiste de l’histoire ancienne de l’Inde. Ainsi, le monde ne serait pensé que par des hommes. Il n’est pas rare de voir des écrivaines connues être effacées de la mémoire collective de leur vivant ou d’en être totalement éradiquées après leur mort.

Il existe un terrorisme masculin du normatif définissant le beau, le bien, le bon auquel peu de femmes échappent. En ce début de millénaire, le problème de la reconnaissance d’une culture au féminin reste entier au Québec et ailleurs. " Combien d’hommes, conclut Lori Saint-Martin, passent sous silence les romans, les études de femmes, faute d’intérêt véritable, ou les tournent en dérision en donnant l’impression de n’y avoir rien compris ? Entre la marginalité et la récupération par l’institution, les femmes naviguent à leurs risques et périls. "

Il y a des critiques qui, en voyant une signature de femme, écartent le livre ou l’exécutent sommairement. Si l’auteure est perçue comme féministe, elle sera jugée d’emblée étrangère à l’essentiel et à la poésie. La qualité littéraire de son œuvre sera mise en doute, vouée à l’oubli et à l’indifférence. Elle sera accusée de mauvaise utilisation des mots, de méconnaissance de la syntaxe, d’être une éternelle adolescente, naïve, frivole, dissipée, brouillonne, superficielle, incapable de dépasser le lieu commun.

Le projet du livre n’est jamais réalisé. Toujours décevant. Plus sociologique et idéologique que poétique. Contrairement à ses confrères indépendantistes, elle n’est qu’une militante. Ses poèmes sont des témoignages. Au début, il y avait matière à un grand livre mais soudain, on n’y trouve plus que le vide et l’ennui. Elle n’a pas d’imaginaire. Pas d’unité de ton. N’accède jamais à la liberté, à une authentique (lire virile) rébellion.

On se questionne sur ses raisons d’écrire. On regrette qu’elle n’ait pas écrit un autre livre au lieu de celui-ci avec son bavardage, son cafouillis, ses mots-guimauves, son ostentation lyrique agaçante ou mieux encore usée. Jamais assez ceci ou cela. La critique aura été si vite bâclé qu’il lui donnera plusieurs prénoms tout au long de son argumentation, question de lui faire comprendre peut-être à quel point elle est interchangeable ou que son temps à lui est si précieux qu’il n’a même pas le temps de se relire.

Bref, si elle ne fait pas partie des deux ou trois " hommes honorifiques " reconnues à chaque demi-siècle ou des " ouvrages de dames " dont les critiques condescendent à rendre compte pour en illustrer l’insignifiance ou pour en faire des best sellers, la grande majorité des oeuvres écrites par des femmes sortent et meurent dans un vacuum total. L’efficacité du marketing l’emporte sur la qualité des ouvrages. Un nom connu et une maison d’édition riche, voilà, semble-t-il, le principal critère de sélection du milieu littéraire.

Dérision, vacheries, mises à mort

Il y a des critiques qui font leur réputation en démolissant systématiquement ceux et surtout celles qu’ils critiquent. Tout le monde les connaît, ils ont une chronique théâtre dans les journaux ou à la radio, ils critiquent les livres dans des revues pour happy few, ils sévissent dans les maisons d’édition, les comités de lecture et les jurys. Ils sont bêtes et méchants et parfois exercent même leur talent contre leurs pareils. Il sera dit d’un confrère que " la ruse, la fourberie, la séduction par le mot du poème, lui tiendront lieu de force mais [que] le pouvoir vient de partout. " On n’hésitera pas à faire entrer en jeu quelque défaut physique. On apprendra que celui-là même qui a encensé l’écriture des femmes et la postmodernité quand c’était la mode n’aime et n’a toujours aimé en réalité que la chansonnette et la poésie amoureuse et qu’il suffit de le flatter et de savoir lui témoigner de la reconnaissance pour obtenir une bonne critique, etc. On se prend à regretter que, malgré leur mesquinerie, de telles critiques, ne soient pas plus fréquentes afin que l’arroseur enfin arrosé hésite la prochaine fois à éclabousser les délinquantes qui osent venir jouer dans sa cour.

Mais de telles prestations sont l’exception, les auteures constituant toujours pour le critique des proies idéales pour se faire un nom et recueillir les applaudissements et la reconnaissance de la galerie masculine. Voici un condensé de plusieurs critiques sur des livres écrits par des femmes : les images seraient ridicules, elle utiliserait une trentaine de mots au plus et irait même jusqu’à imprimer deux fois le même poème, le contenu serait hâtif et pas assez médité et recueilli, son projet d’écriture serait incompréhensible, son éditeur sera soupçonné d’être prêt à publier même des brouillons d’écoliers. En poésie, elle utiliserait une recette d’effets poétiques à peu de frais, des élongations verbales, des préciosités, du flou artistique pour conclure qu’il s’agit d’une purée de pois et de nébulosités velléitaires.

En entrevue, elle dégagerait la platitude, ce qu’elle dit, quelqu’un pourrait le dire sans avoir jamais rien lu, elle serait comme il se doit dépourvue d’humour et son œuvre se résumerait à une composition française engluée, répétitive, laborieuse, etc. Toutes ensemble ne sauraient faire mieux que débobiner la même thèse avec les mêmes mots, comme si, faute de personnalité, elles cherchaient un effet de masse, un effet " concert de perroquets " dont l’unisson aurait la vertu magique d’enterrer toute voix étrangère à leur consensus méritoire. Et le matador-collégien continuera à se mirer dans le miroir mirifique de ses propres propos avec la complicité intégriste de ses semblables.

Ce n’est pas le fait de ne pas aimer tel ou tel livre qui irrite dans ces critiques, mais la façon de faire plus proche du jaunisme que du professionnalisme auquel on aurait droit de la part des quelques critiques dont le Québec doit se contenter. D’une part les livres écrits par des femmes ont droit, proportionnellement à leur nombre, à beaucoup moins de critiques que leurs confrères et elles remportent aussi la palme des attaques grossières, mesquines et hargneuses. Qu’elles partagent cependant quelquefois avec des hommes "roses" comme Philippe Haeck, Marc Chabot ou d’autres.

Les rares critiques québécois se prennent vite pour des autorités suprêmes en la matière et se permettent de choisir arbitrairement, par-dessus la tête des éditeurs et du public, celui ou celle qui fait œuvre littéraire. Les autres sont ainsi relégué-es à l’oubli par décret.

Le monde de l’édition, dont est notoire la prétention à identifier sur-le-champ un chef-d’oeuvre ou un-e écrivain-e prometteur ou prometteuse, n’est pas non plus en reste. Même quand il se trompe royalement, il trouve moyen de justifier ses préjugés et son ignorance, comme dans l’incident suivant qui date de quelques années.

Un canular aux dépens des éditeurs

" C’était au pays de Catherine, une ville de hauts fourneaux flambant sur le ciel, jour et nuit, comme de noirs palais d’Apocalypse. Au matin les femmes essuyaient sur les vitres des maisons les patines des feux trop vifs de la nuit. " Ainsi commence le beau roman d’Anne Hébert, Les Chambres de bois, plein de métaphores étonnantes dans leur parfaite exactitude, décrivant d’un trait bref les personnages, les choses, la nature. Un roman où l’on sent le poids de chaque mot arraché au silence.

Comment croire encore à la transparence des éditeurs après le canular réussi en utilisant cette oeuvre d’Anne Hébert. Les Chambres de bois, publié en 1958 aux éditions du Seuil, avait valu à l’auteure le prix France-Canada, le prix Duvernay ainsi que les éloges unanimes de la critique. Trente ans plus tard, Achmy Halley, collaborateur de La Presse, envoie à une douzaine d’éditeurs le même roman sous la signature d’un pur inconnu, Yves Tessier, en ne changeant que le nom des personnages et le titre qui devient L’Anneau des songes (1). Quelques semaines ou mois plus tard, sept maisons d’édition parmi les plus connues refusent le manuscrit sans aucun commentaire. Il s’agit de Boréal, VLB, Leméac, Lanctôt éditeur, Libre Expression, Stanké, La Courte échelle. Les autres maisons d’édition n’avaient pas répondu après dix mois !

Ce canular remet en question la haute idée que les éditeurs se font d’eux-mêmes et de leur " mission " quand ils se targuent, dans l’entretien que quelques-uns d’entre eux accordent à Marie-Andrée Chouinard du quotidien montréalais Le Devoir (15 novembre 1997), de vérifier " au-delà de la structure et des maladresses linguistiques, la véracité des personnages, la cohérence, la teneur des dialogues ", de " sentir le chef-d’oeuvre à la lecture du tout premier paragraphe ", ou de savoir dès les premières pages, " que c’est un univers littéraire que vous avez sous les yeux, que c’est le début de quelque chose d’important. " Il aurait mieux valu qu’Yves Tessier ait un nom connu même avec moins de talent que l’auteure des Chambres de bois.

Les éditeurs ont reconnu n’avoir pas lu du tout ou jusqu’au bout le manuscrit. Comment auraient réagi les critiques et les libraires face à ce chef-d’œuvre d’un inconnu ? On peut parier qu’ils réagiraient comme les éditeurs par le silence, les bas de tablettes et le retour rapide du livre au distributeur.

Une des conséquences les plus néfastes du contrôle masculin sur la plupart des maisons d’édition est que la majorité des livres retenus par les éditeurs sont écrits par des hommes. Les lectrices, majoritaires dans le lectorat au Québec, sont forcées de s’identifier à un protagoniste masculin et d’intérioriser un discours souvent misogyne ou indifférent à leur propre réalité et à leur vision du monde. Une façon autre de voir et de vivre consiste à lier l’intime et le collectif, la sensibilité et la pensée.

Protéger sa part de gâteau

Une dizaine de millions de dollars est distribuée aux éditeurs chaque année au Québec. Plus ils sont nombreux, plus le gâteau se rétrécit. Une guerre sans merci se livrera entre eux pour éliminer les petites maisons d’édition. Certaines personnes ayant des liens avec une maison d’édition et participant à la sélection des œuvres dont l’édition sera subventionnée discréditeront la politique éditoriale d’un éditeur plus petit qui se consacre davantage à la découverte de nouveaux talents.

Les auteurs de quelques maisons d’édition seront privilégiés dans l’attribution des subventions pour les festivals et les tournées à l’étranger. Et comme les critiques ne parlent tous que d’un même petit nombre d’auteurs issus des mêmes maisons d’éditions, soit un infime pourcentage des quelques 2000 livres publiés chaque année au Québec, le gros des publications est promis au pilonnage en peu de temps sans que le public n’ait eu connaissance de leur présence sur le marché.

Et que dire de cette pratique barbare du pilonnage où on offre aux auteurs de racheter à plus de $2.00 chaque exemplaire de leur livre, alors que leurs droits d’auteurs de 10% l’exemplaire sont inférieurs à cette somme et leur rapportent en moyenne de $1,000 à $3,000 par année.

Plutôt que de donner ces livres aux bibliothèques régionales et de quartier ou à des groupes d’immigrants pour les familiariser avec la littérature québécoise, on détruit à peine quelques années plus tard des oeuvres qui représentent tout le potentiel créateur d’une époque et auxquelles les auteur-es ont consacré le meilleur de leurs énergies. Là comme ailleurs on retrouve la prédominance de l’esprit mercantile. Bientôt seuls les best sellers interchangeables auront droit de cité. Fast books oubliés aussitôt que lus.

Ainsi, les éditeurs sont emmenés à privilégier de plus en plus les valeurs sûres, c’est-à-dire les biographies, les romans sentimentaux et les polars promis au cinéma et au matraquage publicitaire qui en fera des best-sellers, des Céline Dion des lettres, comme le disait avec humour Michel Tremblay de lui-même. C’est aujourd’hui la recette infaillible du succès : " Sois vu ou tais-toi ", " parais ou péris ".

Les petites librairies amoureuses de bonne littérature tombent les unes après les autres sous les coups des supermarchés du livre qui peuvent se permettre de baisser les prix. Celles qui résistent encore sont envahies par les livres étrangers. Les éditeurs québécois ne contrôlent qu’environ 30% de leur marché intérieur. Les éditeurs étrangers, français, belges, suisses, américains et canadiens s’approprient le gros de l’espace et de la visibilité. Pour maintenir leur solvabilité, les libraires n’ont d’autres choix que de retourner les dépôts de plus en plus rapidement. On estime qu’environ 50% des envois de nouveautés par les distributeurs sont retournés à l’intérieur de soixante jours. Donc, les éditeurs en arrivent à couper les tirages et à refuser les auteurs nouveaux ou inconnus, pas assez rentables même si les subventions gouvernementales ont déjà payé le coût de l’édition (2).

Dans ce contexte compétitif la chasse à l’exclusivité des subventions devient féroce tant de la part des éditeurs que des auteurs. Il y a quelques années, le critique et auteur Jean Basile et à sa suite Jocelyne Richer (3) publiaient un dossier sur la façon dont les bourses étaient attribuées au Québec. Le gouvernement du Québec consacre 0,5% et le gouvernement fédéral 3% de leur budget aux écrivains dont une cinquantaine et toujours les mêmes se partagent la manne sur les quelques mille écrivains inscrits à l’UNEQ. La rumeur court qu’un même écrivain a reçu $300,000 au cours des années, 7% seulement de l’ensemble des écrivains se seraient accaparés 45% des subventions de l’État québécois soit dix-huit noms qui reviennent de cinq à neuf reprises.

Le Conseil des Arts du Canada privilégie aussi les mêmes personnes donnant à un même écrivain jusqu’à cinq bourses en dix ans. Les rumeurs de favoritisme augmentent au fil des années. Les jurys seraient contrôlés par les mêmes personnes à tour de rôle octroyeur-es ou demandeur-es de bourses et la pratique du renvoi d’ascenseur serait courante. Certains se vantent même de savoir d’avance qui aura les bourses en voyant les membres d’un jury. " On a l’impression, dans le milieu, que les gens se choisissent entre eux, que si on n’a pas reçu de bourse, c’est parce qu’on n’avait pas d’ami membre du jury (4). " Comme pour le certificat d’écrivain décerné par certains critiques, les critères de sélection des bourses ne sont pas connus.

En conclusion, il suffit de regarder les sommaires des pages littéraires pour y constater la place accordée aux œuvres de femmes et ce qu’on en fait. Le postmodernisme étant plus ou moins passé de mode, on peut prévoir que les nouveaux chouchoux des éditeurs, des critiques et des jurys seront ceux qui rapportent le plus. Et ce seront les mêmes, en majorité des femmes, qui resteront toujours à la porte de l’institution littéraire où le patriarcat défend ses privilèges avec encore plus d’acharnement qu’ailleurs. Parce que du droit de bourrer les crânes dépend l’aliénation des marginales et leur dépendance.

Notes

1. Achmy Halley, " Cherche éditeur désespérément ", Montréal, La Presse, 4 janvier 1998.
2. Les données citées proviennent de : Michel Lefebvre, " Panique et désespoir chez les libraires ", Montréal, Le Devoir, 24 avril 1991, et " Les créateurs ultimes victimes du marasme littéraire ", Montréal, Le Devoir, 25 avril 1991 et Stéphane Baillargeon, " La charité, s’il vous plaît ", Montréal, Le Devoir, 27-28 février 1993.
3. Jocelyne Richer, " Souvent aux mêmes, l’assiette aux miettes ", Montréal, Le Devoir, 18 décembre, 1991.
4. Ibid.

Sources

Le Devoir, La Presse - pages littéraires, les revues Liberté, Lettres québécoises.
"L’Institution littéraire québécoise", revue Liberté, # 134, mars-avril 1981.
Louky Bersianik, "La lanterne d’Aristote - essai sur la critique", dans La Théorie un dimanche, Montréal, Remue-ménage, 1988, p. 83 à 106.
Robert Yergeau, "À tout prix", Montréal, Triptyque, 1994.

Mis en ligne sur Sisyphe, octobre 2003

 Robert Yergeau, "Évolution du discours sur la poésie au journal Le Devoir (1950-1980)", Moebius : écritures / littérature, n° 17, 1983, p. 59-85.



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Élaine Audet

Élaine Audet a publié, au Québec et en Europe, des recueils de poésie et des essais, et elle a collaboré à plusieurs ouvrages collectifs. Depuis 2002, elle est l’une des deux éditrices de Sisyphe.
Ses plus récentes publications sont :
 Prostitution - perspectives féministes, (éditions Sisyphe, 2005).
 La plénitude et la limite, poésie, (éditions Sisyphe, 2006).
 Prostitution, Feminist Perspectives, (éditions Sisyphe, 2009).
 Sel et sang de la mémoire, Polytechnique, 6 décembre 1989, poésie, (éditions Sisyphe, 2009).
 L’épreuve du coeur, poésie, (papier & pdf num., éditions Sisyphe, 2014).
 Au fil de l’impossible, poésie, pdf num., (éditions Sisyphe, 2015).
 Tutoyer l’infini, poésie,pdf num., 2017.
 Le temps suspendu, pdf num., 2019.

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