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samedi 7 avril 2007


Culottées, ces créatrices !
La jupe qui entrave

par Liliane Blanc, historienne et écrivaine






Écrits d'Élaine Audet



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Introduction

Les textes qui suivent sont des extraits du livre que j’ai écrit il y a quelques années sur les femmes créatrices : Elle sera poète, elle aussi - Les femmes et la création artistique, Le Jour Editeur, Québec, 1991. Il est aujourd’hui épuisé. À la suite de demandes multiples de personnes qui ont suivi les cours et les ateliers que j’ai donnés au Québec pendant presque deux décennies sur le sujet, j’avais l’intention de le réviser et de le republier. J’ai commencé à me pencher sur ce travail il y a deux ans. Pour me rendre compte que, depuis la parution de ce livre, j’avais terriblement élargi mon champ de recherches et accumulé une somme substantielle de documents nouveaux. Il était préférable que je le mette de côté et que je m’installe à ma table pour en écrire un nouveau. Ce que je suis en train de faire depuis quelques mois.

Le premier était une réflexion sur les multiples obstacles qu’ont eu à affronter les créatrices, dans tous les domaines de la création artistique, afin de pouvoir se réaliser. J’y passais en revue, en m’appuyant principalement sur les témoignages qu’elles-mêmes nous avaient laissés, les principales embûches qu’elles avaient dû surmonter et celles aussi qui les avaient fait trébucher : les mentalités de leur temps, les lois plus ou moins restrictives selon les périodes, le rôle de l’entourage familial (les parents, l’amour, la maternité), l’éducation des filles, les milieux artistiques eux-mêmes. Entrave et occultation : "C’est entre ces deux pôles que la créatrice joue sa vie", écrivais-je alors. Je n’ai pas changé d’avis. Dans le deuxième livre, ce constat étant fait, c’est plutôt une histoire des créatrices depuis les temps les plus anciens que je raconte. Ma préoccupation est toujours la même : sortir au grand jour toutes ces artistes, lutter contre l’oubli et l’occultation et surtout, surtout, faire tomber le préjugé tenace qui, ignorance oblige, veut que seuls les hommes aient créé de "vrais" chefs-d’œuvre. En attendant de pouvoir livrer, enfin, le fruit de ces longs mois d’écriture, je vous offre, grâce au site Sisyphe, quelques extraits de mon texte précédent, plus précisément du chapitre premier intitulé "Les culottées".

Le chapitre comporte trois parties :

 La jupe qui entrave
 Le poids du conformisme
 La liberté de créer

La jupe qui entrave
Un homme peut braver l’opinion,
une femme doit s’y soumettre.

GERMAINE DE STAËL, Delphine
Une femme ne portera pas des vêtements
d’homme.

Deutéronome, 22:5
On a cru qu’elle aimait le scandale.
Simplement, elle avait des idées
personnelles sur ce qui est scandaleux,
sur ce qu’il est honorable ou non de dire.

MAURICE GOUDEKET, Près de Colette
Rosa Bonheur, portrait 1871

Paris, 1848. Une jeune femme se dirige vers l’un des commissariats de police de la ville. Une femme ? De face, pas le moindre doute. De dos, on peut hésiter. La jeune femme en question - puisque c’en est bien une - est d’apparence solide et porte un pantalon. Les passants se retournent sur son passage : encore une de ces excentriques comme on en voit ici et là, depuis quelques années. Mais qu’a-t-elle cette originale à vouloir se vêtir comme un homme ? C’est justement la raison de sa sortie : elle s’en va, d’un pas assuré, demander un permis pour se travestir. C’est encore très mal vu, mais elle sait que, depuis près de cinquante ans (le 18 brumaire de l’an IX, autrement dit le 7 novembre 1800), les femmes ont le droit de porter le pantalon avec une autorisation.

Rosa Bonheur, George Sand et les autres

Cette femme de 26 ans, c’est Rosa Bonheur (1822-1899). Elle vient d’obtenir la Médaille d’or au Salon qui se tient annuellement au Louvre. Une habituée, Rosa. Depuis 1841, le jury n’a-t-il pas retenu régulièrement quelques-unes de ses œuvres ? Cette fois-ci, six peintures et deux sculptures de sa production récente étaient en compétition. La précieuse Médaille lui avait échappé de peu l’an dernier, et elle s’était dit qu’avec encore plus d’acharnement au travail, la prochaine fois serait la bonne. Quelle reconnaissance éclatante : le jury a dû faire son choix parmi les quelque cinq mille œuvres sélectionnées ! Sa carrière est lancée.

Le Salon, cet événement artistique institutionnalisé qui existe depuis 1667, a pour but de faire connaître au public les artistes les plus valables et surtout de les mettre en contact avec les acheteurs potentiels et parmi eux, le plus convoité, l’État. Inutile d’insister sur tout le jeu d’intrigues de coulisses et sur les marchandages entre membres du jury. L’important est d’y être admis car l’élimination signifie, bien souvent, l’écroulement de toutes les ambitions. Il faudra attendre la fin du Second Empire pour voir certains "refusés" se révolter et créer leur propre Salon (le Salon des Refusés), puis les impressionnistes se dissocier complètement de cette organisation trop officielle et exposer, à partir de 1874, dans l’atelier du photographe Nadar. Parmi ces derniers, deux femmes : Berthe Morisot, puis Mary Cassatt, qui se plaçaient ainsi dans une situation doublement marginale, celle d’être des artistes peintres d’abord, puis de faire partie d’un mouvement dissident.

Rosa Bonheur en pantalon

Mais Rosa, pour le moment a absolument besoin de ce prix en poche pour véritablement naître à son milieu. Elle ne peut guère compter que sur son talent mais elle est confiante. Et cette fois-ci est la bonne. Elle deviendra la plus grande peintre animalière française du siècle. Curieuse vocation pour une femme, commente-t-on, que celle de peindre des scènes de labours, des foires agricoles, des chevaux captés en pleine course, des bergers et des moutons. Rosa n’a que faire des potins du beau monde ; elle sait parfaitement où elle s’en va. D’ailleurs, cette reconnaissance ne fait que la conforter dans ses convictions. Son costume, pour en revenir à lui, est loin d’être une provocation. Pour elle, c’est une simple question de confort : afin de mieux comprendre l’anatomie des bêtes, elle a décidé de prendre des croquis sur le vif aux abattoirs des Halles et cette tenue est bien plus appropriée que la longue et encombrante jupe à la mode qui traînerait dans la saleté et le sang. Elle veut avant tout être à l’aise et faire ce pour quoi elle est née : peindre.

Bien avant Rosa, d’autres femmes avaient déjà opté, à l’occasion, pour la tenue masculine. Alors que chaque sexe a toujours eu son costume bien différencié imposé par la société, on retrouve à des époques fort éloignées les unes des autres, quelques "originales" qui se sont risquées à braver l’opinion, en s’habillant « comme un homme ». Avec en tête une idée bien précise : avoir accès à des activités qui leur étaient interdites. Au détour d’une lecture, on est surpris d’apprendre que sous l’empire romain, des femmes se travestissaient afin de participer aux courses de chars. Au XVIe siècle, la poétesse Louise Labé enfile l’uniforme des chevaliers pour s’enrôler dans des tournois. On pense aussi à Jeanne d’Arc, un peu plus tôt, qui n’avait certes pas passé sa robe du dimanche pour convaincre son roi. D’autres motifs ont poussé des jeunes filles à mettre de côté leurs atours féminins, comme celui de pouvoir s’instruire. Ainsi, une jeune Polonaise, au XIVe siècle, put suivre pendant deux ans les cours de l’université de Cracovie fermée aux femmes jusqu’à ce que la supercherie soit découverte et qu’elle en soit chassée. C’est pour les mêmes raisons qu’une Espagnole, Feliciana Enriquez de Guzman, au XVIIe siècle, se déguisa et qu’à la fin du XVIIIe siècle, Angelika Kauffmann, une jeune peintre d’origine suisse, suivit son exemple. Théophile Gautier a immortalisé dans un de ses romans ce type de femme audacieuse en la personne d’une certaine Mademoiselle de Maupin qui a vraiment existé et s’est illustrée, au début du XVIIIe siècle, comme cantatrice. Elle avait coutume de se vêtir en homme, de temps à autre, pour le simple plaisir de vivre quelques expériences défendues aux femmes. Classée aventurière.

Un peu avant Rosa Bonheur, George Sand (1804-1876) avait aussi trouvé bien pratique la tenue masculine. Nécessaire, même. Elle était montée à Paris quelques années auparavant afin de tenter sa chance en littérature. Ce n’est pas de gaieté de cœur que son mari l’avait vue s’éloigner de Nohant et officialiser ainsi leur rupture. Il lui avait néanmoins alloué une maigre pension, prise à même sa dot à elle. C’était loin d’être suffisant pour survivre à Paris. Les portes des maisons d’édition ne s’ouvraient pas facilement aux femmes de lettres. Après avoir réalisé quelques dessins sur des tabatières et des éventails qui lui rapportèrent peu, elle décrocha quelques papiers à écrire pour Le Figaro : critique musical. Mais comment assister aux concerts quand on ne peut pas se payer une place au parterre et que le journal ne défraie rien ? Simplement en s’habillant comme les hommes et en montant au poulailler qui leur était réservé. Ce qu’elle fit. Ainsi démarrent les légendes.

Le pantalon, symbole d’émancipation

Ces histoires nous surprennent. Nous voyons-nous faire la queue devant un quelconque poste de police pour obtenir notre droit au pantalon ? Colette, qui l’adopta au début du XXe siècle, alors que les femmes venaient tout juste d’ôter leurs faux-culs, choquait encore bien du monde. C’est Coco Chanel qui commencera à le rendre acceptable dans les années vingt mais que de résistances encore avant que les femmes existentialistes d’après-guerre finissent par en faire une mode et par l’imposer. C’est ainsi qu’il fait désormais partie de la garde-robe normale de la plupart des femmes d’aujourd’hui ; celles qui le rejettent le font uniquement par goût.

Pendant plusieurs siècles, le pantalon a été, dans notre monde occidental une composante du vêtement masculin. En se l’accaparant et en l’imposant ouvertement, la femme a probablement introduit dans notre société un des symboles les plus puissants des changements de mentalités qu’elle a peu à peu provoqués. Si nos mères lui résistaient, si les éducatrices dans nos écoles nous l’interdisaient en invoquant toutes sortes de prétextes, c’est qu’il représentait surtout pour elles un acte d’émancipation qu’elles n’étaient pas encore prêtes à assumer. Les hommes ne nous accuseraient-ils pas de vouloir "porter la culotte" ?

Les historiens de la mode font souvent le parallèle entre l’évolution du costume et les modifications politiques et sociales à travers les siècles. Si le vêtement de la femme n’a cessé de se modifier au fil des ans, celui de l’homme, en comparaison, a peu évolué. Cela va de pair avec le peu de remise en question du rôle qu’il s’est depuis longtemps attribué. Alors que pour elle, il en va tout autrement (…)

N’oublions pas que le vêtement est un langage dont les règles sont établies par le groupe social auquel nous appartenons. Nous les décodons inconsciemment et nous devons nous y conformer sous peine de rejet. Rosa Bonheur et George Sand avaient sûrement une force de caractère exceptionnelle pour affronter sans broncher les quolibets, voire la réprobation publique. De plus, elles enfreignaient d’autres tabous imposés aux femmes : elles fumaient en public, et dans le cas de George Sand c’était le cigare ; elles fréquentaient des lieux réservés aux hommes ; elles circulaient à leur guise à une époque où une femme ne sortait pas sans chaperon. Et surtout elles avaient la prétention de vouloir vivre des fruits d’un travail éminemment masculin, celui de la création. Bref, la place que leur avaient assignée les hommes leur convenait très peu. Elles se sont octroyé cette liberté de mouvement et d’expression qui était naturelle aux hommes mais que la société, voulant confiner les femmes au foyer, leur contestait d’emblée.

Cette liberté, la créatrice doit pourtant se l’approprier à tout prix pour explorer son art. Elle n’a pas le choix, même si tous les moyens ont été employés, depuis son enfance, pour la faire rentrer dans le rang. En butte aux tentatives des autres pour la décourager et la remettre dans le droit chemin - celui de la maison - elle ne doit, trop souvent, sa réalisation qu’à de nombreux sacrifices. Elle se voit obligée d’affronter l’opposition de sa famille qui n’accepte pas qu’elle "fasse carrière", d’opter pour le célibat parce que les maris compréhensifs sont rares et de renoncer à la maternité. Car pour créer, pour se concentrer, l’isolement et la libre disposition de son temps sont essentiels. En choisissant un mode de vie qui la place en marge de celui établi pour toute jeune fille bien éduquée, elle se disqualifie d’emblée aux yeux des gardiens de l’équilibre social, c’est-à-dire cette minorité de gens qui répand si bien les rumeurs. Ce n’est pas une mince affaire.

Nombreuses sont celles qui, faute de ressources intérieures et d’appuis extérieurs suffisants, renoncèrent dès le départ ou abandonnèrent en cours de route, l’ampleur des épreuves leur semblant impossible à surmonter. Car le destin de toute artiste est irrémédiablement lié à celui des femmes de son époque et il lui faut une détermination rare pour s’en détacher. Même cette forte volonté de s’affirmer suffit rarement. Plusieurs alliés sont alors absolument nécessaires à la créatrice qui veut se réaliser pleinement.

  Lire la suite : Partie II-
Le poids du conformisme


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Mis en ligne sur Sisyphe le 15 octobre 2003



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Liliane Blanc, historienne et écrivaine

Liliane Blanc est historienne et écrivaine. Elle est l’auteure de Elle sera poète, elle aussi - les femmes et la création artistique, Le Jour éditeur, Montréal, 1991. Elle prépare actuellement une histoire des Arts au féminin.



Plan-Liens Forum

  • 1912
    (1/2) 3 mars 2008 , par

  • Des hommes prisonniers également de leur image
    (2/2) 28 mars 2004 , par





  • 1912
    3 mars 2008 , par   [retour au début des forums]
    Raoul Ponchon

    Gazette rimée de Ponchon - 1912 _ sur la jupe-culotte :

    http://raoulponchon.blogspot.com/search?q=jupe-culotte

    Bonne réception

    Des hommes prisonniers également de leur image
    28 mars 2004 , par   [retour au début des forums]

    L’ article "La jupe qui entrave" me laisse, en tant qu’homme, admiratif de ces femmes si courageuses. Oser défier les préjugés d’une époque, quitte à subir le rejet et la solitude, et sans certitude que ce comportement isolé contribuera à transformer la société, m’impose un profond respect pour elles.

    Cependant, aujourd’hui, des hommes, en Occident notamment, subissent le même isolement psychologique et physique. Nous sommes quelques uns en France et ailleurs à oser sortir dans la rue, en plein jour, en jupe. Nous ne pouvons justifier nos actes par la revendication d’un côté pratique( alors que ce fut la principale raison pour les pionnières du pantalon ), si ce n’est cependant de mieux supporter la chaleur. Ce qui nous motive, ce sont les sensations différentes de celles du pantalon, et si agréables notamment aux beaux jours, le plaisir du changement, la recherche de l’entièreté de l’être, si chère à Simone De Beauvoir et à Virginia Woolf.

    Ces explorations font scandale aujourd’hui parce qu’elles n’ont aucune utilité ( le côté " pratique est réduit ) et parce qu’elles remettent en cause terriblement l’image de l’homme, sujet ô combien tabou. Non, l’homme n’est pas cette carapace qu’illustre si bien le costume ( substitut des temps industriels à l’armure ), il peut être sensible, sensuel, et cette sensualité peut concerner d’autres domaines que ceux, convenus, que sont le bon vin ou la bonne chère. L’homme a un corps et il a le droit de le montrer dans un contexte autre que sportif ( lequel prétexte est rassurant, ne remet pas en question sa puissance ) ou estival. Il existe des hommes en jupe qui assument parfaitement leur masculinité, qui ne veulent plus refouler ce qu’une éducation traditionnelle considère être comme spécifiquement féminin. Il existe des hommes qui réfléchissent par eux-mêmes et se rendent compte que par le passé( l’Antiquité, le Moyen Age ou l’époque moderne ), leurs semblables s’habillaient avec des jupes ou des robes (et des collants). Ces hommes refusent l’image monolithique de l’être masculin véhiculée depuis l’apparition de la société industrielle. Ils revendiquent la diversité de l’image masculine ( la " multiciplité des possibles" d’Elisabeth Badinter ), comme est admise en Occident, depuis quelques décennies, la diversité de l’image féminine. Ces hommes dérangent : on aimerait les assimiler à des travestis, des transsexuels, des transgenres ou des homosexuels, mais ils n’ont ni perruques, ni maquillages, ni de faux attributs féminins, ni partenaires de même sexe. Ils sont hommes et fiers de l’être, mais souffrent d’un manquent de liberté vestimentaire, d’un manque de reconnaissance de leur sensibilité.

    Ces hommes ont besoin de vous : de votre reconnaissance, de votre remise en cause personnelle des idées reçues. Jacques Lacan affirmait que l’émancipation de la femme servirait celle de l’humanité. Je suis convaincu que l’émancipation vestimentaire de l’homme servirait l’ humanité également : l’homme ne verrait plus la jupe, et donc la femme, comme un objet sexuel ; le jeune homme occidental serait moins tenté par le viol pour assumer cette image de la toute-puissance masculine ; toute forme de violence reculerait ; la conduite macho, l’alcool seraient désuets si l’on permettait à l’homme de partir à la conquête de son être, de repousser ses limites intérieures. Nous connaissons les dégâts occasionnés par cette virilité écrasante et obsédante, à l’homme comme à la femme. L’homme pourrait descendre de son piédestal. Il en sortirait grandi : cela le servirait, et la femme également. Il ne serait plus cet homme-objet, seul pilier de notre civilation.
    Aidez-nous à briser cette image monolithique qui fait souffrir beaucoup plus d’hommes qu’on ne le croit. J’espère que vous ferez preuve d’autant de courage et de raison que les premières femmes en pantalon et leurs défenseurs pour diffuser ce texte. D’avance, merci.

    • > Des hommes prisonniers également de leur image
      10 juillet 2004 , par
        [retour au début des forums]

      Je viens de lire votre article qui concerne les hommes prisonniers de leur image en liaison avec celui des femmes.

      Aujourd’hui, nous revendiquons l’égalité des sexes pour tous et la liberté d’expression à tous les niveaux.

      Si nous regardons effectivement l’histoire de l’humanité sur 2500 ans et plus particulièrement, il y a moins de 300 ans en Europe, l’homme portait encore jupes tuniques ou kilt, et vêtements similaires.
      La période de l’industrialisation a gommé cet aspect vestimentaire qui tient d’une part à l’expression de l’ancien régime et d’autre part au coté pratique. En effet, comment aurions nous pu travailler en jupe dans des usines ou sur des chantiers ?
      Aujourd’hui, comme la femme l’a fait durant ce 20ème siècle pour revendiquer le port du pantalon, les hommes commencent à souhaiter à vouloir vivre pleinement dans un habit confortable et élégant, adapté à leur morphologie sans remettre en cause leur condition masculine et insérés dans une société de consommation toujours plus exigente.

      Durant ces 20 dernières années, la haute couture a essayé de lancer des modèles de jupes pour homme sans parvenir à un résultat qui soit à la hauteur des espérances du public en ce domaine.

      Savez vous par exemple que le kilt actuel bien que considéré comme le vêtement tradtionnel de l’Ecosse, n’est pas originaire de ce pays ?
       Tout d’abord, le terme "kilt" est un mot Danois qui désigne la jupe courte du guerrier (viking).
       Ensuite, cette jupe était portée en Gaule à partir du 3ème siècle Ap. J.C et qui est une évolution directe de la saie (blouse ouverte sur le devant portée comme vêtement unique dans le monde paysan) par le fait de l’influence romaine (il n’existait que 2 couleurs : blanc écru ou marron).
       Enfin le kilt a été recréé au début de la période industrielle par les Anglais pour remplacer le Plaid beaucoup encombrant. C’est de cette façon que le Peuple écossais a fourni une grande partie des ouvriers dans leurs industries.
       Seuls les tartans sont d’origine écossaise (les couleurs et les lignes qui déterminent l’identité des clans), mais à ce jour, il y a un doute de savoir si ce ne sont pas les sociétés de textiles britanniques qui n’en sont pas à l’origine.

      Pour ma part, j’ai 40 ans, marié, père de 3 enfants, d’origine à la fois Bretonne et Normande et j’exerce une profession juridique sur Paris. je porte le kilt 2 à 3 jours par semaine en ville, et jamais je n’ai été victime de mots, de railleries ou de réflexions négatives. Mais je constate une chose qui m’est agréable de faire remarquer à vos lecteurs.
       Les hommes en général sont trés impressionnés, pour ne pas dire intimidés face à d’autres qui sont en kilt. L’axe du màle dominant est mis à mal pour eux.
       les femmes sont quant à elles, trés admiratives me trouvent d’ailleurs trés masculin. certaines ont été jusqu’à me dire trés sérieusement que le kilt me va mieux qu’un pantalon.

      Ma conclusion serait de dire que nous portons le vêtement qui nous correspond le mieux le plus naturellement du monde.

      Jupe pour homme, ou pantalon pour femme, n’est ce pas la base même d’une société capable d’assimiler toutes les différences qui en réalité n’existent pas !

      Je pense que l’homme doit acquérir sa liberté vestimentaire par l’exemple et par attitude simple, juste et naturelle.

      A nous de voir et de savoir comment voulons nous vivre et faire évoluer la société !

      Philippe CHRISTIAN

      [Répondre à ce message]

    • > Des hommes en jupe
      19 novembre 2004 , par
        [retour au début des forums]

      100 d’accord avec les hommes en jupe mais je ne me vois pas faire ça dans une petite ville. A Paris oui.

      [Répondre à ce message]

    • > Des hommes prisonniers également de leur image
      19 novembre 2005 , par
        [retour au début des forums]

      il est si agréable d’être en jupe et où est le "mal" ?

      bien sûr, comme nous ne sommes pas très nombreux, on nous remarque...

      et alors ?

      [Répondre à ce message]

    • > Habillons nous autrement
      21 avril 2007 , par
        [retour au début des forums]

      J’ai maintenant 51 ans et il n’y a pas si longtemps que je porte jupe et bas nylons, mais j’ai aimé ce vêtement très jeune. Cela date de l’époque des classe de neige ou il était obligatoire d’avoir dans sa valise une paire de collant.

      Aujourd’hui, je prote jupe et collant chaque fois que j’en ai l’occasion (sauf devant mes enfants car je crains leur réaction). Je fais de longues balades dans cette tenue et je me sens bien. J’éprouve un sentiment de liberté et de bien être incomparable. J’espère que cela se vulgarisera un jour et que beaucoup d’hommes adopteront cette tenue.

      [Répondre à ce message]

      • >La jupe pour nous les HOMMES
        23 avril 2007 , par
          [retour au début des forums]

        J’ai 59 ans, marié, 3 enfants de 14 à 19 ans, je porte la jupe en permanence en famille, et parfois en ville et dans les centres commerciaux. J’aime porter la jupe pour son confort et son esthétisme, je suis bisexuel, je tiens à garder mon aspect masculin, je suis UN HOMME EN JUPE, actuellement l’intollérance et l’irrespect nous privent de cette liberté.
        Je pense qu’il faut un petit rien pour que les hommes osent et que leur compagne ou épouse s’y associent, que les médias en parlent favorablement, que les chanteurs en fassent de même.

        [Répondre à ce message]

        • La dévalorisation de la jupe, liée à la féminité
          23 avril 2007 , par
            [retour au début des forums]

          Les différentes interventions liées à l’article "La jupe qui entrave" montrent bien les résistances face à l’adoption par des personnes faisant partie d’une catégorie valorisée dans la société, les hommes en principe hétérosexuels, d’un accessoire lié à une catégorie dévalorisée dans la société, les femmes.

          Même si l’adoption du pantalon par les femmes a été accompagné de résistances il y a quelques décennies, cela ne pose plus problème.

          Alors, pourquoi l’adoption de la jupe par des hommes serait-elle problèmatique ? Parce que cela les fait "glisser" vers le féminin, dévalorisé, et met leur orientation hétérosexuelle en question.

          C’est un phénomène qu’on voit bien chez les enfants. Les filles, "garçons manqués" qui jouent aux voitures et grippent aux arbres sont acceptées. Par contre les garçcons qui s’adonneraient à une activité typiquement féminine comme jouer à la poupée ou faire du tricot sont stigmatisés par leurs pairs et certaines études le montrent, découragés par leurs parents de s’adonner à ces activités, en particulier par les pères.

          A l’adolescence les stéréotypes de genre se rigidifient et les filles se doivent d’être féminines, les "garçons manqués" sont moins admis. Par contre à l’âge adulte, les stéréotypes de genre s’assouplissent.

          [Répondre à ce message]

        • > La jupe pour nous les HOMMES
          23 avril 2007 , par
            [retour au début des forums]

          Une petie question : Comment as tu fait pour faire accepter la chose dans ta famille et par tes enfants, car pour moi, c’est là ou est le problème.

          [Répondre à ce message]

        • > La jupe pour nous les HOMMES
          28 septembre 2007 , par
            [retour au début des forums]

          Je suis bien d’accord avec ce qui est dit dans le message auquel je réponds. Je privilégie le port de la jupe aussi pour son confort et son esthétique. Fini, le temps des pantalons ou jeans informes que la société impose. Je travaille même en jupe à mon bureau et tout le monde s’accorde à dire qu’elle me va parfaitement. Que ce soit dans la rue, dans le métro ou au restaurant, je n’ai jamais de commentaires désagréables. Ce serait même le contraire ! Chassez les interdits qui sont dans votre tête et portez-la, cette jupe ! Vous verrez tomber le carcan de vos préjugés et vous goûterez enfin à l’ivresse de la liberté. Mais méfiez-vous : une fois la jupe portée, vous ne pourrez plus vous en passer et faire marche arrière ! J’en sais quelque chose !

          [Répondre à ce message]

    • Pensées du matin - Pas de chagrin.
      3 août 2007 , par
        [retour au début des forums]

      "Tomber du pied d’estal" est un bien joli mot. "S’estaler" n’est-il pas se mettre en vue, incontournablement, à la face du Monde ? Affirmer qu’on est là et qu’il faudra faire avec.
      Il y a Jerôme, Yoelo, Gaultier, quelques autres, à assumer le port de la jupe sans que ce soit une entrave. Les adeptes de HEJ. Des hommes qui réfléchissent par eux-mêmes. Et font tomber l’armure avec moult prétexte, celui de l’hygiène, de la santé, du bien être ou simplement du code de reconnaissance en société.
      Argumenter, toujours. Expliquer, s’expliquer, disserter, faire admettre. Lourd, pénible, long, laborieux. Ne suffirait-il pas de dire simplement qu’on se sent bien, sans avoir à le justifier ?
      Essayez, petits mecs, de vous fragiliser. De vous préparer au sarcasme, à la soumission, au viol, à tout ce qui est réservé secrètement par la gent "masculine" aux "faibles femmes".
      Un certain "Nicolapoléon Szarkouillu" aurait sans doute beaucoup à gagner s’il pouvait accepter d’entrouvrir une faille dans son blindage.... Et "blind" en anglais, ça veut dire "aveugle" non ?
      On trouve sur le net des sites où des messieurs font part sans façons de leur penchant pour les vêtements dits "féminins". Alors, la belle affaire ! Serais-ce parce que les dits féminins atours ont étés mieux pensés ? Partir des incontestables vérités. Dire que l’habit ne fait pas le moine, encore moins la conscience ni la moralité et que, dans les petits moments de la vie quotidienne, il n’y a rien de suspect à porter la jupe, le sari, la robe, le boubou, la djellabah, un bout de tissu pour se vêtir, un rien qui habille, embellit la personne et colle comme un gant à sa vérité.
      Mais notre société a besoin de repères, d’exemples, de guide suprême (j’ai eu de la peine à l’écrire au singulier celui-là...) pour savoir où chacun se situe.
      Le clan des toujours perdantes ? Celui des oppresseurs ?
      J’en ai marre d’être "un mec" nécessairement polyvalent, compétent, décisionnaire, réduit au schéma du comming out, las d’être catalogué par les femelles comme un simple porteur de couilles, un frappeur, un chef, une autorité supravaginale s’imposant à force d’assauts et d’intromissions de force en les intimités. Non !
      Le costume, il est vrai, est un révélateur de la conscience.
      Doux. Câlin. Attentif. Juste. ferme sur ses positions. Sans concession. Artisan des futurs. (Ce que les femmes sont dans ce bas monde. Ou point du tout, sauf à force de luttes, dans d’autres mondes où elles sont bafouées... Je ne te remercie pas, Mahomet !) Tout ceci ne serait donc pas accessible, interdit, proscrit, radicalement exclu de la conscience des "Hommes" ?
      Traverser le miroir. Passer outre le tain qui nous renvoit l’image. Etre nous mêmes avec le pain qu’on pétrit et partage. Le dire et le devoir en complète harmonie avec - et non pas contre - celle que l’on chérit. Le complément ultime de ce dialogue insigne.

      Andrew.

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