Conférence de M me Florence Montreynaud, écrivaine française et fondatrice de plusieurs mouvements féministes tels que les Chiennes de garde (défendre des femmes insultées en public) et La Meute (contre la publicité sexiste), à l’occasion du colloque « 30 ans d’action, ça porte fruit ! », marquant le 30e anniversaire du Conseil du statut de la femme du
Québec, à Montréal, le 23 mai 2003.
Vous m’avez invitée à prendre la parole en tant qu’historienne et aussi en tant que féministe. Je vais développer des raisonnements fondés sur des faits vérifiables, mais je dirai parfois « nous », car je fais partie de l’objet étudié.
Le féminisme est un projet politique mixte porté par le rêve d’un monde où femmes et hommes seraient égaux en dignité et en droits, et où ces droits seraient appliqués. C’est une aspiration à un changement radical, fondée sur une exigence de respect de la dignité humaine.
Pour transformer ce monde, il importe de prendre d’abord conscience qu’il repose sur un système machiste de violences, d’inégalités et d’injustices s’exerçant principalement au détriment des filles et des femmes, même si des garçons et des hommes en sont eux aussi victimes, par exemple ceux qui ne sont pas conformes aux stéréotypes.
Le féminisme est le contraire d’une culture de résignation à l’ordre machiste établi, d’exaltation masochiste d’une souffrance rédemptrice, d’attente naïve que « les choses s’arrangent d’elles-mêmes », par la magie de l’évolution.
Il est une école de lucidité et d’exigence personnelle, une démarche volontaire, progressiste et solidaire. Il est aussi et depuis toujours une pratique non violente, ce qui est d’autant plus extraordinaire et admirable qu’il répond à un système parfois d’une extrême violence. S’il y a moins d’hommes que de femmes engagés dans le féminisme, c’est qu’il est plus difficile pour eux - et plus original - de s’élever contre un système fonctionnant apparemment à leur bénéfice.
Si le féminisme part le plus souvent d’une révolte individuelle, il veut aboutir, par une démarche collective, à une révolution au sens politique fort du mot : un bouleversement des fondements de violence et d’injustice sur lesquels repose notre monde.
Dans son principe, le féminisme ne peut être que révolutionnaire puisqu’il met en cause non seulement les mentalités, mais les structures
qui produisent l’oppression des femmes.
Je vais analyser les trois temps d’une dynamique féministe, à la fois individuelle et collective. Ils concernent autant le féminisme individuel que le féminisme dit d’État, dans les rares pays, dont le vôtre, où il a pignon sur rue et quel magnifique pignon au Québec que le Conseil du statut de la femme dont nous fêtons les 30 ans !
Je vous propose donc de réfléchir à trois notions : comprendre, agir, changer. Autrement dit, l’intelligence, le travail, le résultat de l’action, le moteur de l’ensemble restant le rêve d’un monde d’égalité, de justice et de paix.
Lire le document intégral en PDF sur le site du Conseil du statut de la femme.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 octobre 2003