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mardi 23 mars 2004 Aboutissement du parcours politique des Québécoises Françoise David veut créer un parti féministe
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Françoise David fera bientôt le saut en politique en créant un parti féministe, de gauche, écologiste, altermondialiste, pacifiste et anti-raciste dont un manifeste rendra l’orientation publique en mai 2004. Les médias ont annoncé récemment cette nouvelle qui se discutait depuis plusieurs mois au sein des milieux féministes.
Le nouveau groupe, dont font partie François Saillant, du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), et Yves Desgagnés du Front commun des assistés sociaux, a choisi provisoirement le nom Option citoyenne afin de refléter sa volonté "de travailler avec les gens pour définir ensemble le Québec dans lequel nous voulons vivre, tout en défendant notre valeur centrale qui est celle de la recherche du bien commun (1)". Ses membres proviennent de la mouvance sociale, des groupes féministes, communautaires et populaires. Le manifeste du groupe sera lancé plus tard ce printemps et Françoise David fera la tournée du Québec durant l’été pour en discuter avec la population, recruter des membres et les convier à une rencontre en automne. L’UFP et le Parti vert pourraient se joindre à ce parti, dont le nom sera à déterminer, pour créer un large courant de solidarité citoyenne. L’accent mis sur le féminisme du futur parti semble s’être déplacé en cours de route vers la notion plus floue de citoyenneté, l’objectif de Françoise David étant, selon Jean-Yves Desgagnés, de "ratisser très large, sortir des sentiers battus, des groupuscules et des petits partis" (2). À part la question nationale, dont F. David ne fait aucune mention, cette nouvelle formation semble avoir les mêmes objectifs que l’Union des forces progressistes (UFP). Certains, comme Pierre Mouterde de la revue À Babord, s’interrogent sur les conséquences d’une telle décision et voient déjà « poindre le spectre de la division et des vaines rivalités » ou parlent de culte de la personnalité (3). D’autres y voient au contraire un puissant facteur d’unité sous la direction d’une leader dont le charisme et l’art d’expliquer simplement les réalités les plus complexes ont déjà fait leurs preuves. Depuis longtemps, le mouvement des femmes au Québec souhaitait la création d’un parti féministe qui lui permettrait enfin de définir lui-même ses priorités et, dans l’éventualité d’un changement du mode de scrutin, de faire élire des candidates qui représenteraient les intérêts spécifiques des femmes. Un parti féministe serait certainement plus à même de défendre adéquatement les droits des femmes et de faire entendre leurs voix au sein de l’arène politique, où dominent presque exclusivement encore les priorités définies par des hommes pour des hommes. En outre, il obtiendrait l’appui d’une partie non négligeable de la population si on en croit un sondage SOM, paru le 8 mars 2001, qui révélait que 44% des personnes interrogées étaient favorables à l’idée d’un parti alternatif de gauche féministe. Un tel parti serait l’aboutissement logique du cheminement politique de plusieurs décennnies dont il est opportun de rappeler les grands moments. Les moments forts d’un cheminement politique Historiquement, les féministes québécoises ont toujours plus ou moins choisi de se tenir à l’extérieur de la sphère politique pour y faire pression sur les divers gouvernements. C’est en 1969, avec la naissance du Front de libération des femmes du Québec (FLFQ) que les femmes, dans la foulée du FLQ et des comités d’action politique (CAP) de l’époque, s’affirment dans le champ politique en se réclamant à la fois du féminisme, de l’indépendance et du socialisme. Pour ces militantes, sans l’élimination du patriarcat, "oppression première" où prennent racine tous les rapports d’inégalité et de domination, aucune autre forme de libération nationale ou sociale ne pourra être menée à bien. Le Centre des femmes succède en 1972 au FLFQ et publie la revue Québécoises deboutte ! qui titre en première page son célèbre slogan : "Pas d’indépendance du Québec sans libération des femmes ! Pas de libération des femmes sans libération du Québec !" auquel il ajoutera plus tard : "Pas de libérations des travailleurs sans libération des femmes !". En 1976, le Parti québécois prend le pouvoir dans l’allégresse générale et les féministes mettent toute leur énergie à faire aboutir leurs revendications avec un succès mitigé. On se rappelle la fin de non recevoir donnée par René Lévesque aux revendications en faveur de l’avortement libre et gratuit. Ce n’était que le début de nombreuses rebuffades subies notamment par les Payette, Marois, Harel, au cours de leur carrière. Combien de fois les femmes n’ont-elles pas souhaité leur démission en guise de protestation face au rejet de leurs demandes les plus élémentaires ? Féminisme et question nationale Lors de la campagne référendaire de 1980, il a fallu l’affaire des "Yvettes" pour qu’à la dernière minute le mouvement féministe prenne position pour le OUI. Après la victoire du NON, La vie en rose concluait : "Accaparées par tant d’autres luttes et agacées par un certain nationalisme borné, nous avons abandonné au gouvernement la "question nationale", oubliant que nous avions, là aussi, énormément d’intérêts à défendre" (4). D’autre part, le Regroupement des femmes québécoises (RFQ), fondé en 1976, pour lutter contre l’inertie du gouvernement face à la situation des femmes, recommande à ses membres d’inscrire "femme" sur leurs bulletins de vote afin d’exercer véritablement leur pouvoir politique. "Nous voulons l’indépendance, mais nous voulons qu’elle se fasse avec nous et pour nous aussi". Dans l’ensemble, les femmes ont voté OUI sans se faire d’illusions sur la volonté du PQ de transformer radicalement leur situation. Quinze ans plus tard, lors du référendum de 1995, la Fédération des femmes du Québec (FFQ), après avoir consulté ses membres, s’est prononcée pour l’indépendance comme l’avaient fait la plupart des groupes de femmes devant les Commissions régionales sur l’avenir du Québec. Cette expérience unique de démocratie directe a été une grande réussite. Plus de 50 000 personnes y ont participé à travers le Québec, 4 600 mémoires y ont été présentés dont 2 300 devant les commissaires qui ont loué à plusieurs reprises leur haut niveau de préparation et de réflexion. À Montréal, les femmes ont déposé, à titre individuel ou au nom d’un groupe, environ 20 % des mémoires. Au cours de ce formidable exercice d’éducation populaire, chaque personne ou groupe est parti de sa propre expérience et des besoins de son milieu pour parler d’égalité de fait entre les hommes et les femmes, de répartition équitable de l’emploi et de la richesse collective, de gratuité de l’éducation et des soins de santé, de protection de l’environnement, de laïcité des institutions, d’abolition de l’armée, de décentralisation en s’appuyant sur l’expertise des groupes communautaires en régions, de reconnaissance d’autres formes de travail que le travail salarié et de la solidarité sociale comme valeur essentielle. Lors de son dernier rassemblement en novembre 2003, le mouvement D’abord solidaires se demandait si le féminisme était porteur d’un projet politique rassembleur pour les Québécoises et les Québécois. La réponse ne fait aucun doute. Qu’on pense au Forum Pour un Québec féminin pluriel en 1991 (5), à la Marche du pain et des roses en 1995 et à la Marche mondiale des femmes de l’an 2000 (6), pour ne nommer que ces trois moments forts, les féministes n’ont jamais cessé de définir les bases d’un projet de société où hommes et femmes pourraient vivre libres, égaux, solidaires et en paix dans le respect de l’environnement. Une mouvance de gauche effervescente Depuis la fondation de ce parti en 2002, plusieurs femmes ont choisi de s’engager dans L’Union des forces progressistes (UFP), dont la plateforme, de gauche et indépendantiste, reprend les principales revendications féministes concernant la lutte contre la pauvreté, la violence et la discrimination sexuelle (7). Cependant, en dépit du militantisme de ses membres et d’un fort courant de sympathie à son égard dans la population, l’UFP n’a pu recueillir que 1.06 % des voix lors des dernières élections. Devant ce constat et la conviction que le gouvernement Charest n’a aucune intention d’adopter, comme il s’y était engagé, une forme de proportionnelle qui permettrait la représentation des petits partis, Pierre Dubuc, directeur de l’aut’journal, proposait récemment l’entrée massive des syndicalistes et des progressistes dans le PQ (8). Leur objectif serait d’y constituer une tendance forte et active, capable de renverser le parti libéral, de faire élire ses candidat-es et de réaliser l’indépendance en lui insufflant une orientation de gauche sur la base d’un projet de société conforme aux aspirations populaires. Après une série de débats publics sur cette proposition, la coalition des Syndicalistes et progressistes pour un Québec Libre (SPQ) est formée le 23 février. D’entrée de jeu, sa porte-parole, Monique Richard, accuse le PQ d’être « trop rigide avec le monde syndical et de manquer d’engagement envers les femmes et les régions » (9). On retrouve notamment à ses côtés l’ancienne présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Vivian Barbot, et des militants syndicalistes connus comme Marc Laviolette, Luc Desnoyers et Robert Dean. Le SPQ Libre déclare que ses priorités sont de battre les libéraux et de remettre le PQ sur les rails de l’indépendance et de la justice sociale. Pour Paul Cliche de l’UFP, le groupe a du pain sur la planche. Il devra convaincre le Parti québécois de lutter pour l’adoption du mode de scrutin proportionnel avant les prochaines élections et de renoncer à l’option néolibérale dont Bernard Landry a été un des pionniers au Québec et même au Canada. Reste aussi à voir quelle place on donnera aux revendications des femmes dans un tel regroupement et l’écho qu’elles rencontreront au sein du PQ. On a vu si souvent les députées et ministres péquistes marcher sur les aspirations légitimes des femmes, au nom de la ligne de parti, pour se faire trop d’illusions sur ce qu’il est possible de réaliser, tant pour la gauche que pour les féministes, à l’intérieur de ce parti. Quant à l’entrisme dans le PQ, en vue de le transformer, il y a eu maintes tentatives individuelles ou collectives, une des plus concluantes ayant été celle du sabordage du RIN afin de réaliser l’unité des forces indépendantistes avec le résultat que l’on connaît. Pour le moment, la principale tendance au sein du mouvement des femmes reste toujours l’engagement dans des groupes de pression à l’extérieur des partis politiques envers qui la méfiance n’a jamais été aussi élevée. Créé en 2003, pour contrecarrer la montée de la droite et défendre la notion de "bien commun", le mouvement D’abord solidaires est représentatif de cette tendance et bénéficie de l’appui d’un grand nombre de femmes. Il cherche à favoriser la création d’un nouvel espace politique, caractérisé, comme l’écrit Diane Lamoureux, par « l’implication politique sur une base individuelle, sans référence à un statut social ou à une identité sociale, mais sur une base clairement citoyenne » (10). On forme ainsi des coalitions non pas en fonction de solidarités identitaires (sexe, classe ethnie), mais d’un objectif commun ponctuel à atteindre, par exemple la réplique aux politiques néolibérales du gouvernement Charest. Ce courant voit dans toute lutte identitaire un facteur d’exclusion et un combat manichéen voué à l’échec, alors qu’on pourrait penser qu’il est plutôt primordial d’opposer la souveraineté des peuples et l’intégrité de la personne au nivellement et à la marchandisation interchangeable du vivant, dont le trafic sexuel mondial des femmes et des enfants est la plus révoltante illustration. À l’heure actuelle, le mouvement de gauche apparaît donc plus fragmenté que jamais et il faudra attendre en mai pour voir si on verra enfin l’émergence d’un parti politique véritablement centré sur les revendications féministes. Féminisme et démocratie Quelle que soit l’option politique retenue, tout le monde s’entend toutefois sur la nécessité pour les femmes de se donner les moyens d’influer sur leur destin collectif. Un de ces moyens est celui que cherche à promouvoir, depuis sa fondation en 2002, le Collectif féminisme et démocratie (11), en réclamant l’adoption du mode de scrutin proportionnel et d’une représentation égalitaire des femmes et des hommes en politique. L’histoire montre que les intérêts des femmes sont le mieux défendus dans les pays où règnent de telles conditions. Le scrutin proportionnel a permis aux femmes des pays scandinaves d’obtenir un pourcentage de représentation d’environ 40%. Il consiste à donner à un parti le nombre de sièges correspondant au nombre de votes recueilli (20 % de votes=20 sièges) et d’exiger éventuellement de chaque parti qu’il présente un nombre égal de candidates et de candidats. À cet égard, l’Islande est un exemple éloquent d’un pays où un parti féministe, l’Alliance des femmes, a réussi après cinq ans à détenir 10% des sièges au Parlement. Mais le plus important pour ces militantes n’était pas tant le pouvoir en soi, qu’avoir la chance de porter au sein de l’institution politique des valeurs et des priorités différentes. De changer les règles du jeu afin de permettre à un plus grand nombre de femmes de s’y engager à leur tour. Unique en son genre, l’Alliance des femmes ne possède pas de structures hiérarchiques, procède par roulement des responsabilités et en étroite collaboration avec les comités de femmes qui ont une expertise sur les projets de lois à l’étude. Les membres se répartissent la représentation publique afin d’alléger leurs tâches, répartir les pouvoirs et éviter de devenir des politiciennes professionnelles. C’est en fonction des femmes qu’elles élaborent leurs propres règles et chambardent allègrement l’antre du patriarcat en y installant des garderies et des horaires flexibles afin d’être en mesure d’accomplir leurs tâches sans se couper de leur famille et de leur milieu (12). Le plafond de verre Après les dernières quarante années de luttes féministes, force est de constater que la représentation des femmes, à tous les paliers de pouvoir, arrive rarement à dépasser « le plafond de verre » de 20 % et à rejoindre la fameuse masse critique d’environ 35 % qui leur permettrait d’influer sur les décisions. En vérité, il n’y aura pas de démocratie réelle tant que ne sera pas reconnue la dualité du genre humain par la représentation paritaire des hommes et des femmes dans toutes les institutions élues. Combien de temps les femmes se contenteront-elles de voter et de laisser les hommes faire les lois qui affectent toute leur vie ? Une des erreurs les plus constantes concernant la représentation paritaire des femmes consiste à prétendre qu’elles sont une minorité ou une catégorie, comme les jeunes, les aînés, les groupes ethno-culturels, alors qu’elles sont l’une des deux composantes essentielles de l’humanité et qu’elles sont présentes dans toutes les catégories. Avec, jusqu’à ce jour, un même handicap politique que ne cesse de leur imposer un système fait par et pour les hommes. Comme le disait si justement le Comité canadien d’action sur le statut de la femme : « Les groupes de femmes ne sont pas des ’groupes d’intérêts’. Les intérêts de 52% de la population ne sont pas des intérêts spécialisés, mais des intérêts publics (13). » En dépit de tous les progrès réalisés par les femmes, on estime toujours que 86 % du pouvoir dans le monde est entre les mains des hommes. Prétendre que les femmes n’ont qu’à se présenter pour changer cet état de choses, c’est nier la différence sexuelle et la discrimination exercée par les hommes envers les femmes. Elles n’ont en général ni argent, ni réseaux puissants, ni la socialisation qui leur rendrait, comme aux hommes, le pouvoir désirable. Elles ne voient pas comment elles pourraient concilier l’activité politique et leur vie privée sans sacrifier cette dernière. Elles ne peuvent en général compter, comme leurs confrères, sur un conjoint qui assure la continuité familiale, la chaleur affective et l’harmonie. Pour être assez nombreuses à l’Assemblée nationale, il faut d’abord changer la carte électorale et le mode de scrutin. Pour abolir des privilèges et des rapports de force incrustés depuis des siècles, il faut des lois. Par exemple, les féministes ont régulièrement suggéré de diminuer de moitié le nombre de circonscriptions et d’obliger les partis à présenter un candidat et une candidate dans chaque circonscription. Du pareil au même ? La création de vastes coalitions porteuses d’intérêts divers (souvent incompatibles) peut-elle remplacer l’engagement politique féministe visant l’abolition des valeurs patriarcales et la réalisation d’un projet alternatif de société ? De telles coalitions, vouées au réformisme et aux compromis afin de sauvegarder leur unité, sont-elles le meilleur instrument pour affronter les tenants du nouvel ordre mondial et leur idéologie du fatalisme économique ? Il ne s’agit pas simplement d’augmenter le nombre de femmes dans les instances politiques mais d’y faire élire des féministes, résolues à remettre en question les valeurs patriarcales en étroite collaboration avec les groupes de femmes qui militent sur le terrain et envers qui elles se reconnaissent une imputabilité. Des féministes qui réclameront l’inscription du droit à la représentation paritaire des femmes dans la Constitution du Québec. Personne ne peut nier l’amélioration relative de la condition des femmes au Québec mais, n’est-il pas contraire à la réalité de prétendre, comme certains le font, que le féminisme est dépassé, quand l’appropriation des femmes et des enfants par les hommes continue à aller de soi ? Quand persistent la division du travail selon le sexe, joliment nommée complémentarité, et les doubles standards dans tous les domaines ? Quand la pauvreté des femmes et la violence à leur égard sont en nette augmentation ? Quand on entretient toujours les stéréotypes sexuels qui, dès le berceau, conditionnent à des rapports de pouvoir et de soumission selon que le hasard nous a fait naître du sexe masculin ou féminin ? La lutte contre l’oppression spécifique des femmes est plus que jamais justifiée et devrait se mener tant dans le champ politique proprement dit que sur le terrain social, en multipliant les pratiques alternatives et les réseaux de solidarité qui échappent à la récupération institutionnelle. En ce qui concerne le Québec, l’histoire montre que "les féministes ne peuvent faire l’économie de l’indépendance"(14). Elles ne peuvent être indifférentes au fait d’avoir vécu et déployé leur vision du monde en ce lieu culturel précis et non dans une entité universelle abstraite. Qu’on le veuille ou non, cette donne initiale constitue une part non négligeable de notre identité, de notre mémoire, de notre authenticité, de notre histoire. Tout le monde est à même aujourd’hui de constater les conséquences désastreuses de mauvais choix politiques. L’expérience montre que tous les régimes politiques ne sont pas égaux face aux femmes et que ceux de droite cherchent, à travers la religion et des lois réactionnaires, à leur retirer des acquis arrachés de haute lutte. Pour les féministes, le plus grand défi politique à l’heure actuelle consiste sans doute dans leur capacité d’articuler leur lutte contre les rapports sexuels de domination à l’ensemble des luttes contre l’injustice sociale et la dépendance nationale. Quand on sait la force, le courage, la détermination dont les femmes sont capables, on ne peut s’empêcher de rêver ! Notes 1. Option citoyenne, Bulletin, Vol. 1, no. 1, 26 février, 2004. Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 mars 2004 Suggestions de Sisyphe Lucille Beaudry, Département de science politique, Université du Québec à Montréal, et Robert Comeau, |