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vendredi 10 septembre 2004 Manifestations contre l’introduction d’un tribunal islamique en Ontario
Des femmes, pour la plupart d’origine musulmane, ont protesté hier à Vancouver, Toronto, Ottawa, Calgary et Montréal, et même devant quelques ambassades canadiennes en Europe, pour s’opposer à l’introduction en Ontario d’un tribunal islamique basé sur la charia. L’ancienne ministre de la Condition féminine de l’Ontario, Marion Boyd, doit déposer la semaine prochaine un rapport qui tranchera sur la légitimité d’une loi de 1990 permettant la mise sur pied de tribunaux d’arbitrage basés sur des principes religieux. De tels tribunaux existent déjà dans la communauté juive, et un groupe de musulmans attend les conclusions du rapport Boyd pour faire de même. À Montréal, une quinzaine de femmes de l’Association des femmes iraniennes de Montréal ont participé à une vigile, hier midi, pour sensibiliser passants et médias à cet enjeu. « On s’est battues, dans les pays gouvernés par des islamistes, contre ces lois. Je ne veux pas qu’elles nous poursuivent à 12 000 kilomètres de là », s’insurge la présidente de l’association, Elahé Machouf. Elle craint que des femmes ne connaissant pas la langue et la culture du pays d’accueil se « laissent intimider par ce genre de tribunal ». Elle souligne, par exemple, qu’en vertu de la charia la garde des enfants est automatiquement accordée au père en cas de divorce et que la distribution de l’héritage avantage les garçons, au détriment des filles. L’application de la charia constituerait, aux yeux de Mme Machouf, un recul important pour les droits des femmes, qui ont connu de grandes avancées depuis 30 ans. « Si cela commence en Ontario, cela n’aura plus de fin, certains vont le revendiquer au Québec », tonne-t-elle. La médiation à la manière islamique Le président du Conseil musulman de Montréal, Salam Elminyawi, a d’ailleurs récemment mandaté des avocats pour étudier la possibilité d’instaurer un système de médiation basé sur les principes islamiques au Québec. « La médiation respecterait le cadre juridique qui s’applique au Québec. Si la décision n’est pas contestée devant les tribunaux québécois, elle deviendrait exécutoire », signale M. Elminyawi, tout en reconnaissant que la revendication est encore à l’état embryonnaire. Il pense que les opposantes au projet ontarien ne « savent pas de quoi elles parlent » et soutient par exemple que les règles en matière de garde d’enfant se sont assouplies au fil des âges. Les tribunaux islamiques auraient, selon lui, comme principal avantage de rendre possibles des divorces religieux, permettant ainsi à une « bonne musulmane de se remarier religieusement ». Dans d’autres cas, les arbitres islamiques pourraient allouer des pensions aux femmes divorcées, généralement peu enclines à porter leur cause devant la justice civile. Le religieux explique que plusieurs imams font déjà de la médiation et qu’il serait avantageux de mieux l’encadrer. « Avec un système de médiation formel, cela ne pourrait plus se faire dans des pièces sombres par des gens qui n’ont parfois ni la compétence ni l’expérience pour rendre de telles décisions », fait-il valoir. Clairandrée Cauchy, journaliste – Source : Clairandrée Cauchy, Le Devoir, jeudi le 9 septembre 2004. Merci à l’auteure pour l’autorisation de reproduire.
– Voir également : Élaine Audet,La résistance aux tribunaux islamiques s’organise au Canada. Mounia Chadi, Questions Quelqu’une peut-elle me dire pourquoi un communiqué (de la FFQ) sur cette manif a été diffusé in extremis - la manif était presque terminée ? Était-ce la volonté de l’Association des femmes iraniennes de ne pas faire appel à l’ensemble de la communauté féministe ? Si l’information sur cette manif avait circulé comme c’est le cas , par exemple, pour les manifs organisés contre le gouvernement Charest, n’y aurait-il pas dû y avoir plus d’une quinzaine de femmes à une vigile, le 8 septembre à Montréal ? La FFQ était-elle présente à cet événement ? L’article du Devoir n’en fait pas mention. À mon avis, la menace fondamentaliste islamique est RÉELLE, au Canada comme ailleurs, et il faudrait peut-être manifester fermement et visiblement notre solidarité avec les femmes musulmanes d’ici, avant de nous retrouver devant un fait accompli, c’est-à-dire des tribunaux qui appliqueront la charia. Cela aurait des conséquences non seulement pour non concitoyennes musulmanes mais pour l’ensemble des femmes et de la société québécoise et canadienne. Sisyphe VOIR EN LIGNE : Le Devoir Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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> Manifestations contre l’introduction d’un tribunal islamique en Ontario 20 septembre 2004, par arcenciel |
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