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samedi 12 mars 2005 Fin du procès de Sophie Chiasson contre Jeff Fillion - Le verdict d’ici 30 jours - Appui massif à Sophie Chiasson
Mise à jour du 11 avril 2005 Le juge a rendu sa décision Sophie Chiasson gagne sa cause : « Le tort causé est très grave, presque irréparable », dit le juge. Jeudi, le 17 mars 2005. Jean-François Fillion a quitté CHOI-FM ce matin. Voir la nouvelle de Radio-Canada. Le procès de Jeff Fillion, l’animateur de la station radiophonique CHOI-FM poursuivi pour diffamation par la présentatrice de la météo Sophie Chiasson, s’est terminé vendredi, le 11 mars dernier, et le juge rendra son verdict d’ici 30 jours. L’avocat de Mme Chiasson a demandé au juge d’imposer des dédommagements exemplaires pour dissuader CHOI-FM d’agir comme il l’a fait et pour ne pas « banaliser » la diffamation. De son côté, l’avocat de Jeff Fillion a demandé au juge de ne pas se laisser influencer par le tollé populaire et la couverture que les médias ont fait du procès. Il est ironique d’entendre l’avocat d’un homme qui abuse d’un médium, pour attaquer la réputation d’autrui, reprocher aux médias de faire grand cas de ce procès et demander au juge - quelle prétention ! - de « se placer au-dessus de la mêlée ». L’avocat de Fillion a prétendu que Sophie Chiasson avait organisé un « gros spectacle » avec les médias pour faire « gonfler » sa réclamation. Me René Dion a affirmé que la somme réclamée par la plaignante - plus de 800 000$ - est excessive et n’a pas de précédent dans les tribunaux du Québec. « Des fois, ça peut changer », a lancé le juge Alain à Me Dion. C’est la première fois qu’une poursuite contre CHOI-FM se rend jusqu’à un procès en bonne et due forme, les poursuites précédentes ayant fait l’objet d’une entente à l’amiable. L’animateur Jeff Fillion a ridiculisé en ondes, à plusieurs reprises, la présentatrice de la météo et il « a laissé entendre [qu’elle] avait fait des fellations pour décrocher un emploi ». En plus d’avoir à subir les attaques de Fillion sur la place publique, la plaignante a dû subir le procès de son comportement sexuel en cour. L’avocat de Fillion lui a notamment demandé : « A-t-elle montré ses seins lors d’un party à l’université ? Ses chums, de quelle date à quelle date ? Est-ce qu’elle a des relations exclusives ? A-t-elle déjà trompé son chum ? Etc. » Dans une entrevue accordée à Pierre Maisonneuve, le 8 mars, le juge à la retraite et avocat Bernard Grenier a justifié cet interrogatoire sur la vie privée par le fait que la plaignante poursuivait l’animateur pour diffamation et qu’elle devait démontrer qu’il y avait bien diffamation. Ce n’est donc pas à l’accusateur des ondes à démontrer la véracité de ses propos mais à la personne attaquée de prouver qu’ils sont faux. Supposons même que la présentatrice ait eu deux douzaines d’amants, en quoi sa vie sexuelle concerne-t-elle l’auditoire de Jeff Fillion ? Je ne crois pas que les hommes subissent de tel interrogatoire sur leur comportement sexuel et, de toute façon, quel que soit le comportement sexuel d’un homme, il est jugé acceptable. On n’a qu’à se rappeler le sort des victimes de la prostitution juvénile à Québec dont certaines se sont retrouvées dans la position d’accusées. Un prostitueur, vedette des ondes, et condamné dans ce procès avait même voulu poursuivre l’une d’entre elles. Et il faudrait ensuite croire à la justice ? Micheline Carrier Sources : « Le Devoir », 12 et 13 mars 2005 (article accessible aux abonné-es seulement) Démission de Fillion L’information que diffusait les médias la semaine dernière semble confirmée : Fillion quittera son poste dans quelques semaines. Tant mieux ! Espérons que CHOI-FM ne le remplacera pas par un de ses semblables qui animera le même genre d’émission. Au XXIe siècle, on devrait avoir un peu plus évolué. Mis à jour du 16 mars 2005. COMMUNIQUÉ Des femmes charlevoisiennes soutiennent Sophie Chiasson. La Malbaie, 8 mars 2005 – En cette journée du 8 mars, plus d’une soixantaine de femmes occupant ou ayant occupé des postes clés en Charlevoix viennent appuyer Sophie Chiasson qui poursuit pour diffamation la station CHOI et son animateur, Jean-François Fillion. Au nom des signataires de ce communiqué d’appui, Diane Mailloux, du Centre femmes de Charlevoix a tenu à souligner le grand courage de Sophie Chiasson. « En devenant une des seules personnes à tenir tête à la machine de GENEX Communications et de CHOI, Sophie Chiasson démontre une force de caractère peu commune et devient un modèle pour les femmes du Québec. Nous espérons que l’exemple qu’elle nous fournit convaincra la population féminine de l’importance d’aller au bout des combats qui sont menés dans la société québécoise pour le respect, l’égalité et l’émancipation des femmes ». Les femmes déplorent le comportement de certains animateurs de Genex Communications qui, au nom de la liberté d’expression, tiennent des propos gratuits et dégradants, particulièrement à l’égard des femmes. « La liberté des uns se termine là où commence celle des autres », ont-elles tenu à rappeler. Elles dénoncent également les agissements des avocats de Genex Communications et de Jean-François Fillion. Ceux-ci semblent mener à l’endroit de madame Chiasson un contre-interrogatoire vicieux qui viole le droit à la protection de sa vie privée, tentant ainsi de victimiser Fillion et ses acolytes et surtout de décourager d’autres personnes à imiter le geste courageux de Sophie Chiasson. « Un tel comportement est indigne », ont-elles ajouté. Les femmes signataires sont Jacynthe B.Simard, Nancy Beauseigle, Louise Belley, Micheline Bergeron, Nicole Bergeron, Lucie Bérubé, Francine Bhérer, Stéphanie Boivin, Ann Bouchard, Annie Bouchard-L., Claudia Bouchard, Geneviève Bouchard, Lise Boulianne, Suzie Boulianne, Ginette Coté, Claudia Couture, Anne Carré, Aline Chiasson, Karina Diaz, Carole Dufour, Chantale Dufour, Hélène Dufour, Jacynthe Dufour, Pakret Dufour, Paulette Duchesne, Yvonne Duchesne, Irma Émond, Claudine Fortin, Isabelle Fortin, Johanne Gagnon, Sylvie Germain, Louise Girard, Lyne Girard, Nathalie Girard, Nathalie Girard-Murray, Yolande Girard, Mélanie Gourde, Danie Harvey, Diane Harvey, Kathy Harvey, Angela Lavoie, Rosanne Lavoie, Kathy Maltais, Lyne Maltais, Josée Marcil, Isabelle Martineau, Diane Mailloux, Chantal Murray, Ginette Paradis, Nicole Paré, France Pedneault, Monique Saint-Gelais, Hélène Savard, Régine Savard, Annie Simard, Christine Simard, Danièle Tremblay, Diane Tremblay, Guylaine Tremblay, Isabelle-Michèle Tremblay, Julie Tremblay, Marie-Josée Tremblay, Nathalie Tremblay, Sonia Tremblay, Lilianne Valiquette, Suzie Verreault Jocelyne Martineau, Isabelle Lefebvre. Elles invitent les autres collectifs et regroupements de femmes partout au Québec à manifester eux aussi leur appui à Sophie Chiasson. Sources : Diane Mailloux, Centre Femmes de Charlevoix, (418) 435-5752 – Pour soutenir cette position d’appui à Sophie Chiasson, écrivez un courriel au Centre des femmes de Charlevoix qui est en contact avec ses avocats : cdfdc@charlevoix.net. On peut aussi téléphoner au (418) 435-5752. Pour plus d’information sur le procès en cours : – « Sophie Chiasson témoigne », Radio-Canada, le 7 mars 2005.
DÉCLARATION COMMUNE EN APPUI À MADAME SOPHIE CHIASSON REGROUPEMENT DES GROUPES DE FEMMES DE LA RÉGION 03 (PORTNEUF-QUÉBEC-CHARLEVOIX) En cette semaine de la Journée internationale des femmes, nous, soussignées, exprimons notre appui à la démarche de Mme Sophie Chiasson pour faire respecter son droit à la dignité, droit mis à mal par une station de radio de la région de Québec. Nous condamnons les propos inutilement blessants tenus sur les ondes de cette radio qui attaque une femme, propos qui, en raison de leur caractère misogyne et sexiste, rejoignent toutes les femmes. Les remarques dégradantes sur le corps, notamment, sont des façons de les réduire à l’état d’objet. Ces attitudes générales de non respect à l’égard des femmes suscitent l’intolérance et engendrent la Nous soutenons Madame Chiasson pour son courage et sa ténacité à faire respecter sa réputation. Tout comme elle, nous voulons vivre dans une société respectueuse du droit des femmes à la dignité et exempte de violence. Nous dénonçons par ailleurs l’attitude revancharde de la station de radio à l’endroit de personnes qui osent exprimer leur désaccord aux propos malveillants tenus sur ces ondes. 11 mars 2005. COMMUNIQUÉ La Fédération des femmes du Québec réitère son appui à Mme Chiasson Montréal, 11 mars 2005 - La Fédération des femmes du Québec (FFQ) réitère Nous condamnons les propos dégradants et méprisants qui ont été publiquement Source : Michèle Asselin, présidente de la FFQ Appui à madame Sophie Chiasson ! L’R des centres de femmes du Québec regroupe 98 centres de femmes qui sont implantés dans toutes les régions du Québec. Les femmes qui fréquentent les centres y trouvent accueil, écoute et entraide, elles participent à des ateliers de formation, des actions citoyennes ainsi qu’à la défense de leur droits. Madame Sophie Chiasson passe un mauvais quart d’heure en ce moment et finalement depuis un sale temps. Depuis qu’un animateur radio de la ville de Québec est sur « son » cas, madame Chiasson doit éprouver toutes sortes d’émotions et peut-être même un traumatisme important. Pour les centres de femmes du Québec, il ne fait aucun doute qu’elle est victime de violence verbale et psychologique. Nous voulons encourager et appuyer la démarche de Madame Chiasson. Celle-ci se tient debout avec un courage que nous devons souligner. Elle incarne aujourd’hui les luttes menées par des milliers de femmes au quotidien, dans les centres de femmes et les autres groupes féministes luttant contre la violence faite aux femmes. Sa démarche est aussi celle de centaines de milliers de femmes qui individuellement ou avec l’aide des groupes locaux de femmes, réussissent à se sortir d’une situation de violence vécue à la maison, au travail ou dans toutes autres sphères de leur vie. Madame Chiasson, nous vous saluons et sommes à vos côtés dans la recherche du respect de vos droits reconnus dans la Charte des droits de la personne du Québec. Nous faisons référence ici, à l’article 1 : « Droit à la vie, à la sûreté, à la l’intégrité et à la liberté de sa personne » ; à l’article 4 : « Droit à la dignité, à l’honneur et à la réputation » ainsi qu’à l’article 9.1 : « Exercice des droits et libertés dans le respect des valeurs démocratiques, de l’ordre public et du bien-être général » . Nous nous sommes demandé quel moyen pourrait être le plus efficace pour démontrer publiquement notre soutien à Madame Chiasson. Est-ce de boycotter la station CHOI FM ? À ce que nous disent les femmes de Québec, CHOI FM ne compterait pas beaucoup de femmes au nombre de ses auditeurs. On peut le croire, lorsqu’on se souvient des manifestations pour la « liberté d’expression » dans les rues de Québec. Sur les photos publiées dans les journaux et les images diffusées à la télévision, il y avait bien peu de femmes. Donc, les femmes boycotteraient déjà CHOI FM. Cette action n’a pas l’air de faire trop mal à Jean-François Fillion, à CHOI et à son propriétaire. Alors, quels autres moyens seraient à notre portée, à tous et à toutes, pour appuyer Madame Chiasoon dans sa lutte et ainsi participer à dénoncer l’atteinte flagrante aux droits de la personne dont elle et plusieurs autres femmes sont victimes sur ces ondes ? Un appel au congédiement de l’animateur ? Une plainte et une réclamation de fermeture de la station au CRTC pour non-respect des conditions que le CRTC a lui-même imposées à GENEX, le proprio de la station CHOI FM ? Un boycott des produits annoncés sur les ondes de cette station ? Par exemple, en refusant d’acheter dans les commerces qui annoncent sur cette station de radio ? Si nous sortions des magasins, des restos, des bars, des taxis, des autobus (même le transport en commun et scolaire ne sont pas épargnés, paraît-il) qui refusent, après notre demande polie, de syntoniser une autre station de radio ? Ces commerçants persisteraient-ils toujours à infliger à leurs clientes et à leurs clients des propos offensants et méprisants pour madame Chiasson et toutes les femmes ? Et qu’en est-il du Procureur général du Québec ? N’y a-t-il pas un article concernant le harcèlement dans le code criminel ? « Jeff Fillion continue d’être en ondes et à lancer son venin à tous les jours » comme le dit une dame fréquentant un centre des femmes qui nous a téléphoné pour partager son indignation. « … À tous les jours », le Procureur général du Québec ne juge-t-il pas que c’est un cas de harcèlement criminel ? Qu’en est-il des hommes qui ne se reconnaissent pas dans les propos lancés par cet animateur ? L’R les espère aussi nombreux à dénoncer les torts faits aux femmes et à madame Chiasson qu’ils étaient dans la rue pour manifester contre la fermeture de la station. Jusqu’à présent, il y en a qui n’ont pas manqué l’occasion de se dissocier de ces « protagonistes » et nous les en félicitons, mais pour nous une question demeure : sont-ils les seuls à espérer que pareil traitement soit épargné à leurs filles, leurs conjointes, leurs sœurs, leurs mères ? Qu’en est-il de Mario Dumont ? N’est-il pas temps pour lui de retirer publiquement son appui à la station de radio ? Ou bien attend-il les prochaines élections pour se le faire rappeler par les femmes du Québec ? Malgré bien des gains faits au cours des dernières années, les femmes ne sont toujours pas protégées de plusieurs formes de violences tant au niveau privé que public. Sinon, comment expliquer qu’en 2005 il soit possible d’infliger sur les ondes radiophoniques ces propos humiliants et méprisants à l’endroit des femmes ? En 2005, après toutes ces luttes féministes, toutes ces années, on attaque encore une femme sur sa réputation parce qu’elle aurait pris un verre de trop ? Est-ce qu’on assiste aujourd’hui à une chasse aux sorcières, comme le dit Marie Plourde dans son article du 10 mars ? Est-ce que ce n’est pas adhérer à une convention patriarcale que d’affirmer que madame Chiasson n’aurait pas bonne réputation parce qu’un jour, elle a posé tel ou tel autre acte qui ne concerne en rien sa vie professionnelle ? On ne parle pas ici d’acte criminel ou d’acte portant atteinte à autrui. N’est-ce pas un recul sociétal important que nous imposent les représentants juridiques de l’animateur et de la station en question ? Plusieurs pensaient pourvoir affirmer qu’en 2005, les femmes et les hommes sont égaux, qu’il n’y a pas deux poids, deux mesures en ce qui concerne le droit de faire, de dire et d’être. La preuve reste à faire. Qui doit la faire ? Une femme, la demanderesse, madame Chiasson ? Les femmes ? Les femmes et les hommes ensemble ? Encore une fois, madame Chiasson, nous saluons votre courage et votre détermination et vous assurons que chacune d’entre nous posera le geste qu’elle peut pour soutenir votre action… Au nom des femmes qui fréquentent nos centres, nous signons et vous prions d’agréer nos salutations les plus distinguées. L’R des centres de femmes du Québec AUTRES – « Un support massif à Sophie Chiasson »,le Centre des femmes de Laval.
***Le procès s’est terminé vendredi le 11 mars 2005. Le juge rendra sa décision d’ici 30 jours. Cette page sera mise à jour régulièrement. Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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