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dimanche 22 mai 2005 Le NON du père
par Frédérique Bazard On peut se demander pourquoi les hommes mettent une telle énergie à ne pas vouloir reconnaître la mère de leurs enfants en lui refusant le droit de transmettre son nom de famille sans leur accord préalable. Peur ancestrale d’être le « papa peut-être » ou besoin d’asseoir sa domination totale sur sa progéniture et sur la femme qu’il a un jour « fécondée » ? En tout état de cause, les hommes qui gouvernent actuellement la France tentent une nouvelle attitude vis-à-vis de l’opinion féminine nationale et internationale afin de la manipuler. D’un côté, ils affichent un discours moderne conforme aux avancées européennes en matière d’égalité et de parité, et, de l’autre, ils votent des lois arbitraires et inégalitaires. Le sexisme et le patriarcat ont la dent dure mais comme les hommes ne peuvent plus l’assumer ouvertement dans ce monde où les femmes prennent de plus en plus la parole, ils louvoient. C’est l’un des derniers actes d’une bataille où l’enjeu réel est celui de la domination de l’homme sur la femme. On veut nous faire croire que les femmes ont de tout temps abusé de leurs prérogatives maternelles mais on oublie de mentionner qu’avant la médicalisation de la grossesse et de l’accouchement, les femmes mouraient souvent en couche et que le père finissait donc par élever leurs enfants loin de tout partage avec la mère disparue ou avec la famille de la mère défunte. Les contes de fées sont là pour nous le rappeler : dans le passé le père élevait très souvent ses enfants avec une belle-mère, la marâtre. Relisons nos classiques : Blanche Neige, Cendrillon, Peau d’Ane… L’ultime défense des hommes d’aujourd’hui pour se défendre des abus faits aux femmes au cours de l’histoire reste donc d’attaquer la soi-disant domination des femmes sur les enfants. La suite de leur raisonnement est simple : comme les femmes abusent de leur puissance sur les enfants, il est normal que les pères abusent des mères. Mais rares sont les femmes qui abusent de leurs enfants. Ces exceptions servent malheureusement de cheval de bataille à la cohorte masculine des nouveaux faux hommes martyrs et victimes… La loi n° 2003-516 du 18 juin 2003 relative à la dévolution du nom de famille stipule que « l’autorisation conjointe est indispensable, même en cas de séparation, ce qui signifie qu’en cas de désaccord du père, la mère ne peut pas adjoindre son nom ». En d’autres termes, ce texte législatif permet aux hommes abusifs d’asseoir leur pouvoir absolu et arbitraire sur leurs femmes, sans aucune contre-partie pour les femmes. Le droit du père, c’est un droit de véto. Un tollé silencieux mais réel des femmes victimes de cet abus a permis d’ouvrir une brèche officielle puisque le site www.service-public.fr a récemment ajouté une information sur la procédure à suivre en cas de blocage avec le père lorsque le couple est séparé. Il est désormais possible de faire une requête auprès du juge aux affaires familiales afin qu’il tranche. Espérons que les femmes obtiennent gain de cause en justice à défaut d’être reconnues par le législateur comme citoyen équitable. Après le droit de vote, il y aura peut-être à terme celui de transmettre son nom. Mais l’accouchement se fera sans doute dans la douleur pour les mâles cette fois encore… Ils ont plus de mal à lâcher prise que nous. Peut-être ont-ils plus à perdre aussi ? Liens vers les infos pratiques sur la loi : Vos droits Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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