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samedi 9 septembre 2006 Droit de cuissage à la mairie de Sainte Colombe
Le 7 décembre 2003, quatre femmes agentes de la mairie de Sainte Colombe se retrouvent pour discuter des « problèmes » qu’elles rencontrent à la mairie. Au fil de la conversation, elles prennent conscience qu’elles sont toutes les quatre victimes de violences de la part de M. Marty, le maire. Fortes de leur soutien réciproque, elles décident de déposer une plainte le 23 décembre 2003. Mme S. dépose une plainte pour viol, agressions sexuelles et harcèlement moral. Mmes B. et G. déposent une plainte pour harcèlement moral. La plainte de Mme S. fait l’objet d’une ordonnance de non-lieu au motif que Mme S. aurait librement accepté les relations sexuelles, nonobstant totalement la contrainte dont M. Marty usait pour aboutir à ses fins. Par jugement du 13 février 2006, M. Marty est condamné à huit mois d’emprisonnement avec sursis pour agression sexuelle par personne abusant de son autorité à l’encontre de Mme C., et pour harcèlement moral à l’encontre de Mme C. et ses deux collègues, Mmes B. et G. Le maire échappe en revanche à une condamnation pour harcèlement sexuel à l’encontre de Mme C. au motif que ces faits « constituent des actes préparatoires ou des commencements d’exécution des atteintes sexuelles pour lesquelles il a été condamné », appréciation erronée puisque le harcèlement sexuel n’a pas toujours été suivi d’actes d’agressions sexuelles. M. Marty a accepté sa condamnation pour harcèlement moral et a en revanche interjeté appel de sa condamnation pour agression sexuelle. Mme C. a elle aussi fait appel du jugement. De 1995 à 2005, Mme C. a été victime :
Ces agissements ont eu de graves répercussions sur la santé de Mme C. et ont conduit à sa démission de la mairie. Les magistrats du Tribunal Correctionnel de Melun ont justifié l’absence de prononcé de peine complémentaire de déchéance des droits civiques du maire de la façon suivante : « Il n’est pas opportun de prononcer une interdiction des droits civiques (...) dans l’espoir que Roger Marty regrettera les faits et adressera pardon à ses victimes plutôt que de leur imposer un deuxième procès en appel ». Ce motif est une négation du droit. Cette omission est d’autant plus grave que les maires sont statutairement agents de l’État. Ils exercent – sous le contrôle du procureur de la République, des attributions d’officier d’État civil, d’officier de police judiciaire, veillent – sous le contrôle du préfet – à l’application des lois et des règlements, exercent le pouvoir de police municipale, chargé notamment de « préserver la moralité », sont dotés d’un pouvoir hiérarchique sur le personnel communal… Leur statut est donc particulièrement incompatible avec une condamnation pour violences physiques, sexistes ou sexuelles. Depuis juin 2005, l’AVFT mène une campagne pour que les maires condamnés pour de tels faits soient déchus de leurs droits civiques. Le ministre de l’Intérieur a été saisi de cette question en juillet 2006. II est inconcevable que les victimes de Roger Marty soient obligées de vivre dans une commune dirigée par leur agresseur. Il est inadmissible qu’une ville soit administrée par un maire qui a violé les droits fondamentaux à l’intégrité physique et au travail de ses employées. Et qui semble continuer : la nouvelle secrétaire de mairie, qui était en poste depuis huit mois, a en effet déposé une plainte contre le maire pour harcèlement sexuel en juillet dernier. Les juges de la Cour d’appel de Paris doivent donc confirmer la condamnation de M. Marty pour agression sexuelle, le déclarer coupable de harcèlement sexuel et le déchoir de ses droits civiques. L’AVFT sera présente aux côtés de Mme C. Cour d’appel de Paris, lundi 11 septembre à 13h30, 11ème chambre. Contact : Marilyn Baldeck, 01 45 84 24 24/ 06 09 42 80 21, Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 septembre 2006. Commenter ce texte © Sisyphe 2002-2014 | ||||
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