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> Prostitution : personne n’a rien arraché à personne !

17 octobre 2002, 19:40, par Vivian Barbot

C’est avec grand étonnement, voire avec stupeur, que la Fédération des femmes du Québec prenait connaissance de cet article, écrit par deux femmes qui n’étaient pas présentes à notre assemblée générale du 22 septembre, et qui, à notre avis, reflète très mal la réalité.

En effet, à l’issue de la discussion sur la prostitution et le travail du sexe, plusieurs membres ont témoigné à l’assemblée de leur grande satisfaction d’avoir pu participer à un débat aussi déchirant dans le plus grand respect de tous les points de vue. Dire que le consensus sur la décriminalisation des pratiques exercées par les prostituées a été obtenu à l’arraché tient de la fabulation. Le vote était très majoritaire, puisqu’il ne s’agissait pas de légaliser la prostitution, un enjeux sur lequel l’assemblée à décidé de poursuivre sa réflexion, mais bien de protéger des femmes des discriminations et violences dont elles sont victimes. Demandez aux membres !!

S’il est vrai que les femmes qui défendent les droits des travailleuses du sexe et qui exercent ce métier ont donné leur point de vue sans ambages et ont témoigné de la difficulté de vivre certaines situations, notamment de violence, de harcèlement policier, etc., sachez que toutes les personnes qui ont voulu s’exprimer sur le sujet ont également été entendues, sans aucune intimidation de la part de nos membres. Les membres ont ainsi voté après avoir entendu autant d’arguments en faveur que contre la décriminalisation des pratiques exercées par les prostituées et travailleuses du sexe. En outre vos affirmations selon lesquelles nos membres n’étaient pas préparées au débat sont totalement erronées puisqu’elles ont toutes été invitées à participer à la tournée québécoise sur le travail du sexe et la prostitution l’année précédente et ont pu suivre de près les travaux du comité de réflexion sur la prostitution et le travail du sexe par le biais de nos publications.

Cette tournée de formation/débat sur la question, où bon nombre de nos membres ont été rencontrées, visait à donner un aperçu de la situation actuelle de la prostitution et de toute autre forme de travail du sexe, puis de discuter, en fonction des différentes perspectives, des enjeux, tenants et aboutissants de la problématique. Pour plusieurs, il s’agissait d’une première réflexion, et le but n’était nullement de prendre une position ferme mais bien de faire avancer la pensée des militantes sur le sujet, dans un sens ou dans l’autre. Les participantes se sont d’ailleurs montrées extrêmement satisfaites, autant de l’exercice en soi que de l’impartialité de l’animatrice. Elles ont aussi manifesté un désir certain de poursuivre la réflexion.

Le climat du débat sur la prostitution et le travail du sexe au Québec, très animé et émotif, rappellera à certaines et à certains celui qui prévalait au moment où les lesbiennes revendiquaient que le mouvement des femmes les entende et les appuie. À cette époque aussi, on a accusé ces groupes de femmes de mener un lobby indu et d’intimider les membres par le seul fait de dire haut et fort qu’elles étaient lesbiennes et qu’elles vivaient des discriminations.

Autre chose : si les propositions comme telles ne sont pas disponibles sur notre site Web, c’est simplement que le procès-verbal de l’AG (qui contient ces propositions) ne sera adopté qu’à l’assemblée des membres en juin 2003 (comme à tous les ans), et que seules les propositions ainsi entérinées sont de nature publique. Cependant, toutes les membres en recevront copie dans le prochain bulletin interne de la FFQ, comme à l’habitude.

La Fédération est consciente que la décision de ses membres de ne pas prendre position pour ou contre la prostitution ne plaît pas à toutes et à tous, qu’on soit abolitionniste ou non. Mais la démocratie en a décidé ainsi et la FFQ respectera la voix de ses membres.

Enfin, nous nous interrogeons sur l’origine de vos sources puisque personne à la FFQ n’a été contactée pour répondre à vos questions, et que ni l’une ni l’autre des auteures n’était présente lors du débat.

Vivian Barbot
Présidente de la FFQ