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Enfin, un bon débat

22 janvier 2005, 04:00, par Marie-Thérèse Thouin

Je suis étonnée, et agréablement devrais-je dire, de trouver ce genre d’articles sur Sisyphe, que je fréquente depuis ses débuts, je crois bien, ainsi que les débats qu’il suscite. Je me disais depuis longtemps qu’un site de cette importance pourrait favoriser davantage les débats, les échanges d’idées, et nous y voilà. J’avais suivi le débat sur la mort de Marie Trintignant, un sujet moins important que celui-ci néanmoins, et j’avais apprécié l’ouverture dont ce site faisait preuve en publiant des opinions critiques à l’égard de l’auteur d’un long article sur la mort de M. Trintignant.

Pour ce qui est de l’article du Dr Berger, je ne suis pas spécialiste dans le domaine (je suis cependant féministe militante depuis 15 ans), mais j’aurais tendance à croire ce qu’il dit. Je comprends bien toutefois ce que dit la sociologue ici : Il faut se rappeler « que nous sommes à la recherche de nouveaux modèles parentaux qui visent une plus grande égalité dans le partage des responsabilités envers les enfants, puisqu’il est vraisemblable de poser comme hypothèse que ce n’est qu’à travers une proximité de soins et de rapports affectifs que les pères d’aujourd’hui développeront des "compétences" dites maternelles, soit de "dialogue émotionnel, d’attention au tonus de leur enfant... de vocalisations et d’échanges de regard et tous tournées vers la protection. Ces aptitudes et attitudes, faut-il le rappeler sont le produit d’un processus d’apprentissage, de socialisation à l’enfant à travers les tâches nourricières et de soins, elles ne sont pas de "l’essence" des femmes ». Tout cela est vrai, mais en attendant que les nouveaux modèles parentaux et modes de socialisation et d’apprentissages soient bien établis et aient donné leurs fruits, en attendant que tous les pères aient pris leur place et aient appris à "materner", les enfants ont besoin davantage du parent qui crée le lien le plus fort avec eux dès leur petite enfance, parce qu’il en prend le plus soin, la mère encore. Je parle ici des cas où les relations parents/enfants sont bonnes, pas des cas pathologiques. Or, en cas de divorce, n’est-il pas logique de penser que l’enfant souffre davantage de la séparation d’avec ce parent principal, qui est généralement (mais pas toujours) la mère, qui s’est investie davantage auprès de lui, et qu’il peut avoir des problèmes particuliers, observés notamment par le Dr Berger, s’il est trop brutalement et longtemps séparée d’elle ? Cela me semble avoir du sens. Ces problèmes ou symptômes en cas de séparation diminueront et s’atténueront sans doute quand les deux parents auront trouvé moyen de s’entendre pour le plus grand bien de l’enfant. Et quand les pères occuperont une place plus importante auprès de leurs enfants, le partage de la garde sera peut-être moins problématique, l’enfant étant habitué à être soigné autant par lui que par la mère.

On peut être féministe et s’intéresser aussi aux conséquences pour les enfants de la séparation des parents et des mauvais protocoles de résidence alternée. En outre, il ne faut pas oublier que l’auteur de l’article est médecin psychiatre, et comme tous les médecins et psychiatres, les cas dont il parle sont des cas cliniques. Je trouve qu’on a un peu tendance à lui faire dire ce qu’il ne dit pas, ou à lui reprocher de ne pas tout dire, de ne pas être à la fois psychiatre, sociologue, travailleur social, etc. On ne demande pas à des sociologues de faire des analyses psychologiques ou psychiatriques, pourquoi demander à des psy de faire des analyses sociologiques ? La richesse des approches est plutôt un atout qu’un inconvénient.

Quant à Monsieur père de deux enfants, je vous crois sincère, mais votre finale de victime ("je plaide coupable d’être un homme") entache un peu votre position. Il n’est pas question de ça ici, et si vous ne voulez pas être rangé dans le clan des "masculinistes" ou "SOS Papa" qui se lamentent sans cesse sur le sort de ces "pôvres hommes", n’empruntez pas à leur discours.