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nourrice ou père : question de sourire... et de rupture

8 mars 2005, 16:15, par myriam

A la question "quelle différence entre confier le bébé à une nourrice et le confier à un père dans le cadre d’une résidence alternée", le pédopsychiatre belge Jean-Yves Hayez (un des grands patrons de la pédopsychiatrie belge) répond : tout dépend du sourire de la mère. Et de détailler sa réponse :

« La grande différence c’est qu’on les confie avec le sourire à la crèche. Et le petit enfant, ce qui va beaucoup l’insécuriser, c’est cette espèce de tension qu’il va sentir, et qu’il va ressentir comme une grosse menace pour lui, si la mère est dans la crainte de qui va lui arriver, à elle ou au bébé ».

Et cette crainte, ce n’est pas celle de folles hystériques en lien fusionnel avec l‘enfant. C’est celle de mères qui savent très bien quelle est la réalité du travail parental du père avant la séparation, voir quelle est la violence dont il fait preuve avec elle depuis la séparation. Mais il n’y a pas que la crainte de la mère pour l’enfant ou pour elle-même (dans le cas d’un père violent), il y a aussi la rupture du continuum affectif pour l’enfant.

Le pédopsychiatre français Maurice Berger explique : « Un enfant petit ne peut se détacher de sa mère progressivement que parce qu’ils se sent en sécurité avec sa mère. Si on le sépare alors qu’il n’y est pas prêt, et surtout au moment où il se séparent, il perd sa mère. Parce que les pères de ces associations type sos papa, quand l’enfant ne va pas bien, ne disent jamais à l’enfant - maman va revenir, tu vas revoir maman-, c’est à dire que l’enfant passe du monde où il y a leur père au monde où il y a leur mère, sans aucun lien, volontairement entre les deux. Donc on a des enfants petits qui présentent des angoisses de séparation majeures, et comme ils ont ces angoisses de séparation ils se détachent beaucoup moins facilement de leur mère. C’est à dire que les pères en voulant intervenir aussi tôt aboutissent à l’effet inverse, avec des enfants qui se collent à leur mère. Ces mères elles même vont mal parce que leur enfant souffre et donc on a des enfants qui ne vont bien ni avec leur mère ni avec leur père et on sait que ces troubles sont tenace vont persévérer à l’adolescence, donc on a perdu sur toute la ligne. »