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le dilemme

12 juin 2008, 06:08, par Gwelwen

En premier lieu, ne serait-il pas important de remettre une dose d’intimité dans l’islam ?
Vous avez raison Mme Carrier, dans votre texte, de dire que le voile a une valeur et une violence symbolique, qui s’écarte de la sphère privée.

Mais, la religion est aussi de l’ordre de l’intime, et qu’il revient à chacun de définir sa relation spirituelle avec soi-même.

Il faut accorder à ces deux aspects une même attention, car l’humain raisonne autant face à lui-même que face aux autres.

Il est d’ailleurs vrai que la rhétorique du libre arbitre des femmes voilées est fallacieux dans le sens où leur choix fondamental serait d’abandonner une partie de leurs raisonnements personnels au profit de la stabilité d’une structure sociale. Ce qui est en gros le choix de ne plus avoir le choix.

Mais là où je rejoins Mme David, c’est que refuser le voile pose le risque de refuser des personnes. Il y a alors un risque d’exclusion et de monter du communautarisme. Ce genre d’effet de marginalisation peut être très dommageable pour notre société.
Après tout, qui des deux est la plus susceptible de relativiser l’importance du port du voile, entre la femme travaillant voilé aux cotés de chrétiens et d’athées, ou la femme voilée restant en vase clos dans une communauté à caractère religieux ?
À ce niveau, je suis tout à fait d’accord avec Mme David que l’important est de construire des ponts et d’éviter de tomber dans la confrontation avec une soit-disant islam qui fait peur*

L’autre coté du dilemme c’est que, comme Mme Carrier l’a bien dit, le voile revêt aussi une violence symbolique. Ca expose une idéologie qui sort du cadre de l’intime et qui se veut, dans certaines parties du monde, en guerre ouverte contre les autres modèles sociaux. Ca nous rappelle que sous ce voile se cache l’indifférence de femmes algériennes, bien cachées dans les convenances sociales et religieuses du pays, alors que d’autres femmes se font lapider dans la rue d’Algérie pour avoir porté une jupe trop courte.

Donc notre choix en tant que société n’est pas simple. Doit-on accepter l’intégration progressive de certaines femmes, au risque de se blesser moralement en ayant l’impression de cautionner quelques choses qui va contre nos valeurs profondes ? Ou doit-on ne pas concéder face à cette violence symbolique, au risque d’aider à creuser le faussé entre ces communautés religieuses et le reste de la société ?

De mon bord je crois surtout que dans ce dilemme, entre la confrontation et la mise en veilleuse de nos valeurs pour être plus consensuelle, il faut avant tout éviter les deux extrêmes.

Les islamistes nous montrent bien que la radicalisation n’est que rarement une solution.

Voir en ligne : *L’islam qui fait peur