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Permettez une petite intrusion

10 septembre 2008, 11:49, par Mélanie Lemay

Cher Jean-Yves,

J’apprécie votre prise de position, malgré que je trouve qu’il vous en faut bien peu pour procéder à l’analyse complète d’une personnalité. Sur ce que vous pensez de la mienne, je ne peux malheureusement vous donner raison. Évidemment, il n’existe aucune façon de vous le prouver.

Si j’ai donné quelques informations sur ma vie personnelle, c’était pour souligner à quel point les positions féministes sont en décalage avec mon vécu et mes besoins. Et si j’ai pris, depuis hier, quelques temps pour répondre à des textes de Mme Carrier (une première dans ma vie), c’est que j’ai cru qu’il était utile de marquer mon désaccord à une démarche (celle de Mme Carrier) entièrement construite autour de véhémentes attaques personnelles.

Il est vrai que Mme Carrier pond parfois des textes intéressants. Je viens d’en relire quelques uns. Mais je me demande bien, dans ses interventions concernant Mme Ravary, où la tenancière de ce site a "fait des analyses qui provoquent des réflexions utiles". Moi aussi, j’aime les discussions musclées (vous vous en doutez). Mais le texte de Mme Carrier n’a rien pour provoquer une "discussion musclée". C’est plutôt une foire d’empoigne qu’elle nous prépare.

Ce faisant, Mme Carrier s’inscrit dans une tendance proprement féministe à démoniser et à ridiculiser la critique.

Enfin, quand je lis les réponses à mes messages, je note qu’il est commun de refuser qu’une femme normale puisse être franchement en accord avec l’abolition du CSF. Ou bien il s’agit de femmes ignorantes et mesquines (Lise Ravary), de complexées passives-agressives (moi apparemment) ou d’antiféministes ultraconservatrices. Quant aux hommes qui risqueraient de soutenir cette position, nous savons tous qu’ils ne sont que des grimpeurs de ponts.

Un argumentaire sur le fond ? Croyez-moi, je vous en soumettrais avec plaisir. J’ai déjà assez écrit, mais j’aurais aimé savoir en quoi le Conseil n’est plus, aujourd’hui, qu’une structure politique, peuplée par un establishment féministe qui ne voudra jamais disparaître, et strictement destiné à colporter les positions de ses parents idéologiques.

J’aimerais aussi qu’on me dise en quoi nous avons besoin d’un Conseil pour crier au sexisme chaque fois qu’une femme subit une défaite (ex. : le service des nouvelles de la SRC). En quoi nous avons besoin d’un Conseil pour nous pondre une étude de 100 pages sur l’hypersexualisation, avec la prémisse que la société patriarcale opprime encore les femmes et avec la conclusion principale que... les parents doivent s’occuper de leurs enfants.

Idéologique, le Conseil l’est. Il l’est parce qu’il teinte toutes ses interventions de la notion très contestée de "société patriarcale". Il l’est parce qu’il classe méticuleusement toute analyse alternative sous la coupe du masculinisme ou de l’antiféminisme. Il l’est parce que sa conception de l’égalité des sexes est fondée sur la croyance en une sorte de lutte de classes où les hommes seraient les bourgeois et les femmes, les prolétaires.

J’attends de ma société qu’elle abolisse le CSF, mais qu’elle le remplace par une autre structure qui évoluerait hors des cercles hermétiques du féminisme. Des spécialistes des droits de la personne et des politiques publiques, hommes et femmes, pourraient identifier avec prudence (vertu manquante au CSF) les difficultés vécues par les femmes et trouver ensemble des solutions.

J’attends qu’on réfléchisse vraiment aux fondements de la violence conjugale et qu’on sorte de la dualité homme-monstre / femme-victime. J’attends qu’on cesse de me faire croire - parce que mon expérience démontre que c’est faux - que le sexisme est tel qu’il explique encore la sous-représentation des femmes en lieux de pouvoir.

Le Conseil du statut de la femme est idéologique. C’est le pendant gouvernemental d’un mouvement politique. Voudriez-vous, monsieur, d’un Conseil du marxisme-léninisme ?

Cordialement.