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Une réaction épidermique

10 septembre 2008, 22:39, par Mélanie Lemay

Merci Johanne pour votre message.

Votre 1ère question se fournit elle-même sa propre réponse. En effet, la "lutte pour l’autonomie des femmes", quand on connaît l’état actuel du droit, ne revient plus qu’à lutter pour que les femmes, bénéficiaires de droits égaux à ceux des hommes, s’en sortent "aussi bien que les hommes". Je mets des guillemets parce que je ne suis pas certaine que je voudrais m’en sortir "aussi bien" que n’importe quel homme.

Posons-nous alors une question pour savoir sur le dos de qui se fait cette lutte. Si nous jouissons des mêmes droits que les hommes, qu’est-ce qui nous empêcherait de nous accomplir "aussi bien" (remarquez encore les guillemets) qu’eux ? Ici, de deux choses l’une :

(A) Nous sommes trop empotées pour nous en sortir toutes seules, donc nous avons besoin d’organismes pour nous protéger contre nous-mêmes et nous extraire à notre propre turpitude.

(B) Ce sont les hommes - ou le système qu’ils ont mis en place (les féministes disent souvent le "système mâle" qui les en empêche encore sournoisement).

Si vous rejetez A - je l’espère bien - convenez avec moi que ce n’est pas sur le dos des ânes que la lutte féministe se fait.

Par ailleurs, vous dites que "depuis des lustres, des hommes se battent pour la cause des femmes, en fait depuis toujours". Je dirais plutôt que depuis des lustres, les hommes sont beaucoup moins sexistes et "boqués" qu’on voudrait bien le croire. Un seul exemple : La réforme du droit civil au Québec (1955-1991) - avancée majeure pour les droits des femmes - s’est faite dans un univers politique 100% masculin (à l’exception de Claire Kirkland Casgrain), la plupart des amendements majeurs au Code ayant été apportés AVANT la création du CSF.

Vous écrivez, plus loin, que les femmes se battent aussi pour les "laissés pour compte". Je vous repose alors la question du début : qui alors vous "laisse pour compte", surtout dans le Québec des années 2000 ? Les hommes ? Le système mâle ? Le patriarcat ?

Si vous me dites ensuite que votre lutte ne se fait pas sur le dos des hommes, je me verrai obligée de féliciter la subtilité de vos raisonnements.

Bon, et enfin, ce ne sont pas les féministes que je déteste. C’est celles qui sortent toujours en grande pompes la vertu dont elles ont apparemment le monopole. Faites le bien et dites comme moi. Dites le contraire et vous ferez le mal.

Je ne sais même plus comment montrer que rien ne semble épidermique quand on le compare aux réactions de Mmes Carrier / Audet elles-mêmes dans l’affaire Ravary-CSF. Je ne sais plus. Pourtant, on ne lui ménage pas beaucoup d’insultes. Mais j’imagine qu’il aurait fallu en appeler à trancher la gorge de Lise Ravary pour que la lumière s’allume.

Alors oui, ce genre de choses me rendent "épidermique". Même si ma peau, je suis bien dedans.