Accueil > ... > Forum 951

> la violence perverse

17 décembre 2003, 12:31, par Pauline

J’ai l’impression de lire ma propre histoire... J’aurais pu être encore cette "soeur aînée" si je n’avais pas fait un long et douloureux travail sur moi qui m’a ouvert très grand les yeux. Longtemps, j’ai eu, moi aussi, ce besoin de reconnaissance que j’allais chercher auprès de mon père. Or, mon père aussi est un pervers. Et, non, en effet, on ne met pas de "mots" sur la souffrance endurée parce qu’elle n’est pas visible, mais on doit survivre avec les "maux" qu’elle crée. Et c’est très dur.
Je me suis séparée aussi d’un pervers (l’histoire se réécrit sans cesse...) et j’ai eu un petit garçon avec cet homme. C’est mon histoire avec lui qui m’a fait comprendre mon histoire avec mon père. N’oublions pas que ce que l’on vit est un miroir de ce que l’on a vécu, de ce que l’on est. On ne tombe pas impunément sur ce genre de personne. On les rencontre parce qu’on a quelque chose à comprendre sur soi.
Le plus dur maintenant c’est de "protéger" mon fils. Son père agit avec lui comme l’a fait le mien pendant ces si longues années. Les rencontres se passent difficilement, douloureusement. Mais elles se font parce que rien n’existe sur le plan judiciaire pour les en empêcher. Parce que la loi ne reconnait pas encore la violence perverse dans la shère privée. Parce qu’on ne veut pas admettre que les mots peuvent faire plus de mal que les coups. Parce qu’on ne veut pas vous croire, tout simplement.
Ces rencontres, je ne veux pas les empêcher, loin de là. Un enfant a besoin de ses deux parents, quels qu’ils soient, je sais, et il vaut mieux un mauvais père (mère) que pas de père (mère) du tout. Je sais.
Je sais aussi qu’un jour mon fils comprendra et mettra des mots sur sa souffrance et que c’est lui tout seul qui devra faire ce chemin. Ca n’est pas à moi de décider pour lui. Moi, je suis là pour l’aider, le soutenir, l’écouter, le rassurer, le valoriser, et surtout... le croire. Le "plus" qu’il a par rapport à moi, c’est que sa maman a compris sa propre histoire ce qui lui permet d’être mieux aidé dans son propre travail. La mienne n’a compris que très tardivement, il n’y a pas longtemps... mais il n’y a aucun grief entre nous, aucune rancoeur. L’essentiel c’est qu’elle ait compris. Pour elle.
Mon frère, d’un an mon cadet, commence à prendre conscience de beaucoup de chose... Quant à ma soeur, elle est partie, elle aussi, très loin, très tôt.
Alors, oui, chère anonyme, il y a des gens nuisibles qui n’ont rien d’autre à faire de mieux que de détruire la vie des autres, y compris celles de leurs propres enfants, et qu’on se doit, pour se protéger, d’éviter fussent-ils nos parents.
Merci de m’avoir lu. Quel bien fou ça m’a fait d’écrire ces quelques lignes...