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> Pas de désaccord

16 novembre 2003, 21:34, par abFab

En ce qui me concerne je suis tout à fait d’accord avec vous, et le fait que Gisèle Halimi réclame un loi m’a laissé un arrière goût un peu amer.

Dans son numéro 5, CQFD publie un texte de Georgette Hamonou, qui était professeur de français au collège de Flers, au moment de l’affaire des foulards en 98.

Elle écrit :
"A l’heure où le gouvernement rallume la "guerre du foulard" à l’école et met de l’huile sur le feu en annonçant une loi d’interdiction, je crois entendre la voix des porte-drapeaux du laïcisme s’apprétant à célébrer leur victoire. Mais qui seront les vainqueurs si cette loi est votée ?
Surement pas les filles.

[...]

C’est l’histoire d’Esma-Nur et de Belgin, deux fillettes kurdes de 12 ans, élèves de sixième, qui ont été exclues de l’école publique le 11 février 1999, victime d’un acharnement inouï. Non seulement 68 enseignants du collège, mais la quasi totalité de leurs collègues de la région, se sont ligués contre les deux enfants et leurs familles, comme s’il en allait de la vie et de la mort de l’Education nationale ! Bien entendu je n’ai jamais défendu le port du foulard, n’étant pas croyante et n’ayant aucune sympathie pour la contrainte qu’il fait peser sur les filles. Pas tant le foulard, d’ailleurs, que la jupe longue et la veste noire serrée que les gamines arborent en pleine chaleur de juin.... mais selon moi, le devoir de l’enseignant, quelles que soient ses convictions philosophiques, est de considérer l’Education comme un instrument de culture, un outil d’émancipation et d’apprentissage. Il fallait accepter les deux filles à l’école, comme n’importe enfant, pour qu’elles puissent être en mesure, un jour, de faire leurs propres choix d’existence.

[...]

Toute cette histoire s’est terminée par le triste conseil de discipline qui a exclu Esma-Nur et Belgin le 11 février 1999, les condamnant à un an et demi de réclusion au domicile familial. Les cours par correspondance du CNED ? Trop compliqués, surtout pour une famille qui ne parle ni ne lit le français. J’ai suivi Belgin tous les mercredis durant cette pénible période et je l’ai vue, petit à petit, sombrer dans la tristesse, la dépression, puis la maladie psychosomatique et enfin l’hospitalisation -la sienne et celle de sa
mère.[...] "

C’est pourquoi des textes comme le vôtre qui portent la controverse au bon endroit font plaisir à lire.

Merci ;-)