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12 mai 2005, 00:02, par Lucie Poirier

Là où ça fait mal

Lors de l’émission En attendant Ben Laden du lundi 9 mai, alors qu’un publiciste était invité, j’ai pu constater que ces gens du marketing ont des convictions qu’ils refusent de remettre en question. L’invité a presqu’insulté un homme qui avait exprimé son mécontentement et qui avait même porté plainte à la suite d’une publicité vulgaire (« Un trip à trois » forfait de ski s’adressant à des ados !).
Quel pouvoir nous reste t-il, assaillis que nous sommes par les publicistes et leurs moyens efficaces et disproportionnés par rapport à nos volontés et tentatives de ripostes ?
Je félicite cet homme ainsi que Stéphanie Leblanc qui a écrit à la compagnie de bière Molson mais comment être prises et pris au sérieux ?
Comment avoir une influence ?
Ce sont des atteintes à notre dignité, à notre intégrité, à notre intelligence que toutes ces publicités hypersexualisées ; des atteintes immédiates et à long terme car elles contribuent à la mentalité d’une société.
Et une société tolère, accepte, encourage même parfois des tendances, des décisions, des pratiques qui nuisent, restreignent, briment une partie des gens qui pourtant la composent et sont supposés avoir tous les mêmes droits.
Pourquoi parce que je suis une femme je ne peux regarder la télé sans que, pendant quelques secondes, je me sente humiliée par une publicité ?
Pendant ces quelques secondes, c’est toute ma personne qui est invalidée, ridiculisée, rabaissée. C’est pas énorme quelques secondes, dirait-on, tous les jours, toutes les semaines, toute la vie. Voilà c’est ça ma vie : avoir régulièrement mal, me faire régulièrement rappeler que être une femme c’est être moindre, c’est être la faire-valoir, l’utilisée.
Quand ça vient d’un homme, il arrive que ce soit davantage pris au sérieux, je cite une déclaration dite dans le film Le baiser de la femme-araignée par le personnage Molina, un homosexuel et un travesti, un homme qui a voulu être une femme et qui parfois a été traité comme une femme ( la phrase en est encore plus significative), il demande : « Pourquoi ce qui fait mal, fait-il toujours mal au même endroit ? »
Alors mesdames, pendant les pubs de bière, les pubs de Tide parce qu’il n’y a que les femmes qui font le lavage, de tampons Kotex parce qu’on déteste être la fille qui a ses règles, de Bailey’s parce qu’on est bonne qu’à ça attendre la moindre goutte la bouche ouverte, de Harley parce que l’équation moto = bikini est automatique, pendant les pubs de nettoyeurs de toilettes parce que là aussi c’est une équation automatique cuvette pour déféquer = femme pour nettoyer, pendant toutes ces pubs habituelles, banales, mais toujours infligeantes, comment appelle t-on en nous cet endroit, cette place, « là où ça fait mal » ?
Lucie Poirier

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