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Prostitution
« Le corps est un nouvel instrument d’esclavage » Florence Montreynaud
Extraits d’une entrevue au quotidien montréalais <B> Le Devoir </B>

13 septembre 2002

par Florence Montreynaud

Dans une entrevue accordée le 10 septembre à la journaliste Josée Boileau du quotidien montréalais, Le Devoir, Florence Montreynaud, la fondatrice de « Chiennes de garde », « La Meute » et « Encore féministes » s’est montrée surprise de la réapparition de femmes nues dans la publicité au Québec et du fait que certaines féministes veuillent banaliser la prostitution.



« Depuis que je suis descendue de l’avion, dit-elle, à ma grande déception, je vois des femmes nues pour vendre n’importe quoi ! Moi qui m’étais inspirée de vos luttes contre la publicité pour créer Les chiennes de garde... »

(...)

« Le corps est un nouvel instrument d’esclavage, soupire la militante. Ce que les femmes ont voulu libérer est devenu notre prison. Le corps n’est pas quelque chose que nous avons l’honneur d’habiter mais un objet que l’on maltraite pour correspondre à des modèles. Et ce corps-marchandise, ce corps exploité dans la publicité, c’est au fond le même vaste sujet que la pornographie et la prostitution. »

« Car pour elle, souligne Josée Boileau, la trame de fond est la même : le droit des hommes à acheter le corps de jeunes femmes qui ne les désirent pas. « C’est le sujet central du féminisme, dit-elle, forte d’années d’études sur la question. Tant qu’un corps sera utilisé comme une chose, on ne pourra pas dire que nous avons obtenu l’égalité. »

Florence Montreynaud commente les arguments traditionnels selon lesquels la prostitution serait un choix et un métier comme un autre :

« Mais je suis assez vieille maintenant pour avoir vu les premières travailleuses du sexe, celles de la révolte des prostituées en France en 1975. Elles disaient : "Nous sommes libres, indépendantes..." Des années après, quand elles ont arrêté, elles nous ont dit : "Comment avez-vous pu me croire ?" Je n’ai jamais oublié cette phrase. »

(...)

« Et il n’y pas là de paradoxe, dit-elle. Rien de plus normal qu’une femme dont le corps est transformé en marchandise cherche, par les mots, à garder une certaine estime d’elle-même. Il est plus étonnant que des féministes acceptent sans broncher qu’on leur dise que faire 20 pipes par jour, c’est un métier. (...) » Lire l’entrevue intégrale dans Le Devoir, Josée Boileau, « Qu’il est doux d’être féministe au Québec. »

Florence Montreynaud


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