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Selon un rapport des Centres d’excellence pour la santé des femmes
Les femmes des régions rurales au Canada ont un accès limité aux services de santé

8 juin 2004

par Kathleen O’Grady

Des Centres d’excellence pour la santé des femmes

Le système de santé canadien fait défaut aux femmes vivant dans les
régions rurales et éloignées.

La plus grande étude canadienne sur la santé des femmes en milieu rural révèle que les solutions urbaines ne résolvent pas les problèmes ruraux.



Les Centres d’excellence pour la santé des femmes publient aujourd’hui le rapport final d’une étude de deux ans sur la santé des femmes en milieux rural, éloigné et nordique. Il s’agit de la plus grande étude qualitative jamais menée au Canada dont l’objectif est de répondre aux inquiétudes en matière de santé de cette communauté importante.

Le rapport intitulé La santé des femmes en milieux rural, éloigné et nordique inclut les données recueillies lors de groupes de discussion et d’ateliers composés de femmes issues de différentes communautés partout au Canada, y compris des pêcheuses et des fermières, des autochtones, francophones et anglophones d’un bout à l’autre du pays. Le rapport se fonde également sur des renseignements collectés à la suite d’une consultation nationale qui s’est tenue à Saskatoon (2003). Plus de 200 femmes vivant en milieux rural, éloigné et nordique dans chaque province et territoire du Canada ont été consultées dans le cadre de l’étude.

L’étude souligne la riche diversité des régions rurales du Canada, et malgré des différences significatives tant sociales, culturelles que géographiques, les chercheuses ont relevé des priorités et des problèmes communs en matière de santé en milieu rural.

Écart sanitaire important entre les femmes habitant les régions rurales et celles habitant les régions urbaines au Canada

Les auteures de l’étude estiment que l’accès à l’information sur la santé et aux services de soins de santé est pratiquement inexistant pour les femmes en milieu rural. Les participantes à l’étude ont souligné que les systèmes actuels d’accès à l’information sur la santé sont mal coordonnés et ne font pas l’objet d’une promotion adéquate, tandis que les services de santé sont souvent rares, irréguliers et limités.

Les femmes en milieu rural mentionnent les coûts financiers, émotifs et sociaux associés au besoin fréquent de parcourir de longues distances afin de bénéficier des services de santé fondamentaux. l’essence ou les vols coûtent cher, tout comme les chambres d’hôtel, le stationnement, la nourriture, les services de garderie et le manque à gagner. Les déplacements aux fins de soins de santé augmentent le stress déjà associé à l’éloignement des familles, en particulier lors d’un problème de santé. Même les coûts les plus élémentaires peuvent ne pas être couverts, selon la juridiction fédérale, provinciale ou territoriale
compétente.

« Ces différents coûts et inconvénients sont en majorité pris en charge par les femmes, étant donné qu’elles sont souvent responsables de la planification des activités, de la gestion du foyer et de l’environnement émotif de la famille », déclare l’auteure de l’étude Rebecca Sutherns.

L’étude souligne également le manque de praticiennes en milieu rural, de médecins complémentaires, ou de personnel soignant formé aux problèmes interculturels. De nombreuses femmes vivant en milieu rural avouent ne pas chercher à recevoir des soins à moins d’être gravement malades. Par conséquent, elles prennent rarement rendez-vous pour des mesures préventives. Comme le fait remarquer l’une des participantes à l’étude, « celles qui ont besoin de ces services passent entre les mailles du filet. Elles doivent prendre leur mal en patience et attendre lorsqu’elles ont des besoins santé urgents. »

La santé des femmes en milieu rural dépend de la réduction de la pauvreté, pas juste des soins de santé

Interrogées sur les facteurs qui ont les plus grandes conséquences sur leur santé, les participantes à l’étude citent la pauvreté et l’insécurité financière résultant du chômage, de salaires peu élevés et des travaux saisonniers. l’auteure de l’étude, Marilou McPhedran, déclare que « les femmes et leur famille ne peuvent pas rester en bonne santé en l’absence de sécurité financière. »

L’expérience des femmes en bonne santé va plus loin que les visites aux
fournisseurs de soins de santé. Par exemple, les femmes en milieu rural au Canada souffrent de façon disproportionnée de pauvreté et de violence familiale, et certains groupes, comme les femmes aborigènes et les femmes âgées, sont particulièrement défavorisés.

Les chercheuses soulignent que les politiques sociales indépendantes du
« secteur des soins de santé », y compris celui de la finance, du travail, des services sociaux et des transports, peuvent avoir autant d’influence sur la santé et le statut de la santé en tant que fournisseurs de service. « Il est temps que la politique en matière de santé reflète les recherches pour la santé et que les investissements économiques et sociaux soient considérés comme des investissements dans le domaine de la santé, » avance madame McPhedran.

Femmes invisibles : les femmes en milieu rural dénigrées par les décideurs canadiens

Margaret Haworth-Brockman, principale auteure et secrétaire générale du Centre d’excellence pour la santé des femmes dans la région des Prairies déclare que « les dernières réformes de santé dans les provinces et territoires peuvent avoir désavantagé, de manière disproportionnée, les femmes des régions rurales et éloignées. »

Elle pense que les femmes en milieu rural sont généralement invisibles aux yeux des décideurs qui travaillent dans un environnement urbain et qui tiennent rarement compte du point de vue de la vie et des préoccupations des femmes en milieu rural. « Ce sont les ’femmes invisibles’ de la politique de santé » ajoute Haworth-Brockman, « celles dont la voix et les inquiétudes sont rarement entendues. »

Dans La santé des femmes en milieux rural, éloigné et nordique, un effort a été fait afin de ne pas commettre la même erreur. Les femmes interrogées dans le cadre de l’étude ont eu la chance de faire-part de leurs principales préoccupations et de proposer des solutions perspicaces pour résoudre le problème des soins de santé. Leurs suggestions, y compris la mise en place de services locaux ou mobiles et le recrutement d’un nombre plus important de praticiennes, telles les sages-femmes et infirmières, et leurs idées créatives et attentionnées pour l’avenir constituent la pierre angulaire des recommandations de l’étude.

« Cette étude démontre que la participation des femmes en milieux rural et éloigné au processus d’élaboration de politiques qui ont des conséquences directes sur leur santé et la santé de leur famille est un premier pas fondamental, » déclare madame Haworth-Brockman. « De nombreuses femmes nous ont avoué qu’elles n’avaient jamais eu l’occasion de parler de ce qui leur importait. Malgré des conditions de vie très différentes, on a constaté de nombreuses similarités, en particulier leur désir d’être entendue, d’être respectée et de voir leurs solutions pratiques contribuer aux débats sur les soins de santé », ajoute-t-elle.

« Le temps est venu de les écouter. »

Cette étude a été financée par le Bureau pour la santé des femmes, Santé Canada, avec l’appui du Bureau de la santé rurale et de l’Institut de la santé des femmes et des hommes, Instituts de recherche en santé du Canada.

La santé des femmes en milieux rural, éloigné et nordique : Orientations en matière de politiques et de recherches (Rapport sommaire ; Centres d’excellence pour la santé des femmes, juin 2004) est disponible : à cette adresse ou ici. Vous pouvez également l’obtenir en composant le (204) 982-6630.

Les auteures du rapport et les participantes à l’étude des différentes régions dans tout le pays sont disponibles à des fins d’entrevues.

Pour les entrevues avec les médias, veuillez communiquer avec :
Kathleen O’Grady
Directrice des communications
Réseau canadien pour la santé des femmes
Cellulaire : (514) 886-2526
Courriel : news@cwhn.ca
Site Web

Fiche de renseignements


Femmes vivant en milieux rural et éloigné au Canada

 Malgré la Loi canadienne sur la santé fédérale qui garantit l’accessibilité et l’universalité des prestations de soins de santé, les régions rurales, éloignées et nordiques du Canada restent, de façon chronique, mal desservies en termes de soins actifs primaires (maladie) et de santé primaire (bien-être), y compris la prévention des maladies, la promotion de la santé et les soins de santé communautaire.

 Plus d’une femme canadienne sur cinq vit en milieu rural.

 Les femmes vivant en milieu rural ont un taux d’activité sensiblement
inférieur, un taux de fertilité supérieur et sont plus exposées à la pauvreté que leurs homologues urbaines.

 Les femmes canadiennes des régions rurales ont un risque plus élevé de
mourir d’un accident de voiture, d’une intoxication, d’un suicide, de diabète et d’un cancer.

 Les femmes vivant dans les communautés rurales sont plus exposées à la
violence, à l’insécurité économique et aux risques professionnels du secteur primaire. Les femmes aborigènes et les femmes âgées sont particulièrement vulnérables.

 Les études menées en milieu rural à l’extérieur du Canada montrent que les femmes vivant dans des régions rurales ont plus de responsabilités familiales et communautaires en raison de familles plus nombreuses, celles-ci commençant leur propre famille plus tôt, ayant plus d’enfants et jouant des rôles clés dans les affaires de la famille et dans les affaires de la communauté.

 Les femmes vivant en milieu rural doivent souvent parcourir de longues
distances pour obtenir des soins de santé, et n’ont pas souvent un accès au transport ; par conséquent, elles ont moins de chance de recourir aux services de santé.

 Les femmes en milieu rural ont un accès limité aux soins de santé pour les femmes. Le manque de confiance dans les services reçus peut être un
problème dans les petites communautés.

 Les femmes vivant en milieux rural, éloigné et nordique au Canada souffrent souvent d’un tripe inconvénient : leur sexe, leur emplacement et les interactions entre les deux. Pour les femmes devant faire face à des obstacles supplémentaires comme le racisme, la pauvreté ou le manque d’éducation, les effets négatifs sur la santé peuvent en être multipliés.

 Étant donné qu’elles constituent un peu plus de la moitié de la population du Canada et des régions rurales, éloignées et nordiques au Canada, les femmes constituent bien plus qu’un « groupe d’intérêt spécial ». Elles représentent la majorité des électeurs, des fournisseurs de soins de santé et des soignants (rémunérés et non rémunérés). Étant donné que les femmes sont sous-représentées parmi les politiciens élus et autres décideurs, leur valeur politique est souvent dénigrée.

Pour de plus amples renseignements : La santé des femmes en milieux rural, éloigné et nordique : Orientations en matière de politiques et de recherches (Rapport sommaire ; Centres d’excellence pour la santé des femmes, juin 2004).
disponible ici ou ici
Vous pouvez aussi l’obtenir encomposant le (204) 982-6630.

Kathleen O’Grady


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