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Une poésie ouverte au monde
Le 11 septembre des poètes du Québec

25 septembre 2002

par Élaine Audet

Le 11 septembre dernier a eu lieu à la Bibliothèque nationale le lancement du recueil collectif Le 11 septembre des poètes du Québec (1). L’initiative de ce livre, rassemblant 122 poètes, revient à Louis Royer, qui a assuré la mise en scène de la soirée (récital, guitare, harmonium, tabla, images), à laquelle il a contribué en chantant deux de ses poèmes avec une sensibilité et une présence inoubliables.



Une quarantaine de poètes, représentant toutes les générations, notamment

Cécile Cloutier, Yves Préfontaine, André Brochu, Claire Varin, Isabelle Miron, Marie-Geneviève Cadieux, ont lu leurs poèmes de façon très émouvante. La communauté afghane était représentée par les poèmes de Safia Siddiqui et de Mohammad Asif Safi qui ont enthousiasmé l’auditoire.

Tant la lecture du livre que cette lecture publique m’ont permis de constater l’extrême vigueur de la poésie québécoise, son ouverture au monde et la présence d’une relève de grand talent. On y compte beaucoup de femmes qui expriment leur propre vision de cet événement déchirant, avec des références et des images ancrées dans l’expérience d’être femmes dans ce monde d’inégalités. Parmi beaucoup d’autres, le poème suivant, de Denise Joyal, illustre ce propos :

Poursuites

Dans le désarroi d’un jour
qui a mortifié le monde
une femme comme toi comme moi
comme nous
déploie les ailes d’un poème
pour s’élever au-dessus de la rage
de la rancœur du désespoir.
Elle abandonne du haut d’une tour
ses lamentations dans le regard des sauveteurs
impuissants devant la folie d’un Dieu fabriqué
par l’instinct de justice l’instinct de vengeance
l’instinct de mort.
Cette femme du haut de cette tour éclatée
se lance dans le vide
à la poursuite d’une métaphore
filée par l’éclat du soleil imprégnant sa main
par une pléiade de rêves encerclés
d’amour de rire et d’apaisement venue du large.
Elle sait qu’elle va mourir
en laissant derrière elle ses étoiles errantes
qui uniront tous les arcs-en-ciel
colorés par ses enfants.

Je laisse le dernier mot à Louis Royer qui déclarait à propos du lancement : " Une grande place sera accordée aux femmes, puisque ce ne sont pas elles qui font la guerre. " Espérons que leurs voix seront de plus en plus entendues et, surtout, écoutées.

(1) Louis Royer (dir.), Le 11 septembre des poètes du Québec, Montréal, Trait d’union, 2002.

Montréal, septembre 2002

Élaine Audet

P.S.

Trait d’union




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