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Au coin d’une rue arabe
Du terrorisme étatsunien en Irak

1er juillet 2004

par Corinne Kumar, El Taller International

Si nous prenions quelques étoiles du ciel de la nuit et allumions un feu pour nous réchauffer, parce que tout autour de nous est si froid, si mortellement froid. Se réunissent autour du feu des tisserands, des jardiniers, des penseurs, des rêveurs, des capteurs de rêves, des raconteurs d’histoires, des écrivains d’histoires, des tisseurs d’histoires, des vieux, des jeunes, des femmes et des hommes, des gens des petits coins de la rue arabe.

Dans le parler privilégié et civilisé, la rue arabe est une rue de violence, d’extrémisme, peuplée d’assassins, de terroristes, de sauvages, de barbares. Les barbares bien sûr sont les mauvais, les non-civilisés ; la gamme civilisée est un spectre complet de domination, du communiste au terroriste. Le mot barbare et les crépitements du feu nous invitent à nous souvenir d’une histoire.

Il était une fois, il y a bien longtemps, en un autre lieu et une autre époque, des femmes et des hommes qui se détournèrent de l’Empire. Ils se retirèrent de la vie citoyenne de leur époque et rassemblèrent leurs énergies pour résister contre l’arrivée de hordes de barbares. Une histoire très semblable à celle d’aujourd’hui avec une différence importante. Cette fois-ci, nous ne sommes pas mis en garde que les barbares s’amènent, qu’ils attendent aux frontières, qu’ils frappent à la grille, parce qu’ils sont déjà là depuis un certain temps à Washington, à l’intérieur de la Maison Blanche, à l’intérieur de nos vies, détruisant notre héritage, réécrivant notre histoire, tuant notre mémoire collective, surprenant nos rêves.

Le 24 mai 2004, Bush a annoncé que la prison d’Abu Ghraib serait détruite. C’était le symbole de la violence de Saddam sous l’ancien régime des prisons, un symbole de mort et de torture, a-t-il dit. Abu Ghraib était un centre de torture irakien et devait être démoli.

Nous avons écouté avec attention. Rien sur les tortures étatsuniennes et les abus sexuels à Abu Ghraib, rien sur l’empilage de prisonniers nus, sur les abus sexuels et les viols de femmes prisonnières, sur les chiens policiers attaquant les prisonniers cagoulés, torturés, violés, tués, sur les gardiens de police étatsuniens au sourire narquois photographié, sur des prisonniers violentés, sur les prisonniers morts.

Silence.

On a même dit que la torture étatsunienne n’était pas aussi terrible que celle de Saddam, qu’il y a une différence entre la torture dans une dictature et la torture dans une démocratie !

Après tout, ce n’était que quelques gardiens dévoyés de la police militaire, quelques marines militaires violents fourvoyés, et ils seront inculpés et jugés par des tribunaux militaires ouverts pour que le monde entier puisse voir combien la démocratie étatsunienne est transparente, honnête et même juste. Pour tous leurs crimes et le déshonneur qu’ils ont causé aux États-Unis (peu importe pour les Irakien-nes), ils passeront un an en prison et recevront un mauvais certificat de vie et de bonnes moeurs ! Abu Ghraib devient un symbole de la conduite honteuse de quelques militaires américains qui ont déshonoré leur pays et ignoré ses valeurs. Bush parlant d’un côté de la bouche.

De l’autre côté de sa bouche, il a récemment assuré le pape Jean-Paul II qu’il continuera d’oeuvrer pour la dignité et la liberté humaines afin de répandre paix et compassion. Sa bouche ne se fatigue jamais du double langage.

Une femme de la prison de Rusafa a refusé de parler. Elle passe ses jours à jeûner et à prier. Elle pleure et, en quelques mots, elle dit que si sa famille savait ce qui lui est arrivé, ils la tueraient sauvagement. Elle est dans la soixantaine. La femme dit : "Je veux juste disparaître, je veux juste mourir". Une mère de quatre enfants arrêtée en décembre s’est suicidée après avoir été violée par des gardes étatsuniens en présence de son mari à Abu Ghraib. Les femmes qui ont été violées et violentées sexuellement pensent que rien ne peut restaurer leur dignité.

Nous devons nous réunir et préserver nos mémoires collectives de sorte qu’elles vivent et qu’elles ne meurent pas de nouveau.

Un témoin-clé de l’enquête militaire sur la maltraitance des prisonniers, le sergent Provance, a déclaré à ABC News que les militaires couvraient grandement les abus. Et après avoir dit qu’il avait été privé d’une autorisation officielle délivrée par les services de sécurité et qu’il pourrait être poursuivi parce que ses commentaires ne servaient pas l’intérêt national, il a parlé avec ABC News malgré les ordres de ses commandants de ne pas le faire. Il a parlé du silence de tous ceux qui savent. Un grand silence enveloppant pour que les États-Unis puissent encore être le Rêve, le pays du Brave, le plus Intelligent, le Meilleur, le pays de la Liberté.

God bless America !

On démolira Abu Ghraib. Le brigadier-général Kimmit, le chef militaire porte-parole pour les forces de la coalition dirigée par les Étatsuniens en Irak, assure le monde que les Irakiens pardonneront aux Étatsuniens. Comme tous les autres peuples du monde ont oublié les guerres anti-insurrectionnelles, les coups de force, les assassinats, les écoles de torture, les guerres de terreur mises au point par la CIA et brevetées par les États-Unis. Et on oubliera les nombreuses couches d’abus, de tortures et de massacres qui démontrent une humiliation et une dégradation systématique et systémique des Irakien-nes. Mais ce sont des crimes contre le peuple irakien, ce sont des crimes de guerre brutaux.

Tandis que nous nous rapprochons du feu, il y a plus de tisseurs d’histoires. L’un parle encore d’Abu Ghraib, mais cette fois-ci aux États-Unis où les abus et les tortures de prisonniers sont monstrueux. Des hommes et des femmes brutalisés par le système et qui ne seront pratiquement jamais dédommagés pour les abus à cause d’une loi passée au Congrès étatsunien en 1996. Les États-Unis ont la population carcérale la plus importante par rapport à toutes les nations du monde. 2.600 personnes attendent d’être exécutées dans les couloirs de la mort.

Le message des Étatsuniens concernant le traitement de prisonniers est clair. Traitez-les comme vous en avez envie : ce ne sont que des bêtes. Dans ce cas, Abu Ghraib à Bagdad n’était pas une aberration. D’autres prisons en Irak, en Afghanistan, dans la baie de Guantanamo font toutes parties du système étatsunien.

Copper Green, le "programme spécial d’accès" des voies hiérarchiques, allait directement du Pentagone à Abu Ghraib. L’Étatsunien qui a dirigé la réouverture d’Abu Ghraib en 2003, et qui a formé les gardiens, était le directeur du département des châtiments d’Utah qui a démissionné en 1997 après la mort d’un détenu attaché sur une chaise de torture pendant 16 heures. Le détenu, qui souffrait de schizophrénie, était laissé nu tout le temps. Le même fonctionnaire de l’Utah, Lane Mc Cotter, devint plus tard un cadre dans une compagnie de prison privée, l’une de ces prisons qui faisait l’objet d’une enquête par le Département de la Justice au moment où il a été envoyé en Irak. Il faisait partie d’une équipe de fonctionnaires de prisons, de juges, de procureurs, de chefs de la police choisis par John Ashcroft, le ministre de la Justice, pour reconstruire le système de justice criminel d’Irak.

God help Irak !

L’article de Seymour Hersh, The Gray Zone, révèle comment l’administration Bush a mis en place des usines de torture (Torture Mills) après le 11 septembre, violant complètement le droit international et le droit humanitaire international. Les Étatsuniens ont décrit les captifs de cette guerre de la terreur comme des combattants illégaux ; les prisons dans lesquelles ils sont détenus sont en dehors de la juridiction des conventions de Genève. Les contractuels privés qui les interrogent et les torturent sont en dehors de la juridiction de l’armée, on ne peut faire appel ni à la loi militaire ni à la loi irakienne. Nous sommes à présent dans une zone de non-respect complet des lois.

Bienvenue au nouvel empire étatsunien !

D’autres voix de la rue arabe chuchotent à propos de la complicité des Nations Unies qui ont d’abord approuvé les sanctions économiques illégales, puis la guerre illégale. Ensuite, elles ont fermé les yeux devant tous les crimes de guerre de l’invasion et de l’occupation. Maintenant, elles s’efforcent de nouveau de légaliser la force multilatérale dirigée par les États-Unis en Irak.

Les tortures à Abu Ghraib sont des crimes de guerre. Les Nations Unies ont essayé d’enquêter sur les crimes de guerre à Jenin. Et elles ont échoué. Israël n’a pas voulu les y autoriser. Donc, l’ONU n’essaie même pas en Irak. En d’autres temps, on racontera la vérité. Comment, par leur silence, les Nations Unies ont contribué à inscrire les crimes de guerre dans l’histoire. Les images de bus bondés de prisonniers irakiens quittant maintenant Abu Ghraib après avoir été emprisonnés, pour certains d’entre eux, pendant plus d’un an sans inculpation et sans condamnation, torturés, traumatisés, brisés. Des images qui valent chacune plus de mille mots.

Les troupes étatsuniennes seront-elles un jour poursuivies pour crimes de guerre ? Ne devront-elles jamais comparaître devant la Cour pénale internationale ? Ou bien, une fois de plus, la justice sera-t-elle uniquement du côté des vainqueurs ? Les Nations Unies vont-elles continuer à accorder l’immunité aux Étatsuniens pour leurs crimes de guerre partout dans le monde ? En d’autres temps, le monde considérera-t-il l’ONU comme complice de ces crimes de guerre ? Ou d’autres parleront-ils pour la forme des deux côtés de la bouche ?

Parce que ce n’est pas la connaissance qui manque. Les gens savent les atrocités qui sont commises au nom de la justice et des droits humains. Et de la liberté. Partout dans le monde où on supprime de l’information, une information qui, si on la rendait publique, briserait notre image du monde, on met en scène le coeur des ténèbres. Et le coeur des ténèbres n’est pas seulement Abu Ghraib, mais les nombreux crimes de guerre commis par les États-Unis et sa coalition qui causent la ruine systématique d’un pays, de sa civilisation et de son peuple depuis les sanctions économiques génocidaires, les bombardements ininterrompus de l’Irak depuis 1991, la violation de toutes les lois internationales et des lois des conflits armés jusqu’à l’utilisation de bombes intelligentes, de super bombes, une variété d’armes étatsuniennes sophistiquées, l’utilisation d’uranium appauvri qui tuera pendant des générations. Et on doit ajouter la centaine de milliers de vétérans de la guerre du Golfe qui souffrent de problèmes médicaux mystérieux et de maladies dues à des radiations et qu’on appelle simplement le "syndrome de la guerre du Golfe".

On commence à peine à raconter les histoires horribles de l’Irak. Ce qu’on doit raconter aussi, ce sont les crimes de guerre contre la population civile, les bombardements, les tapis de bombes sur les infrastructures irakiennes et les systèmes d’assistance, les dommages aux maisons, aux hôpitaux, aux marchés, contre la vie des populations, leurs moyens d’existence, leurs modes de vie.

Bush qualifie le meurtre de femmes et d’enfants innocents d’actes méprisables de terroristes qui méritent la punition la plus dure. Et il a raison. Consentira-t-il à être jugé pour toutes les femmes et tous les enfants innocents tués dans sa guerre d’agression et d’occupation de l’Irak qui sont, en effet, des actes de terrorisme méprisables. Plus de 11.000 civil-es tués, monsieur Bush, et nous continuons à compter. Le terrorisme est-il acceptable quand la terreur porte le masque de l’État ?

Le terrorisme de la vie ordinaire

Le moment est peut-être venu pour une autre histoire, une histoire de gens ordinaires, de choses ordinaires, quotidiennes, de familles, de célébrations de mariages. Le mariage à Mugrldeeb. Écoutez les nombreuses voix qui parlent, écoutez les plus nombreuses voix inexprimées.

Le directeur de l’hôpital d’Al Qaim parle à Eman, qui nous raconte l’histoire, à nous, autour du feu. Tôt dans la matinée du 19 mai, nous avons accueilli un grand nombre de personnes blessées du village de Mugrldeeb, la majorité d’entre elles était des enfants et des femmes. Ceux qui les amenaient étaient terrifiés et hystériques. Ils étaient tellement désorientés qu’ils nous demandaient ce qui s’était passé, comme si un tremblement de terre avait frappé le village. Quarante-deux (42) victimes étaient déjà mortes. Nous avons envoyé les corps au centre médico-légal de Ramadi. Quatorze (14) étaient des enfants de moins de 12 ans. Parmi les morts, il y avait 11 femmes d’âges différents. Beaucoup avaient reçu des balles dans la tête, la poitrine et l’abdomen. Nous avons réussi à sauver un bébé de 8 mois. Un garçon de 10 ans est à l’hôpital en ce moment. Il souffre de blessures graves à la poitrine et à l’abdomen. Vous pouvez le voir, mais vous devez faire attention quand vous lui parlez. Il ne sait pas que toute sa famille est morte.

Connaissez-vous ces gens ? Oui, ils sont de la tribu Albo Fahad ; la famille Rekaad Naif. C’est une histoire très triste. Des familles entières ont été tuées. On a trouvé une des femmes qui tenait son bébé avec les dents après qu’elle eut les deux mains blessées. Ils étaient tous partis pour assister à un mariage dans le désert. Il n’y a rien dans les environs, rien que du sable et de petits rochers, un millier de moutons, quelques maisons éparpillées. Et c’est là que le mariage était célébré parce que c’est là qu’ils vivent. Un guide raconte à Eman que toutes ces maisons sont pour des gens qui élèvent, vendent et achètent des moutons. Ils ont leurs maisons là parce que c’est l’endroit où ils passent de 4 à 5 mois par an.

C’était le mariage de Azhad Rikaad Naif. La fête avait commencé l’après-midi comme d’habitude. La musique et la danse ont continué jusqu’à 22h. Nous étions en train de dîner quand nous avons entendu le bruit d’un avion. Il a tourné pendant longtemps. Nous n’étions pas à l’aise. Les hommes décidèrent de terminer la fête après le dîner. À 23h, tous les invités sont partis, seuls restèrent ceux qui venaient de loin. Rikaad dit qu’il était plus prudent de rester, mais il semble que les femmes étaient trop fatiguées pour bouger avec les enfants endormis.

Eman continue le récit. Moi (Hamid) je dormais dans ma maison quand j’ai entendu les tirs. Il était à peu près 2h30-3h du matin. Deux hélicoptères ont tiré sur la maison de Rikaad pendant plus d’une heure. Puis, vers 5 heures du matin, nous avons vu beaucoup de soldats, plus de 30, longeant les maisons avec des lampes torches à la main. Nous les avons entendus tirer avec des armes légères sur les blessé-es couché-es par terre. Une des femmes blessées, Iqbal, avait dans le corps des balles d’une arme légère étatsunienne. Les soldats fouillèrent les maisons. Ils prirent tout l’argent et l’or des femmes mortes. Ils prirent la caméra et les films. La femme de Rikaad fut tuée. Les massacres furent violents. Après quelques minutes s’amena un avion noir. Il toucha deux maisons avec des missiles et elles s’écroulèrent au sol. Vers 6h, des hélicoptères à doubles hélices (double fan chinook) arrivèrent et embarquèrent les soldats.

Rikaad est un homme dans la soixantaine. Il avait l’air fatigué et malade. Il met une kofrya blanche sans l’igal noir arabe, probablement comme symbole d’une tristesse extrême. Il recevait les condoléances en silence. Rikaad dit à Eman : "Je suis un vieillard pauvre. J’enterre tous mes fils, mes filles, mes petits-enfants sous la terre. Ils ont tué tout le monde dans ma famille. Je suis très triste. Mais ce qui m’attriste encore davantage, ce sont tous leurs mensonges. La seule chose que j’ai faite est une fête de mariage pour mon fils."

Ce que le monde a vu du mariage à Mugrlaleeb, ce sont des séquences de chair, de cheveux et d’instruments de musique filmés par une équipe vidéo qui arriva à l’endroit où, d’après les habitants locaux, avait eu lieu une fête de mariage attaquée sans avertissement par des Étatsuniens qui tuèrent femmes et enfants. Les instruments appartenaient à l’orchestre de Hussein Ali, un des chanteurs irakiens le plus célèbre pour les mariages, qui fut enterré la semaine dernière à Bagdad par sa famille.

Malgré les preuves et les récits de témoins, des commandants étatsuniens continuent d’insister que leur attaque d’un village reculé dans le désert proche de la frontière syrienne était dirigée contre des combattants étrangers pénétrant en Irak. Les commandants étatsuniens appellent cela une cible légitime. Ils disent que le massacre était justifié car il reposait sur l’information disponible.

Davantage de mensonges, davantage de duperies, davantage de civil-es tué-es sans faire de distinction. Délibérément.

Et parmi les généraux américains, le major-général James Mattis a dit : "Je n’ai pas à m’excuser pour la conduite de mes hommes". Après tout, on nous enseigne que les dieux ne s’excusent jamais. Ses mots nous rappellent les paroles de Bush senior s’exprimant alors en tant que vice-président après qu’un navire étatsunien ait descendu un avion civil iranien, tuant 290 passagers : "Je ne m’excuserai jamais pour les États-Unis d’Amérique". Peu m’importent les faits. Hiroshima, Cuba, Vietnam, Soudan, Irak, la liste est sans fin.

Le même général Mattis a demandé : "Combien de gens vont au milieu du désert, à 10 milles de la frontière syrienne, pour célébrer un mariage ?" La réponse très simple, il y en a beaucoup, major-général, beaucoup. Quand on vient d’un clan d’éleveurs de bétail et que vous avez vécu là toute votre vie. Le clan est à califourchon sur la frontière syrienne ; même des parents éloignés sont susceptibles de venir, parfois de coins éloignés d’Irak. Il s’agit d’un mariage, rappelez-vous.

40 années de politique étrangère à l’origine de la colère contre les États-Unis

Est-ce que vous vous demandez encore pourquoi il y a tant de colère et même de haine contre Bush qui demande pourquoi, surtout quand nous sommes si bons, surtout quand nous sommes si démocratiques. Peut-être à cause de notre richesse, peut-être à cause de notre liberté, dit en écho la clique de Washington.

Peut-être que s’ils écoutaient attentivement la rue arabe, ils entendraient d’autres histoires. Des histoires sur les raisons pour lesquelles les gens brûlent le drapeau étatsunien. Des histoires qui mettent en évidence le soutien unilatéral étatsunien envers l’occupation israélienne de la Palestine. Des histoires sur son soutien à des dirigeants corrompus, des régimes brutaux dans la région, afin d’assurer ses propres intérêts stratégiques contrôlant les réserves de pétrole, préservant ses propres intérêts économiques.

C’est une histoire des 40 dernières années de la politique étrangère étatsunienne dans la région arabe, avec son complexe pétro-militaire encore plus vicieux maintenant avec ses ambitions d’hégémonie globale, le nouvel ordre mondial et le nouveau siècle étatsunien. Un ordre mondial qui légitime les attaques préventives et les dommages collatéraux. Des combattants ennemis, des journalistes incorporés, des tribunaux militaires, tous des mots nouveaux, des mots trempés dans le sang, des mots trempés dans notre sang. Mais il y a d’autres voix provenant de la rue étatsunienne, des voix de la conscience, des voix de compassion. Voici la voix d’un poète qui a atteint notre petit coin de rue arabe. Le poème a été écrit en d’autres temps :

    les tremblements de votre réseau
    provoquent la disparition de rois
    votre bouche ouverte de colère
    fait plier de peur les nations
    vos bombes peuvent changer la saison
    détruire le printemps
    que désirez-vous de plus ?
    pourquoi souffrez-vous ?

    vous contrôlez les vies humaines
    à Rome et Tombouctou
    les nomades solitaires errants
    vous doivent Testar
    les mers déménagent à votre demande
    vos champignons remplissent le ciel
    pourquoi êtes-vous si malheureux ?
    pourquoi vos enfants pleurent-ils ?

    ils s’agenouillent seuls pris de terreur
    avec de l’effroi dans chaque regard
    tous les jours leurs nuits sont menacées
    par un héritage sinistre
    vous demeurez dans des châteaux blanchis
    avec des douves profondes et empoisonnées
    et ne pouvez entendre les malédictions
    qui remplissent la gorge de vos enfants

Nous sommes encore réunis autour du feu dansant, écoutant le poème d’au-delà des mers, comprenant l’histoire des barbares au cours du temps, connaissant la sagesse écrite sur notre peau, dans nos mémoires.

Traduction : Édith Rubinstein, Femmes en noir

Cet article a été publié sur la liste à laquelle on peut s’inscrire à cette adresse.

Corinne Kumar, Coordinatrice internationale, Tribunal mondial sur la guerre comme crime
El Taller International

Courriels : eltaller@eltaller.org ou eltaller@gnet.tn

Liste de Femmes en noir

Corinne Kumar, El Taller International

P.S.

Lire également : Brève histoire des Tribunaux de femmes.
Entrevue avec Arundhati Roy sur les élections en Inde, la résistance irakienne et la privatisation de la guerre




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