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Le passé n’est pas un pays étranger

18 janvier 2005

par Taslima Nasreen, écrivaine

Conférence donnée le 20 octobre 2004 à la librairie parisienne Violette and Co et le 6 novembre 2004 à la librairie Ombres Blanches à Toulouse, dans le cadre d’une série d’événements initiés et organisés par Bagdam Espace Lesbien.



Dans mon pays, le Bangladesh, lorsque j’étais jeune, les filles de mon milieu social abandonnaient fréquemment l’école vers l’âge de 15 ou 16 ans, c’est-à-dire au moment où leurs parents les contraignaient à se marier. Peu de filles avaient la chance de poursuivre leurs études, car après leur mariage arrangé, elles n’avaient plus le droit de poursuivre leurs études secondaires ou d’accéder à l’université, pas plus qu’elles ne pouvaient travailler. Autrement dit, elles étaient sous la totale dépendance de leur mari.

La coutume voulait que, tôt le matin, nous, les enfants, nous lisions le Coran en arabe, et tout comme les autres enfants du Bangladesh, c’est ce que je faisais. Mais je me suis rapidement posé des questions. Je voulais savoir ce que je lisais, connaître le contenu des versets coraniques. Notre langue est le bengali, pas l’arabe, il nous était donc impossible d’en comprendre le sens. Nous lisions, un point c’est tout. Quand j’ai demandé à ma mère la signification de ce que je lisais, elle m’a expliqué que cela n’avait aucune importance. L’essentiel était qu’Allah soit heureux de savoir que je lisais le Coran en arabe.

Une critique de la religion

À quatorze ans, j’ai trouvé une traduction du Coran en bengali. À ma grande surprise, j’ai découvert qu’Allah disait que les hommes sont supérieurs et les femmes inférieures. Les hommes peuvent avoir quatre épouses. Les hommes peuvent divorcer à n’importe quel moment. Les hommes ont le droit de battre leurs épouses.

J’ai ainsi découvert que l’islam ne considère pas une femme comme un être humain autonome. L’homme est la création originale et la femme a ensuite été créée pour le plaisir des hommes. L’islam considère une femme comme une esclave ou un objet sexuel, rien de plus. Le rôle des femmes est de demeurer à la maison et d’obéir aux ordres de leur mari. Voilà leur devoir religieux. Elles sont considérées faibles, ce qui justifie que tant leur corps que leur esprit, leurs désirs et leurs souhaits seront pris en charge. Leurs droits et leur liberté sont sous le contrôle des hommes. L’islam traite les femmes en être intellectuellement, moralement et physiquement inférieurs. Dans le cadre du mariage, l’islam protège uniquement les droits des hommes. Une fois le mariage consommé, les femmes ne bénéficient d’aucun droit en la matière. Le Coran accorde une liberté totale aux hommes en stipulant : "Les femmes sont votre champ. Cultivez-les de la manière que vous entendrez…" (sourate n° 2, verset 223 )(1)

On ordonne aux femmes d’accourir auprès de leur mari dès qu’il le demande, peu importe où elles sont ou ce qu’elles sont en train de faire. Un hadith stipule que deux seuls types de prières n’accèdent jamais au ciel : celles des esclaves en fuite et celles des femmes qui résistent à leur mari la nuit.

L’islam considère que les femmes sont inférieures sur le plan psychologique. Ainsi, leur témoignage n’est pas recevable dans les domaines du mariage, du divorce et des hudud, soit le système de punition de la loi islamique qui s’applique à la fornication, l’adultère, l’adultère avec une personne mariée, l’apostasie, la criminalité, le vol, et ainsi de suite. Si une femme est violée, elle doit présenter devant le tribunal quatre témoins hommes. Si cela lui est impossible, aucune charge n’est retenue contre le violeur. Dans la loi islamique, le témoignage de deux femmes équivaut à celui d’un seul homme. Lorsqu’un homme soupçonne son épouse d’adultère ou croit que ses enfants sont nés d’un autre homme que lui, son témoignage vaut celui de quatre témoins. Dans des cas similaires, une épouse n’a pas le droit d’intenter un procès à son mari.
Les femmes n’ont pas accès au même héritage que leurs frères. Allah ordonne de "donner au fils mâle la portion de deux filles" (4.12).

En plus de leur accorder droits et la liberté, en plus de les faire bénéficier du plaisir sexuel et d’être les maîtres, Allah récompense les hommes en leur offrant au paradis vin et nourriture à profusion ainsi que 72 vierges, sans compter les épouses qu’ils ont eues sur terre. Allah dit : "Accoudés sur des lits rangés en ordre, nous les avons mariés à des filles aux grands yeux noirs". (52.20). "Ils auront des vierges au regard modeste, aux grands yeux noirs et au teint éclatant, semblable à celui d’une perle dans sa coquille" (37.47). Quelle est la récompense décernée à une femme pieuse ? Rien. Rien, sinon le même vieux mari qui l’a tant fait souffrir lorsqu’ils vivaient sur terre.

En tant qu’étudiante en sciences, il me fut difficile d’accepter l’idée que le soleil tournerait autour de la terre, que la lune produirait sa propre lumière, que la seule fonction des montagnes serait de soutenir la terre pour l’empêcher de tomber dans le néant.

J’en suis venue à soupçonner que le Coran n’a pas été écrit par Allah, mais plutôt par un homme avide et égoïste, à la recherche de son seul confort. Puis j’ai lu les hadith, c’est-à-dire les préceptes du prophète Mohammed rapportés pas ses compagnons. J’ai découvert de nombreux faits prouvant que lorsqu’il avait des problèmes, Allah les réglait immédiatement pour lui. Par exemple, quand Mohammed a été sexuellement attiré par sa belle-fille, Allah lui a fait parvenir un message décrétant qu’il pouvait l’épouser car, puisqu’il avait adopté son fils, il n’était pas véritablement le sien. Ce mariage fut donc rendu possible. Encore plus, il a créé une nouvelle règle, interdisant à tout musulman d’adopter un enfant. Mohammed s’est marié treize fois, l’une de ses épouses étant Aïcha, alors âgée de six ans. Allah, a décrété le prophète, lui a permis de profiter de ses épouses, de ses esclaves femmes et de toutes les femmes en captivité. Il a voilé sa magnifique jeune épouse Aïcha parce qu’il ne supportait pas l’idée que ses amis puissent la regarder avec admiration. Allah, a dit Mohammed, a ordonné à ses amis de ne pas se rendre chez lui comme bon leur semblait mais s’ils y allaient, ils ne pouvaient jeter un regard sur aucune de ses femmes ou s’adresser à elles. Il était tellement jaloux qu’il a introduit le voile pour ses femmes et, finalement, l’a imposé à toutes les musulmanes. Bien que le remariage des veuves était légal, il a interdit à tous les hommes d’épouser l’une de ses femmes après sa mort. Il m’est devenu évident que Mohammed a écrit le Coran pour son propre bien-être et afin d’assouvir ses envies personnelles.

J’ai donc cessé de croire en l’islam. Et quand j’ai étudié le contenu des autres religions, j’ai découvert qu’elles aussi oppriment les femmes. J’ai alors cessé de croire à quelque religion que ce soit.

L’oppression des femmes

Mon père, un médecin, avait une approche scientifique mais il était aussi un homme extrêmement autoritaire. Il ne me permettait pas de jouer, de sortir, de rencontrer mes amis, d’aller au cinéma ou au théâtre, ou de lire les livres qui ne relevaient pas du programme scolaire. Il voulait que je devienne médecin afin qu’un de ses enfants suive ses traces. D’un côté, il désirait que je devienne indépendante et, de l’autre, il voulait que je sois mariée à un homme éduqué dans la mesure où certains de ces hommes tiennent à épouser une femme éduquée.

En grandissant, j’ai continué à observer la condition des femmes dans notre société. Ma mère, pour ne citer qu’elle, était le parfait exemple d’une femme opprimée. Elle a été donnée en mariage lorsqu’elle était enfant ; elle était une excellente étudiante à l’école, mais on lui a interdit de poursuivre ses études. Mon grand-père et mon père le lui ont refusé parce qu’ils voulaient qu’elle soit une bonne épouse, une bonne mère, une bonne ménagère. Elle a été malheureuse à partir du premier jour de son mariage. Mon père ne l’a jamais aimée. Et elle savait qu’il entretenait des relations extra maritales. Frustrée, elle s’est réfugiée dans la religion, le résultat étant que j’ai pensé que cela était bête, que ma mère était inintéressante, sans valeur. Je devais respecter mes parents et j’en étais pourtant incapable.

J’ai grandi la peur au ventre. J’en étais réduite à dissimuler mes envies de liberté et ma curiosité envers le monde extérieur. Je n’avais pas le droit de sortir sauf pour de me rendre à l’école, puis au collège et au lycée. Cette interdiction a eu pour conséquence que j’ai développé une passion pour la lecture, que ce soit la fiction, la poésie, les essais ou toute autre forme d’écriture. Mais je devais cacher mes livres. Et j’avais une autre passion : écrire de la poésie.

J’en suis venue à croire que les filles étaient certainement inférieures aux garçons. Ils pouvaient jouer à l’extérieur dans les champs tandis que les filles étaient confinées à la maison où elles jouaient avec leurs poupées. Mes frères pouvaient aller où bon leur semblait, assister à des tournois sportifs, s’adonner aux activités qu’ils désiraient. Je ne le pouvais pas. Ma sœur ne le pouvait pas. On m’a enseigné que les filles n’étaient pas faites pour cela, que leur rôle était de rester à la maison, apprendre à faire la cuisine, faire les lits, nettoyer la maison.

Ma mère n’était pas la seule femme opprimée. Mes tantes, mes voisines et les femmes de mon entourage l’étaient elles aussi. Dans notre esprit, la torture des femmes n’était pas une oppression, mais plutôt une tradition, à laquelle nous étions habituées. J’ai finalement compris que les femmes sont opprimées. Qu’elles soient pauvres ou riches, belles ou laides, qu’elles aient les yeux bleus ou noirs, qu’elles aient la peau blanche, noire ou brune, qu’elles soient mariées ou non, analphabètes ou éduquées, intelligentes ou stupides, les femmes sont opprimées. Les femmes sont opprimées partout à cause du patriarcat, de la religion, de la tradition, de la culture et des coutumes inventés par les hommes.

Bien que personne ne m’ait poussée à protester, j’ai acquis la certitude qu’il est important de lutter contre les oppressions. Personne ne m’a demandé de verser une larme, mais je l’ai fait. Au moment où j’ai commencé à écrire de la prose, qui fut publiée chaque semaine dans les journaux, j’ai réalisé que mes protestations retenaient l’attention et que les lecteurs se divisaient entre ceux qui me détestaient et ceux qui m’aimaient. L’un après l’autre, mes livres furent publiés.

Ecrire pour la liberté

Ceux qui détestaient ce que j’écrivais se sont mis à organiser des manifestations contre moi et les gens ont défilé dans les rues. Lors du salon du livre national, mes livres furent brûlés en public. Le comité "Détruisez Taslima" fut mis en place, et je n’ai plus eu le droit de me rendre au salon du livre, car les organisateurs de l’événement ont décrété que le contenu de mes livres était la source du problème. J’ai pu retourner à ce salon du livre annuel en 1993. Mais cette fois-ci, les fondamentalistes et une foule en colère m’ont agressée en public et se sont introduits par la force, en cassant tout sur leur passage, dans les librairies qui vendaient mes livres. J’ai certes reçu le plus important prix littéraire, mais au même moment, j’ai été victime de la plus grave campagne de haine. Le gouvernement a par la suite confisqué mon passeport et m’a ordonné de cesser d’écrire si je voulais conserver mon poste de médecin dans un hôpital public. J’ai protesté en démissionnant.

J’ai continué à écrire. J’ai défendu les femmes et les communautés minoritaires opprimées, tant à travers ma poésie, ma prose que mes essais. J’ai revendiqué haut et fort l’égalité et la justice pour tout le monde, quels que soient leur religion ou leur sexe. Je me suis prononcée fermement en faveur de la laïcité. J’ai dénoncé toutes les lois religieuses qui oppriment les femmes. Mes livres furent interdits par le gouvernement.

Les femmes sont toujours flagellées, lapidées jusqu’à la mort, les femmes sont violées, elles sont accusées d’avoir permis leur propre viol, et leurs violeurs sont innocentés. Les femmes sont victimes du trafic sexuel, de l’esclavage, et de multiples discriminations. Les hommes lancent de l’acide sur le visage des femmes et repartent satisfaits. La religion et ce qu’on appelle la tradition ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains. Au sein d’un couple, l’être le moins désiré est un enfant fille. Lorsqu’un enfant fille naît, l’épouse est divorcée pour le crime d’avoir enfanté d’une fille ou bien elle passe le reste de son existence en état de disgrâce.

Par le biais de l’écriture, je voulais être constructive. Je voulais aider les femmes à comprendre qu’elles sont opprimées et que ce n’est pas une fatalité. Je voulais les encourager à lutter pour leurs droits et leur liberté. Ma voix a fourni aux femmes l’occasion de penser différemment. Cependant, cela a rendu furieux les religieux et les chauvinistes mâles. Les fondamentalistes ont décidé de ne tolérer aucune de mes prises de position. Ils se sont élevés contre une femme qui, ayant brisé ses chaînes, était devenue libre et ils n’ont pu tolérer que j’aie déclaré que le Coran est inapproprié et dépassé et qu’il est nécessaire d’instituer un code civil uniforme garantissant la liberté aux femmes.

Les extrémistes ont envahi les rédactions des journaux, ils ont poursuivi mes éditeurs ainsi que moi-même. Ils ont exigé mon exécution par pendaison. Des centaines de milliers de gens sont descendus dans la rue. Ils ont appelé à une grève générale dans l’ensemble du pays, et réclamé ma mise à mort. Les fondamentalistes ont émis des fatwas de mort contre moi et ont mis ma tête à prix. Au lieu de prendre des mesures contre eux, le gouvernement s’est retourné contre moi. Il m’a poursuivie en justice pour le motif que j’avais heurté les sentiments religieux de la population. Je n’ai eu d’autre choix que d’entrer dans la clandestinité. À cette époque, j’ai eu la chance de bénéficier du soutien des gouvernements démocratiques, des féministes et des organisations de défense des droits humains. Ils ont littéralement contribué à me sauver la vie. En fait, j’étais persuadée que je serais assassinée, car chaque jour des foules défilaient pour exiger ma mise à mort et la police me recherchait activement.

Quoi qu’il en soit, j’ai survécu. Le gouvernement m’a jetée hors du pays. Depuis lors, j’ai voulu retourner au Bangladesh, mais cela est impossible. Je n’ai absolument pas le droit d’y mettre les pieds. Et cinq de mes livres y sont toujours interdits. A ce jour, j’en ai publié vingt-huit, et des procédures ont été entamées pour en interdire d’autres. Une cour du Bangladesh m’a condamnée à une année d’emprisonnement pour ce que j’ai écrit.

Alors que j’ai écrit pour la libération des femmes, ma propre liberté d’expression a été continuellement violée par les autorités et je ne peux donc plus atteindre les lecteurs de mon pays.

Communiquer la force aux femmes

Mon autobiographie, en réalité, ne se résume pas à l’évocation de ma vie. C’est une histoire que des centaines de milliers de femmes subissent. Elle raconte comment les femmes musulmanes vivent dans un pays patriarcal où des centaines de traditions les font souffrir, elles et leurs filles. J’ai exploré mon enfance et j’ai décrit la vie d’un enfant fille, j’ai dit comment j’ai été élevée, j’ai expliqué que j’avais bénéficié de privilèges inaccessibles à tant de filles. J’ai eu l’opportunité d’étudier et je suis devenue médecin, un métier auquel des centaines de milliers de filles ne peuvent même pas rêver. J’ai voulu montrer où et comment j’ai grandi et ce qui m’a menée à penser différemment, ce qui m’a incitée à agir différemment. Il est important de communiquer aux femmes un peu de force pour qu’elles puissent se révolter contre le système d’oppression dans lequel j’ai été élevée et qui est toujours en place. J’ai dit la vérité. C’est un tabou que de révéler le viol ou la tentative de viol commis par un homme de la famille.

Dans notre pays, où le sexe est tabou, les seules personnes à avoir le droit d’en parler sont les hommes. Ils peuvent décrire ce qu’ils infligent aux femmes : agressions, brutalités, viols et assassinats. Ils peuvent en parler librement, alors que nous, nous sommes condamnées à taire ce qu’ils nous font subir. Mais je ne me suis pas tue. Et je me fichais de ce que les gens me diraient à moi, ou à ma famille. Je sais très bien que beaucoup de femmes ont le sentiment que j’ai raconté leur propre histoire.

Nous, les victimes, devons crier haut et fort. Nous avons besoin d’être entendues. Nous devons protester vigoureusement et exiger notre liberté et nos droits. Nous devons refuser d’être maltraitées, enchaînées, battues et menacées. Si les femmes ne se battent pas pour cesser d’être opprimées par un patriarcat et un système religieux honteux, alors honte aux femmes ! Honte à nous de ne pas protester, de ne pas lutter, de permettre la perpétuation d’un système qui opprimera nos filles.

Essayons de transformer le monde en un lieu magnifique et sûr dans lequel aucune fille, aucune femme, ne sera opprimée, ne subira le trafic sexuel, se fera jeter de l’acide au visage, ne sera victime de viol ou de quelque forme d’agression sexuelle que ce soit.

Mon histoire n’est pas unique. Mes expériences sont malheureusement celles de millions de femmes. Dans mes livres, j’ai pleuré sur mon sort. J’ai aussi pleuré pour celles qui n’ont pas la possibilité de jouir de la vie productive à laquelle elles aspirent et qu’elles méritent ! Nous qui sommes des femmes, nous ne devons plus demeurer solitaires et pleurer doucement dans des lieux solitaires.

Je sais seulement que je dis la vérité, et c’est la raison pour laquelle je souffre. Un segment entier de notre société proclame que je n’ai pas le droit de m’exprimer ni même de vivre.

Au lieu d’habiter au Bangladesh, où je suis née, je n’ai qu’une seule alternative : vivre en Occident où je me sens une étrangère. Autrement dit, je suis une étrangère dans mon propre pays et une étrangère là où je vis, ici en Occident. Où puis-je aller ? Nulle part. Pour moi, l’exil est un arrêt de bus, où j’attends l’arrivée du bus qui me ramènera à la maison. Je suis en exil depuis plus de dix ans maintenant, et malgré cela, je ne me sens chez moi nulle part, aucun pays n’est le mien. Cette situation sans espoir me fait ressentir un sentiment d’impuissance.

Je me demande parfois s’il est vrai que je n’ai pas de pays. En fait, ce n’est pas vrai. J’ai un pays. Mon pays est l’amour. L’amour que vous me donnez est mon pays. L’amour que je reçois de la part des femmes opprimées partout sur terre est mon pays. L’amour que je reçois de la part des rationalistes, des libres-penseurs et des humanistes partout sur terre est mon pays.

Je ne regrette pas ce que j’ai accompli jusqu’à maintenant ni ce que j’ai écrit. Peu importe ce que me réserve l’avenir, je poursuivrai sans compromis ma lutte contre toutes les forces religieuses jusqu’à la fin de mes jours. Je suis toujours aussi engagée et déterminée dans mon combat.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 17 janvier 2005.

Taslima Nasreen, écrivaine


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