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En Suède, un parti féministe menace de déloger le premier ministre

18 avril 2005

par Stephen Castle

La Suède, où près de la moitié des député-es sont des femmes, est sur le point de franchir une nouvelle étape dans l’égalité des chances, puisqu’une nouvelle alliance féministe menace actuellement le siège du Premier Ministre.

L’Initiative féministe, lancée plus tôt cette semaine, ronge déjà le soutien électoral des partis social-démocrate, vert et de gauche. Et, de l’appui dont bénéficie ce parti implanté pour lutter pour les droits des femmes, plus du tiers sont des hommes.

Selon un sondage publié par le quotidien suédois Dagens Nyheter, le groupe embryonnaire féministe aurait 7% du vote. C’est assez pour causer de sérieux troubles au Premier ministre du parti social-démocrate, en poste depuis longtemps, et cela pourrait lui coûter son siège aux prochaines élections.
Les résultats du sondage ont secoué la coalition en poste et ont donné un élan spectaculaire à l’Initiative féministe, qui n’est pas encore devenue un parti ni n’a mentionné qu’il prendrait part à la prochaine élection. La priorité actuelle est de faire une tournée du pays afin de maximiser la publicité considérable qui a entouré son lancement.

Le regroupement n’a pas de leader officielle, bien que son image publique tourne autour de Gudrun Schyman, qui a déjà acquis un profil public élevé, et ce, en raison de son titre d’ex-cheffe du parti de gauche. Madame Schyman est l’une des figures politiques les plus efficaces, mais sa carrière a été marquée par des controverses personnelles. Elle a lutté longuement et publiquement pour éliminer ses problèmes d’alcool, mais elle a aussi été impliquée dans un scandale sur un remboursement d’impôt qui l’a obligée à démissionner comme cheffe du parti de gauche.

Actuellement, il ne semble pas y avoir de plate-forme détaillée du parti, bien que l’Initiative féministe mentionne que même la Suède égalitaire a des problèmes dans des secteurs telles que l’équité salariale et la violence contre les femmes.

Au lancement du parti plus tôt cette semaine, madame Schyman a mentionné : "Il s’agit d’une question de pouvoir. Ici, en Suède, nous vivons dans une société qui est bâtie sur l’idée que les hommes devraient avoir plus de pouvoir et dominer."
Le reste de l’Europe voit la Suède comme étant un modèle dans son implication envers l’égalité des genres. La Suède a la plus haute proportion de représentantes de tout système politique européen : 45.3% des députés sont des femmes, comparé à 18,1% au Royaume-Uni.

Même si l’Initiative féministe en est à ses premiers pas, ce parti constitue tout de même une menace pour la coalition actuellement au pouvoir. Les sociaux-démocrates ont gouverné la Suède 60 ans depuis les 70 dernières années et la « fatigue électorale » serait une des raisons de leur glissement dans la popularité.
Les sondages montrent déjà une chute dans la popularité de la coalition de monsieur Persson, plaçant ce parti derrière l’opposition centre-droite, une alliance de quatre partis appelée le "bloc bourgeois". Cette tendance s’accélérera, selon le sondage d’hier qui a indiqué que près d’un tiers de l’électorat du parti de gauche pourrait voter pour l’Initiative féministe. Alarmé, le Premier Ministre a mentionné que l’appui au nouveau groupe féministe pourrait faire entrer au pouvoir la coalition centre-droite par la porte d’en arrière.

Stephen Castle, correspondant à Bruxelles

Source : The Independent, version Internet 8 avril 2005

© Droits réservés pour la traduction française : Kim Cornelissen

Mis en ligne sur Sisyphe, le 11 avril 2005.

Stephen Castle


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