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L’incohérence de Québec dans les services aux familles sème l’inquiétude
par la Coalition pour l’amélioration des services aux familles

14 avril 2005

Communiqué

MONTREAL, le 13 avril - "Comment peut-on vouloir, en même temps, améliorer la conciliation travail-famille, bonifier la politique familiale du Québec et penser couper 60 millions de dollars dans les services aux familles ?". C’est la question que se posent à l’unisson, et depuis quelques semaines, les membres de la Coalition pour l’amélioration des services aux familles, constituée d’organismes communautaires famille, d’organismes oeuvrant dans les services de garde éducatifs, de groupes féministes et d’économie sociale, de centrales syndicales et d’organismes municipaux. Cette question a jusqu’ici suscité plus d’inquiétudes que de réponses.

C’est que les membres de la Coalition sont convaincus qu’une telle coupure mettrait en péril toute une gamme de services importants offerts aux familles - et particulièrement à celles [qui sont] plus en difficulté - comme par exemple :

- les services terrain offerts par de multiples organismes communautaires auprès des familles ;
- l’offre de lieux de formation et d’entraide pour les parents ;
- le soutien aux municipalités dans le développement de politiques familiales et de milieux de vie attirants pour les familles ;
- la qualité des activités éducatives offertes à nos enfants dans les services de garde.

En somme, la coupure présumée attaquerait la capacité d’action des réseaux d’entraide et affecterait malheureusement le tissu social. Cela sans compter que ces coupures risqueraient de compromettre la qualité des emplois des gens qui travaillent dans le réseau.

Une telle coupure serait d’autant plus désolante que, d’une part, des pas intéressants avaient été franchis en matière de soutien aux parents l’an dernier lors du dépôt du budget par l’ex-ministre Séguin et que, d’autre part, le gouvernement du Québec recevra 168 M$ d’argent frais du gouvernement fédéral pour chacune des années 2005 et 2006, un montant qui sera haussé à 294 M$ pour les années suivantes.

Tout ça pour... 3$ par semaine ??

La coupure appréhendée dans le budget des mesures d’aide à la famille et à l’enfance du ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine (MFACF) se traduirait donc par une baisse de la qualité des services reçus par les parents. Tout cela pour réussir à financer une baisse d’impôts de 500 millions$ qui n’équivaudrait qu’à un maigre3$ par semaine par contribuable.

En plus d’être inutile, une telle politique serait profondément inéquitable : on réduirait les services aux familles, notamment les plus démunies, pour retourner un peu d’argent aux contribuables bénéficiant déjà de revenus moyens ou élevés.

Les membres de la Coalition ajoutent donc leur voix à tous ceux et celles qui ont enjoint, au cours des dernières semaines, le gouvernement du Québec à oublier ses promesses de baisse d’impôts.

Nombreuses inquiétudes du côté des organismes famille

Du côté des organismes qui travaillent avec les familles, les perspectives ne sont guère réjouissantes. Le MFACF a déjà annoncé aux regroupements d’organismes communautaires famille que le budget de ces organismes serait amputé de 900 000$ en 2005-2006.

Ainsi, quelques centaines d’organismes qui accueillent des familles et qui mettent sur pied des activités d’animation et de soutien voient leur action passablement limitée. Pour Louise Vanier, vice-présidente de la Fédération québécoise des organismes communautaires familles (FQOCF), le secteur d’activités était déjà en retard dans son développement, mais "le bât blesse davantage chez la centaine d’organismes qui bénéficiaient de budgets déjà modestes de 44 000 $ et qui seront amputés de 10 000 $".

En milieu municipal, les craintes sont aussi présentes. La coupure de 60 M$ appréhendée risque fort de compromettre le programme de soutien aux municipalités dans le développement des politiques familiales, créé en 2002 par le MFACF. Le monde municipal craint en fait de se retrouver avec des responsabilités supplémentaires sans qu’on ne lui fournisse les moyens financiers pour s’acquitter de ces responsabilités.

Or, plus de 200 municipalités ont pris le virage famille au cours des dernières années en développant des politiques spécifiques. Elles ont investi des sommes importantes afin de créer des milieux de vie attrayants pour les familles. Pour Réjane T. Salvail, première vice-présidente du Carrefour action municipale famille et maire de Sainte-Anne-de-Sorel, "le risque est grand que les municipalités qui ont investi dans des projets depuis 2003 abandonnent ces projets si le programme n’est pas reconduit. On fragiliserait une fois de plus la capacité des villes à garder et à attirer les familles en régions".

Inquiétudes tout aussi nombreuses du côté des CPE

La perspective de coupures de 60 M$ provoque aussi de fortes inquiétudes du côté de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE). L’AQCPE croit qu’il est complètement irréaliste de penser qu’on puisse amputer davantage dans un réseau qui a déjà subi des compressions de 40 M$ au cours des deux dernières années.

Plus de 80 % du budget d’un CPE est composé de mesures normées incompressibles. Pour absorber de nouvelles coupures, les CPE pourraient donc être contraints de sabrer dans des postes comme les repas des enfants, les activités éducatives, la formation continue, le matériel pédagogique ou l’entretien.

Quel que soit le scénario de coupure envisagé, on remet en cause la qualité des services dans les CPE et la qualité des emplois dans ce réseau. Selon Gina Gasparrini, de l’AQCPE et directrice du CPE St-Mary, "la décision d’effectuer une nouvelle coupure dans le budget des services de garde aurait des effets néfastes sur le développement du réseau, mais surtout sur le maintien de la qualité des services".

Renseignements : Fédération des femmes du Québec, Michèle Asselin, (514) 232-4847 ; Fédération québécoise des organismes communautaires famille, Louise Vanier, (514) 251-4671 ; Association québécoise des centres de la petite enfance, Gina Gasparrini, (514) 346-1180 ; Carrefour action municipale et famille, Marc-André Plante, (450) 466-9777, (514) 880-4885 ; Confédération des syndicats nationaux, Jeff Begley, (514) 992-6193 ; Centrale des syndicats du Québec, Isabelle Gareau, (514) 237-4432 ; Chantier de l’économie sociale, Jean Robitaille, (514) 899-9916, (dièse) 226, (514) 795-8444 ; Association du personnel cadre des CPE, Diane Vinet, (450) 698-1991.

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Source : Coalition pour l’amélioration des services aux familles




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