source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1781 -



Le difficile chemin de l’intégrité
L’importance de ne pas censurer le débat sur la prostitution

26 mai 2005

par Micheline Carrier et Élaine Audet

Ce texte a été adressé à l’administratrice de la liste de discussion Netfemmes et proposé à la section Actualités de ce site, le 11 mai 2005.



Le 5 mai dernier, Sisyphe a affiché dans les Actualités de Netfemmes un communiqué annonçant son plus récent dossier sur la prostitution. Ce communiqué, précédemment publié sur la liste de discussion du même site, comportait l’introduction, factuelle, d’un article sur la subvention accordée au groupe Stella par le programme "Initiative fédérale contre le sida" ; le témoignage d’une jeune femme qui a quitté la prostitution ; et les titres et liens de quelques articles sur les travaux du sous-comité parlementaire qui examine les lois sur la prostitution à Ottawa.

Dans les Actualités comme sur la liste de discussion de Netfemmes, ce communiqué a suscité un commentaire de Nicole Nepton (Cybersolidaires) et un autre de Marie-Neige St-Jean (groupe Stella). Nous avons répondu à ces commentaires sur la liste. Dans les Actualités, le communiqué de N. Nepton différait quelque peu, en ce sens qu’elle interpellait Micheline Carrier avec une véhémence absente du message publié sur les listes de discussion de Netfemmes et de PAR-L. Micheline Carrier avait aussi ajouté des commentaires aux textes qu’elles voulaient publier dans les Actualités de Netfemmes pour répondre à Mesdames Nepton et St-Jean. Elle mentionnait, notamment, se reconnaître davantage dans la position des CALACS sur la prostitution (« La prostitution est une forme de violence ») et dans celle de Diane Matte, de la Marche mondiale des femmes ( « Décriminaliser la prostitution n’améliorera pas la sécurité des femmes prostituées ») que dans celle de la Fédération des femmes du Québec.

L’administratrice de Netfemmes a refusé de publier les textes de Sisyphe dans les Actualités. Les textes de N. Nepton et M-N. St-Jean étaient, selon elle, les réponses au communiqué de Sisyphe, et elle avait décidé de mettre fin aux discussions qu’elle qualifiait de « provocation de part et d’autre ». Elle demandait à Sisyphe de publier sa réponse, non dans les Actualités comme l’avaient fait Nicole Nepton et Marie-Neige St-Jean, mais en commentaire sous les textes de ces dernières, ce qui les aurait rendus bien moins visibles. Si la liste de discussion est l’endroit approprié pour commenter, nous pensons que cela devrait valoir autant pour les unes que pour les autres. Pourquoi alors ne pas avoir demandé à Nicole et à Marie-Neige d’afficher leurs commentaires sous le communiqué annonçant la subvention de 270 000$ accordée par "Initiative fédérale de lutte contre le sida" au groupe Stella pour le Forum XXX ? Le communiqué de Sisyphe ne commentait pas, il présentait les titres les plus récents publiés sur ce site comme tous les communiqués que nous affichons dans les Actualités de Netfemmes depuis deux ans. Parce que la nouvelle de l’attribution d’une subvention au Forum XXX, à même les fonds du sida, pouvait être dérangeante, le communiqué devenait-il pour autant provocateur ?

Nous avons insisté, en exposant nos arguments dans un échange de courriels que vous trouverez ci-dessous. Finalement, l’administratrice de Netfemmes a décidé, en consultation avec la directrice du CDÉACF, sans autre discussion ni préavis, de supprimer le communiqué de Sisyphe et les deux textes de critique de N. Nepton et de Marie-Neige St-Jean. Quand nous en avons été informées, les textes avaient déjà été supprimés, comme l’indiquait le message dans les Actualités, que nous reproduisons ci-dessous.

« Retrait de trois textes de la rubrique Actualités »

« Correspondante : Katherine Macnaughton-Osler, CDÉACF. Publié le : 10/05/2005 à 19h59 Catégorie : Actualités.

Bonjour,

Je vous annonce que le CDÉACF a décidé de retirer trois textes récents de la rubrique Actualités du site :

 « Honte et fierté »
 « Abolitionnistes du monde entier : mêmes tactiques, mêmes accointances »
 « 270 000$ au groupe Stella pour une rencontre de 4 jours sur « le travail du sexe » »

En tant que responsable du site Web NetFemmes, le CDÉACF juge que ces trois textes font preuve d’un manque de respect envers deux individues, ainsi qu’envers un organisme de la société civile qui regroupe des femmes. Dans ce sens, ces textes ne peuvent être promus sur le site.

Le site Web de NetFemmes est à la disposition des femmes et des groupes de femmes pour la diffusion de communiqués, d’appels à l’action, de nouvelles et de textes d’opinion, mais pas au prix du manque de respect des personnes et des groupes.

Merci de votre compréhension.

Katherine Macnaughton-Osler, CDÉAC »

Des critères variables

Que faut-il comprendre à cette décision ? Pourquoi l’administratrice de Netfemmes a-t-elle eu besoin de cinq (5) jours, après l’affichage du communiqué de Sisyphe, pour constater que celui-ci manquait soi-disant "de respect" à l’égard "d’un organisme de la société civile qui regroupe des femmes" et ne pouvait, à ce titre, "être promu sur ce site" ? Pourquoi ce communiqué ne manquait-il pas "de respect" sur la liste de discussion et est-il devenu une preuve de non-respect dans les Actualités ? Parce que les Actualités de Netfemmes sont davantage publiques que la liste et que le fait que les féministes ne s’entendent pas toutes nécessairement sur les objectifs du groupe Stella y serait plus visible ? Curieux, tout de même, que les critères puissent changer en si peu de temps et selon le lieu.

Le communiqué aurait-il "manqué de respect" et été supprimé si Micheline Carrier n’avait pas demandé à répondre aux commentaires de Nicole Nepton et de Marie-Neige St-Jean de façon aussi visible que ces dernières ? Comme on peut le constater, le communiqué de Sisyphe annonçait un dossier, qui pouvait certes représenter une position critique par rapport à celle des partisan-es de la prostitution comme "travail", mais qui ne manquait pas de respect envers "un organisme de la société civile qui regroupe des femmes", ni envers quiconque. À moins que le simple fait d’annoncer cette information puisse représenter pour certaines personnes un outrage à majesté. Ou que cette information, susceptible de provoquer un débat concernant cet organisme, soit jugée potentiellement provocatrice.

Est-il approprié et juste, pour se poser en arbitre neutre, de renvoyer dans un même blâme des textes véhéments concernant deux personnes et l’annonce d’un article d’information sur un événement censé concerner toute la société ? Faire une analyse critique, appuyée sur des faits, du détournement de subventions gouvernementales canadiennes, destinées à la lutte contre le sida, pour financer une rencontre internationale de "travailleuses du sexe", est-ce la même chose, comme semblent le croire la directrice du CDEAF et la modératrice de Netfemmes, que de lancer des attaques nous qualifiant de "staliniennes", en collusion avec la droite religieuse ? Des propos qui touchent aussi bien, d’ailleurs, la trentaine de personnalités, toutes engagées dans leur milieu - et dont aucune ne saurait être qualifiée de droite ou de moraliste - qui ont signé notre pétition pour réclamer un débat public sur la décriminalisation de la prostitution.

Annoncer des faits vérifiés et irréfutables constituerait-il, pour Netfemmes, un « manque de respect » envers le lectorat de son site (ou celui de Sisyphe qui publie l’article annoncé) ? Nous enjoint-on, en supprimant le communiqué de Sisyphe et en le qualifiant de « provocation », de ne plus dénoncer dans nos communiqués et nos interventions la contradiction flagrante entre la promotion du "travail du sexe" et la lutte contre le sida, dont la prostitution constitue une des causes principales de propagation, comme le montrent les études dans tous les pays et particulièrement en Afrique ? Appliquera-t-on désormais un bâillon à toute personne qui remettra en question les rapports sexuels et sociaux de domination inhérents au système prostitutionnel ? Ou à quiconque exprimera un désaccord avec des groupes comme Stella, sous prétexte qu’une réflexion critique sur des "organismes qui regroupent des femmes" constitue un "manque de respect" ?

Un acte de censure injustifié

Nous considérons que les agissements de Netfemmes constituent un acte de censure injustifié et indigne d’un tel réseau. La censure concerne la suppression tant des textes de Nicole Nepton et de Marie-Neige St-Jean que du communiqué de Sisyphe, ainsi que le refus de publier la réplique de Micheline Carrier dans les Actualités. Nous devrions être capables, au sein du mouvement des femmes, de débats et de confrontations sur des sujets aussi importants que la prostitution, et s’il y a parfois quelques égratignures personnelles, comme c’était le cas, les assumer EN AUTANT QU’ON DONNE À TOUTES LE DROIT DE RÉPLIQUE. Sur les listes de discussions de Netfemmes et de PAR-L, nous avions exercé ce droit, comme Nicole et Marie-Neige, et en étions satisfaites. Pourquoi l’exercice de ce droit n’était-il pas possible dans la section Actualités de Netfemmes ou l’était-il seulement pour l’une des parties ?

Que s’est-il passé, au cours des cinq (5) jours écoulés entre l’affichage du communiqué de Sisyphe et le moment où Micheline Carrier a demandé à répondre par des textes dans les Actualités à des textes critiques sur Élaine Audet et elle-même ? Quels intérêts se sont manifestés ? Des interventions auprès de Netfemmes ont-elles incité les administratrices à agir ainsi ? Ou ces dernières voulaient-elles étouffer ce qui aurait pu devenir un débat éthique au sein du féminisme ?

Le mouvement des femmes ne semble pas avoir beaucoup avancé depuis 20 ans, pour ce qui est de sa capacité à débattre de sujets sensibles, controversés plus que rassembleurs, et d’accepter la critique en son sein. Qu’est-ce donc qui empêche ce mouvement de plonger au coeur de véritables débats quand il est question de pornographie et de prostitution, des industries qui ont pourtant beaucoup à voir avec l’oppression capitaliste et patriarcale et, qu’à ce titre, le féminisme devrait combattre, tout en militant pour décriminaliser les victimes de ces industries ? Lorsque des questions controversées sont abordées, pourquoi cette tendance à se réfugier dans le silence ou à manoeuvrer dans les coulisses pour tenter de maintenir le couvercle sur la marmite ou d’imposer le bâillon à des opinions contradictoires ? Quand donc le mouvement féministe pourra-t-il accepter, comme n’importe quel groupe social et politique, de montrer qu’il n’est pas unanime, sans se croire perdu à jamais aux yeux de ses adversaires et du monde ?

Enfin, au lieu de considérer comme de la provocation à l’égard d’un « organisme de la société civile qui regroupe des femmes » un texte qui informe sur un détournement de fonds destinés à la lutte contre le sida en faveur d’une activité de promotion de "l’industrie du sexe", des féministes qui défendent des valeurs d’intégrité et d’équité ne devraient-elles pas mener plutôt une réflexion critique sur un tel choix gouvernemental - surtout quand on sait à quel point les fonds manquent toujours cruellement pour cette lutte au VIH/sida, au Canada comme ailleurs dans le monde ? Ne devraient-elles pas pousser la réflexion jusqu’à se demander si c’est le rôle d’une institution universitaire, comme l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), de cautionner un tel choix gouvernemental en soutenant le Forum XXX comme elle le fait ?

Reconnaissons qu’il y a de quoi réfléchir. On peut faire disparaître un message sur Netfemmes, mais on ne fera pas disparaître les faits qu’il rapportait, ni taire le messager. Sisyphe continuera de commenter ce qu’il veut, que cela déplaise à un groupe ou à un autre, féministe ou non, qu’on prétende qu’il s’agisse d’information ou de provocation. La liberté de pensée a un prix, comme tout le reste, et nous sommes prêtes à le payer. Nous continuerons d’apporter notre contribution à la dénonciation de la pornographie et de la prostitution comme instruments d’oppression d’un système néolibéral et patriarcal qui broie et transforme en marchandise des millions d’êtres humains, des femmes et des enfants dans une forte proportion. Merci aux lectrices de Netfemmes qui nous ont dit apprécier nos interventions et nos communiqués. Nous les invitons à visiter plus souvent Sisyphe à l’avenir.

Micheline Carrier et Élaine Audet


À verser aux archives de l’histoire féministe, avec ses moments plus glorieux

Courriel adressé à Katherine Macnaughton-Osler, responsable des Actualités de Netfemmes, à 10h25, le 10 mai 2005.

To : Katherine Macnaughton-Osler
From : Micheline Carrier
Subject : textes dans les Actualités
Cc :
Bcc :
X-Attachments :

Bonjour Katherine,

J’ai répondu hier soir dans les Actualités aux textes de Nicole Nepton et de Marie-Neige St-Jean. Comme elles ont cru nécessaire de transporter là leurs propos qu’elles ont publiés à peu près partout, j’aimerais bien que les lectrices aient la chance de lire aussi mes réponses. Sur certains sites on a conclu que les accusations de méthodes "staliennes" étaient des attaques personnelles, mais bon, du moment que j’ai le droit d’y répondre. Il y a débat ou il n’y en a pas.

Merci et bonne journée,
Micheline Carrier


Réponse de Katherine Macnaughton-Osler, à 11h41, le 10 mai 2005

Date : Tue, 10 May 2005 11:41:32 -0400
From : Katherine Macnaughton-Osler
Subject : Re : textes dans les Actualités
To : Micheline Carrier
X-Accept-Language : fr-fr, fr

Bonjour Micheline,

Tu as devancé mon message, car en effet j’ai vu ce matin les deux textes de réponse soumis au site et j’avais l’intention de t’écrire à ce sujet. J’ai dû faire d’autres choses ce matin avant d’y arriver.

J’entends ta préoccupation, et je comprends que tu souhaites répondre
aux deux textes, mais j’avoue que je trouve l’ensemble de ces
communications provocatrices, de part et d’autre. Je vais te dire très
franchement que je ne souhaite pas favoriser la poursuite des échanges entre toi et Nicole Nepton *de cette façon* sur le site de NetFemmes - la rubrique Actualités sur le site n’est pas faite pour cela. La liste de discussion est là pour de telles discussions.

Je considère que tu as affiché un message dans les actualités (celui qui
porte sur les 270 000 $ à Stella), suite à quoi Nicole et Marie-Neige
St-Jean ont affiché leurs réflexions là-dessus. Tu as eu cette occasion
de t’exprimer. S’il y a d’autre chose que tu souhaites dire - et je sais
que c’est le cas - je t’inviterais à utiliser la fonction "commentaires"
en bas des textes ou de poursuivre la discussion sur la liste, car les
mêmes messages ont été affichés là. Je dirai la même chose s’il y a
lieu, à Nicole, à Marie-Neige ou à d’autres qui voudront formuler des
réponses à ton texte.

Je suis désolée de t’apprendre que cette situation tombe mal en ce
moment, puisque j’ai justement des problèmes avec la fonction
"commentaires" sur le site. J’essaie de les régler depuis le jeudi
dernier ... C’est donc possible que ton commentaire marche comme c’est possible que cela ne marche pas. Je le verrai lorsque tu l’enverras et je te tiendrais au courant si cela ne marche pas.

Merci de ta compréhension.

Katherine


Réponse d’Élaine Audet et de Micheline Carrier, 15h38, le 5 mai 2005

To : Katherine Macnaughton-Osler
From : Micheline Carrier
Subject : réponse à ta lettre
Cc : xxxx@globetrotter.net
Bcc :
X-Attachments :

Bonjour Katherine,

C’est votre droit de ne pas vouloir que Netfemmes poursuive la discussion dans les Actualités, quoiqu’on puisse se demander si ce n’est pas justement le rôle de Netfemmes de favoriser les débats.

Je ne suis pas du tout d’accord avec votre décision - je crois que tu l’as prise en collaboration. Nicole avait déjà publié son commentaire acerbe sur la liste, en réponse au communiqué annonçant mon article, et je lui avais répondu aussi sur la liste (sans le ton agressif). Elle a récidivé dans les Actualités, en y ajoutant des choses auxquelles je n’ai pas eu l’occasion de répondre. C’est la même chose pour le commentaire de Marie-Neige : je n’ai pas eu l’occasion d’y répondre là où il est publié, c’est-à-dire dans les Actualités. Je trouve insultant que tu vois de la provocation dans mes propos alors que j’ai pris soin d’utiliser un ton très différent de celui de Nicole pour éviter d’accroître l’agressivité. Pourrais-tu me dire où et comment j’ai provoqué ? Considères-tu (ou est-ce le c.a. de Netfemmes et ses alliées de l’extérieur qui le considèrent ?) qu’être en désaccord avec l’attribution d’une subvention faramineuse pour un colloque de 4 jours, pris à même l’argent de la lutte contre le sida, et le dire, c’est de la provocation ? J’ai informé, comme toute personne qui a le moindrement une éthique journaliste et féministe devrait le faire, que l’argent destiné au sida est utilisé pour un forum dont les objectifs sont autres et dont l’orientation concerne une minorité de femmes (celles qui représentent une infime partie des personnes prostituées, qui veulent faire reconnaître la prostitution comme métier et décriminaliser les proxénètes et les clients, une position qui n’est pas endossée par la majorité des femmes, ni des féministes, ni de la société).

Les deux messages dans les Actualités - celui de Nicole et celui de Marie-Neige - nous attaquent personnellement, Élaine Audet et moi (tactiques staliennes, par exemple, en ce qui me concerne, association à la droite religieuse). Et tu voudrais nous refuser le droit de répondre en ce lieu même où Nicole et Marie-Neige ont jugé bon (et savaient sans doute qu’on ne nous autoriserait pas à répondre) de déplacer leurs messages d’abord publiés sur la liste, mais en y rajoutant ?

Tu me demandes de publier ma réplique dans Commentaire, en me disant que la fonction "Commentaire" ne fonctionne pas... Raison de plus de publier mes textes dans Actualités, comme tu l’as fait pour ceux de Nicole et de Marie-Neige. Il ne me semble pas juste que les lectrices lisent les textes de Nicole et de Marie-Neige sans nos réponses. (Je te souligne que j’ai affiché la critique de Nicole sur Sisyphe, elle a donc eu l’occasion de répondre là aussi et si elle m’envoyait un nouveau commentaire, je le publierais). À elles, tu n’as pas eu l’idée de demander de commenter, en utilisant la fonction "Commentaire", mon communiqué intitulé « 270 000$ pour une rencontre de quatre jours sur le travail du sexe » ? Tu sais bien que les commentaires sont peu lus surtout après que les textes ne soient plus affichés dans la page centrale. Il n’y a presque jamais de commentaires dans les textes de l’Actualité et on s’aperçoit rarement qu’il y en a. Actuellement, on lit des propos sur notre compte, sans leur contre-partie, et ces propos ne réfutent pas l’information diffusée dans l’article, elles s’en prennent aux messagères (et le ton accentue le tout). Cela ressemble un peu à ce qui nous est arrivé sur le CMAQ, ne trouves-tu pas ? Sauf que le CMAQ donne encore le droit de réplique.

Je demande à nouveau que tu publies nos deux réponses et nous n’y reviendrons plus dans les Actualités, en autant que les autres fassent de même. (Mais ta décision veut-elle dire aussi que nous ne pourrons plus parler de prostitution dans les Actualités ?) Ou alors, tu pourrais supprimer les commentaires de Nicole et de Marie-Neige si nous ne pouvons y répondre. Leurs commentaires portaient plus sur nous, Élaine Audet et moi que sur le fond de la question. Si cette décision est maintenue, nous considérerons que c’est une forme de censure, car tu tranches une discussion avant que l’autre partie ait pu répondre aux accusations. Netfemmes est censé être un lieu d’échanges qui laisse toutes les opinions s’exprimer et il me semble que c’est une question d’éthique de laisser une personne se défendre de propos à la limite de la diffamation (informer sur une subvention, en citant mes sources, ce n’est pas une attitude stalinienne ; il n’y avait pas d’invention ni de provocation dans mon article, sauf si tu considères que le fait de l’écrire en était : mais en est-on rendu au point où on ne pourra plus rien dire de peur de déplaire aux "travailleuses du sexe" représentées par Stella ?).

Netfemmes a le pouvoir de nous refuser le droit de réplique, le réseau ne nous appartient pas, quoiqu’il devrait, il nous semble, appartenir à toutes. Cette décision représente à nos yeux une prise de position, et la censure d’un débat qui fait peur à certaines, mais au bout duquel il faudra bien se rendre un jour ou l’autre. Le débat se fera ailleurs, de toute façon, mais cela n’aidera pas nécessairement le mouvement féministe d’essayer de mettre le couvercle sur la marmite. Si nous ne pouvons pas nous défendre des propos de Nicole et de Marie-Neige là où elles les tiennent, et dans un délai raisonnable, c’est-à-dire aujourd’hui ou demain matin, il faudra bien que nous le fassions ailleurs en expliquant pourquoi. L’intégrité passe pour nous avant les faux consensus et la neutralité de façade.

Merci de ta collaboration
Micheline Carrier
Élaine Audet

P.S. Élaine Audet a signé cette lettre car elle est aussi directement concernée.


Date : Tue, 10 May 2005 19:56:24 -0400
From : Katherine Macnaughton-Osler
Subject : Re : réponse à ta lettre
To : Micheline Carrier , xxxx@globetrotter.net
Cc : Rosalie Ndejuru
X-Accept-Language : fr-fr, fr

Bonjour Micheline et Élaine,

Je comprends vos préoccupations en ce qui concerne les commentaires qui vous nomment dans les deux textes en question.

J’en ai parlé avec la Directrice du CDÉACF, Madame Rosalie Ndejuru que je mets en copie conforme de ce message. Nous avons déterminé que les textes soumis au site doivent faire preuve de respect envers d’une part, les individues, et d’autre part, les groupes de femmes.

Nous avons donc décidé de mettre fin à ces échanges sur le site en
supprimant les deux textes en question, ainsi que le vôtre.

J’ose espérer que vous comprendrez notre décision d’agir ainsi.

Salutations,

Katherine Macnaughton-Osler, CDÉAC »

***

Non, nous n’avons pas compris cette décision.

Micheline Carrier et Élaine Audet


Source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1781 -