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Témoignage d’une adolescente qu’on veut forcer à se marier

24 août 2005

par Billé Siké, sociologue


Le 11 août 2005, l’Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes, antenne de l’Extrême-Nord du Cameroun, a été saisie d’ un cas de mariage précoce et forcé.

Agée de 15 ans, Mlle TC lycéenne, a été accompagnée deux fois de suite chez son « futur époux » par son père. Deux fois de suite, elle a pris la fuite, ne voulant pas de ce mariage.

Voici les propos de son père : « Je la tuerai si elle refuse ce mariage ».

Deux plaintes ont été déposées auprès du Procureur de la République et du Procureur Général. Le Procureur Général a transmis la sienne au Procureur de la République avec des instructions.

Le Procureur de la République, après avoir reçu le dossier venant du Procureur Général, l’a envoyée par la suite à la gendarmerie pour enquête. Le dossier reviendra chez le Procureur de la République après être passé par la gendarmerie. Actuellement, l’enquête est en cours.

Voici le contenu de la lettre/plainte :

Mlle TC - 15 ans

Maroua, le 13 Juillet 2005

Objet : Plainte contre MS (père de la fille) et MM pour mariage précoce et forcé

Monsieur,

J’ai l’honneur de venir auprès de votre haute bienveillance porter plainte contre Messieurs MS et MM pour ce qui suit :

Monsieur MM est un boucher du petit marché de Ouro-Tchédé (Maroua). c’est là que je l’ai rencontré. Par la suite, il a commencé à contacter une dame nommée Y en lui disant qu’il m’aime mais, il ne me l’a jamais avoué.

Cette femme venait à la maison pour remettre les cadeaux envoyés par MM pour mon père. J’avais maintes fois dit à mon père que je ne voulais pas de ce type, il ne me répondait pas. J’avais également dit au boucher que je ne l’aimais pas lors d’une de ses visites à la maison, mais il continuait toujours à venir avec des cadeaux destinés à mon père. C’est alors qu’un jour, j’ai surpris mon père dans une conversation avec ma cousine : il lui disait qu’il était d’accord avec la demande de MM pour qu’il m’épouse. Je me suis mise à pleurer en lui disant que je ne voulais pas épouser un homme âgé et en plus un polygame (3 femmes).

Alors, il s’est levé et s’est mis à me poursuivre pour me frapper ; j’ai pris fuite ; c’était un vendredi soir. Quand il est parti au travail, je suis rentrée pour passer la nuit à la maison ; le lendemain matin très tôt, avant son arrivée, je suis partie chez mon oncle et je revenue à la maison après son départ pour le travail. Le dimanche matin, il m’a surprise dans la cuisine et m’a battue en disant « qu’il est mon père et je ferai ce qu’il voudra ». Il a aussi frappé ma mère parce qu’elle s’oppose à ce mariage et lui reproche ce comportement.

Un jour, je l’ai entendu dire à son complice MM qu’il avait demandé une permission à son lieu de service et qu’il devrait être à la maison à 19h pour m’accompagner chez lui. Je suis allée me réfugier chez un Pasteur à Dougoy (Maroua), c’était un samedi le 14 mai 2005, en pleine année scolaire. Le Pasteur a ensuite informé mon père que j’étais chez lui ; deux jours après, il est venu chez le Pasteur lui demandant de me ramener à la maison ; j’ai refusé d’y aller. Je suis rentrée à la maison le mercredi 18 mai 2005 en compagnie de mon oncle ; mais quand j’ai vu les valises que MM avait apportées pour mon père, j’ai de nouveau pris fuite. Je suis rendue à nouveau chez le Pasteur. Je suis définitivement rentrée à la maison en compagnie du Pasteur le 25 Mai 2005.

Mais, ce n’était pas fini.

Par la suite, mon père a continué à fréquenter MM en attendant que le temps passe. A présent, il projette m’emmener lui-même chez MM le 15 juillet sans mon accord ni celui de ma mère mais en négociant dans les coulisses.

Je suis âgée de 15 ans ; ce que je demande à présent, c’est que mon père puisse accepter de rembourser la dot et que MM cesse de me harceler. Je ne voudrais pas que mon père aille en prison car, il tient une famille nombreuse (11 enfants et 2 femmes) et afin que ma mère puisse vivre en paix.

En attendant une suite favorable, je vous prie Monsieur, d’agréer à l’expression de mon profond respect.

(Fin de la lettre)

Malgré la fermeture du Centre Vie de Femmes pour cause de vacances, les FEMMES DE L’ALVF sont mobilisées pour faire pression auprès des autorités judiciaires etc.

LA VIE DE CETTE FILLE EST EN DANGER :

 ELLE EST EXPOSEE AUX IST/VIH-SIDA
 ELLE EST EXPOSEE À LA PAUVRETÉ
 ELLE EST EXPOSEE À LA PROSTITUTION
 ELLE EST EXPOSEE À L’ILLETTRISME

MOBILISONS-NOUS AFIN DE SAUVER DES MILLIERS DE FILLES EXPOSEES A SUBIR CETTE PRATIQUE DANS LE MONDE.

PHOTOCOPIEZ CETTE LETTRE ET DISTRIBUEZ-LA À VOS AMIS, AUX ASSOCIATIONS DES DROITS DE L’HOMME, AUX ORGANISMES INTERNATIONAUX...

Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 août 2005

Billé Siké, sociologue



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