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Prostitution, pornographie et trafic des femmes

8 octobre 2005

par Dre Michèle Dayras, présidente de SOS-SEXISME

Définition

La prostitution est définie par 3 critères : le contact sexuel, la rémunération étendue à n’importe quel bénéfice économique, la nature répétée ou habituelle de l’activité. (M. Ngalikpima, 2005)

On entend couramment parler de prostitution comme du « plus vieux métier du monde » ce qui est erroné et néfaste car son assimilation à un travail n’a pour but que de pérenniser cet esclavage. La prostitution n’existait pas dans les sociétés matrilinéaires où aucun être humain n’était asservi. C’est avec le Patriarcat qu’elle apparaît et c’est lui qui l’érigera en système « acheteur/proxénète (mafia ou Etat)/prostituée ». D’abord sacrée à Babylone où elle est pratiquée dans les temples, elle devient dévalorisante avec le développement de la prostitution hospitalière en Chaldée il y a 6000 ans puis de la prostitution séculière (telle que nous la connaissons) en Grèce avec Solon (600 av. J.C.) fondateur des maisons closes et avec Marcus qui établit le principe de la "carte" réglementant ainsi l’esclavage légal des femmes.

Les hommes, qui ont utilisé les femmes comme monnaie d’échange dans les sociétés où le système monétaire était inconnu, introduisent les rapports d’argent dans la prostitution. « Ce n’est pas son sexe que la femme est amenée à vendre dans la prostitution mais sa dégradation ; ce n’est pas la sexualité que l’acheteur s’approprie mais le pouvoir sur un autre être humain. » La prostitution est « une des plus évidentes traductions de la phallocratie exacerbée. Elle découle d’un masculinisme totalitaire qui rend les femmes esclaves et qui absout clients et proxénètes. » L’acte de prostitution est une déclaration de la valeur marchande de la femme en tant qu’objet et la domination sexuelle qui en découle devient la forme d’oppression qui étaye toutes les autres. A partir de cette domination individuelle, l’inégalité fait partie intégrante de l’ordre social, économique et politique au sens large.

A notre époque on distingue 3 systèmes législatifs régissant le fait prostitutionnel :

Le prohibitionnisme qui l’interdit : la prostituée et le proxénéte sont des délinquants, mais le client n’est pas obligatoirement poursuivi. (Etats du Golfe, la plupart des Etats-Unis d’Amérique)
Le réglementarisme qui le structure officiellement aboutissant à un contrôle par les pouvoirs publics, le plus souvent avec fichiers sanitaires et de police répertoriant les personnes prostituées. (Thaïlande, Grèce, Turquie, Hollande, Allemagne)
L’abolitionnisme (né au 19ème siècle en Angleterre à la suite des revendications de Joséphine Butler) qui admet que la prostitution relève de la sphère privée mais milite pour sa prévention, considère la prostituée comme une victime à réinsérer et combat le proxénétisme. (France, Inde, Asie du Sud-est, Canada, Australie, les pays du Pacifique, la plupart des pays d’Amérique latine)

Il convient de signaler d’autres formes de prostitution mises en place par les Etats : pendant les conflits armés (bordels militaires de campagne en Europe, « épouses de réconfort » au Japon), à l’occasion des rencontres sportives (25.000 femmes importées pour les J.O. d’Athènes en 2004), lors des missions regroupant des hommes dans le cadre de leur travail ou de réunions politiques, etc.

Législation

<La Convention internationale du 2 décembre 1949 pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui stipule que « La prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine et mettent en danger le bien-être de l’individu, de la famille, de la communauté. » L’Article 6 pose l’interdiction de la réglementation de la prostitution.

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes de 1979 (Article 6) déclare : « Les Etats parties prennent toute les mesures appropriées y compris des dispositions législatives pour supprimer, sous toutes leurs formes, le trafic des femmes et l’exploitation de la prostitution des femmes. »

La Convention contre la torture et autres traitements inhumains, cruels et dégradants (1984).

Le 1er Protocole additionnel à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée (2000) vise à prévenir, réprimer et punir la traite des êtres humains en particulier des femmes et des enfants. Il définit la traite comme l’organisation de la migration légale ou illégale de personnes, même consentantes, en vue de l’exploitation. « L’exploitation comprend au minimum l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle (etc.). »

Une violence criminelle contre les femmes

Les multiples modes de soumission des femmes par les trafiquants et/ou les proxénètes sont bien connus : le remboursement du prix du voyage (endettement), l’enfermement, la confiscation des papiers d’identité, la drogue, l’alcool, les coups, les viols répétés, le chantage à l’enfant, etc.

Human Rights Watch/Asie dénonce le sort des Birmanes exploitées en Thaïlande : « La combinaison de servitude pour dettes, d’emprisonnement illégal et la menace ou l’exercice de la violence physique, forcent les femmes à demeurer dans l’esclavage sexuel pour toute la durée où elles se trouvent dans les bordels. » (1993) Selon son étude sur les Népalaises victimes du trafic en Inde « La plupart des filles et des femmes sont amenées dans ces bordels misérables après tout un processus de « dressage » par viols et coups. » (1995) Dans les Balkans existent de nos jours de véritables « camps de soumission. » (C. A. MacKinnon)

A cette violence s’ajoute celle du client. Dans une étude américaine effectuée sur 55 survivantes de la prostitution : 78% avaient été violées par des proxénètes et des acheteurs de sexe (en moyenne 49 fois/an) ; 84% victimes d’attaques graves et sévèrement battues, nécessitant souvent l’appel des services d’urgence et l’hospitalisation ; 49% enlevées et transportées d’un Etat à l’autre ; 53% victimes d’abus sexuels et de torture ; 27 % mutilées. (Suzan Kay Hunter, 1993) Dans une étude sur les prostituées de rues en Grande-Bretagne : 87% des femmes avaient été victimes de violences durant les 12 derniers mois ; 27% violées ; 43% souffraient des conséquences d’abus physiques graves. 73% de ces femmes avaient subi des attaques multiples. (Benson et Matthews, 1995)

« Les critères spécifiques de la personne prostituée en termes de race, de nationalité sont de facteurs importants en ce qu’ils déterminent l’attitude des clients (…) : assimilées à des stéréotypes négatifs elles seront exposées à des comportements violents. » (M.Ngalikpima, 2005)

Trafic et prostitution ont des effets négatifs sur la santé des femmes.
La violence des conditions de vie entraîne des traumatismes physiques, sexuels et psychologiques. Nous avons déjà évoqué la dépendance à la drogue et à l’alcool. Citons les maladies sexuellement transmissibles, les syndromes inflammatoires pelviens, l’hépatite, la tuberculose, les grossesses non désirées, les avortements forcés, les altérations psychiques et mentales, les troubles du sommeil, les tentatives de suicide et les meurtres.

Environ 42 millions de personnes dans le monde vivent avec le virus du Sida. Cette épidémie touche principalement les prostituées. Au Népal, la prévalence du VIH est de 20 %. En Afrique du Sud, de 70.4 %. Au Cambodge, de 28.8 %. En Zambie, de 31% dans les zones chaudes. En Inde les scientifiques ont observé qu’à un niveau important de prostitution le long des axes routiers du nord-est correspondait un pourcentage élevé d’infection par le VIH. Des experts pensent que le trafic sexuel permet la diffusion planétaire des diverses variétés virales. Les acheteurs de sexe qui refusent généralement tout contrôle de leur demande sexuelle dont le port du préservatif, constituent un élément majeur dans la diffusion de cette épidémie. Et l’on sait que les femmes sont plus sensibles que les hommes au VIH/Sida et qu’il existe un risque de transmission à leur descendance.

Vers une légalisation de la prostitution ?

Dans les années 1980, face à l’épidémie de SIDA, des organisations internationales et des Etats réfléchissent à l’opportunité de réglementer l’industrie du sexe pour protéger la santé publique.

Lors de la Conférence européenne des 4-5 juillet 1991 est abordé la question de la « décriminalisation » de la prostitution, alors que la position scandinave penche plutôt pour la pénalisation du client.

En 1993 la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes ne mentionne que la prostitution « forcée » parmi ces violences.

En 1995 pendant la Conférence internationale de Pékin sur les femmes, la notion de prostitution « libre » est dissociée de celle de prostitution « forcée » alertant les féministes. Faudrait-il imaginer la prostitution comme un choix de vie ? Comment l’élément de coercition et le degré de contrainte pourraient-ils être évalués ? Enfin il semble paradoxal d’opposer le trafic des femmes considéré comme « forcé » et la prostitution reconnue comme « libre » car ces variables sont inter - dépendantes.

En 1997 l’Organisation Internationale contre l’esclavage publie un rapport qui prône une redéfinition de la prostitution comme un « travail du sexe. »

En 1998 l’Organisation Internationale du Travail (dans un rapport sur l’Asie) appelle à la reconnaissance économique de l’industrie du sexe. Soulignant l’expansion de cette industrie et sa contribution non perceptible dans le P.N.B., l’OIT argumente pour que soit reconnu le "secteur du sexe" avec « élargissement du filet fiscal aux nombreuses activités lucratives qui y sont liées » Quant à « l’extension des droits du travail et des bénéfices pour les travailleurs du sexe » et à « l’amélioration de leurs conditions de travail » promises par l’OIT, elles relèvent d’une mystification.

En 2001 l’Organisation Mondiale de la Santé demande la réglementation de la prostitution pour lutter contre l’épidémie de sida.

* La mondialisation de l’économie capitaliste, l’ouverture des frontières, les bouleversements politiques, les inégalités croissantes entre les pays de l’Est et du Sud par rapport à ceux du Nord et de l’Ouest, la féminisation de la pauvreté dans les pays d’origine, les conflits armés avec les migrations de population qui en découlent et le stationnement de ’forces de maintien de la paix’, ont permis au marché du sexe d’exploser et de générer des profits colossaux. Ces 30 dernières années « le changement le plus dramatique du commerce sexuel a été son industrialisation, sa banalisation et sa diffusion massive à l’échelle mondiale. Cette industrialisation, à la fois légale et illégale, rapporte des milliards de dollars. » « Des multinationales du sexe sont devenues des forces économiques cotées en bourse. » (R. Poulin, 2002) « Le processus de marchandisation des biens et des services, et plus particulièrement la marchandisation des corps est au cœur de l’actuelle accumulation capitaliste. » (R. Poulin, 2005)

* Le trafic en vue de la prostitution est devenu une industrie florissante via les réseaux fortement structurés du Crime organisé. Les femmes sont enlevées, achetées ou attirées par des offres d’emplois fictifs de « filles au pair » ou de serveuses, puis recrutées dans les bordels, sex-clubs, salons de massage et saunas. Du Bangladesh, on les envoie vers l’Inde, le Pakistan et les pays du Golfe ; des Philippines, vers le Japon. L’Ethiopie, la Colombie, la Chine sont aussi des pays fournisseurs.

En Europe occidentale plus de 80% des femmes proviennent de l’ex-URSS, les autres d’Afrique. Le rôle des mafias russo-turque et d’ex-Yougoslavie est prédominant en Occident d’après une étude de l’Office International des Migrations. Certaines estimations européennes suggèrent qu’entre 1990 et 1998 plus de 253.000 femmes et fillettes ont été incorporées dans l’industrie du sexe de 12 pays européens demandeurs. Le nombre total de prostituées s’est accru de plus d’un demi million. L’industrie du sexe dans les Etats membres de l’UE est l’une des plus lucratives et les pays qui ont reconnu la prostitution comme une forme de travail, ont plus de bordels que d’écoles (« écoles de prostitution » non comptabilisées).

La légalisation partielle de la prostitution en Suisse a fait doubler le nombre des maisons closes en quelques années. La plupart d’entre elles sont exemptes de taxes et bon nombre sont illégales. En 1999 le journal de Zurich Blick a indiqué que la Suisse avait la plus forte densité de maisons closes d’Europe.
La légalisation de la prostitution dans l’Etat de Victoria en Australie a conduit à une expansion massive de l’industrie du sexe. Alors qu’il y avait 40 maisons closes autorisées en 1989, il y en avait 94 en 1999 et 84 services d’hôtesses. D’autres formes d’exploitation sexuelle comme la danse sur table, les centres sadomasochistes, les peep-shows, le téléphone rose et la pornographie se sont développées de façon beaucoup plus lucrative qu’auparavant. (Sullivan et Jeffreys, 2001)

La légalisation de la prostitution en Hollande le 1er octobre 2000 a fait des maisons closes des entreprises comme les autres. Dans les 250 bordels d’Amsterdam les femmes travaillent de 12 à 17 heures par jour et subissent des contrôles sanitaires pour protéger la santé des clients ! 80 % sont des étrangères dont 70% sont sans papiers car victimes de la traite. L’industrie du sexe génère au moins mille millions de dollars par an. L’argent sale est investi massivement au sein des Red Light Districts « entraînant la création de zones franches où s’épanouissent librement les activités criminelles. » (C. Albertini, 2005)

La légalisation n’a pas fait diminuer la prostitution ; elle a encouragé la traite (pourtant les Pays-Bas luttent fermement contre ce fléau), accru la demande de services sexuels, augmenté la prostitution clandestine et celle des mineures. Les femmes soulignent que la légalisation ou la dépénalisation de l’industrie du sexe les rend plus vulnérables aux agressions car elles doivent s’inscrire sur un registre et perdre leur anonymat. Ainsi la majorité des prostituées choisissent encore d’agir de manière illégale et souterraine. « Des membres du Parlement qui étaient à l’origine partisans de la légalisation des maisons closes, constatent désormais que cette légalisation renforce en fait l’oppression envers les femmes. » (Daley, 2001)

La Coalition contre le trafic des femmes (CATW) a recueilli les témoignages de près de 200 victimes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Les prostituées ont déclaré que les établissements dans lesquels elles étaient ne faisaient presque rien pour les protéger, qu’ils soient légaux ou illégaux. « Les seules fois où ils interviennent, c’est pour protéger les clients. » (2002)

En janvier 2002 la prostitution a été pleinement reconnue comme une activité légitime en Allemagne après avoir été autorisée pendant des années dans des lieux appelés éros-centers. « L’Allemagne autorise même le proxénétisme conjugal, ce qui encourage la traite par le biais des agences internationales de rencontre (…). » (C. Albertini, 2005) En 1993, 75 % des prostituées étaient originaires d’Amérique du sud. Après la chute du mur de Berlin, 9 sur 10 provenaient d’Europe de l’Est et d’autres pays anciennement soviétiques. (Altink, 1993) En 2005 l’Allemagne détient le record d’Europe du nombre de femmes prostituées… A cause de la réglementation une chômeuse a été conviée, début 2005, à postuler dans un bordel sous peine de voir ses allocations supprimées !

La prostitution deviendrait-elle une carrière pour nos filles ?

* Pornographie et cyber-proxénétisme : Cette évolution vers la dépénalisation de la prostitution s’est accélérée parallèlement au développement de la pornographie sur Internet et dans les médias sous couvert de démocratie, de liberté de la presse et de refus de la censure.

La pornographie a servi à banaliser la prostitution « qui devient une activité commerciale légalisée, parfaitement intégrée, disponible à domicile. » Certains ont fait miroiter aux femmes que le dernier stade de leur libération sexuelle était l’accès aux ébats pornographiques, confondant sciemment érotisme et pornographie. Cette nouvelle forme d’avilissement des femmes (fist fucking, tortures, viols, nécrophilie, zoophilie, meurtre dans certains films « hard ») induit chez les hommes (à 99% les consommateurs) une dépendance et une pathologie décrites par les médecins américains sous la terminologie de « cyber-sexe. » Chez les jeunes « Elle contribue à l’apprentissage d’une sexualité dégagée de tous tabous et de tous sentiments puisqu’elle la prive du relationnel, du langage, de l’échange, de l’affectivité, de l’amour et du respect. » Basée essentiellement sur la domination des femmes par les hommes son but ultime reste le plaisir masculin. « La violence des rapports sexuels (…) repousse les limites de l’interdit de l’inceste, du viol, de l’exhibitionnisme. En montrant des perversions multiples la pornographie fait reculer la barrière qui existe entre l’imaginaire et la réalité, voire érige en normes des actes interdits donnant naissance à une violence d’une autre nature, celle qui proclame qu’il existe une jouissance à faire souffrir l’autre. » (France : Rapport 2002)

Enfin Ie cyber-espace a constitué un moyen privilégié de recrutement pour les proxénètes.

* Tourisme sexuel : Une forme de tourisme très spéciale a vu le jour récemment : celle de riches Occidentaux qui associent voyage et assouvissement de leurs fantasmes auprès des femmes (ou des enfants) essentiellement d’Asie du Sud-est. Vente par catalogues, vente sur Internet, réservation dans les agences de voyages, tout est prévu pour satisfaire les goûts les plus extrêmes de celui qui préfère ignorer la souffrance et le désespoir de celles qui ne sont pour lui que de simples jouets sexuels.

Quel avenir possible ?

* La pénalisation du client

Le Protocole de Palerme est le 1er instrument international qui (dans son Article 9.5) mentionne les hommes qui créent cette demande : "Les Etats doivent adopter ou renforcer la législation ou les mesures éducatives, sociales et culturelles, (…) afin de décourager la demande qui accentue toutes les formes d’exploitation des personnes, spécialement des femmes et des enfants, et conduit au trafic. »

En Suède depuis le 1er janvier 1999 date d’entrée en vigueur de la loi « celui qui, moyennant rémunération, se procure une relation sexuelle occasionnelle, est condamné, si l’infraction ne fait pas l’objet d’une sanction pénale prévue par le code pénal, à une peine d’amende ou d’emprisonnement de six mois au plus pour achat de services sexuels. »

Des services sociaux ont été instaurés pour recycler les prostituées qui le souhaitent (plus de 90% des femmes veulent quitter leur condition) et une information est faite auprès du public.

On estimait à 125.000 personnes la clientèle des quelques 2.500 prostituées du pays en 1998. « 3 ans après le vote de la loi, 300 hommes ont été arrêtés par la police et 77 condamnés par la Cour. A Stockholm où il y avait beaucoup de prostitution de rue, celle-ci a baissé de 50% et le nombre d’acheteurs de 80%. » (G. Ekkberg, 2002)

« Bien entendu, tout comme la pénalisation du meurtre, du viol ou du harcèlement sexuel ne peut pas encore suffire à les faire disparaître complètement, la prostitution n’a pas non plus disparu en Suède. Mais ceci n’est pas une raison pour ne pas pénaliser ces violences. » (M.Markovich)

L’extraterritorialité de cette législation n’est pas encore effective, à l’instar d’autres lois suédoises, françaises, thaïlandaises et philippines permettant de condamner les acheteurs de services sexuels à l’étranger. Cependant son rôle reste positif sur la diminution de la traite en Suède.

* La lutte contre le crime organisé et le blanchiment d’argent sale, combat d’autant plus difficile que la traite en vue de prostitution et/ou de pornographie engendre des revenus supérieurs à l’ensemble des budgets militaires et que « ce phénomène est considéré comme vital pour l’économie de plusieurs pays. » (C. Albertini, 2005)

* L’interdiction des sites pornographiques vecteurs de haine contre les femmes et la pénalisation de leurs auteurs, comme c’est le cas pour les sites pédophiles et/ou antisémites.

* La mise en place d’un vrai projet égalitaire entre les femmes et les hommes.

Parmi les Objectifs du Millénium pour le Développement figurent l’éradication de l’extrême pauvreté, vivier de filles pour la prostitution, et l’égalité des genres.

La Conférence Européenne de Genève sur les femmes (2004) a attiré l’attention sur le trafic lié à la prostitution et exigé une coopération nationale, régionale et internationale pour combattre ce fléau.

Mais, si l’on veut atteindre une réelle égalité femmes/hommes il est impératif de dénoncer la prostitution et pas seulement le trafic, comme la ’violence-clé’ qui regroupe toutes les formes de violences faites aux femmes, ainsi que le rôle joué par les hommes dans sa perpétuation. La lutte contre la prostitution doit devenir un objectif prioritaire de tous les Etats. Elle exige une volonté politique et une coopération politico-judiciaire internationale renforcée.

L’égalité n’existera pas, aussi longtemps que les hommes pourront acheter, vendre et exploiter les femmes, et aucune femme ne se sentira vraiment libérée si une autre est réduite en esclavage.

Ce texte a été publié le 16 juin 2005 sur le site de SOS-Sexisme. Nos remerciements à l’auteure de l’avoir proposé pour publication sur Sisyphe.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 1er octobre 2005.

Dre Michèle Dayras, présidente de SOS-SEXISME


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