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Louise Harel s’oppose à l’instauration d’un scrutin proportionnel au Québec

22 février 2006

par Paul Cliche

Montréal - Disant parler en son nom personnel, Louise Harel, chef de l’opposition péquiste à l’Assemblée nationale, a déclaré, le 20 février, qu’elle s’opposait à l’instauration d’un scrutin proportionnel au Québec avant son accession à la souveraineté. Elle a expliqué qu’elle pouvait prendre cette position parce que le Parti québécois est une « coalition » qui permet de telles divergences d’opinions en son sein.

On sait que le programme du P.Q. contient, depuis 1969, l’engagement d’instaurer un tel scrutin proportionnel et que ce dernier a été renouvelé, lors de la dernière campagne électorale lorsque l’ex-premier ministre Bernard Landry avait promis l’instauration de la proportionnelle « avant les prochaines élections », s’il était reporté au pouvoir.

Mme Harel, députée d’Hochelaga-Maisonneuve, a fait cette déclaration dans le cadre d’un débat portant sur la réforme du mode de scrutin au Québec et la question nationale organisé par le Collectif Féminisme et démocratie et l’Institut du nouveau monde au moment même où une commission parlementaire effectue la tournée du Québec pour consulter la population sur un avant-projet de loi qui réforme le mode de scrutin majoritaire actuel en proposant de le remplacer par un scrutin mixte qui contient des éléments de proportionnalité.

La députée de Maisonneuve-Hochelaga était accompagnée d’un militant péquiste, le politicologue Denis Monière. Louise Paquet, ex-présidente du Mouvement national des Québécois et un militant souverainiste, le politicologue Pierre Serré, ont insisté de leur côté sur l’urgence de remplacer le mode de scrutin actuel par un scrutin proportionnel afin de permettre l’expression du pluralisme politique à l’Assemblée nationale, de corriger les distorsions entre les voix et les sièges qui empêchent les tiers partis d’être traités avec équité, ainsi que de permettre une représentation politique égale des femmes et des hommes.

Aux yeux de la députée d’Hochelaga-Maisonneuve, le scrutin majoritaire et le scrutin proportionnel sont « tout aussi démocratiques l’un que l’autre ». Elle a dit craindre l’effet de la réforme proposée sur l’avenir de la nation québécoise. Quant à M. Monière, il boycotte la consultation en cours parce que le projet de réforme libéral « affaiblirait le Parti québécois » et « affaiblirait le Québec vis-à-vis le Canada ». Il voudrait qu’une réforme du mode de scrutin ne soit discutée qu’après un référendum gagnant alors qu’une assemblée constituante préparerait la loi fondamentale d’un Québec souverain.

Au contraire, Pierre Serré, qui est l’auteur d’une thèse prouvant que le scrutin majoritaire affaiblit le vote des francophones. estime que l’introduction de la représentation proportionnelle est urgente parce que le poids relatif de ces derniers au niveau des circonscriptions prenables par le P.Q ne cesse de diminuer d’élection en élection au profit des anglophones.

Mme Harel voudrait aussi que les sympathisants du nouveau parti de gauche, Québec solidaire, joignent plutôt les rangs du P.Q. parce que « la dispersion du vote entre plusieurs partis souverainistes lors des prochaines élections serait de nature à empêcher la souveraineté ». Elle a présenté ce dernier comme une « vaste coalition », seule force politique capable de réaliser la souveraineté.

Louise Paquet a répliqué qu’elle était d’accord avec la formation d’une coalition, mais pas au sein du Parti québécois. « Où on en est rendu présentement, on n’embarque plus dans ce discours-là. Les gens n’ont plus le goût de se rallier au P.Q. en se disant qu’ils n’ont pas le choix », a-t-elle commenté en dénonçant « l’attitude dogmatique » de ce dernier qui « veut tout contrôler et qui se voit toujours comme le seul dépositaire de l’option souverainiste ». Elle a conclu que dorénavant l’alliance entre souverainistes « devra se faire à travers la diversité ».

Quant à M. Monière, il considère que le nouveau parti de gauche Québec solidaire est « le principal adversaire du Parti québécois ». Il a contredit un intervenant qui soutenait que la définition d’un projet de société doit primer sur la souveraineté. Il a soutenu au contraire que cette dernière demeurait toujours l’objectif central et que le projet de société « devrait être subordonné au projet national ».

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Mis en ligne sur Sisyphe, le 22 février 2006.

Paul Cliche


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