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Jeux olympiques 2006 - J’ai perdu mes eaux limpides !!!

2 mars 2006

par Michèle Bourgon

Deux femmes en or... Franchement... Quel titre !

Don Cherry va commenter le hockey olympique : les biceps, le roulement des mécaniques, et la suprématie des Canadiens au détriment des Européens, blablablabla... Il a dû retourner à Ottawa la cerise entre le sundae...

Les femmes ont gagné 75% des médailles canadiennes. Pourtant, elles n’étaient que 44% des athlètes olympiques. On ne reviendra pas aux analyses récentes en politique, mais il semble que Ève ait dépassé Adam, là, en 2006 dans ces compétitions amicales...

L’équipe féminine canadienne de hockey a remporté la médaille d’or, n’en déplaise aux machos. Ça a semblé facile ? Elles étaient supérieures aux autres de leur catégorie. Et de loin. Ça a choqué, ça a perturbé. Constat final : ce sont des athlètes. Les meilleures au monde dans leur catégorie. Les hommes, les professionnels, pas mal moins bons... évidemment compte tenu du calibre... Ça se comprend...

On aura beau expliquer cette victoire en disant que les femmes ont eu moins forte compétition, que le calibre de jeu était moins élevé, reblabblabla... les femmes ont dominé. Un aiguillon capable de susciter toutes les explications, toutes les analyses freudiennes, transactionnelles, lacaniennes, gang de « garsiennes » qui n’auraient jamais été développées si les hommes étaient montés sur le podium. Même pour le bronze.

Cindy Klassen a remporté cinq médailles en patinage... Même notre Gaëtan national ne semblait pas exulter. Impression personnelle, je dois dire. Pourtant, c’est certainement lui qui a insufflé aux jeunes le goût de se dépasser (sans jeu de mots) en patin de vitesse. Clara Hughes a d’ailleurs démontré qu’elle n’avait pas que des jambes, mais aussi du coeur. Émouvante Clara ! Jennifer Heil aussi ; elle qui fut la première d’une longue et
réjouissante série.

Tous les Canadiens hommes ou femmes ont fait du mieux qu’ils ont pu. Les Jeux Olympiques incitent au dépassement de soi d’abord. Des autres, ensuite. Et ensemble, en équipe. Certains l’ont peut-être oublié.

Il me semble que sous couvert de statistiques, de sciences, d’observations, d’explications de conjonctures astrales, les médailles féminines soient encore moins glorieuses que celles des hommes.

C’est là que c’est choquant. Ou du moins que ça semble étonnant.

Les Olympiques, selon leur fondateur, Pierre de Coubertin, selon ce que j’en comprends, sont le lieu de toutes les rencontres pacifiques, de toutes les compréhensions éphémères, de toutes les trèves.

La société a évolué : les femmes ont lentement, mais sûrement pris leur place et ce, dans tous les domaines. Les équipes féminines canadiennes alignent des athlètes de très haut niveau au même titre que les équipes masculines. Les femmes s‚entraînent, souffrent, suent, travaillent très fort, aussi fort que les hommes et ... elles gagnent tout comme eux. Et puis ?

Les femmes et les hommes sont des humains différents, on le sait bien. Et c’est tant mieux pour l’Humanité.

Les athlètes amateurs et les professionnels ? Ça pose un problème ? Excluons les professionnels. Ben quoi ? Les amateurs vous déçoivent ???

Bravo aux hommes et aux femmes qui ont vaincu leurs limites... sans drogues. Y’a que cela qui tienne. Je suis bien prête à chanter le « Haut Canada » pour eux, pour elles.

Il est étonnant, décevant, outrageant que l’on cherche tant d’explications aux médailles des femmes. Elles ont été meilleures, voilà tout.

J’ai perdu mes eaux limpides parce qu’on a un peu brouillé ma fierté et parce que je suis... une femme. Mais elles, les athlètes, elles ont toutes gagné ! Bravo !

Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 février 2006.

Michèle Bourgon


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