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Sous les cendres

4 mars 2006

par Micheline Mercier

Je sais à peine téter,
J’ignore encore ce qu’est marcher
Ou tout simplement parler mais
Tu dois savoir que je sais penser et...

« Avoir peur »

Tu n’as pas le droit de me toucher ainsi !
Je ne peux pas encore me raidir la tête
Pour te crier mon dégoût...

Arrête, tu me fais mal !

Qui t’a donné le droit
De me dépouiller du bonheur qui m’est dû ?
D’anémier mon avenir.

Je ne suis qu’un nourrisson et toi,
Sale pervers, tu t’éclates
À m’affliger de ta rudesse excessive...

Je souffre !

La douleur est intolérable,
Je crois que je vais mourir.
Je ne suis qu’un poupon,

Ne le vois-tu pas !

Repartir dans les nuages voilà ce que je veux.
Je suis trop petite
Pour supporter une telle désolation.

Comprends-tu l’ampleur de ma douleur ?

Vous, qui savez reconnaître
Le pouvoir des mots,
Avez l’obligation de me protéger.

Ne vous laissez pas leurrer.

Complet-cravate, sourire enjôleur,
Trompe-l’œil il sait si bien
Ensorceler les bien-pensants qui ont ...

Eh ! Ne me regarde pas de cette façon.

Décrété que nouvellement née,
Je ne vaux pas plus qu’un poulet de grain.

Mon corps est si faible...
Ne me serre pas trop fort,
Tu me brise les os !

Combien d’années de cette triste vie,
Dois-je attendre
Pour que la justice des hommes,
Me considère son égale.

Je ne pourrai jamais m’adapter
À une telle machination...

Vicieux !
Tu abuses encore de ma faiblesse !

Maman !
Mais où es-tu ?

Vous n’avez pas encore
Compris qu’il ment
Lorsqu’il dit vouloir ne plus me blesser.

Je ne veux pas retourner dans ses bras.
Je sais qu’il est fourbe et
Récidiviste.

Cesse ce ridicule rictus !
Je te sais tricheur.

Maman !
Ne m’abandonne pas...

Ça pue la cigarette !
Pourquoi l’approches-tu
Si près de ma cuisse ?
Ça brûle ! Je prends feu !
Je me meurs dans la souffrance !

J’entends la démence de ton rire.

Eh ! Ne vous éloignez pas de moi,
Assurez-vous qu’il n’approchera plus de moi.

Où suis-je ?

Les murs sont blancs.
J’ai froid. Mon petit corps est en ruine.

Le sort en est jeté, vous avez failli,
Fermé les yeux.

Ne laissez pas la justice abandonner l’enfant
À une supposée déficience
Du comportement humain.

C’est un crime contre l’enfance !
Je ne veux plus vivre avec vous.

Mon âme est en cendre, écoutez ma prière,
Ramenez-moi vers mon jardin d’avant-vie,
Je ne veux plus jamais revenir ici.

Et maintenant, je vous supplie
De panser mes blessures.
Bercez-moi, laissez-moi sangloter,
M’endormir dans la paix

Note de l’auteure :

Trop souvent, nous sommes témoins de sévices envers les enfants. Et ils sont de plus en plus jeunes à subir des atrocités.

Ce n’est pas dans un esprit de confusion ou de contraintes personnelles que j’ai écrit ce poème, mais bien par amour des enfants et avec l’espoir que le monde serait peut-être prêt à ouvrir les yeux ou entendre ces mots que les tout-petits ne peuvent prononcer eux-mêmes.

Redonner un sens à la vie, être à l’affût de gestes pervers voire même brutaux dans le but de protéger ces enfants qui comptent sur nous pour grandir dans la dignité.

Merci de me lire

Micheline Mercier

Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 mars 2006.

Micheline Mercier


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