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Haïti - Mettre fin à l’impunité des violeurs et autres agresseurs de femmes

2 avril 2006

Port-au-Prince, 24 mars 2006 [AlterPresse] - Deux jours après le verdict de la justice haïtienne condamnant deux des 5 violeurs d’une mère et de sa fille, plusieurs organisations de promotion des droits humains, dont la Coordination Nationale de Plaidoyer en faveur de la Cause des Femmes (CONAP), exhortent les autorités de la République des Caraïbes à mettre fin au règne de l’impunité en poursuivant les violeurs, kidnappeurs et autres bandits qui commettent des forfaits sur les femmes.

"La lutte contre la violence faite aux femmes atteint son paroxysme, mais le combat qui doit être mené contre l’impunité et pour la reconnaissance des certificats médicaux délivrés par les autres centres hospitaliers [NDLR : par tous les centres hospitaliers du pays, pas seulement par l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti] se poursuit", lâche Yolette Jeanty de Kay Fanm (Maison des femmes, en français), une organisation féminine membre de la CONAP, au cours d’une conférence de presse le 24 mars 2006, à laquelle a assisté un journaliste de l’agence en ligne AlterPresse.

Garantir la sécurité de Marie Carmelle Jules et de celle de sa famille, le jugement des autres criminels en fuite, l’implication de l’Office Protecteur du Citoyen (OPC) dans la lutte pour le respect des droits humains, rendre plus professionnels les policiers et les hommes de loi, figurent parmi un ensemble de recommandations, formulées par la Coordination nationale de Plaidoyer des droits de la femme aux autorités judiciaires, pour faire cesser la violation systématique des droits des femmes en Haïti.

« La CONAP se réjouit de constater qu’il existe encore des gens responsables dans ce pays. Des citoyennes et citoyens à Martissant ont beaucoup aidé la police à mettre la main au collet des deux criminels condamnés. Bravo les résidents de Martissant qui refusent de laisser le champ libre aux assassins", se félicite Yolette Jeanty.

Marie Carmelle Jules, cette femme qui a été violée dans la nuit du 27 au 28 février 2005 à Martissant (banlieue sud de Port-au-Prince), appelle les autorités haïtiennes à assurer sa sécurité pour éviter de nouvelles attaques contre sa personne.

« Tant que mes bourreaux continuent de circuler en toute impunité, la vie de mes enfants, de ma famille est très menacée. Je demande à la justice d’assumer sa responsabilité dans le dossier de ma fille, Yveline Adrasse, de juger les autres violeurs en cavale et d’assurer ma sécurité", alerte Marie Carmelle Jules, toujours traumatisée depuis le viol collectif perpétré contre sa personne et contre celle de sa fille, retrouvée morte le 18 juin 2005 quatre mois après son enlèvement.

Dans le cadre de ce dossier, la justice haïtienne a rendu son verdict, le 22 mars 2006, condamnant d’une peine de travaux forcés à perpétuité les nommés Mackenson Joseph et Eliphète Beljean, deux des auteurs de ce viol collectif.

Poursuivre les trois autres violeurs

« La victoire finale, ce n’est pas la condamnation à perpétuité de ces malfrats. C’est plutôt de poursuivre les trois autres brigands qui sont encore en liberté’’, réclame Marie Carmelle Jules.

Les trois autres violeurs répondent aux noms de Roosevelt André (alias Ti Woudi), Jean Marie-Louis (alias Kolibri) et Ti Frè (Petit-Frère, en français) ainsi connu.

« Marie Carmelle ne va pas rester dans le maquis pour ces bandits. Par-devant la justice, elle aura à faire face avec eux’’, rassure Rosie Auguste du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).

Les organisations féminines et de promotion des droits des humains qualifient, de « grande victoire dans la lutte contre l’impunité’’, le verdict du procès de deux des violeurs de Jules et Adrasse.

« Le verdict dudit procès est un message clair pour tous violeurs, kidnappeurs. Tôt ou tard, ils auront quand même à répondre de tous les crimes qu’ils ont commis sur la population, particulièrement sur la gente féminine", affirme Olga Benoît de l’organisation Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA).

Benoît reste convaincue que "la condamnation de Mackenson Joseph et Eliphète Beljean pour ce viol collectif est une grande victoire pour la société haïtienne qui a soif de justice".

CONAP, SOFA et RNDDH invitent les secteurs vitaux de la vie nationale à rester mobilisés en vue d’en finir avec le règne de l’impunité.

Source : Lody Auguste et Alter Presse.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 mars 2006.




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