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Drelin, drelin ! Parents : à vos devoirs !

21 août 2006

par Michèle Bourgon

L’ardente patience du soleil renonce déjà. Août tire sa révérence. La cloche sonne. On verse une larme de crocodile. Il faut rentrer. C’est la course aux effets scolaires, l’achat de nouveaux vêtements, la nouvelle coupe de cheveux. L’effervescence est à nos portes. C’est stimulant ! Les bouts de choux et les mamans de bouts de choux (parfois papa, mami et papi dans un même concerto) vont pleurer leurs larmes initiatiques, les grand-es seront content-es de retrouver leurs ami-es, leurs jeux, leur routine et la vie, avec ses joies et ses peines routinières s’installera pour une autre année. Et c’est parti !

Quand j’ai eu neuf ans, mon parrain m’a offert une grosse caisse de livres usagés. Il était principal d’école, mon parrain ; du même genre que celui que l’on voyait dans « Les filles de Caleb » (un téléroman de la télévision canadienne). Petit, lunettes rondes, ancien frère de je ne sais quelle congrégation, il a influencé mon destin. Je me suis lancée à corps perdu dans la lecture des merveilleux livres de cette boîte. Il y avait Le secret de Vanille et ensuite toute la formidable série des Heïdi, puis des livres sur Sissi, impératrice d’Autriche. Ben quoi, c’était dans la boîte ! Oui, j’ai connu la frénésie de la lecture grâce à lui. J’ai découvert le bonheur de lire. Heureusement parce que la lecture m’a permis tant de fois de passer au travers de situations difficiles.

Comme toutes les petites filles de mon âge, je possédais un livre d’autographes. Vous savez le genre de livre où, à l’époque, on demandait à tous les gens de notre entourage d’écrire une phrase et de signer leur nom. J’ai eu bien sûr des : « Je te souhaite un bon petit mari pour tenir ton parapluie... » Y’a quelques années déjà que je me fais tremper si je ne tiens pas moi-même mon parapluie... Puis des « Je cesserai de t’aimer quand le St-Laurent aura cessé de couler. » Il doit bien y avoir eu plusieurs assèchements de mon fleuve adoré... Et la célèbre « Tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue, quand tu dis que tu m’aimes, j’ai peur un peu. » J’ai mis du temps à comprendre celle-ci. Neuf ans...quand même.

Mon parrain lui avait écrit une phrase mystérieuse sur laquelle j’ai longtemps médité : « À vaincre sans périls, on triomphe sans gloire. » Corneille. Je lui avais demandé de me l’expliquer. Il a refusé en souriant. J’allais comprendre plus tard. Il m’arrive encore de réfléchir à cette phrase de Rodrigue. Mon cher parrain, mort, il y a plusieurs années, n’a jamais su qu’il avait, d’une certaine façon, orienté mon destin. Il fut l’un de mes modèles avec mes parents, mes grands-parents, bien sûr : ils étaient bons, doux, patients. Et ils m’aimaient et je le sentais très fort.

Nous avons tous besoin de modèles. La cellule familiale éclatée exige des parents encore plus de vigilance. D’amour surtout, de tolérance, de compréhension.

Parents, connaissez-vous l’importance de votre influence sur vos enfants ? Ne négligez pas les encouragements, montrez de l’intérêt pour leur agenda scolaire. Suivez leurs progrès. Motivez-les à faire leurs travaux et à étudier leurs leçons. L’école, ça peut être plaisant, amusant, mais ce n’est pas toujours un jeu. Apprendre demande des efforts et la vie est un apprentissage jamais terminé.

L’une de mes amies, professeure au primaire, me racontait cette anecdote : un petit malin n’ayant fait aucun devoir depuis le début de l’année, elle envoie un mot à la maman pour la prévenir et obtenir son soutien. La mère répond que son enfant, comme elle quand elle revient du travail, a terminé sa journée et qu’il est hors de question qu’il fasse un devoir ou qu’il étudie. Bien sûr, la maman ne veut pas assumer l’aide aux devoirs, probablement qu’elle est exténuée quand elle rentre, peut-être est-elle mère monoparentale ou n’a-t-elle tout simplement pas conscience du modèle qu’elle offre à son enfant. Peut-être aussi a-t-elle d’autres raisons. Je ne la juge pas, mais son enfant a besoin d’elle, il a besoin de son renforcement. Le papa, dans une même situation doit aussi faire preuve d’une main de fer dans un gant de velours. L’enfant a absolument besoin de mettre en application ce qu’il a vu dans la journée. Si vous croyez ne pas être en mesure d’aider votre enfant dans ses travaux après l’école, voyez s’il n’y a pas, dans votre commission scolaire, de mesures d’aide aux devoirs.

L’enfant doit apprendre à respecter son professeur-e. Le parent est d’une certaine façon et dans une certaine mesure, parfois responsable du comportement de son enfant. Il est son miroir grossissant, son modèle. Les professeur-es, dans une grande majorité, sont d’excellent-es pédagogues, mais ils ont besoin de l’appui des parents afin de mieux aider leurs jeunes élèves.

L’éducation que vous fournirez à vos poussins déterminera souvent de la tangente qu’ils prendront dans leur vie et c’est certainement le plus beau des cadeaux que vous puissiez leur offrir.

Mon texte est moralisateur. Eh oui, mais je suis professeure et je rentre au travail dès lundi pour la trente-deuxième année.

Aux parents : Bonne rentrée ! Soyez fermes, mais encourageants et attentionnés.

Aux enfants : L’école, c’est très important et pas toujours amusant. Hélas !

Ado : Consolidez vos acquis ; vous êtes aux portes de l’avenir. Demain, c’est déjà trop tard. Enfin, mettons après-demain.

Aux professeur-es : Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage.

Bonne rentrée à toutes et à tous.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 20 août 2006

Michèle Bourgon


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